8 juin 2013

La guedaille?

J'avais mis mon cadran pour quatre heures. Mon but étant de rentrer vers l'heure du souper. Car d'ici, il y avait encore une journée entière de route devant moi. Légalement, je pouvais partir dès minuit, ayant fini ma journée d'hier à quatorze heures (he-hum... pas vu, pas pris, comme dit mon ami).

Je n'ai par contre jamais entendu le cadran sonner. Mais la vie m'a réveillé quand même: j'ai entendu congé dans la porte. Ma première pensée: on n'a peut-être pas le droit de dormir ici, et le McDo, ou pire, la police, fait le ménage. Dans ce dernier cas, si tu es chanceux, ils te disent de partir, et sinon, l'infraction est déjà écrite. Et même dans certains cas, la vérification mécanique est déjà faite!

Mais cette fois, j'ai entrouvert le rideau un peu. Je dors nu (hoooouuuu!) alors je ne vais pas me montrer à n'importe qui. En fait, c'est le policier que je crains le plus... Les américains ont une drôle de relation avec la nudité et le sexe. J'ouvre un peu le rideau, donc, et je vois un dame, habillée normalement, l'air un peu fâchée que je ne réponde pas. Elle s'éloignait en gesticulant. Bref, était-ce une hystérique ou une guidoune, le mystère demeure. Mais ayant déjà la première et n'ayant pas besoin des services de la deuxième, je l'ai laissé faire. D'autant que je venais de lire, il y a quelques heures, un message à la halte routière près de Cincinnati racontant que tous les quêteux qui font semblant d'avoir manqué d'essence et faisant bien pitié, sont des crosseurs, en bon québécois.

Définitions pour les européens: Guidoune: prostituée; Crosseur: escroc.

J'ai fini par partir à six heures et quart: on va rentrer tard! Mais bon, avec le temps que ça a pris pour charger au premier client, je ne me sentirai pas coupable de ne pas être là ce soir. Parce que le client traque ses pièces avec acharnement, mais je sais que ce que nous amenons ce soir ne sera pas utilisé, ni même déchargé, avant quelques (plusieurs?) jours. Fa que là, wo, on prend le temps qu'il faut.

J'ai donc rejoins le Michigan et ses bosses; le Michigan est une démonstration que les routes aux États-Unis, c'est aussi de la merde! En Ontario aussi, juste après Napanee, ON direction est. Mais bon, la rumeur ambiante dit que c'est au Québec qu'on trouve les pires routes... Sortez de chez vous, c'est pareil ailleurs!

Je suis arrivé aux douanes encore de tôt matin. Sur les trois guérites ouvertes côté camions, personne en attente. Je me suis donc présenté directement au douanier. Et ce fut expéditif. Bonne affaire! Et Windsor, ON s'est bien traversée. Des fois, se lever tôt (et en bonus après avoir bien dormi...), c'est payant.

J'étais au téléphone avec Caro. On peut se parler gratuitement en autant que nous sommes tous les deux au Canada. Alors on en profite. Après avoir retrouvé l'autoroute, j'arrive à la balance. Elle fait parti des trois que je qualifie de traitres, celle qui sont ouvertes les soirs de fins de semaines dans le but express de vérifier si on n'a pas défoncé nos heures de semaine ou de soirée. Les deux autres étant sur la I-75 au Michigan et près de North Baltimore, OH. Toujours à faire attention si la soirée est hors-normes, disons...

En arrivant à quelques longueurs de camions de la balance, elle qui était fermée se réouvre! Je raccroche le téléphone, parce que la balance de Windsor, et celle de London aussi, nous fait voir l'officier en personne dans une guérite. Et lui parler, alors c'est encore mausus d'arriver en étant au téléphone...

La plupart du temps, on passe sur la balance dans la rampe, on se présente à la guérite, où l'officier nous demande d'où l'on vient (ce qui lui permet d'évaluer le genre de semaine qu'on a eu), parfois, il poussera l'audace jusqu'à se rendre aux roues de la remorque et nous demandera de faire fonctionner les freins, afin qu'il constate que ça fonctionne, et d'un signe de la main, nous retournera sur la route.

Mais aujourd'hui, c'était mon jour de chance! Le gars, après les salutations d'usage, me demande mon registre des heures, mes factures où je rechargé, celle où j'ai livré, même les reçus de diesel (avec la puce, je n'en ai plus pour le pont). Et il m'indique la place numéro deux, à côté de l'autre camion.

Bon, c'est mon tour... Heureusement, j'ai dormi encore plus longtemps que mon dix heures requis. Aucun danger. Aucun? Merde! Mon premier client, à Springfield, TN, a pris tant de temps qu'il a indiqué mes heures de départ et d'arrivée, afin que je puisse être payé (ainsi que la compagnie, par extension) pour ce temps. Et ce doit être indiqué sur la facture... Que le gars a entre ses mains. Il ne peut pas ne pas le voir. Mais il peut refuser de le voir, comme ça arrive parfois. En tout cas, mon registre étant réarrangé pour qu'il soit légal, il y a des heures qui sont notées la nuit qui ont été vécues le jour.

Une fois dans la place numéro deux, l'officier revient après avoir laisser tous mes papiers dans le bureau. Là, ce fut le tour de l'inspection Niveau 1. Le Niveau 1, c'est l'inspection complète: permis, papiers, et mécanique assez élaboré: les lumières, les ajustements de freins, le jeu du volant et de la sellette, les klaxons pour Éric Lange, et quoi encore... Vraiment complet, du genre que si on en sort vivant, on reçoit un collant pour le trimestre de l'année, et les prochaines fois, les balances où je vais passer sauront que il y a moins de trois mois, tout était parfois. Ouf!

Après la mécanique, il me dit d'amener tous les papiers du camion et de la remorque, ainsi que mon permis de conduire à l'intérieur pour le reste des vérifications. Je continuais de me dire que c'est là que ça passera ou que ça cassera.

Après de longue minutes où l'on ne sait rien, ne voit rien, ni n'entend rien, j'ai vu l'officier sortir dehors et se rendre jusqu'à mon camion. Je me demandais bien pourquoi sur le coup. Quelques minutes plus tard, lorsqu'il est revenu, j'ai entendu l'imprimante fonctionner. Je me suis dit: ça y est, on va savoir bientôt...

Il est finalement sorti du bureau avec tout mes papiers, plus la feuille qu'il venait d'imprimer, sorte de constat des lieux de l'inspection. Il me dit: "Tout est parfait, passez une belle journée"... Et lui est reparti dans le bureau.

J'ai remis de l'ordre dans mes papiers et vérifié que tout y était, puis je suis retourné au camion. J'ai mis à jour mon registre, qui en fait n'avait même pas la ligne pour avoir passé aux douanes (faute d'avoir arrêter assez longtemps sur une lumière rouge en traversant Windsor, ON).

Je pouvais enfin partir pour le déjeuner à Comber, ON. Ça m'apprendra à me dire que je mangerai un peu plus tard plutôt qu'au départ... J'aurais donc dû. Et en fait, avoir pris le temps de manger, je serais probablement arrivé ici à un autre moment, et donc évité tout ça. Mais bon, c'est de la fabulation. Au moins, je suis sorti d'ici sans amende, moi et mon patron, nous sommes bien content!

Arrivé à Comber, ON, j'ai tout d'abord fait le plein de diesel. Puis je suis allé me stationner à côté d'un confrère qui, ma foi, avait l'air d'un gars qui se lève! Après avoir été chercher ma carte-cadeau, je me suis rendu au Tim pour y manger un bagel B.E.L.T. (pour Oeuf, Laitue, Tomate et Bacon, bien sur...). Ça fait du bien quand on a si faim.

Ne restait donc qu'à rentrer à la maison... enfin, à peine près de mille kilomètres plus loin. Mais une fois les douanes passées et le plein fait, on dirait qu'on est déjà presqu'à la maison.

Je me suis rendu jusqu'au Fifth Wheel de Milton, ON pour diner. Je n'aurais pas pu traverser Toronto avant de manger. J'ai pris un wrap au poulet, tout nu, avec un café. C'est quand j'ai eu la facture que j'ai été le plus surpris: 17,27$! C'est sur qu'avec le café à plus de deux dollars et demi, ça ne peut pas faire autrement... Après, on nous reprochera, aux chauffeurs, de ne plus manger dans les restaurants et d'amener notre nourriture de la maison. C'est un peu l'oeuf et la poule. On mange dans le camion pour la qualité, et moi maintenant pour une question de quantité (au moins deux fois trop gros comme assiette...). Ben, maintenant, on va ajouter à ça le prix!

Je suis allé ensuite entamé la grande traversée de Toronto la pure. Qui s'est assez bien déroulé. Il y a des jours comme ça. J'anticipais que les autres balances soient ouvertes... Pour leur montrer mon papier qui dit que je suis tellement parfait! Ben, mon camion, disons... Mais non.

Je me suis arrêté au ONroute de Trenton, ON. J'avais bien mérité un muffin... Avec un café, c'est tellement bon! Et en bon dimanche après-midi, il y avait pas mal de monde sur place.

Je me suis rendu ensuite jusqu'à Cardinal, ON où je me suis arrêté pour souper au 730 Truck Stop. Ce relais, un des meilleurs de la 401, semble maintenant tout bonnement voué à la disparition. C'est très malheureux. Mais la cour, où l'on peinait à se stationner à mes débuts il y a plus de quinze ans, est maintenant quasi-vide en permanence. D'ailleurs, l'asphalte est toujours de plus en plus endommagé (les rues de Montréal à côté de ça, c'est une table de billard). Et les jeux électroniques du portique d'entrée ont été retirés.

Et une fois à l'intérieur, une partie des étagères a été déplacée, comme si ils sont pour rapetisser le côté boutique. Il y a aussi un mur des rabais extra-ordinaires... tous les morceaux de chromes et lumières pour camions. Bref, ça sent la fermeture!

J'y ai mangé un excellent poulet cacciatore. Et avec soupe et dessert inclus, plus un café, seulement pour 15 dollars et des poussières. Hé ben, ça c'est un prix relativement raisonnable. Vrai qu'il y a longtemps qu'on ne mange plus pour 10$...

De retour au camion, je constate que Martin m'a envoyé un message il y a quelques minutes: est-ce que je serai bon pour livrer ce soir à L'Assomption? Je répond que oui, après tout, c'est à deux heures trente d'ici... Puis, après avoir fait Envoyer le message, je constate qu'il est presque vingt-et-une heures. Ça m'amène au client à presque minuit! Ouin, j'aurais pu dire que j'irais demain matin... ça va me mettre tard pas mal sur mon horaire habituel. Bon, je suis en forme, je viens de bien manger, il fait beau, je devrais être bon pour me rendre...

En m'en allant, j'allume: lors de mon inspection du matin, j'ai eu mon collant!!! Oui, c'est ça qu'il est retourné apposé sur mon pare-brise! Je cherche... il l'a mis du côté passager, et il est peu visible de l'intérieur. J'étais à réfléchir que lorsqu'on passe une inspection Niveau 1, normalement, on reçoit un autocollant... Ben voilà, j'en ai eu un. Et avec le 72 heures d'inspections intensives qui commence, je m'en sauverai...

Je suis donc parti confiant que tout irait bien. J'ai terminé l'Ontario, puis j'ai traversé Montréal, QC. Ensuite, je suis sorti pour L'Assomption, QC. Je suis arrivé à l'usine et le gardien avait le goût de parler. Vous savez, un peu comme le douanier de Woburn, QC qui voit arrivé un camionneur inconnu un soir où ça fait longtemps que le dernier villageois est passé... Et ce que j'ai retenu le plus, c'est qu'il savait déjà qu'il n'avait pas là de vide pour moi. Pas besoin donc d'aller la porter à l'usine de Joliette! Presqu'une heure de moins...

Je me suis ensuite avancé pour aller me trouver une place à laisser ma remorque. Mais le dimanche soir, il y a des remorques partout! Heureusement, j'ai fini par réussir de quoi de pas trop mal. Mais j'ai dû tricoter un peu.

Par la suite, je me suis rendu jusqu'à la halte de Lavaltrie, QC, la célèbre halte du milieu, pour un dodo bien mérité.

Au petit matin, je me suis réveillé en fonction d'aller surprendre Sarah qui se réveille vers sept heures. Je suis allé déjeuner au Benny, il parait qu'ils y a des bons déjeuners, selon Dalton. Bon, comme j'ai mangé là la semaine dernière, j'en ai une bonne idée... Et en effet, c'était très bon.

Puis, direction maison. Je suis arrivé à temps pour voir la belle Sarah. Et profitez de deux belles journées de congé.

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