J'avais réglé mon réveil afin que
j'ai le temps de me préparer avant l'heure dite. Nous n'avons pas
tous les mêmes habitudes de réveil, alors c'est pour ça que je
donne toujours l'heure du départ. Moi, je sais que j'ai besoin de
quarante-cinq minutes, et une heure si il y a présence d'Internet.
Une drogue, je vous dit. D'autres auront besoin de plus de temps,
d'autres moins. Si certains chauffeurs n'ont qu'à sauter dans leur
pantalon, d'autres vont prendre leur douche dans le lavabo (encore
chanceux que ce ne soit pas dans la cuvette, quoique, c'est la même
eau...), se raser, faire un méga-déjeuner, et finir par partir à
midi... Ça moi, pas capabe!
Donc, une fois habillé et purgé, je
me suis rendu au comptoir de mononcle Tim afin de prendre un bon
Bagel BELT. Désolé Fred, mais Tim Horton est à l'Ontario ce que
McDo est aux États-Unis : y'en a plus que partout! Il faudra
t'y faire un jour... Bagel en main, il me restait trente minutes.
Juste assez pour prendre les potins du jour sur Internet... Mais
toujours pas de nouvelles de Marteau! Bon, lui, il ne sort jamais de
son camion, alors ça ne me surprend pas. Ce qui me surprend par
contre, c'est « où est-ce qu'il met tout ça »! Mais
c'est un autre département...
À l'heure dite, je suis dans mon
camion. Comme plusieurs chauffeurs lève-tôt sont parti, je m'avance
et passe devant le camion de mon Marteau. Le rideau est tiré, ça
dort encore comme une bûche! Tant pis, moi, je suis prêt. De toute
façon, il roule plus vite que moi, alors c'est certain qu'il me
rattrapera plus loin.
Quinze minutes plus loin, le téléphone
sonne. Marteau!!! Il me raconte qu'il s'est réveillé à six heures,
mais qu'il s'est tourné d'bord pour quelques minutes... pour se
rendormir jusqu'à maintenant! Hé ben... Nous convenons de nous
rejoindre à la halte de Clarington, célèbre pour être la dernière
avant d'arriver à Toronto. Et comme j'ai dit à Marteau, pas
question d'entamer Toronto sans avoir visiter la toilette avant! Ça
pis la nécessité de ravitailler le café... Pas le choix! Après
ça, on se demandera pourquoi je dois courir les salles de bain, mais
bon, ça me prenait bien un défaut...
La traverser se fait rondement, car
nous sommes après l'heure de pointe matinale au moment de traverser
la ville. Comme j'avais prépare mon diner, nous nous arrêtons à la
halte d'Ingersoll. Il est embouffeter en peu de temps, et nous voici
de retour sur la route. À la halte de West Lorne, nous voyons le
derrière de la remorque d'un confrère inconnu. Mais elle est toute
propre, ce qui est presque louche!
Marteau reçoit un appel. Le confrère
en question, c'est Marc, le gars de Chambord. Un autre qui est
heureux comme un pape chez TJB (tiens, avec moi est Jean-Marc, ça
fait trois)! C'était donc lui la remorque propre, et il est quelques
minutes derrière nous. On pourra donc tous se rencontrer à Comber,
notre arrêt-faisons-le-plein-avant-de-traverser-aux-États.
Moins d'une heure plus tard, nous
entrons donc, Marteau et moi, à Comber. Premier arrêt : la
balance. Je me pèse, jase avec la tite-madame, puis vais me stationner.
Marteau fait la même chose après moi. Je me rends par la suite au
comptoir afin de recevoir le coupon de la pesée (et payer les frais,
ben évidemment). Résultat, je suis beaucoup trop pesant sur les
essieux moteurs, mais bien en dessous sur le poids total. Pour la
petite histoire : nous devons respecter le poids total
(tracteur, remorque plus chargement, chauffeur inclus), mais aussi le
poids par essieu ou groupe d'essieux. Et en plus d'être trop pesant
sur le devant de la remorque, j'ai les réservoir presque vide!
Comptons donc presque cinq cents kilos pour le carburant. Bon, ce
sera sûrement moins, mais gardons une marge de manœuvre. Pour la
petite histoire, il arrive que nous soyons chargé si près de la
limite que nous devons faire le plein au minimum, genre cinquante
gallons à la fois (il en faut presque cent par jour), et vivre avec
ça, sois faire le plein deux fois par jour. Heureusement, c'est une
situation très exceptionnelle.
Comme j'ai mille-cinq-cents livres en
trop, et qu'on ajoute une marge pour faire plein, j'en déduis que je
dois avancer mes essieux de remorque d'une dizaine de trous. Mais en
aurais-je dix à ma disposition? Normalement, on doit bouger de deux
à quatre trous afin de fignoler la position, mais c'est rarement
plus. Arrivé à l'arrière, je constate que je dispose de neuf
trous. Il faudra bien que ça marche! Ça confirme donc en même
temps que mes bobines sont chargées un peu trop en avant!
Pendant que je fais tout ça, Marc nous
a rejoint. Marteau lui, de son côté, doit déplacer ses essieux de
deux ou trois trous, puis sa sellette d'une coche (bon, ça, c'est
qu'il est insécure... c'était ben en masse dans les tolérances).
Je retourne ensuite à la balance. Même
procédure... jusqu'au stationnement. Retour au comptoir : cette
fois, mon tandem du camion et celui de la remorque ont le même poids
sur les épaules. En ajoutant le poids du carburant à venir, je
serai tout à fait « légal ». Je retourne donc, cette
fois-ci, à la pompe pour faire le plein. Six-cents-cinquante litres
pour Comber-Saint-Jean-de-Matha-Lachine-Napierville-Comber. Me semble
que ce n'est pas beaucoup... Ah oui, c'est moi le meilleur!!!:P
Au temps que ça a pris, nous pouvons
donc repartir tous les trois en direction des douanes de Détroit,
MI. Il y a quarante-huit kilomètres entre Comber et le pont
Ambassador, qui nous permet de rejoindre le côté américain. Comme
Marc s'en va à Chicago (il me racontait que Chicago est à lui ce
que Lebanon est à moi), nos routes divergerons dès la sortie du
péage (qui est tout juste en sortant de la guérite du douanier).
Nous en profitons donc pour potiner et nous raconter des souvenirs de
notre ancienne vie chez S.A.F., là où nous avons appris tout ce que
nous pouvons faire avec un camion, mais surtout tout ce qu'il ne faut
pas faire dans le merveilleux monde du transport! En fait, Marc est
passé chez S.A.F un peu avant moi, selon toute vraisemblance, mais
là-bas, nous ne nous étions jamais vu! Aussi, quelques mots pour la
belle Annick, chez qui nous avons tous deux habité, à un moment
différent. Faut croire qu'elle nous a marqué, la belle!
Arrivèrent les douanes. Nous avons
pris, moi et Marteau, la voie Express. Et Marc la voie régulière.
On ne sait pas vraiment, mais on s'en doute un peu, si on a le droit
de prendre la voie Express... mais à Détroit, si tu as un ACE
(système de transmission électronique des documents), un camion
Express et un chauffeur avec sa carte Express, alors tu peux prendre
la voie Express. La majorité du temps, malgré la file de camion qui
va jusqu'au fond de la cour, le tout sera fait en quinze minutes. Il
faut dire que LA voie Express donne sur cinq douaniers...
Nous traversons donc en peu de temps,
Marc aussi (il n'y avait personne ou presque). Nous nous saluons en
espérant déjà une prochaine fois. Nous convenons de nous rendre à
Napoleon, OH pour le souper. En chemin, nous constatons l'avancement
des travaux sur la route US-24. On y passe si peu souvent que le
changement est évident d'une fois à l'autre! Le soleil sort au
devant de nous. Nous croyons donc que la soirée sera agréable.
Nous sortons donc à Napoleon,
boulevard Industriel, et nous nous dirigeons vers le Pétro. Nous
avions justement fait état de la bonne pizza fait maison et du bon
poulet Broaster (me semble) qu'on y trouve. Car il s'agit d'un Pétro
2 : il n'y a pas de vrai restaurant. Pour ça, il faut traverser
du côté du TA qui, bien que rénové il y a peu de temps, fait
encore un peu dur. Mais le menu est à volonté (si c'est encore en
vigueur)... comme si les assiettes n'étaient suffisamment géantes
au départ!
Contrairement à ce qu'on avait vu plus
tôt, le temps s'est couvert, et nous constatons ben plus « qu'on
va en manger une calice ». Évidemment, l'orage commença au
moment où je devais sortir dehors afin de me rendre aux toilettes!
Et qu'est-ce qu'elle était glaciale, cette pluie! À mon retour,
nous repartons vers l'ouest. J'ambitionne de me rendre à Brazil, IN
car de là, il nous resterait une journée de route pour la
destination finale. Mais si c'est le cas, il sera tard. C'est beau
rêver, mais en même temps, il faut des buts trop haut dans la vie,
des fois qu'on les réaliserait quand même!
La ville de Napoleon marque, encore
pour l'instant, le début de la version autoroute de la US-24. Avant,
sauf la section qui relie la 475 à l'ouest de Toledo et l'entrée de
Waterville, elle est à deux voies. Après, elle a quatre voie, mais
n'est pas complètement une autoroute : certaines intersections
à l'ancienne existe encore. Puis, en Indiana, la nouvelle section
est toujours en construction, donc nous devons retourner sur
l'ancienne route à deux voies.
Ce bout de route m'a permis de
constater que mon radio-CB marche ben en masse. Marteau a un des bons
radios-CB dans notre compagnie. Il lui appartient, et il l'avait fait
« monter » à l'ancien relais d'Effingham, IL. Celui qui
est démoli là... Ben, je ne sais pas trop pourquoi, mais un moment
donné, j'entendais de moins en moins l'ami Marteau. Pourtant, je
suis un de ceux qui roulent le plus lentement de la compagnie (mais
en fait, depuis que je roule « à la pédale », ou sans
le régulateur de vitesse, ce n'est plus tout à fait vrai... sans
perdre de mon économie de carburant légendaire, he-hum)! J'étais
donc, avec mon camion barré, en train de semer Marteau! Ben
mausus...
Bien sur, lui conduit « le pied
dans bolt », alors aussitôt de retour sur l'autoroute de
contournement de Fort Wayne, IN, il est revenu derrière moi assez
rapidement. Nous avons continuer notre chemin en placotant de tout
et de rien. Puis vient l'heure du café. J'ai proposé un arrêt au
Pilot de Daleville. Mon récent arrêt au Pilot de Fortville ayant
été plutôt moche (on dirait qu'ils le laissent mourir!), je
préférais mieux choisir. Marché conclu!
Pendant que lui reste dans son camion
(c'est pas mêlant, il n'en descend jamais!), je vais donc aux
toilettes, puis au café. J'ajoute deux crémettes aux épices styles
tartes à la citrouille, pour faire changement. Tiens, faut croire
que l'Halloween s'en vient! Juste à l'odeur, ça a l'air bon.
De retour au camion, mon bon ami
commence à raconter qu'il n'est pas trop à l'aise de rouler lorsque
son « 14 heures » est écoulé, ce qui arrivera dans une
demi-heure. Dans ma tête, ça dit : rien ne t'empêche de
dormir ici, mais moi je considère que nous n'avons pas terminé
notre journée (si on veut aboutir au Texas un jour, généralement
jeudi, comme demandé, et assez tôt pour recharger et revenir dans
le même mois...). Je réponds que mon « 14 heures » à
moi est terminer depuis peu, et qu'il y a longtemps que j'ai entamé
la journée de d'main (oui oui, même moi, ça m'arrive!). Je me dis
aussi qu'il a eu moins de scrupule, le Marteau, lorsque c'était le
temps, ce matin, de rouler une heure trente pour me rejoindre et
d'inscrire ce bout-là dans la journée d'hier (c'est pour ça
d'ailleurs que son « 14 heures » et le mien ne
correspondait plus, malgré que nous ayons dormi à la même place et
parti nos journées à quinze minutes d'intervalle. Fa que...
Nous repartons donc de plus belle.
Trente minutes de route nous sépare d'Indianapolis, où nous
bifurquerons vers l'ouest. J'entends sur tous les tons « qu'on
va se faire prendre, c'est sur »... mais je me dis que « c'est
pas écrit sur mon pare-choc »... Ah, l'insécurité, des
fois...
Traverser Indianapolis n'est pas
toujours de tout repos. Nous arrivons du nord, par l'I-69. Nous
prenons la voie de contournement, l'I-465 vers l'est. Puis, nous
prenons l'I-70 vers l'ouest, pour traverser la ville en plein cœur.
En fait, c'est ben la seule ville où passer au centre va plus vite
que d'en faire le tour. Si il y a bouchon à avoir, ce sera sur la
voie de contournement, rarement sur l'I-70, qui la traverser d'est en
ouest. Mais au cœur de la ville, il faut faire un crochet via l'I-65
sud, sur un ou deux kilomètres, pour reprendre l'autre section de
l'I-70. En traversant la voie de contournement, nous longeons
l'aéroport avec, en premier plan, les avions de la messagerie FedEx.
J'imagine qu'en avion, en partance d'Indianapolis, on peut aller
partout en peu de temps, ce qui permet la fameuse garantie de
livraison avant dix heures le lendemain (je me demande si c'est
vraiment vrai, et combien de bras ça coute...).
Ce soir, ça se passe bien. Il faut
dire que nous sommes assez tard comparativement aux gens qui ont une
vie avec un « vrai travail ». Malgré tout, j'ai encore
réussi à semer mon Marteau! En même temps, lorsque débute la
section des travaux, je commence à frôler les cônes (en fait, ce
sont des barils) d'un peu trop prêt à mon goût... comme si la
fatigue de tout une journée venait de mon tomber dessus. Je me dis
donc « au diable les outils, moi je campe au premier arrêt,
qui se trouve à être la halte routière de Mooresville, IN. Même
le TA de Clayton me semble si loin, malgré les dix kilomètres qui
le sépare de la halte. J'espère que je pourrai avoir une place par
contre.
La rangée de stationnement naturel
était pleine, la rangée le long du trottoir aussi. Mais un bon zouf
a eu l'idée de se stationner « en double », soit que si
un camion part, il bloque l'entrée de cette place et elle sera ainsi
inutile pour le reste de cette nuit. Brûlé comme je le suis, je me
sens zouf moi aussi. Je me colle derrière les remorques et je
m'approche jusque derrière l'autre zouf. Voilà... Je n'ai qu'à
surveiller un peu, à savoir si l'un des correctement stationner,
particulièrement ceux avec les lumières allumées et le moteur qui
tourne, partira d'ici quelques minutes. Un camion me confirma que,
malgré la crochitude de ma remorque, il était encore possible de
circuler, pour ceux qui constatera que là, la place est vraiment
pleine!
Quelques minutes plus tard, je dormais
comme un ti-bébé...