21 août 2010

Retour sur la route...

Voici venu la fin des vacances! Dès demain, je serai de retour sur la route, après un gros deux semaines de congé. La petite famille n'a pas fait grand chose de notable pendant ce temps. Installer et regarder la piscine se remplir toute seule (c'est une autoportante), faire des conserves avec les Légumes de Copines, la petite entreprise de Carolle, aller magasiner lesdits légumes, et aider au déroulement de la journée du samedi au Marché public avec Carolle et Mélissa, et entre les deux samedi, une visite au Saguenay, comme pour vraiment marquer un temps d'arrêt.

Au Saguenay, on a pu rencontrer une bonne partie de la famille. Cette année en est une difficile pour plusieurs de mes oncles et tantes. Quelques décès, beaucoup de maladie. Vie de misère...


J'entame donc le dernier droit avant les vacances de Noel...

8 août 2010

Un bout de route - Chapitre final - Partie Onze

Pour ceux qui commenceraient l'histoire, le début est ici.

*****

Ce matin, il y avait urgence. Urgence toilette, s’entends. Peut-être l’abus du maïs des Copines dans les derniers jours… Avant de retourner au camion, j’ai ramassé un bon café… ben, pas si bon en fait! La route fût belle jusqu’à l’entrée dans le grand Montréal. Et là, j’avais l’impression que "tout le monde" est en vacances, car la circulation était très légère. Bonne affaire.

J’ai trouvé mon client au pif, à Lachine. Il faut dire que c’était sur la même avenue de notre cour de transit! Une visite à l’intérieur me permit de rencontrer la dame de la réception, qui m’indiqua à quel quai m’accoster. Aussitôt que le camion s’enlèvera dudit quai. Ce qui se fit promptement. Je me suis placé au quai, et à deux chariots, ils m’ont vidé de mes sept palettes de gélatine louche! D’ailleurs, tout semblait douteux dans cet entrepôt… mais le plus effrayant est que ça se retrouve dans notre alimentation!

Une fois vide, à l’autre bout de la rue, à notre cour, afin d’échanger ma remorque vide pour une pleine à destination de Joliette. Un coup d’œil à la facture m’indique que c’est un voyage de carbone arrivant de Ville Platte, en Louisiane, client où je suis allé une fois. Client où la guérite est en plein champs, un peu avant l’usine, et où tout ce que nous avons à faire, soit ouvrir les portes, se fait sur place, alors une fois sur le terrain même de l’usine, le chauffeur n’a pas à sortir du camion. Parce que qui dit usine de carbone dit: salaud en mausus, tout est noir poudreux partout! Le préposé vient chercher la commande à la fenêtre, va charger la marchandise, et ramène les papiers à la fenêtre. Ne reste plus qu’à se rendre à la guérite pour refermer la remorque… et se rendre compte que si la dame en entrant m’a dit de revenir la voir, le gars en sortant se demande bien pourquoi!

Je me suis donc rendu à Joliette, à l’entrepôt, où monsieur Ladouceur était, comme toujours très content de me voir. Quand on dit que le transport est un travail de relations humaines, lui l’a compris. Serge "Morue" était au quai à mon arrivée, et un camion ontarien. Mon tour est venu assez rapidement, et je fus vidé en peu de temps.

Par la suite, comme c’était l’heure du diner, je me suis réparti moi-même et je suis allé porter ma remorque à l’usine. Bien peu d’activité là-bas aujourd’hui, bien peu de remorques vides. Un petit nettoyage de la mienne, puis je la stationne parmi les vides. Une visite au bureau afin de faire signer mon autorisation à en ressortir, puis un téléphone au bureau, afin de confirmer que les vacances débutent très bientôt. Nous convenons d’une date de départ (lire: retour au travail) et d’appel au bureau. Je me présente à la barrière, fait mes salutations à Johanne et me voici à la maison, au moment tant attendu de l’année, soit les vacances estivales.

Ne me cherchez plus, ne me téléphonez plus, je suis "pardu dans malle"!

Un bout de route - En attendant les vacances - Partie Dix

Je me réveille à London vers sept heures trente. Vers huit heures trente, au moment où je me dis que c’est maintenant le temps de réveiller mon A.P., et après avoir vérifié qu’il n’est pas dans le stationnement, le téléphone sonne. Le A.P. a campé à Comber pour la nuit. Je m’y rendrai donc pour un peu après dix heures, comme je lui avais dit la veille.

Je reprends la route, et je commence à sentir les vacances, parce qu’une fois rendu là-bas, une fois échanger de remorque, et de retour à Montréal (il est presqu’assuré que j’irai livrer le retour de A.P.), la journée de vendredi sera pas mal avancée.

À mon arrivée à Comber, A.P. m’accueille à bras ouvert. Comme ça fait longtemps qu’on ne s’est vu, nous avons bien du placottage à mettre à jour! Un moment donné, nous pensons à échanger nos remorques, puis vient le temps du "p’tit-café avant de partir"Pardu vient avec nous. Nous avons donc une bonne séance de psychothérapie, de problème de relation de travail (il y en a qui croit qu’ils en ont!) et dans mon cas de dégustation de muffin "rendu ben d’trop p’tit"! Mais comme mon diner m’attendait dans le camion…

De retour au camion, j’ai fait le plein afin de pouvoir revenir vers la maison. Par la suite, un bon diner. Puis, enfin, me voici de retour sur la route, en direction de la maison et des vacances…

Petit arrêt à Woodstock pour une pause-cochonnerie. Par la suite, on reprend la route, avec comme ambition de souper après Toronto, soit à Bowmanville. Toronto fût relativement mouvementée, un vrai bouchon en fait, beaucoup plus qu’en temps de vacances, à mon idée. Après le repas, le bureau m’appelle pour me dire qu’effectivement, j’irai livrer mon voyage demain, mais qu’il n’est pas si sur que j’aurai du travail pour la journée de vendredi. Ce qui, maintenant, me tente plus ou moins… Mais bon, comme je n’ai qu’une parole, j’ai demandé à travailler, alors si il y a besoin, je serai là!

Rendu à Kingston, je me suis arrêté pour une pause. La tentation d’y camper était grande, vu en plus l’heure tardive à laquelle mon client ouvrait, soit neuf heures. Mais je n’ai pas laissé le démon des dodos prendre le dessus sur moi. Je suis donc reparti avec mon petit bonheur. Arrivé à Spencerville, je me suis dit que j’étais déjà bien assez près de Montréal (environ deux heures).

À suivre…

Un bout de route - En route vers les vacances - Partie Neuf

Nous nous réveillons à cinq heures ce matin. Inutile de dire que nous trouvons tous les trois qu’il est beaucoup trop tôt pour se lever. Avant le soleil, même! En peu de temps, comme nous avions préparé vêtements et nourriture la veille, nous sommes prêts et sur la route. Un matin brumeux. Et malgré l’heure, nous ne sommes pas les seuls zoufs sur la route!

Après avoir constaté que le Tim Hortons se rapprochera bientôt à un village de chez nous, nous faisons un arrêt café au Tim le plus près. Nous faisons le plein de cafés et un berlingot de lait pour Sarah. Déjà, malgré qu’il ne soit même pas six heures, il y a beaucoup d’employées au travail, et une file d’attente pour le service à l’auto.

Nous reprenons la route, direction Montréal. Presque rendu au camion, Sarah demande si nous irons déjeuner, car elle commence à avoir faim. Subtilement, Caro laisse entendre qu’elle n’a pas d’argent. Dans mes oreilles, ça sonne: papa devra payer le déjeuner! Mais plus que la source de l’argent, ce qui m’importe ce matin est de savoir si nous en avons le temps. Un coup d’œil rapide à l’horloge m’apprend que oui, alors nous déjeunerons au Mike’s. J’adore leur pizza-déjeuner. Mais je ne suis pas habitué de manger autant de si tôt matin…

Une fois plus que rassasié, nous reprenons la route, séparément cette fois. Caro et Sarah en auto, moi en camion. Je me rends à notre cour de Montréal-Est, et j’accroche la remorque désignée. Je me rends à Joliette, à l’entrepôt comme la normale pour ce client. La ravissante Jessica regarde ma facture et me dit: "ton voyage se livre directement à l’usine, parce qu’ici, on est un peu encombré!".

Hé ben, pas chanceux, je n’aurai pas besoin d’attendre que les deux camions avant moi ne soient vides! Je me rends donc à l’usine immédiatement. Alors que je suis en train de me faire décharger, je reçois un message de Cynthia. Un numéro de remorque, avec les trois numéros nécessaires pour traverser les douanes. Louche… Lorsque ma remorque est vide, je vais la décrocher dans la section des vides (après l’avoir bien sur balayée!), et en me rendant à l’expédition, je surveille les numéros de remorques. Je trouve celle du message. Oh oh, il y a donc problème. Comme j’ai demandé à rentrer pour vendredi soir, je ne peux pas me rendre à Lebanon, puisque je reviendrais samedi soir ou dimanche matin.

Je contacte donc Cynthia, pour éclaircir la situation. Malentendu de bureau, me dit-elle. Tu vas faire l’échange avec A.P. Ah, là je me sens mieux! Elle me demande de laisser des courroies logistiques dans une de nos remorques (parce que les murs de certaines remorques sont tellement mous qu’en les chargeant, elles se bombent!), en me donnant le numéro. J’ai beau remonter la rangée de vide, comme celle de pleine, vérifier les quais, les sections où "ça ne se pourrait pas, mais des fois que", je suis incapable de trouver ladite remorque. Je rappelle le bureau et je tombe sur le patron lui-même. Je lui explique la situation, et je le sens presque faiblir (première pensée: vol). Par la suite, il cherche sur le tableau ladite remorque… pour finir par me dire qu’effectivement, elle n’est pas là mais en route vers La Tuque! Décidément…

Je peux donc aller accrocher ma remorque. J’en profite pour préparer mon diner dans le réchaud. On ne pourra pas toujours manger au restaurant! Au moment de reprendre la route, un confrère, Pardu, arrive à l’usine à son tour.

Le temps que réchauffe le diner, et me voici de retour d’où je suis parti ce matin. Je m’y arrête donc pour prendre le temps de manger. Très bon macaroni chinois, merci Caro.

Une fois sorti du brouhaha de Montréal… l’échangeur L’Acadie est fermé, et il ne pleut même pas!... je me dis que je devrai bien téléphoner à A.P. afin de fixer un rendez-vous pour ce soir. Comme il fait de la télépathie, le téléphone sonne au même moment. Il est dans l’Iowa! Nous convenons de faire l’échange à London, ON, puisque nous sommes chacun à environ sept heures de là. Sept heures de route, s’entend.
Rendu vers Napanee, ON, je suis un peu fatigué. C’t’idée aussi de se lever aussi tôt! Je réussi à me rendre à Belleville pour souper. Au dernier moment, je prends la sortie du Wal-Mard, soit un peu avant le relais, parce que la circulation n’avance plus. Je pourrai donc souper tranquille et aller attendre un peu plus tard. Comme souvent, le temps de souper et le bouchon s’était volatilisé de lui-même.

Ensuite vient Toronto, qui se passe très bien. C’est beau les vacances, plus personnes n’est en ville pour créer des bouchons! J’arrive à London à vingt-deux heures, et ça commence à être vraiment le temps que je prenne une pause.

Ne reste plus qu’à A.P. à arriver…

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Huit

Petite nuit à Belleville, ON. Pour bien démarrer la journée, je suis allé me chercher un café dans le relais. Je l’ai accompagné d’un muffin en carton. Un peu plus tard, à Cornwall, ON, j’ai pris un vrai déjeuner… et il était même très bon.

Par la suite, mon chargement n’ayant pas été dédouané, je devais aller laisser la remorque dans la cour de l’intermédiaire qui s’occupe de le faire après coup. J’imagine que c’est ainsi que ça se faisait en tout temps avant l’arrivée des télécopieurs. Mais à cette époque, le transport était encore sous énorme régulation, donc c’était un autre monde.

Cette cour est à Dorval, juste à deux pas de la nôtre. En fait, il y en a des dizaines (des centaines?) dans tout le pays. Mais nous utilisons toujours la même, la plus pratique pour nous. Je suis arrivé un peu avant midi. Le temps de passer la barrière, d’y recevoir une barrure (servant à immobiliser la remorque jusqu’à ce que la procédure soit complétée), de faire le tour des places de stationnements disponibles (une dizaine), d’en choisir une parmi les deux disponibles, parce que les autres chauffeurs n’ont pas été foutu de stationner leurs remorques comme du monde, de décrocher ma remorque, d’y poser la barrure, et de m’avancer jusqu’au bureau, il était maintenant midi moins deux. Le bureau doit bien fermer pour le diner, me suis-je dit.

Pendant que je contournais la bâtisse lentement, je me suis fais dépassé par un énarvé, un chauffeur local (probablement payé à l’heure, ce sont eux les plus énarvés… tsé, plus c’est long, plus ils se font une grosse paye, alors ils sont toujours inque su’une gosse, ben évidemment!). Arrivée près du bureau, il était à se reculer à un quai. Bien sur avant moi, il est tellement vite! Comme je lui ai laissé le temps de bien manœuvrer, il a évidemment pu entrer avant moi… et même ressortir! En bougonnant et même en câlissant une claque sur la première remorque disponible. Au moins, il n’a pas choisi ma face pour se défouler!

Je me suis dit : d’après moi, c’est fermé! J’entre quand même… À l’intérieur, ça ressemble à un guichet de banque, avec une ouverture de chaque côté d’une grande fenêtre. D’un côté, une dame avec un papier "fermé pour le diner". De l’autre, un homme et pas d’affiche… Je prends une chance. L’homme me reçoit très gentiment, comme d’habitude. Pas même un soupir du genre "pas encore un cris qui arrive à deux minutes de la pause"… Je me demande donc à ce moment si mon moron s’est rendu jusqu’au guichet, seulement, ou si il a seulement lu l’affiche et est ressorti en criss! Ça y apprendra…

Le préposé me redonne ma carte de sortie. Elle indique midi moins cinq… Ah, on avait l’temps en masse. De retour dehors, mon moineau avait décroché sa remorque, et sortait de la cour. Probablement pour aller diner, ce que j’aurais fait moi-même, avec l’abondance de bons restaurants dans ce secteur. Le client dine? Ça adonne bien, moi aussi…

Une fois libéré de ma remorque, un message au bureau afin de savoir la suite des choses. Mon patron me rappelle et cherche une remorque vide afin de me la faire amener à l’usine près de chez moi, d’où je devrais repartir demain. Après m’avoir demandé d’attendre le retour du diner du bureau, il me recontacte presque aussitôt pour me dire de me rendre directement à la cour de Montréal-Est, d’où je repartirai demain matin. Mal pris, j’aurais beau aller à la maison avec le camion… Je contacte donc Caro afin de savoir si elle peut venir me chercher et me ramener demain matin. Dans l’affirmative, le marché est donc conclu. Si j’ai bien compris, parce que le patron travaille dans sa tête en parlant tout haut, et change des dizaines de fois d’idée en cours de route, j’aurai demain un voyage à livrer de Montréal-Est à Joliette, échanger de remorque avec une déjà chargée, et l’amener quelques part sur la 401, en Ontario, afin de l’échanger avec un chanceux qui la rendra à Lebanon, TN. Si c’est bien le cas, ça va avec moi!

Je me rends donc au relais près de notre cour et me stationne pour la nuit. Caro arrive peu de temps après, et me montre son nouveau métier à tisser, une authentique antiquité à propriétaire unique. Wow!



J'aurai donc une nuit à la maison.

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Sept

Le Pétro de Napoléon, comme celui de Gaston, n’offre pas de déjeuner sur le pouce. D’ailleurs pour celui-ci, pas de restaurant. Seul un Quizno’s et une madame qui fait des bonnes pizzas. J’ai donc accompagné mon café du matin d’une pâtisserie au gras trans et aux pommes. Pas méchant, mais pas trop bon pour la santé… tant qu’on n’en abuse pas!

Avant de partir, comme je serai aux douanes après huit heures, j’envoie un message à Lori afin qu’elle vérifie mon PARS pour mon chargement, afin de confirmer que je peux traverser la frontière. Avoir eu une connexion à Charleston, MO, je l’aurais vérifié… ou être arrivé à Luna Pier, MI avant huit heures, l’heure où le bureau reprend vie.

Sur le petit bout de la US-24 qui me reste avant de rejoindre la I-475 à Toledo, OH, je me fais dépasser par un pont. Ben là, en morceaux, quand même… quatre poutres de bétons "longues de même". Les poutres ont tourné dans une petite rue, j’imagine destinées au chantier de l’autoroute.

Peu de temps après ça, la maison a téléphoné. Mes femmes avaient assurément bien dormi, car la bonne humeur régnait dans leurs voies. Moi aussi, j’avais très bien dormi, quoique pas longtemps.

Alors que je traverse Toledo, je commence à me demander si j’aurai des nouvelles à temps. Sinon, je vais m’arrêter à Luna Pier, vu qu’il y a une connexion Internet. En entrant dans le Michigan, un message de Lori me dit que Livingston (le courtier qui a inventé les problèmes de douanes) cherche encore qui est l’acheteur de mon chargement! Le nom de la compagnie sur la facture est Canada inc. On dirait une compagnie à numéro dont on a oublié de donner le numéro! Vérification fait avec Caro, un enfant avec les doigts dans le nez peut retrouver le numéro de téléphone d’une compagnie sur Internet avec l’adresse. Imaginez un adulte avec les mains libres! Bref, sont zoufs!

Pour m’aider à passer le temps, la connexion Internet est à la limite, alors chaque camion qui passe devant la bâtisse (et s’y stationne pour aller faire tout son marché à l’intérieur) me déconnecte pour dix minutes. Bon, au moins, c’est gratuit. Lori me demande de lui faxer à elle les papiers que j’ai en ma possession. En fait, je n’ai pas de facture de douanes, mais bon, ça n’a jamais empêché personne de franchir la douane.

Le temps passe, passe et repasse encore. Peu avant le diner, j’envoie un message afin de savoir "c’est quand qu’on panique". C’est beau l’Internet qui ne marche pas bien, mais ça fait sacrer et ça ne fait pas avancer! Ça devrait être régler pour treize heures, me répond Lori. Bon, on a l’air d’avancer. Je vais donc me chercher un diner de dépanneur (chamouiches, croustilles et liqueur blanche). La jolie blonde au nez qui retrousse me dit : encore ici? Ben oui… mais si je reviens plus tard pour te demander une chambre de motel, là, je vais être un peu moins de bonne humeur!

Vers midi et demi, je prends sur moi de partir. Il me reste quarante-cinq minutes pour me rendre aux douanes, et j’ai du magasinage à faire à la boutique hors-taxes. Je serai donc prêt après treize heures, donc tout devrait s’emboiter.

Une bouteille de tequila plus tard, j’ai message de "rentrer ça in-bound", parce que comme dans la chanson, "y’a pu person qui y répond"! Heureusement que je suis déjà rendu sur place! Après avoir rangé mon achat, je remplis donc le papier de douanes pour "in-bound". Pèse fort, parce qu’il y a trente-six copies! Notez que j’ai attendu quatre heures et quinze minutes, qui s’ajoutent au temps de chargement de cinq heures. Des fois, c’est long des p’tits bouttes.

Lorsque l'on parle d'entrer un voyage "in-bound", c'est que l'on indique aux douanes de la frontière que nous dédouanerons le chargement dans un autre poste de douane "en ville". En temps normal, cette façon de faire n'est plus utilisé, car la remorque est immobilisé (en fait, son contenu devient intouchable) jusqu'à ce que le problème soit réglé, et que le dédouannement soit compléter. Notre compagnie a "posté un bound", alors la Douane (je devrais peut-être dire le Canada) nous fait confiance que nous ne livrerons pas un chargement, ou une partie de chargement, sans avoir terminé la procédure. Parce qu'il pouvait arriver, sans le "bound", qu'une remorque complète soit paralysée parce qu'une seule palette n'avait pas pu être dédouanée!

Ensuite, au péage du pont, sur le pont, en bas du pont, à la guérite, savamment choisi pour attendre… et voilà, le camion devant moi quitte la guérite, et la barrière se referme! Changement de chiffre… C’est ben ma chance!

J’arrête à Comber, ON pour y faire le plein. Je visite Lori afin de recevoir ma carte à Tim, puis je me rends chez Tim pour la dépenser! Café et biscuits. De retour sur la route, Jocelyn, qui remplace Jean-Pierre, déjà en vacances, lui, me téléphone afin de planifier ma dernière semaine, qui est déjà passablement entamée! Je lui dis que je dois impérativement être de retour pour faire dodo chez moi vendredi soir. Au départ, il m’avait gardé un sempiternel Lebanon. C’eût été parfait, sauf en temps de vacances. En temps normal, je n’ai aucun critère de jours de congé ou de délai de voyage. Mais là, c’est le Festi-Force qui commence, alors il faut bien que j’y sois.

Jocelyn, depuis quelques jours, semble fort préoccupé par le respect du registre des heures de conduites et de travail (logbook). Ça, c’est une nouveauté! Avant, il s’en préoccupait, mais après coup… Est-ce un effet de l’entrée en vigueur de CSA 2010 (qui est un peu comme la loi 430 du Québec, mais en pire)? Possible. En tout cas, je suis pour n’importe quoi qui réussira à faire rouler légalement tout le monde, boite noire inclus. Il faudra bien que les clients s’adaptent au nouveau temps de route normaux.

En pitonnant sur la radio, je tombe sur l’émission Promise Land de la CBC (le pendant anglais de Radio-Canada). Cette émission raconte l’aventure d’un immigrant qui a abouti au Canada. Il peut partir de n’importe où, mais il abouti ici. Et le cas de la semaine est un américain déserteur du temps de la guerre de Corée âgé maintenant de soixante ans. Quel récit incroyable. C’est disponible en balado-diffusion, alors je crois que je vais l’ajouter à ma liste…

Caro me disait, alors qu’elle était sur la 20 entre Vaudreuil et Valleyfield, qu’elle était prise dans un bouchon. Un bouchon d’ontarien. C’était en effet un congé férié en Ontario, alors ils sont tous descendus à Montréal. Ben, je les ai tous vu entre Toronto et Belleville! Une file incroyable de voiture sans fin! Normalement, cela arrive le dimanche soir… mais à cause du congé, c’était ce soir, un lundi!

Dans la file, j’ai aperçu un TJB. Il me demande si le bouchon est bien long. Je reconnais la voix de Gilles. Lui, reconnait la voix de Moustache! Ben c’est pire. Alors Moustache, tu es salué!!! J’ai ri dans ma barbe longtemps. Cré Gilles!

Et me voici à Belleville pour la nuit.

À suivre…

P.S. : Monsieur Gravel est passé préparer le terrain pour y mettre notre piscine! On a donc une plage dans notre arrière cour.
P.P.S. : Caro est allé chercher son métier. Oui, un autre! Un vrai bon vieux antique… celui-là, ce sera pour garder! Un gars qui crevait d’faim. La chance de la chiure de mouche, tiens!

2 août 2010

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Six

Petite journée normale aujourd’hui. J’ai commencé par me procurer, avec mon café du matin, un sandwich SEC (saucisse, œuf, fromage). Je le trouve un peu petit… et en le payant, un peu dispendieux! Par contre, mausus qu’il était bon! Le biscuit était vraiment un biscuit maison, probablement « batché » sur place par une bonne grand-mère!

Je me suis arrêté à Matthews, MO pour y ajouter un peu de carburant, suffisamment pour me rendre en Ontario.

Retour sur la route… jusqu’à Charleston, MO pour y diner au Quizno’s Sub du Cheers. Problème de connexion Internet, à ma propre surprise. J’ai mangé un California Club. Fouille-moé ce que c’est, mais c’était bon en tabarnouche! Peut-être que le fait que je n’y étais pas allé depuis trop longtemps y est pour quelques choses.

On reprend la route, direction nord. Alors que je me disais que le bouchon que j’avais contourné vers le sud s’en venait, je constatais que je n’avais pas vu les affiches annonçant ledit bouchon. Pour une bonne raison, les travaux sont terminés sur la direction nord! Effectivement, côté sud, c’est l’enfer!
Je me suis fait une petite pause à Effingham, IL. Puis, en direction de Brazil, IN pour un bon souper-spaghetti. Bon, la sauce à la viande était bonne, mais y’a ben inque les américains pour manquer un spaghat!
Par la suite, je constate que ma batterie de cellulaire commence à s’en aller. Ça doit être la troisième fois que je la recharge aujourd’hui!

Et me voici à Napoléon, OH, pour le campement de nuit.

Vraiment, une petite journée…

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Cinq

Au petit matin, ben en fait, au beau milieu de l’avant-midi, décalage horaire inclus, je me suis réveillé après un excellent repos. Y’était temps! Comme dit l’adage, le sommeil, c’est comme un compte de banque : tu peux en retirer, mais tu finiras toujours par devoir en remettre. Enfin, quelque chose comme ça!

En remettant mes pantalons, papetière oblige, je trouve un vieux dollar dans la poche, oublié depuis l’hiver dernier! Bon, j’aurais préféré un 100$, mais c’est ben rare que j’en ai en main, encore moins que je l’oublie…

Je vais donc voir au bureau afin de savoir à quoi m’en tenir. Encore le même charivari qu’hier soir. Nous sommes des illustres inconnus pour eux! Et comme ma remorque est déjà dans la cour, c’est encore plus mélangeant! Jeff, le gars qui semble savoir où il s’en va (le mot important est semble!!!) me dit que j’en ai pour un maudit boutte, car il y a encore huit voyages à charger avant le mien. D’après moi, on n’a pas la même définition de l’expression « live load ». Je sais que dans le sud, les gens ne sont pas vite vite, mais là, il y a une marge. Je lui demande de me donner une heure approximative, parce que je pourrais bien décider d’aller visité la Louisiane en attendant.

Je décide de téléphoner à mon meilleur patron, afin de savoir pour qui nous ramassons ce voyage de papier-cul! Patron me donne le nom de la compagnie, ainsi que le SCAT CODE, le code à quatre lettres qui identifie les compagnies de transport dans leur système. Ah, ça leur sonne un genre de cloche. Mais on est encore loin de l’auberge! Le Jeff finit par me dire que ça devrait aller vers neuf ou dix heures dans la soirée. Ouf! Je retourne vers le camion, avec l’intention de diner bientôt. Me reste un bœuf en cube, alors voici mon diner.

À peine ai-je le temps de m’installer dans mon camion, le Jeff est à côté de ma porte. Il me dit de m’avancer avec mon camion, qu’il va m’envoyer « en dedans » pour me faire charger. Ah ben, se seraient-ils démêlés?

Je m’avance donc vers la cabane. Avec mon camion. Jeff m’explique que lorsque la porte 22 sera libéré par le « shunter », je n’aurai qu’à prendre la place, et je serai chargé peu de temps après. Il avise d’ailleurs le « shunter » de ne pas remettre une remorque lorsqu’il aura libéré ma porte. Il me donne ensuite une passe pour retourner dans la cour des remorques. Il me dit aussi qu’en fait, tout ceci aurait dû être fait hier soir, à mon arrivée. Je commence à comprendre qu’en fait, la dame d’hier soir n’a probablement pas pigé que j’étais un « live load ». Je ne lui ai pas dit, mais elle ne me l’a pas demandé non plus! Elle était trop occupé à chercher de quelle crisse de compagnie que je sortais?

J’ai retrouvé ma remorque exactement où je l’avais laissé. Évidemment, personne ne lui avait touché! Une fois accroché, je me suis rendu, selon les indications de Jeff, près de la porte 22. Bon, au pif, parce les portes 26 à 30 étaient bien identifiées vu du camion, mais par la suite, ça se gâtaient un peu. Et comme il y avait autant de remorques stationnées entre les portes que de remorques à quai, c’était ben embêtant. Je me suis stationné de façon à voir les remorques où je pensais que je devais aller.

Une trentaine de minutes plus tard, la remorque fut sortie de son trou. J’ai donc pris la place. Une autre petite demi-heure plus tard, le chargement commençait. Environ trois heures après le signal de départ, j’étais enfin chargé! L’employé qui me chargea sorti dehors pour me faire un genre de signe de départ, pour disparaitre ensuite. Et les papiers? Je n’étais pas au bout de mes peines! Comme il y avait sur toutes les portes humaines des écriteaux « Employés seulement », je me suis dit que la dame de la barrière allait bien gentiment me les imprimer. Ou le bon Jeff du début…

J’arrive donc à la balance/barrière. Je stationne mon camion sur la balance, toujours très étroite, et je me rends au guichet. Il y a dû avoir par le passer de la bagarre, car comme à la banque, on met le ti-papier dans un genre de tiroir, et la dame parle via un intercom. Avec le moteur du camion qui entre, le moteur de mon Tri-Pac, et le problème de son typique d’un intercom, assaisonné du charmant accent du sud de la dame, on n’y comprend rien. Ce n’est pas long non plus qu’il y a trois ou quatre camions derrière moi. Tiens, le criss qui bloque la balance, c’est moi! Bon, la dame ne sait pas trop où devrais être mes papiers, comme si moi, à ma première visite où bien sur personne ne m’a rien dit, je devrais le savoir. Elle téléphone à gauche et à droite, cherche ceci et cela, me demande si j’ai un numéro de commande, quelque chose… Ben, il est là, sur la feuille jaune. Elle pitonne ce numéro dans son ordinateur et, magie, des belles factures sortent de son imprimante!

Je signe ici, là et là, avec la date et toute la patente, redonne la copie à la gentille dame malgré tout, et décâlisse de sur la balance avant de causer une émeute! Comme la dame m’a donné mon poids par essieux, je constate que mon poids est beaucoup trop sur l’avant. Ça va parfaitement avec la disposition des palettes de boites de papiers d’imprimante, un peu trop compacte sur l’avant, mais rien d’impossible à balancer. En quelques minutes, me voici prêt à prendre la route. Un coup de fil au bureau, afin d’aviser que je suis toujours vivant, chargé, et prêt à prendre la route, et me voici sur la route.

Je prends donc la LA-64 pour me rendre à Zachary. Plus loin, la LA-67 m’amène à Clinton. Je fourche ensuite sur la LA-10. À Coleman Town, je bifurque sur la LA-38. Arrive le village au nom rigolo de Chipola! À Kentwood, c’est jour d’encan d’animaux, alors la place est pleine de camion pick-up de fermier avec remorques assorties… et du monde… Je retrouve là l’autoroute.

Aussitôt sur l’I-55, me voici de retour dans le Mississipi. La balance concubine (Mississipi/Louisiane) est ouverte. Le bonhomme vert (en fait, il est bleu marin, et je ne parle pas de son humeur!) est sur le pas de la porte, et veut voir mon registre. Heille, ce coup-là, il est parfait. Ça me confirme en même temps que mon ajustement d’essieux était bon. Je croyais que j’aboutirais ailleurs, mais je suis abouti juste avant la balance. Une chance que j’ai ajusté avant de partir, plutôt que de partir en me disant que j’ajusterais tout ça à la prochaine CAT Scale…

Je suis arrêté pour le souper au Pilot de Jackson, MS. Deux quêteux sont venu me voir, comme tous les autres camions d’ailleurs. Le premier voulait un « lift » vers l’ouest (ou l’est, je ne sais plus). Pas de chance, je vais au nord! Le second m’a dit que je ressemblais à un copain de Willie Nelson (j’avais mis mon chapeau). Il arrive avec la grosse poignée de main franche et tout le tralala. Lui voulait juste du bon gros « cash ». Je réponds par la négative, parce qu’on ne sait jamais à quel profiteur de camionneur (et spécialement si il a une plaque hors États-Unis) on a affaire. Dans ce cas, et surtout dans le Mississipi, je crois que le gars était sincère. Mais si vous saviez, cher ami, que j’en aurais probablement autant besoin que vous! Il m’a dit qu’un des autres camionneurs lui avait dit : dégage, sale nègre! Criss, « only in america »! Devant ma réponse négative, il a même ajouté : je respecte ça! Un peu plus, il me bénissait! Héhé!

Par la suite, je me suis rendu, à ma propre surprise, jusqu'à Osceola, AR pour y camper pour la nuit.

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Quatre

La nuit fut courte. Je l’ai déjà dit, ces voyages pour Lake Charles sont mal répartis. La dernière nuit est donc toujours trop courte, parce que selon l’horaire du retour, en me réveillant, je devrais déjà être en direction nord! Dépendamment des semaines, il manque donc de trois à neuf heures!

Après un petit bout de route, je me suis arrêté chez Cash’s Diner (et relais et casino) afin d’y prendre un petit déjeuner. La nuit fut si courte qu’en fait, j’avais le temps de déjeuner! C’est à cet endroit que j’arrête souvent afin d’y profiter de l’accès Internet du voisin. Cette fois, j’allais en faire profiter Cash lui-même. Je fais toujours exprès pour manger cajun lorsque je vais en Louisiane… sauf cette fois, parce que deux œufs tournés, c’est international! J’arrose généreusement le déjeuner de Tabasco, p’tit jus local, et ça, c’est typiquement cajun!

De retour sur la route, près de Lafayette, je syntonise KBON 101,1, qui se fait une spécialité de jouer la musique cajun. Et lorsque je suis plus tôt, entre cinq et sept heures le matin, la radio publique de Lafayette est 100% musique cajun. On y annonce aussi tous les spectacles… utile si on avait du temps. Peut-être un jour en vacances, sur un bateau-maison!

Juste avant midi, je finis par arriver chez mon client. J’exécute la procédure de présentation, et je retourne dans mon camion attendre mon appel. Parce qu’à plusieurs endroits sur le bord de l’eau, en Louisiane, si on n’a pas la TWIC Card, il faut être escorté à chacun de nos pas à l’intérieur des terrains! J’annonce donc à
Lori que je suis arrivé, puisqu’en plus, il faut laisser nos cellulaires à la guérite. Décidément… Juste avant que le gardien ne m’appelle, je reçois le message de Lori : j’ai un voyage de retour, et l’endroit est ouvert 24 heures. Yé!

Je me présente à la guérite, échange mon cellulaire contre des lunettes de sécurité (y’a quelqu’un qui se fait fourrer, je crois!), avance pour mieux reculer en suivant le ti-monsieur sur le chariot-élévateur. Tiens, comme il a la peau brune, ce n’est pas Monsieur Broussard, un sympathique vieux cajun toujours content de sympathiser avec un francophone. J’ai failli m’étouffer lorsqu’il m’a dit, un jour, qu’il était allé à Montréal, mais qu’il n’avait pas compris les gens parce qu’on y parle trop bien!!! Ouf!

Après avoir reculé la moitié de l’usine, j’arrive à la rampe. En peu de temps, je suis vide. Je retourne, toujours sous escorte (tsé, j’ai tellement l’air d’un terroriste!) à la guérite, et cette fois, j’échange mes lunettes contre… un cellulaire! Et c’est le mien en plus, quelle chance!!! En l’allumant, j’avise Lori que je suis vide. Et je me rends au relais près de l’autoroute afin de voir où je m’en vais. Toujours mieux avant qu’après!

Destination voyage : Zachary, LA. Une usine de papier. C’est un peu au nord de Bâton Rouge, à presque trois heures d’ici. Je mesure ce qu’il me reste de carburant, car il y a longtemps que l’estimation de kilomètres restant est en dessous de zéro! Comme il reste « ça d’épais » de diesel, et que mon relais préféré est à une trentaine de kilomètres à l’est, je me dis que je suis capable de me rendre sur les vapeurs. Mon père disait, en pareil circonstances : il marche à la senteur!

Ayant un peu d’avance sur mon registre, j’ai amplement le temps d’aller souper au King’s, en face du Love’s, à Iowa, LA, où je ferai le plein dans une heure et demi. C’est si agréable d’avoir du temps! Et comme c’est vendredi, j’anticipe le buffet spécial poisson et fruit de mer. Miam! En passant devant, l’affiche indique que le buffet est de 16 heures à 19 heures. Moment de panique… je suis trop tôt. Mais là wo, depuis quand un relais à un buffet qui a une fin???

L’affiche à la porte du restaurant, elle, indique le menu du buffet. En entrant, je salive déjà en constatant que le buffet est bel et bien là. Et comment que je me suis régalé! En plus de la soupe et de la salade, j’ai mangé une espèce de sauce sucrée aux crevettes, du panée aux crevettes, des jalapenos aux crevettes, un genre de boule de pâte au riz, une cuisse de poulet frit, du maïs sauceux pané, des lanières de poissons panées, du filet de poisson dans sa sauce tomates, le tout nappé de pétrole! Succulent, sans pareil, mais beaucoup de panures, on est quand même aux États-Unis.

Arrivé à Egan, LA, je suis tellement brûlé, que j’arrête faire le reste de ma nuit. Qui me connait sait que je ne fais jamais de sieste, et que j’ai en horreur ceux qui pratique la sieste. Une fois n’est pas coutume, et vive les
clients ouverts tard le soir.

Après un repos, je me réveille en me disant que je resterais bien au lit! Mais il faut bien travailler, un moment donné… Je me rends donc à Bâton Rouge pour y prendre la I-110, qui fait le tour de la ville. Je sors évidemment trop vite, alors je visite une partie de la ville que j’aurais pu ne jamais voir.

J’arrive à Zachary, sans toutefois voir le village. Je prends la route du client, difficile à manquer, avec son feu de circulation et son immense affiche annonçant la compagnie. Je prends la petite route, où il n’y a rien d’autre que l’usine, que je ne vois même pas à cause de la forêt. Et il fait une nuit d’encre.

Arrive le bout du chemin, ou la route tourne à droite. Voilà la barrière. Je m’arrête sur le bas côté, juste avant, pour enfiler mes pantalons, obligatoires sur le site. Ensuite, je m’avance à la barrière, tout juste assez large pour y passer en camion. Je me stationne sur la balance, et je me présente au guichet. La dame me remet un ti-papier : comment se rendre à la bonne place! Ah ben, c’est pas la bonne place! J’entre dans la cour pour me retourner et en ressortir, et j’aperçois les trois machins qui servent à vider les remorques de chips… Je suis au mauvais bout de l’usine!

Je retourne à la route, remonte un peu plus au nord, prend la bonne route, arrive au bout et trouve l’inspection des remorques. Je passe le balai et entre voir la dame. Mauvaise nouvelle, mon chargement n’est pas prêt.

Elle m’indique de laisser ma remorque dans la cour et de ressortir pour un beau dodo, et de revérifier demain matin.

Bon, personne n’est surpris, les usines de papier, c’est habituellement long et compliqué.

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Trois

Une autre journée... disons assez roche et roule! L’histoire de notre vie, les camionneurs.

Le départ de Gaston, IN se fit assez tôt, mais à l’heure légale. On ajustera demain, veille de la livraison. Parce que c’est ben certain qu’il me manquera du temps, les voyages pour Lake Charles étant mal réparti (mal dispatché) par le client au départ. En fait, un rouleux de nuit ne se rendras pas compte de la chose, se couchant très tard. Mais moi, un rouleux de tôt matin, je m’en rends compte! Et c’est encore pire pour le retour, car il est calculé comme si vous êtes rechargé au début de votre journée de livraison. Pour faire une histoire courte, vous devez donc finir le voyage (reste souvent deux ou trois heures, même parfois plus), effectuer la livraison, se déplacer vers le client suivant et effectuer le chargement du voyage de retour… et tout ça sur votre temps de la veille… qui était déjà complet!

Je suis donc parti du Pétro avec un café en banque (en tasse?!?), mais pas de chamouiche à déjeuner, parce qu’à Gaston, le monde ne semble pas déjeuner su’l pouce! Un peu de circulation à Indianapolis, mais rien pour téléphoner à sa mère.

Arrive l’Illinois. Passe sur la balance, souvent ouverte, puis arrêt diner à la halte à l’entrée de l’état. Et hop, un autre T-Bône en arrière de la cravate! On repart vers l’ouest, pour ensuite fourcher vers le sud à Effingham.

Pour une rare fois, je n’arrête pas ni au Pétro, ni au Truck-o-Mat, paradis du chrome faisant parti de la famille Iowa80. Rêves garantis et gratuits. Ajouts toujours dispendieux… mais mausus que c’est beau un W900 ben monté! Ou un Pete 379/389, ça peut toujours faire la job, en attendant…

Direction sud, donc… arrive Rend Lake, cet espèce de lac en forme de Lac Kénogami, soit comme une tache qui a chié en tout sens sur la carte, suite à la construction de barrages, au gré des montagnes et des vallées. Dans le cas du lac à Rend, je n’en sais trop rien, mais ça ne me surprendrais pas. Ce secteur de l’I-57 est en rénovation, sur une bonne distance, alors on nous suggère de contourner. Comme l’affiche électronique annonce une heure de retard, je me dis que le détour ne pourra pas être plus long. Je choisis donc de prendre le détour B à la sortie 77. J’ai déjà pris le détour A en direction nord, alors quoi de mieux que de découvrir l’arrière pays, surtout si il y a un lac et des bateaux, via le détour B? Pendant que je pensait à tout ça, je me suis fait dépassé en trombe par deux zoufs en « reefer », dont j’ai mémoriser l’allure des remorques, pour voir…

À Whittington, j’ai donc pris la IL-154 ouest, qui traverse littéralement le lac en plein cœur. Après avoir observé de tous les côtés, je suis retourné à la terre ferme pour découvrir le village de Sesser. Très beau! De là, j’ai pris la IL-148 direction sud. M’attendaient les villages de Christopher, Zeigler, Herrin, Energy et Marion, tous très jolis, très vieux aussi. De Marion, j’ai pris la IL-13 vers l’est qui me ramena à l’autoroute.

Au moment de prendre la rampe, et ce après les innombrables feux de circulations dont la plupart étaient, évidemment, rouges, qui passaient sur l’autoroute? Mes deux zoufs! L’histoire ne dira pas de combien de temps j’aurai été retardé, mais il semble que ça a revenu au même que si j’eus poursuivi sur l’autoroute… mais tellement plus trippant!

Vers quatorze heures, Lori m’apprend que mon voyage de retour est annulé. Il faut savoir que nous sommes envoyés à Lake Charles lorsque le voyage de retour est donné à la compagnie. En d’autres mots, on trouve le voyage de départ lorsqu’il y a un voyage de retour. Ce qui fonctionne… jusqu’à ce que le voyage de retour disparaisse! À ce moment, jeudi après-midi, j’ai quand même confiance en Lori pour trouver autre chose… mais reste que le vendredi après-midi, il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de semaine.

Par la suite, me revient en mémoire mon patron qui me disait, au bureau, que le système de graissage automatique dont mon camion est équipé deviendra un équipement « standard-TJB » tellement c’est fin et ça fait sauver du temps aux mécaniciens. Spécialement pour les chauffeurs comme moi qui ne reviennent pas souvent au garage… Il disait aussi que certaines barres de torsions sont à changer moins souvent parce que toujours bien graissées.

Sur le pont entre l’Illinois et le Missouri, je constate que le niveau d’eau est haut. Vrai qu’on a eu beaucoup de pluie dans les jours précédents en amont. À bien y penser, au pont Ambassador (reliant Windsor et Détroit) aussi le niveau d’eau était passablement haut, de même que dans la rivière Maumee (qui longe la US-24 sur une bonne partie de sa longueur). Ça me fait penser que je n’ai pas entendu parler du niveau de la rivière des Outaouais lors de mon voyage vers Sault-Sainte-Marie.

Arrive Matthews, MO, un haut lieu de camionneurs, avec trois relais, deux lave-camions, un CB Shop et trois garages indépendants de mécanique. Le Missouri ayant aussi un bas taux de taxes sur le carburant, il est peu cher d’y faire le plein. Je jette un œil sur le prix du carburant, pour me confirmer dans mes pensées : au J Volant, 2,879 $; au Love’s, 2,869 $, au BP (une sortie plus loin, Internet inclus), 2,839 $. Plus loin, à Hayti, au Roady’s, 2,799 $. Depuis longtemps que je dis qu’il n’y a pas d’économie dans les J Volants… C’est encore plus vrai depuis que Pilot a acheté les relais du J Volants. Pilot est reconnu pour avoir le prix le plus cher dans tous les relais… et comme les J Volants ont fait faillite parce qu’ils ne vendaient pas suffisamment cher, si Pilot ne veut pas faire pareil, ils devront vendre plus cher… Sans compter l’absence de service!

Depuis que TA a acheté les Pétro aussi, le prix chez Pétro a baissé à un prix plus dans les normes. Surtout qu’on y trouve le meilleur restaurant et le meilleur service sur les autoroutes (pour ce qui est des chaines de relais).

Ensuite, je traverse West Memphis, AR. Un autre haut lieu de camionneurs, l’I-40 étant l’une des autoroutes américaines majeures est-ouest. Avec l’obtention du Love’s d’une trentaine de Pilot, toutes les bannières de relais y sont maintenant représentées. D’ailleurs, là encore, le Love’s vend à un sou du gallon de moins son diesel que le J Volant.

Je poursuis ma route jusqu’à Grenada, MS, ou j’établis mon campement pour la nuit dans une halte routière sans service (lire : pas de toilettes) et sans surveillance (dans le Mississipi, il y a un gardien de sécurité dans les haltes routières… c’est rassurant!). Je suis accueilli par une auto qui fait clignoter ses lumières. Non merci, j’ai tout ce qu’il me faut!

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Deux

Journée complètement capotée aujourd’hui. Tout d’abord, un réveil tôt à Belleville. Étant stationné du côté du 10 Acres Truck Stop, je n’ai pas voulu aller voir la belle Diane du côté Ultramar… d’autant plus qu’elle avait peut-être déjà fini à cette heure-là. Je me suis dit que je pouvais bien attendre le prochain Tim Horton’s, soit à la dernière halte avant Toronto, pour le p’tit café du matin.

À mon arrivée, j’étais affamé. C’est long, une heure avec e-rien! Évidemment, après un arrêt assis, je me suis présenté au comptoir… où la file faisait un demi-mile de long! Il y avait une dame au premier guichet qui avait fucké le système. La préposée est même revenue avec une délégation de trois personnes afin de régler le problème. Je ne sais pas quel était le problème, mais ça a paralysé une caisse pendant presque tout le temps que je fus là.

Je me suis payé la grosse gâterie, vu que je vais loin et que ce sera long avant le prochain Tim, un Bagel B.E.L.T.! Miam, sauf probablement pour la santé… Par la suite, de retour sur la route, direction Toronto. Malgré les vacances, la ville était passablement bloquée. J’y ai perdu une bonne heure! Et là-dessus, j’ai bien réussi mon tricotage! Une chance…

Pause diner à Dorchester, à cause d’Internet. Un bon bœuf en cube, délicieux, mais disons que par un concours de circonstance, j’en ai un pour chaque diner de la semaine.

Encore un bout de route et me voici à Comber, ON, là où l’on fait le dernier plein avant de traverser aux États-Unis. L’air de rien, faire le plein avant de traverser la frontière représente une économie de 25 à 35 $ par voyage. Et la même économie si on arrive le plus vide possible ici sur le chemin du retour. Dans le camionnage, il n’y a pas de petite économie.

De retour sur la route… trente minutes plus tard, me voici à Windsor, ON, dont incidemment l’usine de GM, fabriquant des transmissions depuis quatre-vingt-dix ans, fermait ses portes définitivement à la fin de la journée de travail. Triste nouvelle… ils les fabriqueront où les transmissions maintenant? En Chine? C’était la dernière usine de GM à Windsor, qui n’en a plus que quatre au Canada. Peut-être finira-t-on tous en Daewoo?

Toujours est-il que, au devant, le ciel était plutôt menaçant. En montant sur le pont Ambassador, je pouvais voir LE gros nuage noir au dessus du Michigan. De chaque côté du pont, je voyais les effets des coups de vent qui précèdent l’orage. Je me suis dis qu’on en mangerait une câlice dans pas long…

Là aussi il y avait foule. Ça a pris un peu plus d’une heure. L’orage a eu le temps d’arriver… et comment qu’il est arrivé! Une fois dédouané et le pont payé, petit bout en ville afin de rejoindre l’autoroute. L’orage était terminé, mais ses traces étaient bien là. De l’eau accumulée partout! Et les véhicules qui se faisaient une joie de la faire lever! Et les piétons, trempe à lavette… P’tite vie!

Arrêt suivant, à Luna Pier, MI, pour y souper. Salade de macaroni et macaroni aux tomates… je me sentais un peu nouilles! Pensez-y! J’y ai eu toute la misère du monde à réussir à brancher Internet. En fait, ce sont les programmes qui étaient planté en ouvrant! Ben beau la technologie.

Par la suite, direction US-24, ou le petit cochon fait ces temps-ci du canot gonflable! Il en surement eu besoin aujourd’hui. Parlant de la US-24, les travaux doivent achever, car la route est là, et même asphaltée! On a tous hâte, j’en suis sur.

Un petit arrêt cochonnerie à Woodburn, IN. Tentative de communication avec la maison. La maison fait dire que ça ne m’intéresse pas! Peu après, arrêt dodo à Gaston, IN.

Au moment d’écrire ces lignes, Alice Cooper joue à la radio. Voici une sélection parmi sa sélection du jour (en reprise! Après ça, on se demande pourquoi la radio perd des auditeurs) :

Last in line, Deo
Crazy train, Ozzy Osborne
Thunderstruck, AC/DC
Magic carpet ride, Steppenwolf
Nothing for a good time, Poison

Demain, je me rends dans le Mississipi, probablement près de Jackson. M’en restera un bon bout pour le matin de la livraison.

À suivre…