26 janvier 2011

23 janvier 2011 - Ou la preuve qu'un malheur n'arrive jamais seul!


La journée avait pourtant bien commencé… Si je commence ainsi, vous savez bien que ça c’est donc gâter avant la fin. Pendant la fin, je devrais dire…

En sortant du relais Marathon, à Franklin, KY, la sonnerie de mon 10-4 retentit. J’ai tout de suite trouvé ça étrange, car sur le téléphone de Caro, le bouton du 10-4 ne fonctionne plus (« c’est la première fois que j’entends parler d’un tel problème » a dit la jolie Madame Bell de Joliette… ben oui, me semble!). Caro donc, dis-je, me téléphone en direct à grand frais…

Je saisis le téléphone… C’est Reefer! Belle surprise, alors que je me disais il y a quelques jours que ça faisait un moment qu’on ne s’était parlé (hormis le souper de Noël). Le plus drôle, c’est qu’il est tout juste derrière moi! Mais comme ma radio-CB est sur le canal 19 et qu’il m’appelle sur le canal 12, je ne réponds pas, ben évidemment…

Nous ajustons donc nos canaux… et en peu de temps, un américain fru nous amène à choisir une autre fréquence! Reefer me raconte qu’il a roulé, la veille dans la tempête, sur un alligator (une carcasse de pneu) et que celui-ci a arraché la tuyauterie sur un réservoir de carburant! Chanceux…

Ledit réservoir s’est donc répandu sur la route (ne le dite surtout pas à personne!), et il manqua donc de diesel, allant choir sur le stationnement, en fait dans l’entrée, du Pilot de Franklin, KY. La compagnie a donc rejoint Ti-Jean (il était plus près que moi) afin qu’il rejoigne Reefer afin de tirer son camion jusqu’au Pétro, de l’autre côté de la rue, pour qu’ils puissent réparer tout ça.

Quelques heures plus tard, et quelques centaines de dollars en moins, le tout était réparé. Une demi-nuit plus tard, il était là derrière moi, en route lui aussi pour Lebanon. Ti-Jean, une fois « crinqué » de son dépannage, s’était rendu là-bas en début de nuit.

Nous sommes donc arrivés vers 10h00 à Lebanon. Chanceux, nous avons tous les deux été envoyés à Springfield, TN, pour un voyage pré-chargé, et selon les heures, qui seraient tous les deux prêt dès notre arrivée. Le temps de diner et de mettre nos potins à jour, et nous pouvions repartir vers Springfield.

Une heure et des poussières plus tard, nous y étions. Mon voyage était prêt, mais pas celui pour Reefer. J’ai donc procéder de mon côté, et Reefer, qui avait eu la nuit plutôt courte, s’est installé pour le dodo. Ironiquement, il partira trente minutes derrière moi…

Je suis donc parti de Springfield à 15h30. Je me suis rendu à Cross Plains, TN pour y mettre soixante gallons de carburant. Avec mon nouveau camion, je ne peux pas (enfin, je ne prends pas la chance) revenir jusqu’en Ontario sans ajouter un peu de carburant. Je me rends ensuite à Smiths Grove, KY pour y manger mon souper. Presqu’en même temps, Reefer se rend à Horse Cave, KY, quelques sorties plus loin, pour y manger des succulentes lanières de poulet!

Je me rends ensuite jusqu’à Glencoe, KY, un peu avant Cincinnati. La nuit s’annonce froide… Au petit matin, je déjeune, je démarre, et je pars… Dès la rue, le camion commence à ruer. Dans ma tête, ça dit : « calice, je gèle ». Je étant bien sur le diesel… Je me rends à la sortie de peine et misère. Je m’y tasse sur le côté (qui en hiver n’est pas très volumineux), afin de laisser le temps au moteur de reprendre ses esprits. Lorsque le problème est dans la tuyauterie, un peu de chaleur du moteur peut aider un peu (un peu, mais ça ne fait évidemment pas de miracle).

Lorsque le moteur semble aller mieux, je pars. De là, j’ai fait le plus long vingt-cinq kilomètres de toute ma courte vie! Par chance, ce que nous ramenons de Springfield n’est pas trop pesant; en fait, c’est comme un demi-chargement. Et l’autoroute 71, entre Louisville, KY et Cincinnati, OH, ressemble à une montagne russe, avec deux méga-montées, les deux dans le coin où je me trouve. J’ai donc pu me prendre un peu de vitesse en montant dans la première côte, qui inclut la rampe sur laquelle j’embarque sur l’autoroute. Mais le camion recommença assez rapidement à ruer dans les brancards. Et il rua, et rua encore. Un peu de répit dans les descentes, mais retour à la normale (la normale qui rue, dans ce cas) dès les montées!

Je me suis dit que, ayant les réservoirs à la moitié, je me devais d’aller les remplir avec du diesel d’hiver (je suis sûr que le Kentucky en offre, mais pas sûr pour le Tennessee, chose que je chercherai sur Internet dès que possible). Et au passage, mettre de l’additif, antigel nettoyant, lubrifiant, etc… Dans ce secteur, deux choix s’offre à moi au bout de l’autoroute 71 (enfin, ce n’est pas le vrai bout, mais là où elle rejoint l’autoroute 75) : un maudit J Volant vers le sud, à un demi-mile, ou un TA à un mile vers le nord, celui-là avec un garage.

J’hais les J Volant pour m’en confesser (et j’en aurai une autre raison, même si ce n’est pas vraiment de leur faute), mais dans l’urgence, je me dis qu’un demi-mile, c’est toujours ça de pris. Je prends donc la sortie vers le sud, puis la sortie qui commence presqu’aussitôt la rampe terminée.  Chanceux comme pas un, je peux tourner sur la rouge, parce qu’il n’y a personne sur l’autre sens, et ma lumière pour tourner à gauche a la flèche sur mon sens. Je peux donc rouler jusqu’aux pompes, à peu près au moment où mon moteur s’étouffe. C’est quand même moi qui ai coupé le contact, mais il ne lui restait pas beaucoup de glou-glou a faire avant de s’éteindre de lui-même.

Presque toutes les pompes avaient leurs cadavres d’additifs et d’antigels en tous genres. Avec le froid intense vient les problèmes de carburant… Je vais donc à l’intérieur pour m’en acheter un bidon. Il y en a un plein étalage, alors je fais un peu de lecture afin d’en trouver un approprié (pas de traces de Prolab aux États-Unis…). Je paye, et je vais le verser dans mes deux réservoirs, en part à peu près égales. Puis, je démarre la pompe. Il faut insérer la carte, pitonner deux ou trois informations, entrer Non à une quantité d’autres, insérer les boyaux et pomper. Je démarre donc le côté chauffeur. En me retournant pour aller de l’autre côté afin de démarrer le côté passager, j’accroche la manette sur la pompe et donc éteint la pompe! Avec un gros six et quek chose de carburant d’acheter! Osti…

Je tente de redémarrer la pompe. Impossible… Je vais voir la dame à l’intérieur pour la lui faire redémarrer en expliquant la situation. Elle ne peut pas plus que la machine. Je téléphone au bureau, et malgré que ce soit samedi, Jocelyn, Martin et Mathiew sont tous présents! Ça c’est du service! Jocelyn lui-même est confus sur la source du problème. La carte est bien barré sur une quantité maximum par jour (mais amplement plus que pour faire le plein) ou sur un montant maximum, mais pas sur un nombre d’achat par jour (en tout cas, pas par la compagnie).

Il me débloque alors une avance d’argent, à grand frais parce que l’achat de carburant n’est pas suffisant (celui facturé directement sur la carte), afin que je puisse faire le plein. L’ajout de carburant diminuera la proportion du carburant « d’été », et réchauffera la température puisque le carburant dans les réservoirs sous terre sera un peu plus chaud que celui de mes réservoirs. Bref, tout ça et l’additif devrait régler en bonne partie mon problème.

Je finis par réussir à faire le plein. Comme de coutume, je dois avancer le camion pour laisser l’espace pour le prochain client. Va-t-il démarrer? Je m’installe au volant, débarre l’antivol, et tourne la clé. Vroum… comme en été! Bon, bonne affaire! Je m’avance d’une longueur de camion, puis je me rends à l’intérieur pour finaliser la facturation.

Par la suite, je me rends au stationnement afin de prendre quelques minutes pour mette de l’ordre dans mes papiers (je le fais toujours au fur et à mesure) : plusieurs factures sont imprimées pour deux achats de diesel, un achat d’additif, une avance d’argent, alouette! Et tout doit être fait dans l’ordre, sinon André va téléphoner lundi… ;)

Je suis donc parti ensuite de bon cœur, heureux du dénouement final. Je ne m’en tirais pas trop mal malgré tout. La journée s’est bien déroulée par la suite. Qu’il faisait bon entendre ronronner mon moteur comme un petit chaton!

Mais l’histoire ne se termine pas là… Je me suis rendu jusqu’à Port Hope, ON., afin d’y passer la nuit. Je me suis levé tôt, afin de rentrer tôt, mais aussi de rattraper Reefer, lui étant à Belleville, ON., écœuré de suivre les grattes… C’est d’ailleurs pour ça que je me suis arrêté à Port Hope (je devais me rendre à Belleville moi aussi), après avoir suivi les grattes trop longtemps à mon goût! Ah, les joies du déneigement bizarre de l’Ontario!

Bref, ce matin (au moment où j’écris), je me réveille à 3h30. Après un petit déjeuner, je vais me chercher un café. De retour au camion, j’ai hâte de voir comment le démarrage ira (on reste avec une petite crainte). Vroum, comme en été, encore une fois! Parfait. Quelques minutes plus tard, je suis sur l’autoroute 401. Le Cummins ronronne encore comme un petit chaton. Bon signe. Selon mes calculs, je serai à temps à la hauteur de Belleville pour le départ de Reefer. Comme nous nous étions dits la veille, tout est dans la communication! Contrairement à la journée précédente, nous avions partagé nos heures de dodo et de départ, alors au matin, on pouvait aviser en conséquence!

Mais comme on a dit aussi, le malheur n’arrive jamais seul! Juste avant Belleville, je rencontre une autre série de grattes. Encore un brin de retard! Puis, pour en rajouter, rendu à Mallorytown, ON, mon camion fait une ou deux éructations, puis, plus rien! Pas de ruades comme la veille, juste rien! E-rien, même! En regardant mes cadrans, je constate que j’ai plus de diesel qu’hier! Non, je ne vous donne pas ma recette… sauf que dans ma tête ça dit : « le transfert ne se fait pas! » Tabarnak! Je me stationne dans l’entrée de la rampe de la halte routière, qui est bien sûr fermée pour rénovation… Tellement mieux en Ontario!

Explication : un camion a deux réservoirs de carburants. Le transfert entre les deux se fait par gravité. Il n’y a pas de bouton comme sur certains pick-up pour choisir un réservoir. Tu en ajoutes dans l’un ou l’autre côté, et après quelques minutes, ça s’équilibre. La pompe en prend d’un seul côté, et le surplus est recraché de l’autre côté. C’est pour ça que si le transfert ne se fait plus, un réservoir se rempli et l’autre se vide.

Bref, j’ai une panne sèche avec les réservoirs à moitié! Ah, les joies de l’hiver! Après avoir été installé mes triangles, je téléphone à Martin. Première étape : vérifier si un service routier est disponible « vite-et-proche ». Déjà difficile de le savoir, car personne ne répond! Que vaut un « service 24 heures » s’il n’y a personne pour répondre au moins au téléphone? Réponse personnel : probablement la même chose qu’un concessionnaire qui se dit ouvert 24 heures, mais dont il n’y aura qu’une personne pour accueillir la remorque et le client, mais que dans les faits, aucun mécanicien n’est à son poste.

Étape deux : vérifier si un de nos chauffeurs n’est pas dans mes traces. Je n’ai toujours pas rejoint Reefer, mais à l’heure qu’il est, si il est toujours au téléphone, c’est qu’il ne s’est pas arrêté déjeuner à Cardinal, donc, il est maintenant trop loin devant. Semble t’il que Méo est disponible. Il m’amènera un cinq gallons de diesel, et en faisant fonctionner la pompe électrique via la clé (trois minutes comme ceci, trente secondes comme cela, répéter trois fois, et démarrer). Ce qui permettra de remplir le filtre à carburant de carburant, justement. Mais il sera là dans une heure! Pas de problème, j’ai de la chaleur…

On va dire que ça a pris une heure et demie. Je ramasse le bidon, le verse dans le réservoir, referme le bouchon et « swigne » le bidon dans la cabine. Méo va se réchauffeur dans son camion, et je monte dans le mien. Pendant que je fais le code digne des bons vieux jeux Nintendo, la génératrice ne fonctionnera pas, ni le chauffage. Bon, pas si grave, ce n’est que dix minutes, après tout! Ben, on annonce -25 pour Ottawa, à environ une heure d’ici, donc ici il ne doit pas faire tellement plus chaud! Dix minutes plus tard, j’essaie : VRrrrrrrrrrrrrr (son de machin qui vire dans l’beurre). Je recommence la manœuvre. Un autre dix minutes. Là, les vitres sont givrées, et mes pieds, bien que dans mes bottes de ski-doo (des grosses Sorel -70) frissonnent. Toujours rien. Pas même une tentative, pas un demi-milli-vroum…

On passe donc à l’étape trois. Je recontacte Martin. Il faudra un service routier. Nous donnons son congé à Méo, qui trépigne d’impatience depuis le début. Méo est du type nerveux, et qui jappe fort, mais je doute qu’il morde! ;)

Martin me rappelle quelques minutes plus tard. Un certain Nick sera ici dans une heure environ. C’est lui le plus proche disponible! Ne reste plus qu’à attendre…

Vers une heure moins deux (c’est une expression, mais disons « juste avant treize heures »), Martin me téléphone. « Est-ce qu’il est arrivé? » « Eh, non, mais est-ce que c’est « Cardinal »? » « Oui, c’est bien le gars de Cardinal » « Ok, il vient de passer sur l’autre sens, alors il doit être sur la veille d’arrivée ».
En effet, je venais tout juste de voir le cube de Peterbilt passé en direction ouest. Quelques secondes à peine après avoir raccroché, le cube se stationnait juste en avant de moi! Bingo!

Le gars, probablement Nick, mais je n’ai pas eu le temps de demander, s’approche du camion en notant les informations afin de faire la facture (ils commencent évidemment tous par là) : nom de la compagnie, numéro de plaque, numéro de permis, etc. Il vient près de ma porte, je l’ouvre et il note le numéro d’indentification du véhicule (le numéro de série) et me tends la facture pour que je la signe. Il a inscrit 13h00 comme heure de début de l’activité. Je regarde sur mon téléphone : il est effectivement 13h02 à ce moment précis. Déjà? C’est fou ce qu’on peut perdre la notion du temps en état de dépression sur le bord d’une autoroute…

Une fois les paperasseries réglées, il amène deux bidons de cinq gallons de carburant, et les vide dans mon réservoir presque vide (ça en fera donc trois au totale). Il ajoute une bouteille de Howes, mon ancien additif préféré (si j’avais l’autorisation d’en ajouter…) qu’il divise de chaque côté.

Ensuite, il  ouvre le capot. Nous constatons que la pompe à carburant fonctionne. Je monte à bord et j’essaie de démarrer. Rien. Il va du côté passager, regarde ici et là (difficile à dire vu du siège) et peut-être touche t’il quelque chose). Je réessaye. Rien, mais un presque Vroum en lâchant la clé. Ah? Je réessaye… Vroum… peteuf… peteuf… peteuf… etc… Bon! Je fais tourner le moteur un peu plus vite qu’au ralenti pendant un moment afin qu’il prenne son respire… ou que le filtre à carburant se re-remplisse (environ un litre).
« Probablement Nick » vient me voir, et me dit qu’il n’est pas certain si le tuyau du transfert est dégelé, donc que je suis mieux d’aller faire le plein et de surveiller de plus près pour quelques jours. Il ramasse ses cossins et repart.

Je vais ramasser mes triangles (c’est si facile de les oublier là). Juste avant de repartir, je note l’heure : il est 13h15! Quinze minutes que ça lui aura pris… et encore, il est parti depuis presque cinq minutes déjà… Je me rends ensuite à Spencerville, ON, pour y faire le plein. Je suis évidemment sur-attentif à chaque son du moteur, à chaque « coup » que je ressents, bien souvent seulement une bosse sur l’autoroute…

Par la suite, un petit arrêt à Rivière-Beaudette, pour un café du Tim, avec un biscuit, et aussitôt fait, direction garage. À mon arrivée, je vais refaire le plein… mais évidemment, il n’en rentre pas beaucoup!

Pour résumé, cette petite aventure commença à 7h30 et je repartis à 13h30… Six heures de pause forcée, et bénévole, sur le rebord de l’autoroute, à me faire brassé à chaque camion qui passe.

Serait-ce arrivé si je n’avais pas ajouté soixante gallons de diesel dans le Tennessee? Était-ce du diesel d’été? Ou est-ce simplement le trop grand froid?

Serait-ce arrivé si j’avais refait le plein à Comber, comme supposé en temps normal? Ce que je n’ai pas fait puisque j’en avais amplement pour rentrer au garage de la compagnie…

Vais-je stressé avec ça ben longtemps, en me demandant toujours si il reste un peu de « carburant du diable » dans mes réservoirs, et qu’un moindre faux pas me causera un autre problème?

La seule question en fait auquel je peux répondre, est celle-ci : vais-je porter attention à mon aiguille de niveau de réservoir? Oui… et faire le plein le plus souvent possible par temps froid… et à chaque passage à Comber, ON, besoin ou non.

Et si vous vous demandez si ça arrive souvent? En quatorze ans, dont quatre pour une compagnie qui nous faisait brûler n’importe quoi comme carburant, c’est la première fois que ça m’arrive.

18 janvier 2011

17 janvier 2011

La chanson dit: y'a des matins, wo-hou-oh!

Le dernier matin du retour est souvent comme ça. Un genre de sentiment heureux. Heureux de retrouver la petite famille. Heureux et fier du travail accompli. Je me suis réveillé, il faisait froid. J'étais décaché... j'ai remonté la couverture. Mais ça arrive qu'on sait qu'on ne redormira plus. Je me suis donc levé, et je me demandais donc si le cadran avait sonné, ou non, vu l'expérience d'hier. Et, pour me répondre, il sonna. Ah, j'étais donc dans les temps! Bon, pour ce que ça voulait dire rendu là...

J'ai traversé Montréal en bon temps. Arrivé à Montréal-Est, j'ai eu à descendre ma remorque, car elle était trop haute pour mon camion. Selon les pneus, il y a quelques hauteurs différentes de camions dans notre compagnie. J'ai eu longtemps un camion haut, mais à cette époque, les autres étaient aussi plutôt haut. Puis un bas, à l'époque ou la plupart était encore haut. J'en ai crinqué des pattes de remorques! Maintenant, je suis bas, mais la majorité des camions sont bas, alors ça s'accroche tout seul la plupart du temps. J'étais donc si surpris que j'ai vérifié avec les autres remorques ainsi que ma suspension pour voir si il n'y avait pas eu de bris.

Crinque, crinque, crinque, la remorque est descendu à la hauteur désirée, et je pus l'accrocher sans misère. À part qu'il faisait frette. Je me demandais alors si je déjeunerais en chemin ou non. J'évaluerai la situation en m'en allant. Mais les restaurant sont rare en chemin, surtout pour un déjeuner.

Je suis arrivé à l'usine, j'y ai nettoyé ma remorque, l'ai stationné dans la bonne rangée, et je suis allé voir la belle Jennifer afin qu'elle signe mon billet de sortie. Il faisait alors un peu moins frette. C'est sérieux là, on ne sortira pas une remorque si il ne faut pas! Juste avant de sortir, Caro me demande d'arrêter au Canadian Tire en revenant, pour lui ramasser du C-L-R. J'ai eu beau chercher, il n'en restait plus. Alors chercher de quoi qui n'existe pas, c'est long! J'ai fini par me résigner et à m'en retourner à la maison. J'ai aussi décidé de manger à la maison finalement. Mes deux femmes étaient fébriles à l'idée de mon retour, alors elles seraient contentes.

Vingt minutes plus tard, j'étais à la maison. Le café et les roties sont toujours meilleurs à la maison. Je retournerai dans le camion pendant la journée afin de faire mes rapports et de les envoyer au bureau, comme décrit au début de l'histoire.

Donc, j'aurais pû, en temps normal et avec un retour prêt en même temps que moi, être de retour dès dimanche en fin d'après-midi. Mais comme le retour était en début de soirée, que j'ai passé droit d'une couple d'heure un matin, que des accidents ont bloqué l'autoroute, que j'ai fini par allé au dodo plutôt que de rentrer le soir même (légalement, j'aurais pû, mais c'eût été peu sécuritaire, vu que j'étais assez fatigué), donc tout ça mis ensemble, je suis plutôt rentrer chez moi lundi matin vers 10h00.

Voyez donc maintenant pourquoi un camionneur ne peut jamais avoir de vie sociale prévisible ou régulière. Si j'avais eu un souper dimanche soir, je l'aurais manqué.

*****

Voici donc la fin de mon récit de la semaine passé. Comme par enchantement, il y a eu quelques événements qui n'arrive pas à chaque semaine. Je remercie Lise Cayouette, une amie Facebook, pour ses questions. Ça m'a donné la tape dans l'dos pour me redémarrer.

Si vous avez des questions sur n'importe quel aspect du travail, laissez-les en commentaires ou envoyez-les par courriel (l'adresse est dans l'en-tête du blogue). Ça me donnera l'occasion de vous pondre d'autres histoires...

16 janvier 2011

Ça arrive de temps en temps, et on verra plus loin, ça peut vous "scrapper" une journée. Comme rappel, je vous dit que dans la journée d'hier, je prévoyais rentrer aujourd'hui, vers l'heure du souper à Montréal.

Je me suis réveillé un peu en sursaut. Par la craque des rideaux et la clarté intérieur, je constate qu'il est beaucoup plus tard que prévu. Je devais me réveiller à 5h30, pour être prêt à partir entre 6h00 et 6h30. C'eût été le cas qu'il aurait fait encore noir comme chez l'iâbe.

Je constate donc qu'il est plutôt 8h00! Automatiquement, l'arrivée vient d'être repoussé d'autant. Et même un peu plus. Comme il y a une journée dans la semaine ou je me suis levé à 8h30, hier en fait, je suis comme un peu mélangé. Je crois que tout est normal... jusqu'à ce que le cadran sonne! Je constate alors qu'il est tard... et lentement, la lumière se faisant dans mon cerveau, je crois me souvenir que je devrais être parti. Je prends mon registre et constate, à mon étonnement, qu'en effet je pouvais partir vers 6h00! Je saisi le téléphone, pitonne ici et là: en effet, il dit: Alarme 8h30... Ben sur, il vient juste de sonner, me dis-je. Le sommeil finira toujours par se reprendre de lui-même. Parfois, même avec le cadran, je passe tout droit (ça arrive quelques fois dans une année).

Je vais donc me chercher le traditionnel café et gâteau aux bananes du Fifth Wheel. Au moment de partir, il est finalement 9h30. Une fois sur la route, mes femmes me téléphonent. Elles ont adoré Le journal d'Aurélie Laflamme. Sarah veut même le re-louer lorsque je pourrai l'écouter avec elles! Et elles me disent qu'il fait si froid à la maison qu'elles n'envisagent pas de passer le seuil de la porte de la journée!

Tout en roulant, je recalcule l'heure prévu de mon arrivée. J'envisage donc maintenant de rentrer tard tard le soir. Avec mon entrevue pour ma carte EXPRESS lundi midi à Champlain, NY, je vais donc demander un départ le mercredi, qui me ramène à la maison, en temps normal, dimanche midi. Cette fois, au départ, c'est d'avoir eu mon voyage de retour vendredi soir qui cause l'entrée tardive. Et tout le reste n'a pas aidé...

Je traverse Toronto, ON sans trop de problème. La fin de semaine, ça va relativement bien. Je m'arrête à Bowmanville, ON pour manger mon dernier repas maison, un spaghetti. Il fût très bon, mais un peu petit. Avec mon "p'tit café avant d'partir?", je ramasse donc un gros biscuit industriel aux pépites de chocolat.

Encore un petit bout de route avant de prendre une pause à Kingston, ON. Comme le café me sort par les oreilles, je décide de passer droit pour cette fois! Donc, un court arrêt-toilette et on repart. En chemin, je me dis que je devrai choisir, pour le souper, étant rendu au point ou je mange en restaurant (à la fin de mon bagage de bons repas maisons congelés) entre le Fifth Wheel de Cornwall, ON ou le Saint-Hubert de la halte de Rivière-Beaudette. Pour une fois que j'arrête et qu'il sera ouvert.

Je croise un confrère qui m'annonce que l'autoroute 401 est fermée dans les deux directions autour du kilomètre 700, et qu'il faut contourner par la deux. Selon lui, de multiples accidents dans les deux directions en sont la cause. Wow, deux fois dans la même semaine! On ira donc visité l'arrière-pays aux alentours de Brockville!

Aux Milles Iles, sur les écrans lumineux installés pour indiquer le temps d'attente aux douanes, on indique que la 401 est fermée à 40 kilomètres en avant. Je calcule, et ça donne effectivement Brockville. Par un heureux hasard, je retrouve Monique Giroux. Pas tant que je l'avais perdu, mais Espace Musique étant plus difficilement accessible que la Première Chaine, c'est la première fois que je l'entendais dans son nouveau créneau... Je suis donc aux anges!

Arrive la sortie pour la 2 dans la grande courbe. Deux camions devant moi sortent dès lors. Je décide de continuer et de sortir lorsque la force constabulaire me le demandera. Beaucoup de gens font des pieds et des mains afin de sauver deux minutes dans les bouchons prennent en fait plus de temps...

Ben, pas cette fois! La dernière sortie disponible arrive assez rapidement. Évidemment, comme personne ne sait lire (en tout cas, on en a des dizaines d'exemple par semaine sur la route), tous tentent de se garocher le plus loin possible dans les deux voies de l'autoroute. Au point qu'alors que je suis dans le début de la sortie, il y a encore un camion sur l'autoroute, et peu loin sur son flanc une automobile dans la "voie rapide". Il semble évident que l'accident, tout juste dépassé la sortie est presque ramassé. Les véhicules sont sur la remorque et les policiers finalisent les derniers détails avec tout le monde.

Et effectivement, aussitôt que j'arrive à la moitié de la sortie, je constate que, de l'autre côté, la circulation a repris! Et à cette sortie, il est impossible de réembarquer tout de suite. Tout le monde prend vers le nord, mais je me dis que la 2 est vers le sud. Mais à la radio-CB, on dit que sur la 2, c'est l'enfer et qu'il y a beaucoup de monde, et patati, et patata. Ouin, mais bon, il faut bien passer quelques part et... vous vous souvenez des petites affiches dont j'ai parlé plus tôt dans ce récit lorsque j'ai contourné à Chatham? Ben ici, y'en a pas! Me semblais avoir lu dans un des journaux de camion que toute la 401 était ainsi pourvu? Ben pas cette sortie en tout cas. C'est donc aussi ça qui m'orienta vers la 2. Mieux vaut une route sure qu'une route prétendument rapide mais incertaine. Car je n'ai toujours pas de GPS (ni de téléphone qui fait comme si il en était un; vous avez vu combien d'année on a mis pour avoir un lecteur DVD? Fa que...).

Nous visiterons donc l'arrière-pays de Brockville... et la ville elle-même, et le vieux Brockville... même très vieux! Bref, beau vieux centre-ville anglais du bon vieux temps, mais par extension, pas vraiment amical aux camions! D'autant plus qu'il manquait une pancarte. J'ai donc failli passé tout droit là ou il n'aurait pas fallu. Heureusement, j'ai pu reculer d'un poil et tourner dans le droit chemin. La 2 était au prochain arrêt, et je devais la prendre sur la gauche.

Une fois sorti de la ville, la route longeait le fleuve Saint-Laurent. Bien qu'à la noirceur, il semble là-bas tout aussi majestueux qu'au Québec, bien que beaucoup moins large. Je crois d'ailleurs que les lumières visibles de l'autre rive était l'État de New York. Ça fait drôle pour un québécois habitué à ce que de l'autre côté du fleuve... ben on se l'imagine, car c'est tellement loin qu'on ne le voit pas. Sauf de Montréal à "un peu passé Québec", genre...

Après Brockville, un bout de campagne alla comme un charme. Je me suis dit que ce n'était pas si pire que ça finalement. Je contemplais les innombrables Couette & café sur le bord de l'eau. Et les marinas, ainsi que les descentes de bateaux. Comme j'ai dit en cours de route, je reviendrai un jour, mais préférablement en bateau! Tout en roulant, je me dis que je vais probablement souper à Cardinal, ON. Arrive ensuite Prescott, ON, et c'est là que ça se gâte! C'est que dans la ville de Prescott, il y a quelques feux de circulations. Alors ça motonne... et pas rien qu'un peu! J'ai donc eu le temps en masse de constater qu'il y a à Prescott une surpopulation de restaurant chinois! Et je n'ai vu que la route principale!

Il y a également beaucoup d'industrie... et le pont qui traverse aux États-Unis! Arrivé à la hauteur dudit pont, c'est à cet endroit que je peux rejoindre la 401. Et une sortie plus loin arrive Cardinal. La place est pleine de monde. Autoroute fermée oblige. Et ça mange...

J'y ai mangé un excellent fish'n'chips. Pas gras pour deux sous, vraiment bon. Et la belle Brenda était particulièrement séduisante ce soir-là. Un moment relaxant et je me suis retrouvé, encore une fois, sur la route. Vu l'heure, je me suis dit que je dormirai à Lachine, et que je finirai le reste le lendemain. Quand je vous disais que ça change une journée... et qu'on ne doit pas faire de projet avant d'être arrivé.

En entrant à la hauteur de Vaudreuil, QC, le froid devient saisissant, même à l'intérieur du camion! L'animatrice de CKOI annonce -25, l'affichage donne -14 et mon camion indique -12. En tout cas, je me les gèle! L'hiver va être long...

À mon arrivée dans notre cour, il y a des remorques partout, tellement que j'ai peine à me retrouver un chemin jusqu'à un espace libre... Il n'y en a d'ailleurs pas de disponible! Je vais donc laisser ma remorque au centre de la place. Les chauffeurs de ville la replaceront demain. Une fois stationné, je prépare tous mes papiers que je laisse à la compagnie, via un courrier interne. Ensuite, je dépose mon enveloppe dans la boite aux lettres. Elle sera ramassé par les chauffeurs de ville et ramené au bureau. J'ai ensuite toute la misère du monde à décrocher la remorque. En effet, lorsque le froid est intense, il arrive que la poignée qui sert à décrocher la remorque fonctionne mal. Ne vous inquiètez pas, c'est impossible qu'il se décroche sur la route. Puisque la barrure est figée...

Une fois cette mission accomplie, je sors de la cour et je vais m'installer dans le stationnement voisin pour la nuit.

15 janvier 2011

Ce matin, en ouvrant les yeux, je me demande ou est-ce que je suis rendu. Ça arrive de temps en temps, avec la fatigue. On dirait que le cerveau oublie d'enregistrer les images de l'arrivée du soir avant de s'endormir... Je suis donc dans mon lit, et pendant quelques secondes, les yeux à côté des trous, je suis dans le néant. En peu de temps, ça me revient. Je suis dans un Pilot, à Sonora, KY, et en direction maison (important à savoir, afin de continuer dans la bonne direction!)... Je suis semi-brûlé!

Qui dit Pilot dit bon café, mais aussi bon lavage de vitre! Je m'avance donc aux pompes et en profite pour faire un grand ménage. Toutes les vitres et les miroirs seront nettoyer. Mais comme c'est un Volvo, en quelques minutes, mon pare-brise et mon miroir côté-chauffeur seront inutilisables (lorsqu'il y a beaucoup de sel sur la route, comme surtout en Ontario). Comme si ce n'était pas important. En passant d'un Western Star à un Volvo, je dois apprendre à laver mes vitres presqu'à chaque arrêt. Pas évident après 13 ans à laver aux 2-3 jours! Et comme bien des relais ont peu d'antigel dans leur eau (et parfois pas du tout), certains endroits ont donc la raclette dans un bloc de glace! Dans la majorité des États, l'hiver, ils attendent que ça passe!

Je rentre ensuite à l'intérieur, pour le traditionnel café-burrito. Mais comme il est tard et que c'est samedi, il n'y en a plus dans le réchaud! Mausus... Notez que dans ce cas, il est toujours possible d'en trouver dans le frigo, et de se les faire exploser soi-même dans le micro-onde. Mais je refuse, car ce n'est pas si réussi que ceux qui mijotent lentement sur le réchaud pendant des heures (bon, en fait, j'imagine environ une heure). Je choisis donc mon option numéro deux, des Tornados! Ces succulentes cochonneries sont sur un réchaud à saucisses, et tournent, enfin on le croirait, depuis que le relais a été ouvert. Il y en a à différentes saveurs, dont 2-3 pour déjeuners. Pas traitre, mais ça fait la job...

 Je suis donc prêt à prendre la route. Un petit samedi tranquille. Normalement, je recevrai un premier message de Cynthia, répartitrice du samedi, pour ma confirmation du traitement des papiers pour la douane; un peu plus tard, un second message de la même Cynthia afin que je sache quoi faire lors de mon arrivée au Québec. Du genre: laisse cette remorque à tel endroit, prends une vide et ramène-là à l'usine près de chez toi. Dans mon cas, je suis presque capable de me répartir moi-même. C'est presque toujours la même routine, et je finis toujours  à l'usine à quinze minutes de chez moi.

De tôt matin, je reçois mon numéro d'entrée pour la douane. Sachant l'heure ou Cynthia débute sa journée, et le temps normal de traitement, elle n'a pas perdu de temps! Merci... À moins que, et ça arrive parfois, qu'un petit lutin ait envoyé la télécopie hier soir...

Après un festival de montagnes russes, soit les autoroute 65 et 71, je m'arrête à Florence, KY pour diner. Florence est le côté Kentucky de la ville de Cincinati. Et elle est situé sur le haut d'un cap vertigineux! Et le relais TA est très petit. La plupart des places du stationnement sont penchées. Sur un cap, je vous dit.

Une fois de plus rassasié, je repars de plus belle. Le deuxième message de Cynthia arrive. Je laisserai ma remorque dans notre cour de Lachine, me rendrai à notre coure de Montréal-Est pour en ramasser une vide que j'amènerai à notre client de Joliette, qui la rechagera pour Lebanon... Ma vie est un cercle! J'entreprend  la descente de l'autoroute, sur environ trois kilomètres! Du haut, on peut voir presque tout Cincinati. Le soir, c'est magnifique. Puis, aussitôt le pont traversé, sur son flanc droit, les stades de baseball et de football. Les soirs de parties, il y a beaucoup de monde là...

Tout en roulant, je calcule que je serai rentré dimanche en fin de journée. Je repartirai donc mardi. Je dois aviser Jean-Pierre le lundi avant 10h00. Je lui enverrai un message demain, pour plus de précision. Parce qu'en camion, tout peut arriver à tout moment... avec des conséquences sur l'horaire. On ne peut donc jamais faire de prédiction à long terme.

Ma blonde a un don. Si je suis à la veille de débarquer du camion, elle le sent et téléphone. Vous me direz que ce n'est pas bien grave, mais les arrêts étant le point ou l'on n'avance pas (le nom le dit), plus ils sont court, et mieux la journée se déroule. Dans le sens qu'elle vient à avoir une fin! Il est donc préférable que les appels soient reçus sur la route... Bon, d'accord, n'essayez pas ceci à la maison, professionel de la route au travail!

Donc, ceci dit, alors que j'arrive à Wapakoneta, OH, un autre de mes arrêts obligés, le téléphone sonne. C'est la maison. Caro et Sarah m'annoncent qu'elles ont loué un film (il faut dire qu'on vient d'accéder à la modernité des DVD...). Sarah me dit que c'est un film que je lui avais recommandé du temps ou il était encore au cinéma. Comme je ne me souviens plus (il y en a trop), elle finit par me dire que c'est Le journal d'Aurélie Laflamme, tiré des romans d'India Desjardins. Je leur souhaite une bonne écoute, et je les trouve chanceuse!

Je reprends la route, et me rends jusqu'à Détroit, MI, ou j'en profite pour souper sur le stationnement de la boutique hors-taxe, juste avant le péage, le pont et les douanes de Windsor, ON. Vite dit, vite fait.

En ce beau samedi soir, il n'y a pour ainsi dire personne aux douanes. Grâce au bon travail de Cynthia, je peux donc traverser en quelques secondes. Disons environ deux minutes... Je traverse ensuite la ville de Windsor, et arrive la balance "toujours ouverte" de Tecumseh, ON. Il n'y a aucun camion, et deux agents. À cette balance, une pré-balance nous pèse (en roulant) dans la sortie, et des caméras et des lecteurs lisent les infos sur le camion (numéro de plaque, de permis, etc.) et affichent le tout dans une guérite au poste d'inspection. L'agent nous attent donc avec toutes les informations dont il a besoin, incluant les habitudes de la compagnie de transport. Un fichier géant leur permet de se concentrer sur les compagnies et les chauffeurs à risque.

En plus, par habitude, ils savent, dans mon cas par exemple, que ma compagnie est du Québec et que nous faisons des voyages d'une semaine. À ce point, dans les voyages que l'on qualifierait de loin, nous en serions au début de la sixième journée de route de suite. Pour simplifier, on peut rouler pendant six jours et demi ou sept jours de suite avant d'être "obliger" de prendre une journée d'arrêt. C'est assez compliqué, mais disons qu'en gros, ça ressemble à ça. Tout ça pour dire que l'agent sachant tout ça, il sait qu'il serait peu probable que j'ai dépassé les heures qui me sont alloué. Dans mon cas, à quatre jours par voyage, je suis toujours dans la légalité.

L'agent me dit donc bonjour pendant que le deuxième, qui s'est rendu à la hauteur des roues de ma remorques, me demandent d'activer mes freins, pèse, lâche, pèse, lâche... afin de vérifier leur ajustement et leur fonctionnement. Tout est parfait (c'est comme ça quand tu travailles pour une compagnie respectable), alors on me fait signe d'y aller.

Je me rends donc à Comber, ON. J'y fais le plein de diesel, j'y relave les vitres, et je vais chercher, au Tim voisin, du café et des biscuits (je me suis écoeuré des beignes, et je trouve leurs muffuins trop maigres).

De retour sur la route pour un dernier droit. Comme vingt heures arrivent, je salive (enfin presque) à l'idée de pouvoir capter Espace Musique pour Studio 12 avec Rebecca Makkonen, que j'aprécie énormément. Malheureusement, le temps que l'émission débute, et le signal se perd dans les brumes (il y a un trou entre l'antenne de Windsor et celle de London). Je devrai donc attendre de la visionner à la maison.

À Dutton, ON, un subit appel du trône se fait sentir. J'arrête donc pour le soulager... Je commence à me dire que la journée achève. Je reprends la route pour me rendre finalement à Dorchester, ON, ou le relais nous fournit gratuitement la connexion Internet (c'est ben là sa seule qualité, avec l'espace de stationnement disponible, puisque plus personne n'y va!).

Ça commence sérieusement à sentir la maison (enfin, je le pensais à ce moment!)...

15 janvier 2011

14 janvier 2011


Afin de ne pas faire comme la semaine dernière, soit d’arriver à Lebanon, TN vers 16h00), je me suis lever de tôt matin. On doit y être avant 16h30, mais dans les faits, il faut une bonne raison pour livrer après midi. De Sulphur, KY, il me reste quatre heures de route. Mon heure d’arrivée habituelle à Lebanon est 10h00. Comme j’ai déjà dit : j’ai beau le faire n’importe comment, ça finit toujours par une arrivée à 10h00. Ce qui est à notre avantage lorsqu’on va dans le mid-ouest, c’est qu’il y a une heure de décalage en moins. Donc, nous de l’est avons une heure de plus. 10h00 là-bas est 9h00 au Québec. Par expérience, les trois endroits où je ramasserai mon voyage de retour sont à 1h30, 1h15 de là ou encore dans Lebanon même. Sauf pour la ronne de lait, mais dans ce cas, il faut livrer le jeudi matin à Lebanon, ce qui n’est pas mon cas depuis un bon bout de temps… D’ailleurs, je suis dû pour une ronne de lait!

Donc, toujours est-il que je me suis réveillé à 4h30. Je suis allé visiter les toilettes, puis la machine à café, non sans avoir une pensée pour la belle Sophie, qui chérie tant le café du Pilot. J’ai ramassé au passage un burrito-déjeuné. Surement mortel, mais tellement bon!

Petit bout de route jusqu’à l’appel de la toilette. Y’a des matins comme ça… parfois, des journées entières! Je m’arrête donc à Horse Cave, KY, au Gulf! Oui, aux États-Unis, il en reste quelques uns, des Gulf. Quand j’étais jeune, on allait chez Jean-Marie Ouellet, qui était un Gulf. Ça marque! Dans ce temps-là, on pouvait s’ouvrir un garage avec un tournevis plate et un marteau, et réparer n’importe quelle auto. Et si c’était un gros marteau, on pouvait accueillir les camions tout autant! Mais je m’égare… Je ramasse un autre café, et me voici de retour sur la route.

Comme il est 7h30, j’envoie des messages. À Mathiew, grand argentier, afin qu’il me débloque une avance d’argent via ma carte de carburant. C’est beau de supporter la compagnie sur mes épaules, mais un moment donné, la compagnie doit me retourner l’ascenseur (dois-je préciser que c’est une blague?)! Ensuite, un pour Lori, ma répartitrice des retours, pour lui dire que je serai là, si vous aviez bien suivi, à 10h00. Spécialement pour les Lebanon, comme nous sommes trois par jour, ça lui permet de savoir à qui donner quel retour, selon les rendez-vous et les destinations. Dans les deux cas, ils auront leurs messages dès leur arrivée au bureau.

Un peu en avance, soit vers 9h30, j’arrive à Lebanon. Dès l’entrée, je dois reculer mes essieux (sur la remorque) tout en arrière. Ainsi, c’est plus facile pour le caboteur de placer les remorques aux quais. Mais plus difficile pour nous, avec nos camions à couchette, de se placer dans la rangée du stationnement. La cour, ben évidemment, est un tantinet trop étroite!

Je décroche la remorque à son emplacement, et pars à la recherche d’une vide. La majorité du temps, je me retrouve avec la dernière. Sauf depuis qu’il y en a quatre, donc une de plus que la plupart du temps. Chez ce client, nous apportons les remorques chargées le jour, avant 16h30, et repartons avec une vide. Pendant la soirée, les remorques sont déchargées, et retournées dans le stationnement. Je trouve ma remorque. J’envoie donc un message à Lori pour lui en donner le numéro. Par extension, cela dit que je suis rendu, et que j’attends donc mon voyage de retour. Pendant que j’accroche la remorque et que j’en fais l’inspection rapide, le message revient. J’irai à Springfield, TN, mais seulement à 19h00 (et c’est l’heure centrale, donc 20h00 chez nous). Peut être prêt avant, dit-elle. Mais ça, c’est un coup de dés. Parfois le voyage sera prêt un peu avant l’heure, mais souvent c’est moins d’une heure avant l’heure dite.

Comme mon diner est tout chaud, et que j’ai du temps devant moi, je me rends donc au Daily’s Ambest de Lebanon, le seul relais avec Internet gratis des environs. Après quelques difficultés, j’ai fini par trouver le stationnement idéal pour que mon ordi-nausaure soit capable d’attraper le signal. De 10h30 à 18h00, ce fut donc la pause Internet de la semaine. Pour ceux qui se poseraient la question, c’est bénévole. C’est comme ça… D’où la recherche d’un lieu avec Internet… Faute de s’enrichir, on va toujours ben se divertir!

J’y ai diné, et un peu plus tard, soupé. J’en profite pour publier mes textes des journées d’hier et d’avant-hier. Au moment de quitter, je suis allé chercher « un p’tit café avant de partir? » ainsi qu’un biscuit. En route vers Springfield. Il était là-bas 17h00. La belle heure pour retourner chez soi, ou bedon pour aller à Nashville passer la soirée. La circulation était presqu’aussi dense en sortant qu’en entrant en ville! Heureusement, je prends le « Briley Parkway », la voie de contournement. Le centre d’achat Opry Mills est toujours « fermé pour rénovation », suite au déluge du printemps. J’ai hâte d’aller visiter la moitié que je n’ai pas vue, faute de temps. Il y a même là un atelier qui fabrique, et vend, comme de raison, des guitares Gibson. À mon passage, aucuns artisans n’étaient au travail…

J’arrive à Springfield, TN avec une heure d’avance sur le rendez-vous. La charmante « femme de la cabane », dans son habit de neige rose (on n’a pas la même notion du froid qu’eux), vérifie ma remorque, et m’indique de voir le bureau d’expédition. Mon voyage est presque prêt. Je n’ai donc pas perdu mon temps à Lebanon. Être arrivé plus tôt, j’aurais attendu plus longtemps. Et pas d’Internet ici, même dans la ville (en tout cas, je n’ai pas encore trouvé si il y en a un).

Chez ce client, nous devons, après avoir passé l’inspection de remorque, allé la décrocher sur le stationnement « en haut », là où toutes les remorques vides sont empilées. Disons cordées très serrées. Par la suite, on revient en camion pour se stationner le long de la clôture. Et on marche le long de tous les quais, pour contourner la corde de sécurité, pour retourner vers l’usine, y entrer, monter au deuxième étage, et finalement, voir la dame de l’expédition.

Après avoir redemandé pratiquement les mêmes informations que la belle de la guérite, elle part vérifier où le chargement en est rendu. Quelques minutes plus tard, elle revient en me disant que ce sera prêt dans une heure et demi maximum. Ils sont ben pessimistes. Et on dirait qu’ils ont toujours peur que le chauffeur grimpe dans les rideaux. Loin d’être mon genre, madame, rassurez-vous!

Je retourne à mon camion. J’en profite pour débuter l’écriture de ce récit. En peu de temps, la Rose de la Guérite m’interpelle via la radio-CB. « Ton voyage est prêt, retourne en haut ». Hé ben, ça n’a pas été trop long. Vrai qu’en sortant de l’expédition, deux remorques de TJB se faisait ramasser des quais.

Je retourne donc à l’expédition. Signe ici, signe là, pèse fort, colle les collants, rempli les papiers, mets ça dans l’fax… Une fois la confirmation imprimée, je peux retourner à mon camion. Je pars alors à la recherche de la remorque. Juste celles déjà chargées, il doit bien y en avoir une cinquantaine.

Je la trouve facilement. Mais elle est si serré qu’en fait, elle touche à ses deux voisines! J’accroche la remorque, je le tire un peu, puis je vais lever les pattes. Heureusement que le précédant chauffeur ne les avaient pas trop baissé. Ça laisse un jeu une fois la suspension remontée. Parfois, il faut demander au caboteur de l’avancer pour nous. Eux peuvent la soulever complètement, sans monter les pattes, alors il la lève, l’avance et la redépose. Nous pouvons ensuite procéder normalement.

Je dois ensuite la sortir de là sans tout démolir. Je dois aller très droit, et tout doucement. Mission accomplie. Je vais me stationner un peu plus loin pour faire l’inspection à la recherche de dommage… Elle est correct; c’était extrêmement serré, mais ça ne touchait pas… et n’a pas touché! Lumières, pneus, freins, tôle, tout est parfait.

De retour à la guérite, pour l’inspection de sortie, question de s’assurer que le chauffeur quitte bien avec la remorque et le chargement dont il a la charge. Et pose d’un seau de sécurité, qui témoignera que je n’ai pas ouvert les portes pour en laisser une chez moi, genre…

Une fois libéré, je pars vers Cross Plains, TN, où je dois faire le plein (mais pas plein). Comme j’ai raconté il y a quelques jours, je ne peux pas, en hiver, faire le trajet complet et refaire le plein à Comber, soit en Ontario. D’ailleurs, vu le taux de change presqu’au pair, j’imagine que l’économie de faire le plein en Ontario le plus possible n’est plus là…

Je mets donc soixante-et-un gallons US de bon diesel. Je ramasse un autre café, et quelques cochonneries pour faire travailler mon estomac. Au passage, je ramasse l’avance d’argent que Mathiew m’a débloqué plus tôt. Party!!! Ben non, mais ce serait bien sur tentant…

Pour finir la journée, un autre petit bout de route. La nuit se passera à Sonora, KY. Un Pilot, question d’avoir un bon café au réveil… hein Sophie?

14 janvier 2011

13 janvier 2011


À mon réveil, après m’être habillé et mis les yeux en avant des trous, je me rends à la pompe afin de faire le plein de carburant. Contrairement à l’été, je ne peux faire la distance Comber, ON-Maison-Comber, ON en hiver. Pas plus d’ailleurs que Comber, ON-Lebanon, TN-Comber. Ce camion a un petit et un très petit réservoir. Dire qu’avec mon Western Star (mon précédant camion) j’étais capable de rouler trois jours sans faire le plein…

Malgré les milliards de dollars en profit, je suis incapable de trouver une raclette en un seul morceau… et de toute façon, le lave-vitre (ben, ce doit être de l’eau pure!) est gelé dans la cuvette. Des milliards de profit… Ça et l’absence totale de service à la majorité des Relais Routiers (style, comme disait mon père : tu chies dans pelle et tu pisses su’l manche!). Misère!

Devant trop de service, je décide de me rendre à la halte d’Ingersoll, là où est situé un autre Relais Routier, ainsi qu’un Tim Hortons. Chanceux, je peux y laver mes vitres, mais surtout mon miroir côté chauffeur. Défaut majeur sur un Volvo : les miroirs et les vitres deviennent sales en deux minutes… je ne lavais jamais les vitres sur mon Wes’ (bon, on va dire une fois par semaine, à Tilbury, ON en sortant)!

Une fois propre propre propre, je me rends à l’intérieur pour y cueillir un bagel B.E.L.T. avec la tite pétate et un remplissage noir. C’est drôle comment les tites madames me reconnaissent… En tout cas, moi ça me fait drôle!

De retour au camion, je constate que Jocelyn m’a téléphoné. Je le rappellerai plus tard. En reprenant la 401, je croise Pee Wee, un confrère. Il me dit que la radio annonçait que la 401 ouest allait bientôt être fermée complètement, dans le coin de Chatham, pour permettre de ramasser les trois ou quatre accidents qui ont eu lieu pendant la nuit. Hé ben… on va surement visiter l’arrière pays!

Ce qu’il y a de bien en Ontario, c’est qu’à chaque sortie de la 401, il y a des petites affiches jaunes indiquant vers où se diriger si l’autoroute est bloquée. Il n’y a donc qu’à suivre les EDR 401 ouest (dans mon cas) et ça nous ramène inévitablement un peu plus loin sur l’autoroute. EDR pour Emergency Detour Route, route de détour en cas d’urgence.

Ben malgré ça (les tites pancartes), la trallée de camion devant moi ont tous tourné à la première occasion à gauche. Je tentai de voir la pancarte en me collant dans l’accotement. Elle disait bien tout droit. J’ai donc poursuivi ma route. Plus loin, après plusieurs intersection, on nous indiquait finalement de tourner sur la gauche. Directement dans Chatham. Une autre gauche à la sortie de la ville, et ça nous ramène au relais du tamoul à la sortie 81.

Après une mini-pause à la halte de Tilbury… Je dois vous dire. Les toilettes, dans les nouvelles haltes de l’Ontario, sont capables de déterminer le type de travail que vous y faites, et « flusheront », selon ledit travail, un petit coup écologique, ou un grand coup des chutes du Niagara! Wow! On est rendu là… Ça et les séchoirs à mains Dyson (comme les aspirateurs!) extra-terrestre! Vraiment, on n’a rien à leur envier… J’ai mis mon diner dans le réchaud. Après ce court arrêt, donc, je me suis présenté à la boutique hors-taxe, où je me suis servi dans le pot à café (il est gratuit).

La traversée du pont et l’attente aux douanes suivirent. Quarante-cinq minutes ont suffit pour passer les douanes. Normal. Délesté de 22,50 $ US, je pouvais reprendre la route.

À la recherche d’Internet, je me suis arrêté à Newport, MI. Comme les dernières fois, je n’ai pas réussi à me connecter. Ça doit être pour ça que je préfère Luna Pier, MI, pas juste pour la belle aux yeux bleus! Quoique là aussi le branchement est difficile…

Rassasié, j’ai poursuivi ma route. À la recherche d’Internet, encore, je me suis arrêté à Wapakoneta, OH. Là, ça fonctionne bien. J’ai donc pu faire les deux ou trois petites choses avec Caro afin que la maison continue de fonctionner. Et lui modérer sa peur de la descente de mongole que Sarah aura à faire en éducation physique. Une mère, ça dit : wo, fait attention, tu vas te péter la yeule. Un père, ça dit : enweye, t’es capable! Héhé… J’ai conclus en disant que « dans mon temps, on ne se posait jamais ce genre de question ».

Encore un bout de route et arriva Cincinnati, OH. Un peu tard, elle se traversa sans anicroche. En haut de la côte, je sortis pour la halte de Walton, KY afin d’y souper. Un ensemble hors-normes était stationné « là où il a pu ». C’était la première fois que je voyais un ensemble avec un camion à chaque bout : un qui tire la remorque, et un autre qui la pousse. Je mets ça dans ma quête de défi au travail. Avec le chargement de poteaux de téléphones vu aux pompes ce matin, le tiroir à défi est plein aujourd’hui!

Repartant plein de bonnes intentions, je me suis stationné pour la nuit à Sulphur, KY, à peine une heure plus loin… Il va faire beau d’main!