25 février 2010

On en revient - Chapitre quinquagénaire et final

Je me rends ensuite à Strafford, MO, à une quinzaine de minute de Springfield, pour passer la nuit. Il est déjà vingt-trois heures! C’est un relais de pauvre, comme je les aime... mais, ironie du sort, le béton du stationnement est digne de Port-au-Prince! Et ce dans la section qui sert à la circulation... Misère.

Au petit matin, de retour sur la route. À la radio, l’animateur raconte que les câbles qu’il y a au centre de l’autoroute ont servi environ cinq cents fois la journée précédente (signifiant que des voitures ont dérapées vers la voie du sens inverse, mais ont été interceptées par lesdits câbles qui ont fait leur boulot!). L’animatrice lui répond : dont deux fois pour moi et mon conjoint!

Poursuivant en Illinois, je peux voir les labours laissés par les camions et les automobiles que j’avais vus la veille embourbés dans le terre-plein. Ils ont tous été ramassé pendant la journée. Plus loin, un animateur de radio très conservateur se moque du Discours sur l’état de l’union à être présenté le soir même. C’est un nouvel animateur que je n’avais jamais entendu, mais il n’est pas moins démagogue que les autres.

Le soir, le campement pour la nuit, de retour dans la tempête, s’installe à Warren, IN. J’y ai bien quatre ou cinq connexion Internet disponible, mais je ne peux me connecter à aucune avec suffisamment de force pour que ça fonctionne! Je veux une carte WiFi N... Ou un nouvel ordinateur...

Jeudi matin, je reprends la route. Il est si tôt que la route est toujours glacé. Mais la tempête est sur les derniers miles. Je n’ai plus de nourriture avec moi, donc ce sera le festival du restaurant pour le reste de la semaine. Caro me demande de ramasser de l’Amaretto di Saronno pour son problème de boisson à la boutique hors-taxe. J’acquiesce. Je me fais un Festival de la cochonnerie au Pilot de Toledo, OH : sandwich industriel, rouleaux douteux qui roulent d’ailleurs depuis des années sur leur réchaud à tuyau, croustilles, soda, etc. Miam, mais pas terribles pour la santé du bedon! En entrant dans le Michigan, un message de Lori qui veut savoir où je suis rendu, sous-entendu pour savoir si c’est moi qui ira faire la livraison à Montréal. Je serai là juste dans le bon temps.

Presque tout de suite après, Jean-Pierre qui se cherche des chauffeurs pour partir en fin de semaine, parce qu’il a beaucoup de voyage cette fin de semaine. Je lui réponds que je serai prêt à repartir dimanche. Il est heureux comme un balai fou! Avec tout ce blabla, j’arrive aux douanes. Je passe les doigts dans le nez (voulant dire très facilement; je me demande ce que dirait un douanier si j’arrivais avec les doigts dans l’nez? Je ne l’essaierai même pas).

Arrive Comber. C’est l’heure du plein, un côté, visite chez l’Oncle Tim, le plein en café, un bon beigne bien gras, et on repart pour se faire la 401. La route est relativement belle. Mais de temps en temps, il y a une zone de "white out", ou traduit, un bout où ne voit ni ciel ni terre parce que le vent et la neige forment un mur dans lequel on doit foncer. Le problème, c’est toujours les autres qui roulent en pépère sur les feux de détresses. Tassez-vous pis laisser passer les gros bateaux! Heureusement, chaque blizzard est de courte durée. Et finalement, il n’y en a pas eu beaucoup. Trois ou quatre si ma mémoire se souvient bien.

Je choisis le TA de Woodstock, ON pour le souper. Je me rends compte que j’ai oublié le problème de boisson! Tant pis, mais comme je repasse à chaque semaine... Je commande un bon "chicken stir fry", qu’eux traduisent comme une fricassé de poulet. À la télévision, ils appelaient ça un Touski. Tu vas dans le frigidaire, tu prends tout ce qui reste, tu le fais sauter, tu ajoutes du poulet, et tu déposes sur un lit de riz. Succulent. Je constate qu’une des serveuses qui a commencé du temps ou ce relais appartenant à Bob Lodge (du relais 730 de Cardinal, ON.) est toujours à son poste. Je ne serais pas surpris que ce ne soit d’ailleurs la seule après tout ce temps. Elle est d’ailleurs de plus en plus belle. Mais comme ce n’est pas elle qui m’a servi, ne me demandez pas son nom. Avant je le savais, mais je ne mange plus souvent dans les restaurants, alors avec le temps j’ai oublié.

Puis, alors que je déguste mon poulet machin, un message de Jean-Luc. Il est trop tordant, alors je le transcris intégralement:
"Consternation chez TJB: M. Maltais enfreint le règlement. 75,5 heures de travail. Rien ne va plus. Que se passe-t-il?"
J’en ai pour le reste du repas à m’en remettre! Voyez, c’est la façon qu’il s’y prend, le Jean-Luc, pour me taper sur les doigts! Vous pouvez constater en même temps que ça n’arrive pas très souvent. D’ailleurs il faudra bien que je lui réponde... mais j’attends une connexion, pour lui répondre, lui envoyer mes papiers de travail, et publier ce texte! C’est la vie de "squatteur" de connexion...

De retour sur la route, la température est à son meilleur. Ben, pour un mois de janvier! Toronto se traverse plutôt bien, mais au ralentit avec une heure de plus que la normal. En sortant de la ville, j’arrête à la halte de Port Hope, pendant qu’elle existe encore, pour y ramasser le traditionnel café de la victoire. Victoire d’avoir survécu à Toronto. La place est remplie de gens qui allongent la fin de semaine pour aller au ski. Ça se voit à leur habillement! Par la suite, je me rends jusqu’à Kingston, ON. pour y faire mon dernier campement de nuit.

Vendredi, jour d’arrivée et de livraison. Un autre diner de cochonnerie à Cornwall, parce que je ne crois pas que je vais pouvoir me rendre à la maison sur un chausson et un café. Sandwich artisanal dans un pain pita, fromage (du Québec, il n’y avait même pas de Saint-Albert, une institution franco-ontarienne!), croustilles, dessert et soda.

Ensuite, direction client. Il est situé près du Marché Central. J’apprends donc que l’ancienne ville de Saint-Laurent va jusque là! Hé ben! Le client est un fournisseur en ventilation et/ou électricité. Tout petit, mais très efficace. J’avise Jean-Pierre de mon arrivée. En peu de temps, je sais que je finirai à la maison avec le camion. Parfait! Ce sera plus simple, surtout pour le départ dimanche.

Aussitôt vide, aussitôt sur la route, direction Lavaltrie, à la halte suicide où je dois/peux faire le plein. C’est maintenant le seul endroit au Québec, outre la cour de TJB, où je peux faire le plein, depuis que celle de Vaudreuil a été fermée. Une autre place qu’il n’y avait pratiquement que moi qui fréquentait! Ah, une halte suicide, c’est une halte routière qu’il faut prendre à partir de la voie rapide. Pour le ministère des Transports, ça permet de faire une halte qui pourra desservir les deux sens de circulation de l’autoroute (et en plus, à l’époque, c’était une autoroute à péage, "on n’avait d’l’argent"! Pour les automobiles, c’est plutôt dangereux. Mais pour les camions, c’est simplement suicidaire d’y entrer! Ralentir à cinquante kilomètres-heures (ce qui est encore un peu vite en plus) dans la voie rapide, ça cause toujours des frictions. Mais bon, en sortant de Montréal par l’autoroute 40, c’est la seule avant un bon bout de temps. Donc pas trop le choix!

Un plein complet plus tard, me revoici sur la route. Direction autoroute 31 maintenant. Je vais décrocher ma remorque chez notre gros client (qui me permet d’aller chez moi avec le camion : ben, c’est mon patron qui me permet, mais c’est à cause de ce client-là, qui est plus près de chez moi que de Montréal que ça se peut) à Joliette. De là, je me rends au centre commercial où m’attendent mes deux femmes. Ça adonne bien!

Après un bon petit café, et des chocolats de noël acheté à prix dérisoire dans le vieux stock de Sears, je rentre donc à la maison, où le froid m’a attendu toute la semaine. Tellement que, en prévision du souper, Caro a la merveilleuse idée de nous amener, à pied, chez le boucher (à deux pas de chez nous, mais quand même!). En y allant, ça va. Je dis à Caro: si en y allant ce n’est pas pire que ça, on va payer pour en revenant. Elle ne porte même pas attention à ce que j’ai dit.

On rigole un peu avec le boucher qui, lui, ira le lendemain vendre ses excellentes saucisses Louis-Cyr dans une cabane sur la glace au Village sur glace de Saint-Zénon. Il nous explique comment ils ont isolé leur cabane, et comment le poêle BBQ peine à réchauffer la saucisse! On lui souhaite bonne chance!

En sortant dehors, le temps est calme. Nous arrivons presque à rejoindre la maison sans nous transformer en cube de glace, mais au moment de passer entre la maison et la caserne, une bourrasque de vent nous glace sur place.

On peut ben vouloir un poêle à bois… et du vin chaud!

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