25 février 2010

En route vers la fin.

Me voici donc dans le dernier droit de ma relation avec mon Vieux Wes’. Depuis quelques mois, je dirais depuis la fin de l’automne dernier, je commençais à avoir mon Vieux Wes’ de travers. L’âge étant ce qu’il est, les petits bobos, que j’appellerais plus des irritants que de véritables problèmes, commençaient à me peser de plus en plus. Rien de si grave en réalité, rassurez-vous.

D’ailleurs, dans la plupart des cas, ces irritants-là étaient présents depuis presque le Jour Un où j’ai reçu la responsabilité du 892. Je parle entre autre de l’infiltration d’eau invisible qui amène des départs à l’intérieur d’une cabine humide, ou encore un tapis de couchette qui parfois fait des "flouche flouche" lorsque je marche dessus. Le garage a bien cherché, mais c’est évidemment difficile de reproduire en garage ce qui arrive lorsqu’il pleut. Ou mon miroir électrique qui branle. Ou mon coupe-tension de la couchette qui faisait que mon chauffage de nuit ne réussissait pas à finir la nuit, par manque de courant. Et comme il n’y a dans le Wes’ aucune alarme pour m’en aviser, je me réveillais une heure plus tard gelé comme un creton (ou un crouton comme dirait Sarah). Certains chauffeurs de Volvo avaient la même situation, mais à la différence qu’avec une alarme, tu peux te réveiller bien au chaud afin de démarrer le moteur pour le reste de la nuit.

Tout ça pour dire que mon Wes’ n’était pas parfait, mais l’amour que je lui ai porté tout ce temps effaçait en quelques sortes les petits défauts. Tiens, pareil comme l’amour que j’ai pour ma Caro. Ça dure un temps, pour le camion je veux dire, et un moment donné, on dirait que notre tolérance s’estompe. J’avais donc atteint ce point de saturation il y a quelques mois.

Il faut préciser que chez TJB, les camions nous sont assignés dans un certain ordre en partant des plus vieux vers les plus jeunes chauffeurs, de façon à ce que chacun, après un certain temps, reçoive un nouveau camion, généralement neuf ou presque neuf (mon Wes’ avait un an lorsque je l’ai eu). Chez nous, ce n’est pas "les plus vieux ont les camions neufs et les suivants ramassent les restes à chaque année". Une fois que tu as TON camion, tu peux le rouler pendant quelques années (et c’est un peu ajusté en fonction du kilométrage annuel du chauffeur: certains gros rouleux ont leurs camions moins longtemps que des rouleux moins assidus, comme moi, genre).

On m’avait suggéré il y a un petit moment que je pourrais me voir assigné un nouveau camion. Je dis suggéré, parce que l’insistance n’y était pas vraiment. Alors, avais-je demandé, "est-ce parce que ça pourrait être difficile de trouver un nouveau preneur pour mon Wes’"? Un peu, m’avait-on répondu. Donc, j’ai suggéré que je pouvais bien garder mon Wes’ pour le temps qu’il sera rentable ou efficace de continuer à le rouler sur de longue distance. Je le dis comme ça, parce que mon Wes’ précédant m’avait été enlevé pour cette raison, il était devenu trop cher d’entretien à maintenir sur le route. En même temps, je ne voulais pas vraiment me retrouver dans un Volvo. J’en ai eu un pendant une semaine, et ça ne s’était pas tellement bien passé. À ce moment, je me disais qu’avoir un Volvo, j’aurais mangé mon volant. Et comme il y avait déjà un moment que les nouveaux camions étaient toujours des Volvo, Jocelyn, notre Meilleur Patron, ne voulant se diriger que vers des moteurs Cummins, ce que Western Star n’offre plus. Avec le retour des Cummins chez Freightliner, compagnie sœur de Western Star, je continue d’espérer!

Les temps étant assez difficile ces mois-ci dans le merveilleux monde du transport québécois et nord-américain, mondial même, plutôt que de continuer l’achat de camion neuf, comme la plupart du temps chez TJB, Meilleur Patron achète maintenant des camions "ayant déjà été aimés". Décision d’affaire que je respecte. Elle démontre que le mouvement de la compagnie s’ajuste continuellement avec la conjoncture. C’était d’ailleurs déjà arrivé lors du passage de la compagnie de sous-contractants pour un autre transporteur au statut de transporteur complètement indépendant. En réduisant les dépenses, ça laisse plus de marge de manœuvre pour les mêmes revenus, ou une certaine marge si les revenus diminuent.

Toujours est-il que ces nouveaux camions sont arrivés, un solitaire tout d’abord, puis quatre ou cinq nouveau camion tout récemment. Encore là, je reconnais Meilleur Patron, qui teste toujours un produit ou une pièce d’équipement pendant un temps avant de se lancer plus à fond. Le test semble donc avoir été concluant!

Ces camions, pour tout vous dire, sont d’anciens combattants de la compagnie Bruce R. Smith chez nos voisins ontariens. Cette compagnie est présentement sous la protection de la loi sur les arrangements contre ses créanciers. Elle a donc de l’équipement à vendre pour se restructurer. Les camions sont déjà verts, à un demi-ton du Vert TJB. Disons que sur l’autoroute, même un œil averti ne voit pas la différence. Mais côte à côte, on peut voir une différence minime.

Contrairement aux camions "naturels" que TJB se procure habituellement, les Smith sont des camions montés pour travailler fort. Smith fait en effet du transport en tout genre, avec des remorques ayant de deux à sept ou huit essieux. Ils sont quand même montés pour un poids raisonnable, soit avec un essieu 13 000 lbs à l’avant et un tandem de 40 000 lbs à l’arrière. Certaines différences seront peut-être existantes pour la suspension et les longerons (le "frame"), mais je devrai investiguer plus là-dessus lorsque j’aurai le mien à temps complet.

Voici donc qu’arrive le temps où mon Vieux Wes’ a besoin d’une ou deux petites retouches mécaniques. En fait, j’ai arraché un garde-boue sur le camion, parce qu’il a accroché la patte de la remorque, son support plus exactement. La remorque étant avancée le plus possible afin de maximiser l’économie de carburant (l’espace diminuant entre le camion et la remorque faisant diminué la consommation de carburant; l’espace idéal est de trente centimètres). Le manque d’un garde-boue a déclenché la visite au garage, mais la liste de réparation mineure était longue. Après tout, je n’étais pas allé au garage depuis le congé de Noël!

Toujours est-il que, après deux jours de dur labeur de la part des mécaniciens, il arriva que mon embrayage, qui collait, ait encore un petit quelque chose qui ne tournait pas rond. Ils l’ont ressenti en sortant le camion pour me le rendre. Je me suis donc vu assigné un autre camion pour la semaine, afin de pouvoir faire ma semaine de travail. Et cet autre camion était le solitaire dont je parlais plus haut.

Cette fois, peut-être sachant que ce serait mon futur camion, bien que non-officiellement au moment de partir, j’étais beaucoup plus prêt à l’idée de conduire un Volvo. J’ai donc transférer la base de mon bagage dans le 811. C’est toujours à ce moment que je me rends compte que, dans mon camion, il y a beaucoup d’objet inutile. Tous ceux que je n’ai pas déménagés et dont je n’ai pas ressenti un manque de quoi que ce soit!

La semaine dans mon futur nouveau camion s’est, un peu à ma propre surprise, très bien déroulé. Je crois sincèrement, après coup, que je suis prêt à passer au merveilleux monde de Volvo. Ah, je peux vous dire que, malgré mon amour du véhicule européen, très souvent mieux conçu pour une utilisation routière extrême, toujours avec un souci du détail incroyable, ne s’applique pas vraiment au camion Volvo. Certains vices de conception, sur lesquels j’élaborerai plus dans d’autres billets futurs, me laisse pantois! Est-ce parce que la conception se fait plus aux bureaux états-uniens de la compagnie? Peut-être. J’imagine que l’ami Fred pourra, lorsque je publierai quelques images de l’intérieur, confirmer si l’intérieur est identique, ou au moins ressemblant, aux Volvo européens.

Deux anecdotes qui me sont arrivé avec le Volvo. Sur la I-71, quelque part entre Cincinnati et Louisville, dans les montagnes, je crois l’ami Gilbert, suivi d’un autre TJB. Gilbert est l’heureux chauffeur d’un des deux Wes’ plus récent que le mien, les derniers acquis par TJB. Il est, en plus d’être un bon "jack", le genre de chauffeur qui lave et frotte son camion mieux que si c’était le sien. En tout cas, beaucoup plus que moi! On voit la réflexion au loin lorsqu’il s’approche. Au moment de se croiser donc, il me reconnait dans ma trop grande fenêtre. S’étonnant que je sois au volant d’un Volvo, il me dit qu’il trouve ça comme une drôle de façon de me remercier de toutes mes années dans la compagnie. Un peu comme une démotion. Après les salutations d’usage, je me mets à réfléchir. Peut-être que je devrais aller le "bumper" pour avoir son Wes’? Serait-il moins déçu pour moi? Héhé, pas si certain! Honnêtement, je préférerais un Kenworth T660 ou un Western Star 4964, au pire un Peterbilt 389... mais je comprends que c’est la compagnie qui les camions, et que surtout, je ne veux plus vraiment de mon Wes’. Pour le reste, du moment que la paye est là (lire: que mon camion, quel qu’il soit, me permet de gagner ma croute et celle de ma famille). Je fais la différence entre ce qui serait une belle gâterie et une façon plus utilitaire d’exécuter mon boulot.

La deuxième anecdote arrive au moment de repartir de Lebanon, ma destination. En m’approchant de la sortie, je croise Homer (Simpson), un de nos chauffeurs qui arrive. Très drôle de lui voir la figure, tellement surpris de me voir au volant d’un autre camion. Avec lui, un "gars de Pete", j’ai pu constater quelques légères différences entre nos Volvo, le sien un naturel TJB, le mien un Vieux Smith recyclé.

Le coup de grâce m’est arrivé à mon retour au garage. Coup de grâce qui me fait dire que je suis prêt à faire le changement. En me rassoyant dans mon Wes’, afin de retransférer mes bagages, je me suis senti tout drôle, comme "pas dans mon élément", je le trouvais vieux, le siège défraichi, assis à une drôle de position, etc. Bref, un inconfort. Ah, en peut de temps, le naturel est revenu. Mais je serai donc prêt lorsque mon Vieux Smith me sera donné, dans quelques semaines.

On en revient - Chapitre quinquagénaire et final

Je me rends ensuite à Strafford, MO, à une quinzaine de minute de Springfield, pour passer la nuit. Il est déjà vingt-trois heures! C’est un relais de pauvre, comme je les aime... mais, ironie du sort, le béton du stationnement est digne de Port-au-Prince! Et ce dans la section qui sert à la circulation... Misère.

Au petit matin, de retour sur la route. À la radio, l’animateur raconte que les câbles qu’il y a au centre de l’autoroute ont servi environ cinq cents fois la journée précédente (signifiant que des voitures ont dérapées vers la voie du sens inverse, mais ont été interceptées par lesdits câbles qui ont fait leur boulot!). L’animatrice lui répond : dont deux fois pour moi et mon conjoint!

Poursuivant en Illinois, je peux voir les labours laissés par les camions et les automobiles que j’avais vus la veille embourbés dans le terre-plein. Ils ont tous été ramassé pendant la journée. Plus loin, un animateur de radio très conservateur se moque du Discours sur l’état de l’union à être présenté le soir même. C’est un nouvel animateur que je n’avais jamais entendu, mais il n’est pas moins démagogue que les autres.

Le soir, le campement pour la nuit, de retour dans la tempête, s’installe à Warren, IN. J’y ai bien quatre ou cinq connexion Internet disponible, mais je ne peux me connecter à aucune avec suffisamment de force pour que ça fonctionne! Je veux une carte WiFi N... Ou un nouvel ordinateur...

Jeudi matin, je reprends la route. Il est si tôt que la route est toujours glacé. Mais la tempête est sur les derniers miles. Je n’ai plus de nourriture avec moi, donc ce sera le festival du restaurant pour le reste de la semaine. Caro me demande de ramasser de l’Amaretto di Saronno pour son problème de boisson à la boutique hors-taxe. J’acquiesce. Je me fais un Festival de la cochonnerie au Pilot de Toledo, OH : sandwich industriel, rouleaux douteux qui roulent d’ailleurs depuis des années sur leur réchaud à tuyau, croustilles, soda, etc. Miam, mais pas terribles pour la santé du bedon! En entrant dans le Michigan, un message de Lori qui veut savoir où je suis rendu, sous-entendu pour savoir si c’est moi qui ira faire la livraison à Montréal. Je serai là juste dans le bon temps.

Presque tout de suite après, Jean-Pierre qui se cherche des chauffeurs pour partir en fin de semaine, parce qu’il a beaucoup de voyage cette fin de semaine. Je lui réponds que je serai prêt à repartir dimanche. Il est heureux comme un balai fou! Avec tout ce blabla, j’arrive aux douanes. Je passe les doigts dans le nez (voulant dire très facilement; je me demande ce que dirait un douanier si j’arrivais avec les doigts dans l’nez? Je ne l’essaierai même pas).

Arrive Comber. C’est l’heure du plein, un côté, visite chez l’Oncle Tim, le plein en café, un bon beigne bien gras, et on repart pour se faire la 401. La route est relativement belle. Mais de temps en temps, il y a une zone de "white out", ou traduit, un bout où ne voit ni ciel ni terre parce que le vent et la neige forment un mur dans lequel on doit foncer. Le problème, c’est toujours les autres qui roulent en pépère sur les feux de détresses. Tassez-vous pis laisser passer les gros bateaux! Heureusement, chaque blizzard est de courte durée. Et finalement, il n’y en a pas eu beaucoup. Trois ou quatre si ma mémoire se souvient bien.

Je choisis le TA de Woodstock, ON pour le souper. Je me rends compte que j’ai oublié le problème de boisson! Tant pis, mais comme je repasse à chaque semaine... Je commande un bon "chicken stir fry", qu’eux traduisent comme une fricassé de poulet. À la télévision, ils appelaient ça un Touski. Tu vas dans le frigidaire, tu prends tout ce qui reste, tu le fais sauter, tu ajoutes du poulet, et tu déposes sur un lit de riz. Succulent. Je constate qu’une des serveuses qui a commencé du temps ou ce relais appartenant à Bob Lodge (du relais 730 de Cardinal, ON.) est toujours à son poste. Je ne serais pas surpris que ce ne soit d’ailleurs la seule après tout ce temps. Elle est d’ailleurs de plus en plus belle. Mais comme ce n’est pas elle qui m’a servi, ne me demandez pas son nom. Avant je le savais, mais je ne mange plus souvent dans les restaurants, alors avec le temps j’ai oublié.

Puis, alors que je déguste mon poulet machin, un message de Jean-Luc. Il est trop tordant, alors je le transcris intégralement:
"Consternation chez TJB: M. Maltais enfreint le règlement. 75,5 heures de travail. Rien ne va plus. Que se passe-t-il?"
J’en ai pour le reste du repas à m’en remettre! Voyez, c’est la façon qu’il s’y prend, le Jean-Luc, pour me taper sur les doigts! Vous pouvez constater en même temps que ça n’arrive pas très souvent. D’ailleurs il faudra bien que je lui réponde... mais j’attends une connexion, pour lui répondre, lui envoyer mes papiers de travail, et publier ce texte! C’est la vie de "squatteur" de connexion...

De retour sur la route, la température est à son meilleur. Ben, pour un mois de janvier! Toronto se traverse plutôt bien, mais au ralentit avec une heure de plus que la normal. En sortant de la ville, j’arrête à la halte de Port Hope, pendant qu’elle existe encore, pour y ramasser le traditionnel café de la victoire. Victoire d’avoir survécu à Toronto. La place est remplie de gens qui allongent la fin de semaine pour aller au ski. Ça se voit à leur habillement! Par la suite, je me rends jusqu’à Kingston, ON. pour y faire mon dernier campement de nuit.

Vendredi, jour d’arrivée et de livraison. Un autre diner de cochonnerie à Cornwall, parce que je ne crois pas que je vais pouvoir me rendre à la maison sur un chausson et un café. Sandwich artisanal dans un pain pita, fromage (du Québec, il n’y avait même pas de Saint-Albert, une institution franco-ontarienne!), croustilles, dessert et soda.

Ensuite, direction client. Il est situé près du Marché Central. J’apprends donc que l’ancienne ville de Saint-Laurent va jusque là! Hé ben! Le client est un fournisseur en ventilation et/ou électricité. Tout petit, mais très efficace. J’avise Jean-Pierre de mon arrivée. En peu de temps, je sais que je finirai à la maison avec le camion. Parfait! Ce sera plus simple, surtout pour le départ dimanche.

Aussitôt vide, aussitôt sur la route, direction Lavaltrie, à la halte suicide où je dois/peux faire le plein. C’est maintenant le seul endroit au Québec, outre la cour de TJB, où je peux faire le plein, depuis que celle de Vaudreuil a été fermée. Une autre place qu’il n’y avait pratiquement que moi qui fréquentait! Ah, une halte suicide, c’est une halte routière qu’il faut prendre à partir de la voie rapide. Pour le ministère des Transports, ça permet de faire une halte qui pourra desservir les deux sens de circulation de l’autoroute (et en plus, à l’époque, c’était une autoroute à péage, "on n’avait d’l’argent"! Pour les automobiles, c’est plutôt dangereux. Mais pour les camions, c’est simplement suicidaire d’y entrer! Ralentir à cinquante kilomètres-heures (ce qui est encore un peu vite en plus) dans la voie rapide, ça cause toujours des frictions. Mais bon, en sortant de Montréal par l’autoroute 40, c’est la seule avant un bon bout de temps. Donc pas trop le choix!

Un plein complet plus tard, me revoici sur la route. Direction autoroute 31 maintenant. Je vais décrocher ma remorque chez notre gros client (qui me permet d’aller chez moi avec le camion : ben, c’est mon patron qui me permet, mais c’est à cause de ce client-là, qui est plus près de chez moi que de Montréal que ça se peut) à Joliette. De là, je me rends au centre commercial où m’attendent mes deux femmes. Ça adonne bien!

Après un bon petit café, et des chocolats de noël acheté à prix dérisoire dans le vieux stock de Sears, je rentre donc à la maison, où le froid m’a attendu toute la semaine. Tellement que, en prévision du souper, Caro a la merveilleuse idée de nous amener, à pied, chez le boucher (à deux pas de chez nous, mais quand même!). En y allant, ça va. Je dis à Caro: si en y allant ce n’est pas pire que ça, on va payer pour en revenant. Elle ne porte même pas attention à ce que j’ai dit.

On rigole un peu avec le boucher qui, lui, ira le lendemain vendre ses excellentes saucisses Louis-Cyr dans une cabane sur la glace au Village sur glace de Saint-Zénon. Il nous explique comment ils ont isolé leur cabane, et comment le poêle BBQ peine à réchauffer la saucisse! On lui souhaite bonne chance!

En sortant dehors, le temps est calme. Nous arrivons presque à rejoindre la maison sans nous transformer en cube de glace, mais au moment de passer entre la maison et la caserne, une bourrasque de vent nous glace sur place.

On peut ben vouloir un poêle à bois… et du vin chaud!

On vide la remorque, on remplit la remorque - Chapitre quaternaire

Dès mon arrivée, je vais à l’intérieur afin de me faire assigner une porte... Il n’y a personne aux alentours, ni même un bureau. Je décide tout seul comme un grand de reculer à l’une des trois portes selon la loi de "la plus facile fera l’travail". La cour est drôlement faite, du genre "pour reculer droit, il faut aller croche". Avec des quais en descendant, tout croche, tout teur (tordu)! Et il y a même une porte condamnée, parce que l’asphalte est défoncé.

À mon retour à l’intérieur, je lis sur la barrière que je dois appuyer sur le bouton rouge sur le mur à la droite de la porte, pour allumer la lumière d’appel du chariot à pince. Ah! Je trouve le bouton rapidement. J’appuie dessus. Et la lumière, un stroboscope ambre, clignote dans toute l’usine! Pas vraiment discret... Bon, c’est ça l’but, en fait. Hé ho, je suis là, dit la lumière. Comme rien ne bouge, je retourne au camion pour y faire chauffer mon souper. Comme ça, je pourrai manger pendant que l’opérateur fait son travail... ou bien aller me trouver un beau stationnement avec une connexion Internet à "squatter".

De retour à l’intérieur. Le chariot à pince arrive, surmonté de son opérateur. Je lui donne mes papiers et j’attends qu’il ouvre la porte, question de m’assurer que j’ai bien aligné ma remorque avec le quai. Je retourne dans le camion aussitôt que je suis assuré qu’il pourra procéder au déchargement. Je m’installe dans la couchette et j’allume l’ordinateur (pour taper ce texte et jouer aux cartes).

À peine quelques minutes plus tard, mon ami l’opérateur arrive et cogne à la porte. J’ouvre la fenêtre. Il me tend un tableau à pince en me disant de mettre mes initiales "là" et de lui remettre les clefs. Je m’exécute avec le crayon, et je retire les clefs du contact pour les lui remettre. Il enlève le tuyau rouge de la remorque et y installe une barrure (ce faisant, la remorque est sur le frein de stationnement et on ne pourrait plus réinstaller le tuyau pour l’avancer sans en retirer ladite barrure). Il repart en coup de vent pour débuter son travail.

Mais... Il y a bien sur un mais, et tout un en plus! Mon camion ayant des vitres électriques, je ne peux plus les opérer sans la clef! Merde, je devrai survivre quasi-dehors à un gros moins cinq degrés. Bon, ce n’est pas si mal, et il faisait déjà chaud dans le camion. Avec un peu de chance, il opérera rapidement et je n’aurai pas le temps de me transformer en bloc de glace. Ah non! En plus, sans la clef, l’allume-cigare, dans lequel je branche mon réchaud, ne fonctionne plus. Pas de souper non plus (ben, un peu plus tard, bien sur!)... Décidément, livrer en après-midi est toute une aventure!

J’envoie donc mon message à Lori pour lui signaler que je suis arrivé chez mon client. Le temps de quelques parties de cartes et la réponse arrive. J’ai hâte de savoir mon avenir. Pas besoin de Jojo Savard (ou d’une saucisse de la fortune: référence: Fred sur Facebook) pour ça, juste d’une répartitrice! J’irai charger chez un client de ventilateurs industriels, à deux usines-entrepôts différentes, dans la même ville de Springfield, MO, où je suis déjà. L’astuce, c’est que je dois y être en dix-huit heures et vingt-deux heures! Ah, c’est donc pour ça que je pouvais livrer en après-midi, et qu’il n’y avait en fait pas vraiment d’heure d’arrivée. Comme c’est un client que j’ai déjà visité, entre autre une fois dans une crise de verglas presque digne de la nôtre, alors je sais qu’il ne sert à rien de m’y rendre avant l’heure dite... et encore là, il arrive parfois que la totalité du chargement ne soit pas prête. Le tout pour livrer vendredi à Montréal, par moi ou un autre... mais au pif, je serai justement en ville vendredi en avant-midi, ça devrait donc être pour moi.

En peu de temps, moins qu’il en faut pour geler en fait, mon ami a terminé son travail. Il me rapporte donc les clefs, réinstalle le tuyau pour que ma remorque retrouve sa liberté de mouvement, me rends les papiers du chargement signés, et retourne aussitôt à l’intérieur. Je m’avance, sort pour refermer les portes, et me voilà sur la route à la recherche d’un stationnement d’où je pourrais "squatter" une connexion Internet. La totalité des hôtels du la ville sont, par définition, en ville, et n’ont donc pas de stationnement digne d’accueillir un camion et sa remorque. Je me rends donc jusqu’au mini-relais que j’ai découvert sur le chemin de l’arrivée, plus tôt.

Une fois stationné, je constate qu’il n’y a pas de connexion! Je serai donc obligé de manger mon souper tranquille. Une fois rassasié, comme il me reste une heure trente, et que j’ai fortement l’air d’en avoir besoin, je m’étends pour faire une courte sieste. Il faut savoir que l’on dort par cycle d’environ une heure trente: sommeil léger, sommeil profond, sommeil léger. Et ça recommence, à moins que l’on ne se réveille. Donc, s’il faut dormir peu de temps, l’idéal est de mettre le cadran pour une phase de sommeil léger. À une heure trente, à trois heures, à quatre heures trente, etc. Bon, d’une personne à l’autre, ça pourra varier un peu en plus ou en moins: ce pourrait être quatre-vingt ou cent minutes, à vous de trouver pour vous-même! Ah, et ça sert à quoi de le savoir? Ben, lorsque le réveil est difficile et qu’on met des heures à se remettre les yeux en avant des trous, c’est que le cadran à sonner au beau milieu du sommeil profond!

Une fois réveillé... ça fait du bien, mais ce fut un peu court! Je serais bien resté dans les bras de Morphée toute la nuit! Donc, je vais à l’intérieur de mon mini-relais. Je constate qu’il y a une "zone Internet" avec table, télévision, etc. Donc, logiquement, le signal doit se rendre dehors. Je dois donc être stationné trop loin! Grrr! J’ai hâte d’avoir mon futur nouvel ordinateur! Après avoir fait le tour du propriétaire, je me ramasse un traditionnel café, sachant que la veillé pourrait être longue. La caissière me dit: fais-toi z’en pas avec ça! Ce qui signifie en bon français: c’est gratis! Wow, merci Hop & Go (tiens, ici Hop & Go, ce sont des gâteaux; dans le Missouri, ce sont des relais de camions!).

J’arrive chez mon client à dix-huit heures trente. Le temps que "le bon gars" revienne, il m’assigne une porte. Il est tout content que j’ai toute une panoplie de numéro de commande. Ben, disons qu’on se fait prendre une fois (on étant la compagnie, parce qu’on semble aller à ce client un tantinet régulièrement). Bien qu’elle soit disponible de chez elle pour de telles exceptions, Lori n’aime pas vraiment se faire déranger à la maison (comme tout le monde, ben évidemment!). Je la comprends tellement... Après deux heures environ, comme la remorque ne dandine plus, je me rends à l’intérieur pour constatation. Wow! C’est plein jusqu’au porte! Et l’autre entrepôt, lui, il va la mettre où, sa partie du chargement? Comme l’entrepôt est désert pour cause de pause, je retourne dans le camion pour ramasser mon téléphone. Il faudra bien que j’avise Lori.

Quelques minutes après avoir gagner mon siège, j’entends et je sens que la plaque s’enlève. Le travail a repris. De retour au bureau, l’homme qui m’a chargé termine mes papiers. Celui qui semble le responsable me dit qu’il n’y a qu’une pièce à l’autre entrepôt, alors il n’aura qu’à la mettre sur ou sous la dernière pièce sur le bout. Ah, ok! Les autres fois, c’était plutôt chacun sa moitié de voyage! Pour une pièce, ce sera correct, mais n’en jeté plus!

Je me rends donc au deuxième entrepôt. Ce fut évidemment plus long de reculer au quai que de me faire charger la pièce en question. J’ai aussi pu faire faxer la quinzaine de feuille pour faire dédouaner le chargement. Et ça aussi, ce fut plus long que de me stationner!

11 février 2010

On roule aux z'États - Chaptire Tertiaire

Comme il n’y a que peu de camions, on dirait que les douaniers se permettent d’être plus suspicieux. Du temps où j’avais l’air d’un tueur, je n’ai pas eu vraiment de démêlé avec la douane… On aurait dit que cette fois, c’était mon tour! Décidément… Rien de bien sérieux, mais lorsque tu es habitué à te faire envoyer la main, la moindre question te fait sentir drôle! Peut-être est-ce dû au fait qu’ils n’ont eu les papiers qu’une heure à l’avance, contrairement à l’habituel « environ une journée »… Je finis quand même par avoir mon OK. Je reprends donc la route.

Fidèle à leur habitude, comme la météo annonce une possibilité de neige, pluie ou verglas, les états-uniens ne roulent pas très vite. Ils ont peur d’avoir peur, aurait dit mon père! Le Michigan, avec à peine une micro-neige, se traverse très bien. Arrive Toledo, OH. Je prends donc la voie de contournement pour aller prendre la US-24. Cette route est un genre de raccourci. Maintenant que l’autoroute est ouverte sur une plus longue partie, on peut même y sauver du temps (parce qu’avant, on sauvait de la distance, mais je ne crois pas que l’économie se transformait en temps). En tout cas, ceux qui « logguent au mile » (plutôt qu’en temps réel, comme il faut le faire) aimaient bien passer par là.

Toujours est-il que, sur ladite US-24, là, l’hiver se montre la binette. La neige tombe allègrement, et le vent de l’ouest pousse très fort contre mon camion. Mais, comme je suis chargé en papier, à près de 80 000 lbs (le maximum légal aux États-Unis), et que j’ai déjà vu neigé (c’est le cas de le dire), je suis confiant. La chaussé d’ailleurs n’est pas gelée, seulement mouillée. Il y a aussi de moins en moins de véhicules sur la route, ce qui dans les fait nous facilite la tâche, nous qui n’avons pas vraiment le choix de poursuivre notre route.

Arrivé à Fort Wayne, IN, je prends donc la voie de contournement pour aller rejoindre la I-69 qui m’amènera à Indianapolis. Là, même le saguenéen qualifie la situation de vraie tempête! Le vent, qui sur la US-24 était contre moi, moi allant vers l’ouest et le vent arrivant de l’ouest, me pousse maintenant de la droite vers la gauche, moi qui roule maintenant vers le sud. Et il pousse… La chaussé est maintenant plus glissante, mais pas encore dangereuse, à ce moment du moins.

Parce qu’un peu plus loin, ça se gâte. Encore! Après avoir vu un camion du côté nord de l’autoroute qui avait été poussé dans le fossé, et la circulation, pour le peu qu’il y avait sur mon côté, qui ralentit pour sentir, il y avait au loin au même moment sur notre côté des lumières de police qui clignotent dans l’accotement. Il y avait donc assurément un problème à cet endroit. En quelques minutes, nous y étions. Une automobile, ayant probablement dérapée et frappée le muret du pont, était immobilisée sur l’accotement. Le pont étant au bas d’une côte, et les gens ayant si peur de passer à vitesse raisonnable à côté d’une auto-patrouille qui clignote, tous faisaient un quasi-arrêt pour, encore-là, sentir la situation. Circulationnez, je vous pris… parce que sur la glace, ce n’est pas la vitesse qui pose danger, mais le besoin de freiner ou de changer de direction brusquement. Il faut d’ailleurs voir aller les camions de bois en longueur sur les monts Valin en hiver pour comprendre… et voir les traces lorsque l’un d’entre eux manque sa courbe! 120 000 lbs, ça va ben loin, même si il n’y a plus de chemin! Donc, en m’approchant de la côte à descendre, je tente tant bien que mal de ralentir au même rythme que le camion qui me précède, qui lui doit faire la même chose par rapport à l’automobile devant lui, qui ralentit beaucoup trop pour rien. Mais comme je dis toujours, moi je connais mon poids, l’état de mes pneus (très bon pour l’hiver), et mes capacités. Les américains, autant les automobilistes que les camionneurs (une bonne partie d’entre eux), sont trop souvent mal chaussé (leur véhicule!), mal préparé et ils conduisent avec la peur. Pas pour rien que dès que la météo annonce une mince possibilité de tempête, que dis-je, une simple chute de neige, tous restent à la maison et toute activité de loisirs est annulée, et souvent des chaines de montage sont fermées, devant la possibilité d’un fort taux d’absentéisme. Loin d’être comme ça chez nous.

Toujours est-il que la remorque du camion devant moi se met à valser allègrement de gauche à droite (et vice versa, ben évidemment!)! Je constaterai un peu plus tard qu’il s’agit d’une compagnie de messagerie, alors même chargé, il devait être très léger. En le voyant valser, j’ai donc ralentit encore plus, en surveillant ma remorque minutieusement, mais étant très lourd, elle ne broncha pas au début. Mais elle a eu un petit dandinement par la suite. Tout en manœuvrant, je constatais à ce moment que la chaussée était maintenant glacée comme une patinoire. C’est toujours le cas en zone d’accident où la circulation est ralentie. Les véhicules ne créant plus suffisamment de chaleur par leur vitesse, l’eau a le temps de geler complètement. Quelques kilomètres plus loin, la circulation reprenant un peu de vitesse, la chaussée redevint mouillée… mais le vent ne diminua pas d’intensité.

En approchant d’Indianapolis, la circulation s’alourdit, et la température s’améliora légèrement. Prenant l’I-70 vers l’ouest, il ne restait plus qu’une neige légère, nous laissant une chaussée mouillée. Comme mon niveau d’émotion était à son comble, j’ai décidé de campé à Little Point, IN pour la nuit. J’étais plus confiant de trouver un stationnement là qu’à la halte routière de Mooresville ou au relais TA de Clayton, spécialement un soir de tempête.

Comme il me restait passablement de kilomètres avant d’arriver à destination, et qu’en plus de livrer à une heure imprécise en début d’après-midi me déboussole complètement, j’ai fait une courte nuit. Et la plupart du temps, la tempête a le temps de passer (et les déneigeuses aussi) pendant le divin repos.

Mardi, journée de la livraison. Je me réveille aux petites heures. À cinq heures, je suis sur la route, avec un bon café. La journée s’annonce bien. Comme je ne le sais pas encore, je me demande bien où j’aurai à recharger ce soir, ce qui justifie ma livraison en après-midi. Je ne peux parler pour les autres compagnies, mais chez TJB, c’est très exceptionnel de livrer autrement que l’avant-midi. Et encore, ce n’est que depuis que nous faisons beaucoup de transport de rouleaux de papier que nous livrons autrement qu’à sept ou huit heures. J’ai beau chercher dans ma mémoire, je ne vois pas où je pourrais bien aller. Je pense au client de la grotte (en fait, ils ont transformé une ancienne mine en entrepôt semi-réfrigéré naturelle), mais j’y étais allé de jour.

La tempête est effectivement terminée. La route demeure plutôt glacée, mais dégagée et sécuritaire. Et surtout, déserte! Et moi, j’étais très bien reposé, malgré la courte nuit. Dormeur, mon premier répartiteur dans mon premier travail (en fait, j’en avais plusieurs, mais celui-là valait quelque chose, ce qui n’était pas le cas de tous! He-hum!), m’avait déjà dit, parce qu’on était jeune et fou, et que c’était une compagnie de panique, m’avait dit, donc : « Dormez les gars. Pas longtemps si il faut, mais dormez! » Bon, venant d’un gars qui se faisait appelez Dormeur du temps où il conduisait, on avait pris ça pour la Bible!

Vers sept heures trente, le téléphone sonne : ma fille. Sarah me raconte qu’à la maison, la pluie a finalement tourné à la neige. Il était temps, c’est quand même janvier! Il y a toujours un redoux en janvier, mais de là à avoir une semaine de pluie… Elle me demande ensuite où j’en suis rendu. Pour l’anecdote, Sarah a deux questions préférées : 1- Qu’est-ce que tu fais? 2- T’es rendu où? J’ai beau répondre à chaque fois que je conduis mon camion, elle me redemande toujours ce que je fais dans mon travail! Et elle me demande où je suis rendu même si parfois elle me l’a demandé dix minutes avant. Alors je réponds que je suis quelques kilomètres plus loin que tout à l’heure.

Elle me demande ensuite le temps qu’il fait en Indiana. Je lui dis que la tempête est passé pendant que je dormais, parce qu’il était plus sécuritaire de m’arrêter pour dormir que de continuer à rouler fatigué. Et c’est là qu’elle m’a dit, dans une maturité que je ne lui connaissais pas encore : sois prudent et fait attention, papa! Petite émotion dans mon cœur de papa. C’est la première fois qu’elle se préoccupe des conditions routières dans lesquelles j’évolue.

Ensuite, je parle avec Caro. Je lui raconte ce que Sarah m’a dit, et que ça me surprend un peu. Elle me répond qu’à la télévision, ils ont beaucoup parlé de la température (du verglas à Montréal ce jour-là) et qu’il fallait être prudent en voiture. Ah, ceci explique cela, mais je suis quand même fier de voir que ma fille a fait tous les liens qu’il faut! Caro me dit ensuite qu’il pleut encore plus que la fois où le locataire avait téléphoné en panique vers cinq heures au petit matin disant que la chute du Niagara coulait dans son salon! Bon, à peine était-ce les chutes Wilson. N’empêche, cela signifie que mes réparations de la toiture fait l’automne dernier ont été bien faites. Satisfaction du devoir accompli pour le propriétaire qui apprend sur le tas. J’avais bien « tout déjà fait ça » avec mon père à la maison familial de Jonquière, mais la technologie d’une maison du début des années ’70 et une maison de près de 150 ans, c’est loin de se ressembler! Bravo à Caro qui a lutté contre la glace qui cherche à s’accumuler dans le coin, au point qu’elle s’est auto-ensevelie, tellement que le gars de RÉGIM (la cueillette du recyclage) qui passait au même moment est accourue pour la sauver! Voyant qu’elle riait aux éclats, il lui a même demandé s’il pouvait en rire lui aussi… Plus de peur que de mal avec nos joies de l’hiver!

Vers huit heures, j’envoie un message à Jean-Pierre afin qu’il sache que je suis toujours vivant. Je lui annonce que je devrais arriver vers quatorze heures. Arrive ensuite le Missouri, où la température est pareille comme en été. C’est fou ce que le Mississipi (la rivière) peut changer le climat entre un côté et l’autre. Comme notre fleuve en fait. Par contre, le Missouri est très montagneux, et vu mon voyage de rouleaux de papiers et mon tant aimé Mercedes, je peine à avancer sur l’autoroute.

Presque rendu à destination, voilà Lori qui me cherche. Je lui réponds qu’il m’en reste pour une trentaine de minutes. Je suis de plus en plus curieux à savoir où je vais me ramasser pour mon chargement de retour. Je le saurai bientôt. Mon client est du côté sud-ouest de la ville. Je prends donc la US-65 vers le sud, plus la US-60 vers l’ouest. De la sortie, je suis presque rendu dans le parc industriel où mon client est situé.

On part - Chapitre Second

Qui dit Grand Rapids, dit douane de Port Huron. Probablement que nous commençons à y être connu, car c’est moins compliquer qu’avant d’y traverser. Avant, c’était quasi automatique qu’on allait à la fouille au rayon X! Ou la dernière fois, le douanier me demande où je vais. Je lui réponds par l’état, comme depuis toujours, donc au Michigan. Il me dit : nous sommes au Michigan et tu n’es pas rendu, donc, où vas-tu? J’ai donc dû lui sortir la ville de ma non-mémoire!

Arrivé chez mon client, je constate que c’est gros. Même très gros. J’oserais dire gros en tabarnak! C’est un centre de distribution pour une chaine de grande surface que je n’avais jamais vu avant. Et à voir les entrepôts (il y en a plusieurs, réfrigérés ou non), il doit y avoir plusieurs magasins… À la guérite, on demande d’avoir notre numéro de P.O. en main en arrivant. Je regarde rapidement, puis je donne les factures au gardien. Après tout, il doit savoir d’instinct où le trouver! Pas toujours… Il me demande ce que j’amène. Des gros rouleaux de papier. Genre pour l’imprimerie, qu’il me dit? En plein dans l’mille! Ah, c’est pour ça que je n’ai pas de numéro de P.O.! On prend des notes pour la prochaine fois…

Il me donne la carte et les directions pour retrouver l’imprimerie. Hé ben, cette chaine imprime elle-même ses circulaires! Ça c’est être visionnaire et créateur d’emploi! Bien sur, il faut être mauditement gros pour que ce soit rentable!

Pour le retour, je me rends dans le village très ancien de Vicksburg, au sud de l’état. J’y ramasse un genre de farine… ou une poudre quelquonque! Puis, de retour sur la route en direction d’un mini-congé de quelques heures afin de reprendre un peu du temps perdu en congé de maladie. Et aussi de profiter de la manne qui passe.

Comme d’habitude lorsque je crois que je pourrai être rentré tôt, j’arrive tout juste à temps pour souper! J’ai encore ben de la misère à prédire mon temps de travail! Je dois laisser ma remorque à notre cours de Lachine, et mon camion pour la soirée aussi. Ma prochaine remorque est à Saint-Chrysostome.

Caro offre que nous allions souper au SunK à Châteauguay. Excellent restaurant chinois. Oubliez les buffets d’un kilomètre de long avec plus de non-chinois que de chinois. Il y a là un buffet raisonnable (assez de variété pour faire deux bonnes assiettes de cochon sans se répéter), mais surtout, délicieux. C’est là que j’ai découvert que la soupe Won Ton, ce n’est pas seulement pour bourrer la panse afin que le client ne pige moins dans le buffet : ça peut aussi être bon!

Le décor est très chinois, on pourrait probablement dire kitsch. Il n’a pas changé depuis des lunes. Et la propriétaire, avec son mari et son fils, était une amie de Brenda, feue la maman de Caro. Cette fois, je crois que c’était la chaleur, on aurait dit que personne de nous trois ne « feelait » pour manger comme des cochons (c’est ça le but d’un buffet, non?).

Une fois rendu à Châteauguay, pourquoi ne pas en profiter pour se rendre chez tante Anna, à Sainte-Martine? Bon, avoir su, j’aurais trainé mon camion. Rendu là, on est à une vingtaine de minutes du bureau. Caro me raconta que Raymond, son cousin, avait vendu sa maison et que depuis aujourd’hui, il était retourné chez sa mère! Il doit ben avoir proche cinquante ans, le cousin, alors la situation est pour le moins cocace. C’est temporaire, mais quand même.

Tout juste derrière nous, Sylvain, un ami de Raymond arriva. Nos deux compères s’en allaient voir un spectacle Hommage à Led Zeppelin (c’est de leur âge!). Et Sylvain n’arrêtait pas de taquiner Raymond : bonsoir, habitez-vous chez vos parents?

Après un brin de jasette, nous sommes retournés vers mon camion. Il faisait si froid que j’ai décidé de retourner au garage pour y passé la nuit, ce qui permettrait à la couchette de se réchauffer, plutôt que d’attendre sur place qu’elle ne réchauffe. Je suis parti sans remorque, ce qui en soit est un événement! Et comme je ne savais pas mon numéro de remorque, je n’ai pas pu vérifier qu’elle n’était pas dans la cour de Lachine (ça t’arrive une seule fois de courir toutes les cours à la recherche d’une remorque!). J’avais donc un genre de doute, tout en ayant confiance car les erreurs sont rares chez TJB.

Arrivé au garage, j’ai rencontré deux confrères de travail qui venaient de rentrer, Reefer et Moustache. Une courte discussion s’en suivit, mais eux s’en allant à la maison, ils étaient plus pressés que moi! Je suis donc allé chercher mes payes et mes papiers de voyage dans ma case avant d’aller au lit. Les payes y étaient, ainsi que l’avance d’argent demandé, mais pas de papier de voyage, ni de numéro de remorque… Louche, mais bon, on verra ça demain avec Jean-Pierre!

Dimanche matin, j’observais la faune déambuler dans la cours tout en me réveillant… Il n’y eut qu’un chauffeur, que je ne connaissais pas. Je déplaçai mon camion à la pompe afin de faire le plein, me permettant de « fermer » la semaine précédent, et de remettre mon enveloppe dans ma case pour traitement futur (et donc paye le jour venu!). Une fois l’opération complétée, avec maintenant plus personne en vue, je suis retourné à l’intérieur afin d’y laisser la précieuse enveloppe. J’en profite pour remplir une de mes bouteilles d’eau, l’eau du puits étant si bonne (par contraste avec celle du village qui était si moche du temps où j’y habitais).

Avant de téléphoner à Jean-Pierre (j’hais ça déranger quelqu’un dans son congé, même lorsque c’est justifié), j’ai eu un éclair de génie! Oui, ça m’arrive une ou deux fois par année. Je me suis dit, perspicace, que si je regarde sous le rideau de fer, je pourrais voir mon numéro de remorque sur le tableau des chauffeurs. Par la suite, je pourrais voir si elle est dans la cour (ou si j’aurais dû faire dodo à Lachine!). Si c’était le cas, je n’aurais qu’à me faire faxer la feuille nouveau genre pour la douane demain sur la route (après vérification dans ma tête qu’on est bien dimanche, donc demain est un jour ouvrable!)… Les papiers pour la livraison eux sont toujours dans le nez de la remorque.

Numéro de remorque en main, je retourne dans mon camion et je me rends au fond de la cour, là où sont stationnées les remorques. Bingo, la mienne est là! Au moins, je ne me suis pas rendu au garage pour rien! J’accroche donc ma remorque et je suis prêt à partir.

La route va bien. La 401 est fidèle à son habitude, longue et en montant. À partir de Kingston, la neige se met de la partie. Rien pour faire peur à un saguenéen, mais assez pour faire une file de voitures. C’est le traditionnel retour à la maison du dimanche en fin de journée! Comme je suis tôt, comparativement à la normale, je décide de me rendre à Dorchester pour la nuit. Je ne suis pas vraiment pressé ne livrant à Springfield, MO que mardi en après-midi, mais avec tout ça, il est une belle heure pour s’y accoster.

Évidemment, qui dit Dorchester le soir dit Internet lent. Parce qu’au petit matin, c’était beaucoup plus rapide. Ce doit donc être l’affluence du soir qui ra—len—tit… Je me couche réellement un peu tard (quelqu’un de surpris?). Je finis par repousser l’heure du réveil.

Je pars donc un peu à la course le lundi matin. J’ai beau ne pas être trop pressé, il y a quand même une limite à perdre son temps, ce que je n’ai d’ailleurs pas trop de misère à faire. J’arrive à Comber, ON peu après dix heures. Mon plan : faire le plein, mettre le diner dans le réchaud, ramasser le fax et le coupon de l’oncle Tim, et repartir vers les douanes (à quarante-cinq minutes de là); en chemin, mettre le diner à chauffer afin qu’il soit prêt une fois les douanes traverser (il y a un stationnement tout de suite après la douane ou une demi-heure plus loin, ce qui est trop pour moi aujourd’hui).

Ça, c’était le plan. Ce qui veut dire que c’est ici que ça se gâte! Je fais le plein, je stationne mon camion, je téléphone à Jean-Pierre afin de lui demander le précieux papier (on a maintenant besoin que d’une feuille à présenter au douanier, feuille que l’on pourra d’ailleurs remplir nous même une fois qu’on en aura à bord). Ce sera fait, qu’il me dit. Je vais donc au toilette et ramasser mon coupon qui ces temps-ci arrive sous forme de carte! Normalement, le temps est ben en masse suffisant pour que l’opération ait fonctionné.

Je vais donc voir Lori (de Comber, à ne pas confondre avec Lori du bureau, même si elle est tout aussi sympathique) qui, connaissant les TJB par leurs maudasses de faces, sait en me voyant qu’elle n’a rien pour moi. Elle vérifie quand même, mais comme elle a beaucoup moins de fax qu’à Tilbury (l’autre relais une sortie plus à l’est), ce n’est pas très long.

Je retéléphone au bureau. Le patron lui-même me répond. Je lui explique la situation. Il vérifie avec Jean-Pierre, qui dit que « c’est parti tantôt ». Comme je ne l’ai pas eu, il me le renvoie. En quelques minutes, Lori de Comber me fait signe. Elle a deux feuilles. Une vierge et une qui dit que je traverse à la douane de Port Huron! Je saute haut d’même (parce que je suis à deux pas de la douane de Détroit)… pour me rendre compte, avec ma mémoire cette fois phénoménale, que c’est la feuille de la semaine dernière (mon voyage chez l’imprimeur dont je parle plus haut).

Je retéléphone au bureau, pour tomber sur Jean-Pierre lui-même. Je lui raconte tout ça. Ce n’est pas très drôle, mais je suis calme (Caro dirait : étonnamment calme, mais au travail, j’ai un calme olympien). Il me dit qu’il va vérifier tout ça et qu’il me rappelle. Bon, autant allé faire chauffer le diner…

Quelques minutes plus tard, la réponse arrive : mon voyage n’a pas été dédouané. Rien, niet, aucun dossier ouvert à mon nom! Je suis donc passé dans la craque du plancher! C’est la première fois qu’une telle chose se produit depuis qu’il faut pré-dédouaner les voyages à destination des États-Unis! Hé ben. Et, bien sur, ça tombe sur l’heure du diner! J’envoie donc la facture de douane au bureau afin qu’eux puissent faire leur bout du travail. Lori de Comber rigole un peu avec moi de la situation. Je déplace ensuite mon camion afin d’être dans le champ d’action d’Internet (je ne capte pas le signal de partout à ce relais). Comme je ne peux plus avancé avant d’avoir ce papier, et qu’il faut qu’un peu de temps s’écoule avant que la douane américaine accorde ses flûtes et nous autorise à nous y présenter, je vais donc me sacrifier sur Internet en attendant que le diner soit prêt (ce qui ne tarda pas avec tout le temps que ça a pris!) et que le fax revienne. J’estime au pif aux alentours de treize heures trente.

Comme prévu dans ma tête, treize heures trente précise, je peux quitter (enfin) Comber, papier en main. Merci Jean-Pierre! Moins d’une heure plus tard, me voici sur le pont Ambassadeur, le seul endroit où, pour passer du Canada aux États-Unis, il faut monter vers le nord! Sur ledit pont, on peut voir que l’eau n’est pas gelée du tout. Fin janvier, c’est assez exceptionnel! Et comme toujours ces temps-ci, grâce à la récession qui se prolonge et aux nombreuses compagnies de transport en faillite ou au ralenti, il n’y a pas beaucoup de camions en attente au poste de la douane américaine.

8 février 2010

L'orteil - Chapitre premier

Notez que j'ai écrit cette histoire il y a quelques jours...

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J’ai l’impression, depuis quelques semaines, de m’être métamorphosé en orteil. On ne me dit plus "Bonjour, comment vas-tu?", on me dit plutôt directement et froidement : "Ton orteil, est rendu comment?". Non mais, l’humain derrière ça (je devrais dire au dessus), on l’oublie?

Revenons un peu en arrière. Résumons l’épisode orteil, pour la postérité et pour mes lecteurs qui ne sont pas mes "ami-e-s Facebook" qui eux ont vu défiler l’histoire…

Depuis la mi-novembre, j’ai une infection à un orteil. En me coupant les ongles trop court (maintenant je sais), je me suis coupé un peu la peau. Comme ça arrive de temps à autre. Un peu de sang, et normalement, ça cicatrise et ça guérit tout seul. Mais pas cette fois! Il s’est donc mis à me pousser une petite « scrappe » (le mot est de mon docteur belge; à la clinique où l’on va, il y a « le belge » et « le chinois ») sur le rebord de l’ongle du gros orteil. Du pied droit pour tout vous dire. Et comme l’ongle gosse directement dans la « scrappe », ça s’auto-ré-infecte en permanence!

Caro : t’es infecté! Caro voit du rouge sur la peau et dit : "t’es infecté, fait d’quoi"! Du genre que tu te donnes un coup de marteau sur un doigt, ça rougit, et elle dira que c’est infecté. Pas toujours, chérie. Mais cette fois, elle avait raison. Mais je suis un maudit gars quand même… et les gars et les médecins, c’est deux!

Je suis donc allé voir le médecin, Le Belge (en fait, on ne choisit pas, ils font chacun leur semaine), au CLSC de Saint-Michel-des-Saints. Première visite : on me prescrit des antibiotiques et je dois faire trempette à l’eau de Javel trois fois par jour! Je dois revenir dans deux semaines.

Je pars donc travailler avec mon ensemble à trempette : tasse à mesurer, cuillère à mesurer, plat à céleri (ça a la forme d’un pied, non?), vieille serviette et gallon d’eau de Javel La Parisienne (celle-là, elle fait mieux pour les trempettes, il y a un ingrédient nocif en moins que les autres marques).

Je réussis à me faire la trempette environ une fois et demi par jour (c’est une moyenne évidemment!). Au moins, j’ai réussi à guérir ma brûlure sur le dessus du pied que je m’étais faite à Jonquière (là où les trempettes ont commencé, avant de voir le médecin) parce que j’avais mis l’eau trop chaude! Vive la crème Barrière et la crème Mon bébé!

Je réussis donc à prendre tout mes médicaments (pas évident en camion, surtout que je devais être à jeun : je me suis donc rendu compte que je mange tout le temps) et à faire une bonne partie des trempettes suggérées. En plus, j’ai eu des voyages un peu pompier, donc sans vraiment de temps pour prendre trente minutes pour me minoucher! Et j’ai fait deux semaines collées (avec un gros six heures de congé entre les deux) afin d’être certain de pouvoir revoir Le Belge à temps.

Dimanche en après-midi, me revoici donc dans la salle d’attente du CLSC, sachant bien que ma "scrappe" n’a pas vraiment diminuée. Un peu au jour 9 et 10 des antibiotiques, mais elle est redevenu  "normale" aussitôt que j’ai eu terminé (après 10 jours). Et en blague, je me dis que le doc va certainement m’amputer au genou… Il faut savoir que ce CLSC est aménagé en quasi hôpital (mais hôpital de brousse) afin de servir de poste de prétraitement ou de stabilisation pour les urgences, car cette ville est tellement loin de la mappe qu’un malade en ambulance aurait le temps de mourir ben des fois avant d’arriver à l’hôpital de Joliette. Sans compter que, une bonne heure de route plus au nord, il y a la réserve de Manouane… Ça c’est loin! Il faudrait d’ailleurs aller les visiter un de ces jours… avec notre Bleu qui frotte partout!

Le Belge décide de m’opérer afin d’enlever le morceau de "scrappe", et ensuite de tailler l’ongle en biseau afin qu’il cesse de gosser d’dans le temps que ça guérisse. Il me dit : "le pire, ça va être la piqure pour que je te gèle, après tu ne sentiras rien". Ben, que j’me dis, c’est ça l’but d’être gelé!!! Mais imaginez vous ça comme vous voulez, il n’y a pas grand muscle ni gras dans un gros orteil… Ça pince en mausus! Jusqu’au cœur! Par la suite, tchique, clouk, pow, et un peu de nitrate d’argent. Parti Le Belge, retour de l’infirmière. Je ne sais pas ce que ça avait l’air (je ne suis vraiment pas "game" de regarder), mais elle a dit: "wow, que c’est ça? Du nitrate d’argent?" Je réponds positivement. Elle me fait donc le plus beau des pansements. Le Belge se présente la binette et échange avec l’infirmière. Je ne sais pas trop si il parle de moi ou de son suivant cas. Finalement, c’est bien de moi qu’ils parlent. Je dois revenir demain en fin de journée pour me faire nettoyer tout ça et refaire un beau bandage tout neuf. Et, disent-ils à ce moment, à chaque jour pour quelques jours.

Je me dois ici de raconter mon retour à la maison, sinon Caro va l’écrire en commentaire… Quand elle peut se payer ma tête…

Une fois l’opération effectuer, nous réembarquons tous les trois dans l’auto afin de retourner chez nous. Erreur! Je passais mon temps à dire à Caro qu’elle allait trop vite, que ça brassait (ça n’étant évidemment pas de sa faute, mais la route est très sinueuse et elle était partiellement glacée), etc. Je lui demande s’il y a de l’eau à bord. Non, bien sur! Il n’y en a que lorsqu’on n’a pas soif! Je lui dis qu’elle pourrait arrêter à Saint-Zénon pour m’en procurer. Pourtant à une vingtaine de minutes, j’ai trouvé que le village n’arrivait jamais! Une fois stationné, tout en sueur, j’ouvre la fenêtre pour me rafraichir pendant que mes femmes vont à l’épicerie. Je trouve ça ben long, évidemment. À leur retour, je demande à Caro s’il y a eu une éclaircie pendant le long voyage (une vingtaine de minutes, rappelez-vous). Elle rigole bien et me dit :  "non, il a fait ce temps nuageux tout le long". Dehors, il faisait sombre comme dans un film de vampire! Ben, en plus d’être passé ben proche de perdre connaissance, j’ai vu le soleil… pis pas rien qu’un peu! Rassurez-vous, je n’ai quand même pas vu la célèbre lumière au bout du tunnel… Après avoir bu un peu et repris mes esprits pendant quelques minutes, ce que j’aurais d’ailleurs dû faire au CLSC, comme on nous le demande pour les vaccins, nous nous sommes rendu à la maison.

Bon… Mon premier congé de maladie officiel! Comme j’étais supposé partir le lendemain, j’écris donc à Jean-Pierre et à Jocelyn afin de leur dire que je ne pourrai pas travailler au moins jusqu’à la mi-semaine, si ce n’est pas de toute la semaine. Le Belge réévaluera au jour le jour. Je me transforme donc en malade à la maison au grand plaisir de Sarah.

Le lendemain, de retour à Saint-Michel-des-Saints. L’infirmière me retire le bandage, y jette un œil, fait vérifier par Le Belge et commence la procédure du nettoyage. Elle sort une seringue digne d’une péridurale! Les yeux me sortent presque des orbites!!! Elle rempli la seringue avec du Dakin, un peu comme de l’eau de Javel médicale. Elle place mon pied sur un piqué, vise… et arrose généreusement "là où ça fait mal"! C’est froid! Et ça chatouille… Je deviens blême et sens que je vais m’évanouir. Le Belge me dit : "met ta tête contre tes genoux, tu vas t’évanouir!" L’infirmière essuie l’orteil et refait un beau bandage tout neuf. Changement de programme, je dois refaire le bandage moi-même demain (Caro, ça va faire pareil!) et revenir dans deux jours, soit le mercredi. Une fois débandée, je dois me laver le bobo à la douche tout simplement…

Dans la journée de mardi, Êve me téléphone. Êve, c’est le département de la paye chez TJB. Elle me dit : "est-ce que je te mets sur le chômage?" Bon, ça y est, une petite blessure et ils sont prêts à me foutre à la porte! Temporairement bien sur… Je réponds que non, car ce sera pour moins d’une semaine. Et que l’assurance-emploi, pour s’activer, à besoin d’une semaine à zéro heure (pour un cas de maladie, je dois avouer que je ne sais pas, mais pour un "manque de travail", c’était ça il y a encore quelques années). Je lui dis donc que je les tiendrai au courant de l’évolution vers la fin de la semaine…

Caro n’est pas très chaude à l’idée de me voir la boucherie… Elle pouvait bien se payer ma tête l’autre jour! Je prends donc une douche, en arrosant allègrement ma plaie. Ça chatouille un peu, mais je peux presque regarder sans m’évanouir. Ah, pas si pire! Je me contais ça épeurant pour pas grand-chose, finalement. Caro m’a fait un beau pansement digne d’une professionnelle de la santé!

Mercredi en fin de journée, de retour au CLSC où je commençais à être connu. Eux aussi disait : "tient, l’orteil est arrivé!". L’infirmière me confirma que Caro avait fait un beau bandage de professionnelle. On me demanda de continuer ce type de bandage pour quelques jours, pour ensuite mettre un simple diachylon. Et c’en était fini des visites au CLSC. Mais au dire du Belge, le travail n’est pas garanti… J’espère que ce sera suffisant.

Aussitôt arrivé à la maison, je téléphone au bureau afin de me vanter d’être toujours en vie. À ma question "avez-vous du travail?", je me fis répondre :  "on est débordé cette semaine!". Je fus donc mandater pour Byron Center, MI, en banlieue de Grand Rapids. Nous avons toute une panoplie de client autour de Grand Rapids!

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À suivre...