8 février 2010

L'orteil - Chapitre premier

Notez que j'ai écrit cette histoire il y a quelques jours...

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J’ai l’impression, depuis quelques semaines, de m’être métamorphosé en orteil. On ne me dit plus "Bonjour, comment vas-tu?", on me dit plutôt directement et froidement : "Ton orteil, est rendu comment?". Non mais, l’humain derrière ça (je devrais dire au dessus), on l’oublie?

Revenons un peu en arrière. Résumons l’épisode orteil, pour la postérité et pour mes lecteurs qui ne sont pas mes "ami-e-s Facebook" qui eux ont vu défiler l’histoire…

Depuis la mi-novembre, j’ai une infection à un orteil. En me coupant les ongles trop court (maintenant je sais), je me suis coupé un peu la peau. Comme ça arrive de temps à autre. Un peu de sang, et normalement, ça cicatrise et ça guérit tout seul. Mais pas cette fois! Il s’est donc mis à me pousser une petite « scrappe » (le mot est de mon docteur belge; à la clinique où l’on va, il y a « le belge » et « le chinois ») sur le rebord de l’ongle du gros orteil. Du pied droit pour tout vous dire. Et comme l’ongle gosse directement dans la « scrappe », ça s’auto-ré-infecte en permanence!

Caro : t’es infecté! Caro voit du rouge sur la peau et dit : "t’es infecté, fait d’quoi"! Du genre que tu te donnes un coup de marteau sur un doigt, ça rougit, et elle dira que c’est infecté. Pas toujours, chérie. Mais cette fois, elle avait raison. Mais je suis un maudit gars quand même… et les gars et les médecins, c’est deux!

Je suis donc allé voir le médecin, Le Belge (en fait, on ne choisit pas, ils font chacun leur semaine), au CLSC de Saint-Michel-des-Saints. Première visite : on me prescrit des antibiotiques et je dois faire trempette à l’eau de Javel trois fois par jour! Je dois revenir dans deux semaines.

Je pars donc travailler avec mon ensemble à trempette : tasse à mesurer, cuillère à mesurer, plat à céleri (ça a la forme d’un pied, non?), vieille serviette et gallon d’eau de Javel La Parisienne (celle-là, elle fait mieux pour les trempettes, il y a un ingrédient nocif en moins que les autres marques).

Je réussis à me faire la trempette environ une fois et demi par jour (c’est une moyenne évidemment!). Au moins, j’ai réussi à guérir ma brûlure sur le dessus du pied que je m’étais faite à Jonquière (là où les trempettes ont commencé, avant de voir le médecin) parce que j’avais mis l’eau trop chaude! Vive la crème Barrière et la crème Mon bébé!

Je réussis donc à prendre tout mes médicaments (pas évident en camion, surtout que je devais être à jeun : je me suis donc rendu compte que je mange tout le temps) et à faire une bonne partie des trempettes suggérées. En plus, j’ai eu des voyages un peu pompier, donc sans vraiment de temps pour prendre trente minutes pour me minoucher! Et j’ai fait deux semaines collées (avec un gros six heures de congé entre les deux) afin d’être certain de pouvoir revoir Le Belge à temps.

Dimanche en après-midi, me revoici donc dans la salle d’attente du CLSC, sachant bien que ma "scrappe" n’a pas vraiment diminuée. Un peu au jour 9 et 10 des antibiotiques, mais elle est redevenu  "normale" aussitôt que j’ai eu terminé (après 10 jours). Et en blague, je me dis que le doc va certainement m’amputer au genou… Il faut savoir que ce CLSC est aménagé en quasi hôpital (mais hôpital de brousse) afin de servir de poste de prétraitement ou de stabilisation pour les urgences, car cette ville est tellement loin de la mappe qu’un malade en ambulance aurait le temps de mourir ben des fois avant d’arriver à l’hôpital de Joliette. Sans compter que, une bonne heure de route plus au nord, il y a la réserve de Manouane… Ça c’est loin! Il faudrait d’ailleurs aller les visiter un de ces jours… avec notre Bleu qui frotte partout!

Le Belge décide de m’opérer afin d’enlever le morceau de "scrappe", et ensuite de tailler l’ongle en biseau afin qu’il cesse de gosser d’dans le temps que ça guérisse. Il me dit : "le pire, ça va être la piqure pour que je te gèle, après tu ne sentiras rien". Ben, que j’me dis, c’est ça l’but d’être gelé!!! Mais imaginez vous ça comme vous voulez, il n’y a pas grand muscle ni gras dans un gros orteil… Ça pince en mausus! Jusqu’au cœur! Par la suite, tchique, clouk, pow, et un peu de nitrate d’argent. Parti Le Belge, retour de l’infirmière. Je ne sais pas ce que ça avait l’air (je ne suis vraiment pas "game" de regarder), mais elle a dit: "wow, que c’est ça? Du nitrate d’argent?" Je réponds positivement. Elle me fait donc le plus beau des pansements. Le Belge se présente la binette et échange avec l’infirmière. Je ne sais pas trop si il parle de moi ou de son suivant cas. Finalement, c’est bien de moi qu’ils parlent. Je dois revenir demain en fin de journée pour me faire nettoyer tout ça et refaire un beau bandage tout neuf. Et, disent-ils à ce moment, à chaque jour pour quelques jours.

Je me dois ici de raconter mon retour à la maison, sinon Caro va l’écrire en commentaire… Quand elle peut se payer ma tête…

Une fois l’opération effectuer, nous réembarquons tous les trois dans l’auto afin de retourner chez nous. Erreur! Je passais mon temps à dire à Caro qu’elle allait trop vite, que ça brassait (ça n’étant évidemment pas de sa faute, mais la route est très sinueuse et elle était partiellement glacée), etc. Je lui demande s’il y a de l’eau à bord. Non, bien sur! Il n’y en a que lorsqu’on n’a pas soif! Je lui dis qu’elle pourrait arrêter à Saint-Zénon pour m’en procurer. Pourtant à une vingtaine de minutes, j’ai trouvé que le village n’arrivait jamais! Une fois stationné, tout en sueur, j’ouvre la fenêtre pour me rafraichir pendant que mes femmes vont à l’épicerie. Je trouve ça ben long, évidemment. À leur retour, je demande à Caro s’il y a eu une éclaircie pendant le long voyage (une vingtaine de minutes, rappelez-vous). Elle rigole bien et me dit :  "non, il a fait ce temps nuageux tout le long". Dehors, il faisait sombre comme dans un film de vampire! Ben, en plus d’être passé ben proche de perdre connaissance, j’ai vu le soleil… pis pas rien qu’un peu! Rassurez-vous, je n’ai quand même pas vu la célèbre lumière au bout du tunnel… Après avoir bu un peu et repris mes esprits pendant quelques minutes, ce que j’aurais d’ailleurs dû faire au CLSC, comme on nous le demande pour les vaccins, nous nous sommes rendu à la maison.

Bon… Mon premier congé de maladie officiel! Comme j’étais supposé partir le lendemain, j’écris donc à Jean-Pierre et à Jocelyn afin de leur dire que je ne pourrai pas travailler au moins jusqu’à la mi-semaine, si ce n’est pas de toute la semaine. Le Belge réévaluera au jour le jour. Je me transforme donc en malade à la maison au grand plaisir de Sarah.

Le lendemain, de retour à Saint-Michel-des-Saints. L’infirmière me retire le bandage, y jette un œil, fait vérifier par Le Belge et commence la procédure du nettoyage. Elle sort une seringue digne d’une péridurale! Les yeux me sortent presque des orbites!!! Elle rempli la seringue avec du Dakin, un peu comme de l’eau de Javel médicale. Elle place mon pied sur un piqué, vise… et arrose généreusement "là où ça fait mal"! C’est froid! Et ça chatouille… Je deviens blême et sens que je vais m’évanouir. Le Belge me dit : "met ta tête contre tes genoux, tu vas t’évanouir!" L’infirmière essuie l’orteil et refait un beau bandage tout neuf. Changement de programme, je dois refaire le bandage moi-même demain (Caro, ça va faire pareil!) et revenir dans deux jours, soit le mercredi. Une fois débandée, je dois me laver le bobo à la douche tout simplement…

Dans la journée de mardi, Êve me téléphone. Êve, c’est le département de la paye chez TJB. Elle me dit : "est-ce que je te mets sur le chômage?" Bon, ça y est, une petite blessure et ils sont prêts à me foutre à la porte! Temporairement bien sur… Je réponds que non, car ce sera pour moins d’une semaine. Et que l’assurance-emploi, pour s’activer, à besoin d’une semaine à zéro heure (pour un cas de maladie, je dois avouer que je ne sais pas, mais pour un "manque de travail", c’était ça il y a encore quelques années). Je lui dis donc que je les tiendrai au courant de l’évolution vers la fin de la semaine…

Caro n’est pas très chaude à l’idée de me voir la boucherie… Elle pouvait bien se payer ma tête l’autre jour! Je prends donc une douche, en arrosant allègrement ma plaie. Ça chatouille un peu, mais je peux presque regarder sans m’évanouir. Ah, pas si pire! Je me contais ça épeurant pour pas grand-chose, finalement. Caro m’a fait un beau pansement digne d’une professionnelle de la santé!

Mercredi en fin de journée, de retour au CLSC où je commençais à être connu. Eux aussi disait : "tient, l’orteil est arrivé!". L’infirmière me confirma que Caro avait fait un beau bandage de professionnelle. On me demanda de continuer ce type de bandage pour quelques jours, pour ensuite mettre un simple diachylon. Et c’en était fini des visites au CLSC. Mais au dire du Belge, le travail n’est pas garanti… J’espère que ce sera suffisant.

Aussitôt arrivé à la maison, je téléphone au bureau afin de me vanter d’être toujours en vie. À ma question "avez-vous du travail?", je me fis répondre :  "on est débordé cette semaine!". Je fus donc mandater pour Byron Center, MI, en banlieue de Grand Rapids. Nous avons toute une panoplie de client autour de Grand Rapids!

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À suivre...

1 commentaire:

IsaM a dit...

Héhé, j'ai hâte de lire la suite !!!! Mon Ex-mari à déja eu ca, la même chose que toi, cela a fini qu'il a du être opéré pour enlever l'ongle au complet.....Ischhhh...Pas pour te faire peur là, Lollll ;)