25 mars 2008

On y va...

Ça sent le départ. Je suis attitré sur un chargement pour Mabelvale, AR. Je partirai donc demain de tôt matin en camion.

Le congé a été profitable. Reste le diner traditionnel chez Bébé... puis, nous serons sur la route!

Enwoye à maison, comme dit la chanson...

P.S.: ma mère a un nouvel ordinateur portable ainsi qu'Internet sans fil, ce qui me permit d'écrire ces quelques messages pendant notre séjour ici.

24 mars 2008

Coudonc...

Tiens, je pars une guerre (de mots, quand même!):

Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi tous les chauffeurs québécois capotent sur les J Volants? Aucuns services (manque de personnels pour simplement suffir à la tâche), insuffisance d'espaces de stationnement généralisé (qui sont d'ailleurs trop petits pour un camion avec une couchette longue et une remorque pleine grandeur), temps d'attente quasi-permanent pour une douche, restaurant pas mangeable, etc. Bref, une compagnie de cul avec un service de cul.

Pourtant, tel le baloney Federal* qui était introuvable, les cours sont toujours pleines!

Ah, il y a bien quelqu'un qui voudra me faire la remarque que le prix de carburant y est moins cher qu'ailleurs. Si vous regardez comme il faut, ce n'est pas vrai: au pire, il est égal à la concurrence (en fait, si on inclut le service, ça devient plus cher!), au mieux il sera 1 ou 2 cents moins cher. Et avec le détour requis dans certains cas, l'économie réalisée est largement dépassé par le mileage supplémentaire requis (à 4,00$ par gallon, un détour de 5 miles coutera 3,00$!).

P.S.: pour les jeunes: le baloney Federal était très populaire et tellement bon. Puis, il faut découvert qu'en réalité, il s'agissait de viandes avariées, de charognes, bref, de la marde!

P.P.S.: si j'étais un chauffeur-propriétaire plutôt qu'un simple chauffeur, je ne poserais même pas la question et je ne fréquenterais que les Pétros. Comme chauffeur, je choisis plutôt les Love's.

P.P.P.S.: je ne dis pas que quelqu'un puisse aller dans un J de temps à autre, quand ça adonne ou que c'est le meilleur choix sur telle ou telle route, mais ici dans bien des cas, c'est une religion. Quand je pense que certains chauffeurs m'ont déjà dit qu'ils ne savent même pas où sont les relais des autres bannières!

Bon congé!

Ce soir est mon dernier soir à Jonquière. Après un congé de quelques jours bien mérité. Nous sommes descendus ici en passant via La Tuque, pour être sur de ne pas rattrapper la tempête dans le Parc. Les sites Internet consultés au moment du départ disait que tout était beau jusqu'à Québec, mais que la tempête poursuivait sa route dans l'est du Québec. C'eut été mon genre de rattrapper la tempête.

Caro a fait fureur avec ses chocolats. Tous ceux qui en ont acheté les ont vraiment apréciés.

Demain, nous reprendrons la route. Ah, ce congé, encore une fois, aura été trop court pour se transformer en véritable repos. Surtout que le locataire ici semble être un coureur d'escalier. Je ne sais pas à quoi ça leur sert, mais ils passent leur temps à se picosser, à s'engueuler, à monter en haut et descendre en bas à la course... Pour ainsi dire incapable de dormir plus de deux heures à la fois...

Vous direz: "pourquoi ne pas coucher dans une autre pièce?" Ben quin, on a le choix entre la chambre du sous-sol (mon ancienne chambre!) ou une autre chambre au rez-de-chaussé (ma première chambre) où nous dormirions sur un vieux futon tout croche qui décâlisse le dos (mon dos est déjà à la limite de la fragilité)...

Fait qu'on choisit le meilleur lit, qui vient dans la moins bonne chambre... :(

J'ai hâte de voir où je vais me ramasser pour mon retour au travail!

14 mars 2008

Ouin, bonne production!!!

Voilà, mon ordinateur à la mémoire vide... Je devrai donc recommencer à écrire de temps en temps mes aventures. Surtout avec le commentaire de ma belle Sophie... http://sophie-aeterna.blogspot.com/2008/03/train-de-la-nuit-et-stef-geek.html

Non mais y'en arrive tu des affaires???

P.S.: ah, excusez la mise en page du précédent message, j'ai essayé de refaire les paragraphes, mais il y a quelque chose qui cloche encore. Maudit Micro Mou... j'imagine que c'est la faute à Word! :)

La dernière semaine (avant les vacances 2007)

15 août 2007

Une fois mon chargement livré, je croyais bien que je n'aurais que quelques kilomètres à rouler, pour ensuite rapidement effectuer le chargement, et aussitôt récupérer le sommeil omis de la nuit précédente... Ben oui! C'est donc à ce voyage précis que Lori m'annonce que je chargerai des rouleaux de papier à Georgetown, SC. En lisant SC, je vois déjà la distance... très loin. Très très loin même! La surprise suivante vient de la destination: Mississauga, ON. Là, je me retiens pour ne pas mordre! Je me dis que c'est mon épreuve de l'année, que ce n'est pas ma semaine, et que "Ça a ben l'air que tout ce qui peut m'arriver va m'arriver cette semaine!!!".


Une seconde plus tard, je suis tout aussi heureux que la semaine précédente! Je consulte mon ordinateur pour savoir "C'est où ça Georgetown, pis à combien de milles?" pour avoir une meilleure idée de mon après-midi. Georgetown est situé sur la côte de l'Atlantique, entre Charleston et Myrtle Beach. Ça va être beau et touristique! En fait, c'est le type de route que je préfère. La distance à parcourir est de 266 miles (428 kilomètres)! Ouf! Dans ce genre de route, ça donne près de six heures de conduite. Et moi qui voulait faire un beau dodo... En plus, certaines usines de papier n'ont pas une réputation de rapidité de chargement. Bon, serais-je en train de paniquer, comme certains chauffeurs que je connais? Ceux qui paniquent sur leur voyage de retour avant même d'avoir fait leur voyage de départ? Je sais que j'en mets plus que le nécessaire, parce que j'aurais rêvé d'une semaine idéale et sans anicroche (pout en haut, pout en bas!) avant d'aller en vacances. Par contre, je suis conscient que je travaille dans "le merveilleux monde du transport".


Le chargement a été assez rapide, une fois que j'ai eu compris le principe de fonctionnement de cette usine. Chacune a sa façon de procéder, et la première fois, on a toujours un peu l'air fou. C'est la même chose pour les ports, les grosses alumineries, les aciéries et toutes les usines immenses que j'ai visité (dont les usines de "chimiques" dans le centre-sud des États-Unis). Chacune d'elles est un village, parfois même avec ses propres noms de rue. Et l'on se doit de suivre la procédure, au risque de perdre son temps et d'avoir l'air fou un peu (ce qui n'est pas si grave...).


J'ai consulté encore mon ordinateur pour savoir quelles routes emprunter. Le chemin était si surprenant, si loin des autoroutes, que j'ai trafiqué l'itinéraire pour le faire passé par un meilleur endroit. Je passerais maintenant via Florence, SC, puis vers Charlotte, NC pour y retrouver l'autoroute I-77, en direction de la Virginie. Ensuite, je gravirais la Virginie Occidentale et la Pennsylvanie par la I-79, pour finir par la I-90 jusqu'à Buffalo, NY. Je traverserais la frontière par le Pont de la Paix et joindrais Mississauga par la Voie de la Vieille Chipie (nom que je donne à Élizabeth!). Le tout devrait me prendre plus d'une journée et demie. Et me faire voir d'immense montagne. Et me rappeler de nombreux souvenir de mon ancienne vie... parfois à oublier!


Je pars donc et le soir même, je me rends jusqu'à Lake City, SC. Je trouve un stationnement de centre commercial pour me stationner pour la nuit. Évidemment, lorsque nous roulons loin des autoroutes, nous sommes loin des services. Il faut donc improviser. Je m'installe loin loin au fond, dans un coin bien éclairé, paisible, tout près de maisons en rangées. Comme il fait frais, j'ouvre les écoutilles et je m'endors paisiblement. Demain sera un autre jour.


*****


Le lendemain, je me rends à Florence. La route sur laquelle je roule croise la I-95, et il y a donc un "truck-stop". J'y arrête pour peser mon camion, faxer mes papiers pour la douane au bureau ainsi qu'attraper un biscuit-déjeuner. Mon poids est parfait. Les papiers se rendent à Lori sans embûche. Le déjeuner est bon. Je repars gravir la montagne. Sur la côte est des États-Unis, lorsque nous roulons nord-sud, tout va bien, mais lorsque nous roulons est-ouest, comme cette fois-ci, nous devons traverser les montagnes. Ouf! Ça monte longtemps. Il va sans dire que le téléphone a de la difficulté à trouver quelques signaux que ce soit. Joe réussi quand même à me rejoindre. Il veut savoir quand je repars!

- C'est moche mon Joe, mais je ne repars pas, c'est les vacances!!! :P :P :P

- Ben non, qu'il me dit, c'est la semaine prochaine.

- Wo wo wo que je lui dit, vérifie comme il faut, parce que c'est bien cette semaine et aussi la semaine prochaine.

- Me me me bon ok, bye là...

Non, mais tant qu'à en ajouter cette semaine là...


À Charlotte, NC, je m'arrête pour faire le plein. L'endroit est tout petit, le prix est élevé (ben, disons qu'on a vu mieux!), mais j'aime bien c'est endroit. De toute façon, je suis à "ça" d'en manquer (de carburant), alors il faut ce qu'il faut. Je repars vers le nord, vers le haut aussi. La I-77 est une autoroute qui monte. Elle monte lentement en Caroline du Nord, et elle monte "comme une face de singe" aussitôt entré en Virginie. Au moment où, en temps normal, je prendrais la I-81 pour me diriger vers les Milles Iles, je poursuis ma route sur la I-77 nord. Pendant une dizaine de kilomètres, je roule en direction nord et sud en même temps. En effet, je poursuis sur la I-77 nord, mais elle joint la I-81 sud! Peu après, les deux autoroutes se détachent. Me voici vraiment en direction du nord. Me voici aussi en terre inconnue! Je me sens comme un enfant au magasin de bonbon.


Une des raisons pour laquelle je pratique ce métier est pour parcourir différent chemin. Et de la façon dont fonctionne le transport au Québec, nous partons et revenons du même endroit (dans mon cas, du grand Montréal) à chaque semaine. Inévitablement, on en vient à toujours repasser sur les même routes... au moins en parti. N'allez pas croire par contre que "c'est toujours pareil". La même route, prise à une heure différente, à une saison différente, dans une circulation différente, etc. finit par ne jamais être pareil. J'aurais par contre beaucoup de difficultés à conduire pour ce qui s'appelle une route désignée, où à chaque voyage ce sont les même clients à chaque bout, à toutes les semaines. Heureusement, notre compagnie nous fait varier les voyages entre tous les chauffeurs. Mais je m'éloigne...


Alors que je m'avance sur la balance sur la portion nord de la I-77, toujours ouverte car je suis encore en Virginie, le téléphone retentit. Lori:

- As-tu eu mon message?

- Non...

- Shit, je vais devoir te le dire en personne.

Bon, qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qui pourrait encore arriver de plus? Pendant que je suis sur la pesée, que mon tour vient, et que j'ai ma lumière verte (disant que je peux poursuivre ma route), elle poursuit:

- Ton voyage est livrable seulement vendredi à 17 heures. J'ai tout essayé pour le faire mettre à jeudi, mais ils (le client) ne veulent rien entendre.

Puis, pendant qu'elle me raconte tout ça, elle reçoit un courriel, qu'elle lit en marmonnant...

- Ah, c'est correct pour jeudi à 17 heures finalement.

Ouf, nous sommes tous les deux soulagés. En effet, trouver un chargement de retour un vendredi soir n'aurait pas été une mince tâche. Et revenir vide n'est jamais une option. En tous cas pas pour une distance de 6 heures de routes...


*****


L'état de la Virginie Occidentale est très beau. Beaucoup de grosses montagnes, beaucoup de forêts, des rivières, etc... Très beau, mais en camion, c'est long. Par contre, que de souvenirs j'ai dans cet état. Que de mauvais souvenirs si j'y pense bien. Pas de la route... plutôt du type de transport que je faisais dans mon ancienne vie. Que de nombreuses fois ai-je traversé illégalement la Virginie Occidentale, le Maryland et la Pennsylvanie au complet pour accomplir ma besogne. J'étais naïf en ce temps-là, et comme tous les nouveaux, prêt à tout faire pour mon travail. Puis, à force d'information glanée à gauche et à droite, je me suis fait une personnalité de camionneur (dans le sens de: savoir quel type de transport et quelles destinations je veux faire). Savoir ce que l'on veut est primordial dans son métier. Dans la vie aussi. Plusieurs camionneurs ne le savent pas, et ils vont de compagnies en compagnies, à la recherche de ce qui n'existe pas.


*****


C'est beau mais c'est long les montagnes. Très long. Et les services sont rares. En tous cas pour les camions. J'ai vu une halte routière et une paire de relais de camionneur dans la Virginie Occidentale. C'est trop peu. Par contre, ça doit aller avec la demande. Peu d'habitant, peu de besoin, peu de camions, donc peu de services. Et seulement quelques intrus qui passent par là.


16h30, le téléphone sonne. Lori m'annonce que j'aurai un chargement à ramasser à Mississauga même. Je devrai laisser ma remorque avant 20h00 pour la faire charger. Et peu après minuit, je ramasserai une autre remorque (du client celle-là) à descendre à Dorval, chez le même client. Pendant ce temps, un autre camion (du client) aura amené la remorque que j'aurai laissé à Mississauga. Ouf. Je ne suis pas sur de bien saisir, mais bon, on verra au fur et à mesure. Je vais commencer par ma livraison. Au moins, c'est rassurant de voir que je ne passerai pas la fin de semaine à Toronto (en fait, je n'avais aucun doute)!


La route se poursuit, tant bien que mal. J'ai hâte de voir la distance parcourue de la journée. Avec ces montagnes, il se peut bien que je n'en aie pas beaucoup. Grâce à mon répertoire, je me trouve un endroit pour souper. En fait, j'emprunte le stationnement car il me reste un dernier "lunch" à manger...


Le soir venu, je revois des relais que j'ai fréquentés dans mon ancienne vie. Puis viens le temps de me trouver un endroit pour passer la nuit. Je trouve un tout petit relais bien caché, situé sur un cap rocheux (quoi d'autre?) à 2 ou 3 kilomètres de la sortie. Tellement que je me demandais si il existait encore! La nuit en fut une très paisible. L'air frais des montagnes me permit de dormir les vitres ouvertes. Et plusieurs de mes voisins eurent la même idée, ce qui rendit l'endroit très calme. Très reposant. Presqu'un voyage de vacancier... c'est le cas de le dire!


*****


Le lendemain, la journée s'annonçait bien. Il faisait un temps radieux, j'allais atteindre mon client, livrer, recharger, rouler un bout, faire un dodo, rouler encore jusqu'à Dorval, et pout! en vacances. Ça commençait à sentir bon les vacances. Après quelques heures de route vint le temps de déjeuner. J'étais maintenant en Pennsylvanie. Je passe Pittsburg, PA et je me dit que plus ça va, moins il va rester de choix de restaurant. Dans mon répertoire, j'en trouve un. J'espère qu'il existe toujours car j'ai faim. Je prends la sortie indiquée. Je dois faire quelques kilomètres pour joindre la vieille route, que je prends vers le nord. Je traverse un village, et je roule. Le guide disait entre les deux sorties. C'est un peu flou. Et je roule. Après un moment, je me dis que c'est louche... puis, au détour d'un buton, je vois enfin l'enseigne de la compagnie pétrolière recherchée. L'endroit est aménagé pour quelques camions. À l'arrière, il y a deux ou trois pompes à carburant pour camion. Ça annonce bien. Les endroits de ce genre sont mes préférés.


J'y ai mangé un excellent déjeuner maison. Il y avait longtemps que je n'avais pas si bien mangé en camion. En repartant, je dois continuer en direction nord et prendre la prochaine route digne de ce nom qui me ramènera à l'autoroute. Comme c'est drôlement affiché, et qu'en plus j'aurais dû tourner sur la gauche, je manque la sortie. Je dois donc continuer jusqu'à la prochaine. Cette fois, il s'agit d'une intersection normale, avec un arrêt obligatoire sur mon côté. Pas le choix donc. Je regagne l'autoroute.


Je poursuis donc ma route vers le nord pour rejoindre le lac Érié. Je poursuis ensuite vers l'est jusqu'à Buffalo, où je bifurque vers le pont de la Paix. À cet endroit, l'accès au pont du côté américain ainsi que l'accès aux postes douaniers du côté canadien sont bizarrement fait. Et comme je ne passe pas souvent (pour ne pas dire jamais) par là, je dois observer, évaluer, agir et réagir au fur et à mesure. J'arrive finalement à un poste douanier, où mon chargement est dédouané en quelques minutes. Je repars.


Je prends la voie de la reine Élizabeth (la vieille chipie), en direction de Toronto. Je prends ensuite la 403 vers le nord, pour aller rejoindre la 401 que je prendrai vers l'ouest. Je suis content de voir que le bouchon est dans le sens inverse de celui où je circule. Évidemment, tout le monde sort de la ville et moi j'y entre. Approchant la 401, je constate que vers l'ouest, ça n'avance pas beaucoup. Heureusement, je n'ai qu'à rouler jusqu'à la prochaine sortie. Une fois venu le temps de prendre la sortie vers l'ouest, je me rends bien compte... qu'il n'y en a pas! Je dois donc décider, en vitesse, si je continue sur la 410 vers le nord ou si je prends la 401 est, pour ensuite, dans les deux cas, prendre la première sortie pour faire demi-tour. Je prends la direction que je connais (la 401). Je me dis que je pourrai prendre Mississauga Road qui est juste à côté. Ben oui! Pour prendre cette sortie, j'aurais dû prendre la voie de service bien avant... et moi j'arrive directement sur la voie principale!


Vaut mieux en rire! Je roule donc encore un bout, en regardant le bouchon de l'autre côté de l'autoroute. J'arrive finalement à la sortie, je passe par dessus la 401, et me voilà reparti vers l'ouest... à pas de tortue bien sur. Le temps passe. Peu après, j'arrive enfin chez mon client. Attendu pour 17 heures, je suis 15 minutes trop tard, ce qui ne devrait pas causer d'émoi. J'entre à l'intérieur et le contremaitre me demande si j'ai un rendez-vous. Bien sur, pour 17 heures! Il m'indique un quai. Le conducteur du chariot-élévateur est à sa pause-souper et il viendra me décharger dans peu de temps. À peine quinze minutes plus tard, le voici qui arrive en beau mausus:

- Je ne peux pas te décharger, tu n'as pas de rendez-vous.

Il me montre sa liste. Un rendez-vous pour 17 heures, et un autre pour 20 heures. Effectivement, ce n'est pas mon numéro de remorque. Je téléphone donc à Lori pour lui faire part de la situation.

- Câlice, qu'elle me répond!

Pour que mon anglaise préférée sacre, ça doit aller mal pour vrai!


À partir de ce moment s'en suit un va-et-vient entre Lori, moi, celui qui a contracté le voyage, et le client. Le client veut que quelqu'un lui téléphone. Personne ne travaille à la réception le soir! Il finit par me donner un numéro directement à son bureau. Sans chercher un coupable, disons que nous finissons par découvrir que le numéro de voyage est différent du numéro de remorque. Ah, peut-être que si la compagnie qui nous a donné le voyage l'effectue elle-même, ces deux numéros sont identiques, mais pas dans mon cas! Le client finit par me ré-indiquer le même quai, afin qu'ils puissent me délester de mon chargement. Ouf! Une heure mouvementée...


Une fois vide, j'ai environ 15 minutes de déplacement à faire pour me rendre à mon client suivant. Un immense service de messagerie. Je passe la barrière et je me rends au deuxième bâtiment, au fond en arrière. Je trouve un endroit pour stationner, ce qui est loin d'être évident! Je trouve ensuite la bonne porte (car plusieurs compagnies niche dans ce bâtiment!). Je trouve ensuite le "carreau" pour demander à quel endroit je laisse ma remorque. À mon grand étonnement, la dame qui me répond (sur 5 personnes dans ce bureau) est au courant de mon "amanchure". En effet, il n'est pas rare que lorsqu'il s'agit de plus compliqué qu'un numéro de commande ou de facture, la personne qui est au courant est la seule au courant, justement! Heureusement, pas cette fois. Elle appelle le contremaitre de l'entrepôt pour savoir où je dois laisser ma remorque. Il était si près qu'il ouvre la porte et entre dans le bureau. Il me désigne une porte et me demande mon numéro de téléphone. Il me contactera peu après minuit pour m'aviser que ma remorque de retour sera chargée.


Je vais donc au Husky tout près pour y faire une mini-sieste. Deux heures plus tard, le téléphone sonne. Attention les enfants, n'essayez pas ceci à la maison: pilote un peu fou professionnel, n'essayez pas d'imiter! Je retourne donc à l'entrepôt. La même dame me remet une enveloppe contenant toutes les factures. Ainsi qu'une feuille de route. Je constate que je suis attendu à Dorval pour 7 heures du matin. Heureusement, Lori de son côté m'avait dit pour "avant midi"... Et pour moi, c'est la parole de Lori qui prime. En calculant, j'ai 5h30 de route devant moi, il est déjà 1h30, alors je suis en retard avant même de quitter le client! Ça me rassure. Je vais donc accrocher ma remorque prêtée: un beau cancer en état de rouler (mais pas trop longtemps!). Il n'allait tout de même pas prêter leurs choux gras à un étranger... À go, on y va. Je décide de faire un bout, pis je me recoucherai si j'ai besoin.

J'arrive à Dorval à 7 heures 30 minutes. Il a bien fallu que j'arrête pour la toilette une ou deux fois! En me disant tout au long: "encore une couple d'heure et on verra", sans pression, je me suis rendu. Je me rends donc chez le client pour y décrocher cette remorque et y récupérer celle que j'ai laissé la veille à l'autre bout. Encore seulement dans la cours, le contremaitre d'entrepôt vient me retrouver, signe mon connaissement, me dit que les portes sont ouvertes, et m'indique deux quais où je peux reculer. Wow, ça c'est du service! Je m'exécute. En allant vérifier que mon alignement sur le quai est adéquat, les hommes à l'intérieur me disent que ma remorque est de l'autre côté de la bâtisse, déjà vide! Wow, je capote! Je vais la chercher aussitôt et je ressort de là.

Je téléphone à Lori pour lui dire: Mission accompli! Elle est bien contente. Ensuite, je téléphone à Joe pour la suite des choses. En toute liberté, j'accepte d'aller chercher une remorque déjà chargée à Farnham. Comme si je n'en avais pas déjà assez fait!!! Je ramène le tout à mon terminal.

Je peux enfin l'annoncer: je suis en vacances!!!

Anniversaire important (bon, un peu tard...)

11 février 2008

Aujourd’hui est un jour spécial pour moi. Il y a 11 ans, je commençais ma première journée de ma vie de camionneur. Après avoir fait un DEP en camionnage au Centre de Formation en Transport de Charlesbourg (CFTC), donné au futur campus d’Alma (ce qui, finalement, ne s’est semble t’il jamais matérialisé), à l’automne 1996, je m’étais donné le temps des fêtes pour me remettre de mes émotions avant de me mettre à la recherche d’un travail.

Le Saguenay et le Lac Saint-Jean étant constitué de courtier (avec un ou parfois deux camions), de terminaux de compagnies « étrangères », ainsi que les Jules Savard et Jean-Marie Bernier de ce monde, trouver un travail était un… travail colossal! Les courtiers ne veulent pas d’un chauffeur directement sorti d’une école, aussi excellente soit-elle. Les « terminaux » se relancent la balle avec la maison mère, ou encore passent par des agences (le terminal dira que c’est le bureau-chef qui engage, et le bureau-chef dira que chaque terminal engage de son côté). Chez Jules Savard, on m’a répondu qu’on n’engageait pas de nouveau chauffeur en hiver, car « le parc en B-Train… » Le plus drôle, c’est que notre formation pratique s’est déroulée dans le Parc, justement, à la grosse neige (d’octobre à décembre). J’ai dû me mordre les babines afin de ne pas répliquer, ne sachant pas si un jour j’aurai à y travailler…

Je me suis donc retrouver dans une compagnie du genre « qui engage n’importe qui ». C’est pour ça qu’ils m’ont donné ma chance : à cette époque, j’étais un « n’importe qui »! J’ai donc pu travailler à cet endroit pendant quand même presque 4 ans. Aujourd’hui, je considère ce passage comme un long stage rémunéré. J’y ai fait, ou vu faire, à peu près tout ce qu’il ne faut pas faire avec un camion. Pensez à la pire chose que vous ne feriez jamais, et je suis presque certain que j’aurais une anecdote à ce sujet à vous raconter! Par contre, le but de mon blogue n’étant aucunement de « bitcher » qui que ce soit, je ne raconterai mes anecdotes qu’en personne seulement.

Après 4 ans à cet endroit, j’ai par hasard rencontré une vieille connaissance, Moitié moitié, dans un restaurant de Sainte-Catherine. Il m’avait déjà parlé « comme ci comme ça » de la nouvelle compagnie pour qui il travaillait, Transport Claude Lemieux. Ce dernier était sous-contractant pour Transport Sylvester & Forget. Moitié moitié m’a longuement raconté comme le travail se passait dans ces deux compagnies. Ça semblait être ce que je recherchais : boite fermée, moyenne distance (genre un voyage par semaine), respect total du chauffeur pour les horaires, pas de hautes attentes sur le rendement (du genre « tu me fais un minimum de 3000 miles par semaine ») et où « rouler légal » est accepté…

Quelques jours plus tard, les démarches étaient entreprises pour mon changement de travail. À mon ancien bureau, tous furent très surpris de me voir partir, sans aucune chicane, sans un mot plus haut que l’autre. C’était en effet le genre de compagnie où, trop souvent, les chauffeurs s’en vont en offrant leur poing sur la yeule à quelqu’un du bureau. Ou encore reviennent vide sans ramasser ou attendre leur voyage de retour qui ne vient jamais…

De mon côté, certains chauffeurs m’avaient conseillé de rencontrer le responsable (que nous appelions entre nous le « fils du boss ») de la compagnie afin de lui faire part de mes « problèmes » dans le cadre de mon travail. Dans leurs cas, le problème s’était réglé après une simple conversation avec la direction. C’est évidemment de cette façon qu’il est normal de procéder mais, dans le monde du transport, habituellement, le chauffeur « endure son mal » jusqu’à ne plus en pouvoir puis, il démissionne pour aller refaire la même chose dans une autre compagnie.

J’ai donc fait le travail de réfléchir sur les quelques points à améliorer dans ma situation. Juste pour le genre de travail effectué, des voyages courts (2 ou 3 voyages pour une semaine) en plate-forme dans la bouette jusqu’aux genoux, j’avais déjà beaucoup trop de point non-améliorable. En effet, la compagnie peut s’ajuster, mais elle ne peut pas changer du tout au tout. Remarquez ici que je ne dis pas un mot sur tous les « aux limites de la légalité » impliqués dans le cadre de mon travail là-bas. Autant suis-je un « légal à tous prix », autant je comprends qu’il faut parfois étirer l’élastique un peu… et du moment que ça paye au bout (ce qui n’était plus le cas vers la fin de mon règne).

Un changement était donc inévitable. Je ne voulais par contre pas faire comme bien d’autres chauffeurs et aller d’une compagnie à l’autre à la recherche de quelque chose qui n’existe pas. Je me devais donc de trouver, au meilleur du possible, LA compagnie qui ME satisferait. Ici se trouve le cœur du problème de nombreux chauffeurs. Avant de trouver SA compagnie, il faut tout d’abord se connaitre soi-même, savoir ce que l’on recherche, savoir ce que nous sommes prêt à accepter et ce que nous n’accepterons pas sous aucune considération. Il faut aussi être conscient que ces critères changent d’un chauffeur à l’autre et que, même si mon grand ami me dit : « viens travailler dans ma compagnie, c’est vraiment la meilleure », ben la meilleur pour un autre n’est pas nécessairement la meilleure pour moi, parce qu’on ne désire pas exactement la même chose.

Après avoir bien réfléchi à mon propre cas, j’en suis venu à la conclusion que je devais changer de travail pour me retrouver chez Transport Claude Lemieux. En novembre 2001, je commençais donc ma nouvelle vie dans le monde du transport.

Mon passage dans cette compagnie aura duré un an. Dans cette compagnie, je me suis retrouvé au volant d’un magnifique Volvo VN « 3 pieds, flat top », le genre de couchette où tu dois t’habiller couché… Avais-je quitté un Mack semblable pour ça? Heureusement, lorsqu’il a vu le type de voyage que je faisais, mon patron me changea de camion pour un avec « ze couchette » : deux lits (comme si j’en avais besoin!), haut d’même, debout entre les deux sièges, des armoires de bord en bord, la grosse affaire. Le seul hic, c’était un pré-VN, le modèle plutôt carré du temps où ils s’appelaient GMC, White Volvo, ou encore Volvo tout court… Quand je faisais mon court, Volvo venait tout juste de se rendre compte que s’ils les fabriquaient eux-mêmes, ce sont eux qui feraient l’argent… Mon ancien patron ne jure que par Volvo, alors nous conduisions des Volvo… qui étaient bon comme seul un Volvo peut l’être! Que dire de plus?

Souffrant disons d’un écoeurantite aigue, causant un certain relâchement sur la gestion et l’entretien, un an plus tard, mon patron abandonna graduellement les affaires. Mon actuel patron, qui était notre voisin de garage, s’entendit avec lui afin d’acheter les camions encore potable (on ne peut pas vraiment dire bon!) ainsi que pour engager la majorité des chauffeurs.

En janvier 2002, à mon retour de vacances, je me suis fait annoncer que j’avais, sans le savoir, changé de compagnie. J’étais maintenant un TJB. Mon camion aussi… Bien que j’ai toujours trouvé que la façon dont je l’ai appris n’a pas vraiment d’allure, évidemment, je suis conscient que d’annoncer à ses employés qu’on ferme les portes de la compagnie qu’on a mis pratiquement une vie à bâtir ne doit vraiment pas être facile.

J’ai donc commencé cette année-là avec un nouveau nom sur mon chèque de paye, mais en faisant exactement le même travail : les deux compagnies étaient sous-contractant pour la même compagnie. J’ai gagné une augmentation de salaire au change, ce qui ne gâche rien.

Peu de temps après, dans un but de refaire mon camion de fond en comble, on me prêta un Wess. La gaffe! La piqure fit son effet. Je devais l’avoir pour deux semaines, le temps que mon vieux Volvo ne soit remis sur pied de fond en comble. Je constatais déjà une différence de gestion assez majeur : des vieux camions, oui, mais seulement dans un état impeccable. De cette façon, les bris sur la route sont réduits au minimum. Avantage pour le chauffeur comme pour la compagnie. Moins de perte de temps pour un, moins de dépenses imprévues pour l’autre.

Par contre, après deux semaines dans un Western Star à moteur Détroit Diesel, après quand même cinq ans dans le transport, je faisais enfin connaissance avec un « vra truck » pour la première fois. Bon, j’avais bien fait quelques sorties courtes avec les International – Détroit de mon ancienne compagnie, mais pas suffisamment longtemps et, à l’époque, pas suffisamment d’expérience pour voir et sentir la différence.

Deuxième point pour lequel je me suis retrouvé un « vendu Wess », l’abondance d’espace. Du vrai espace de rangement utile et pratique. Tu mets ton sac de vêtement là, ta boite de nourriture et cossin là, etc. Toute la couchette est faite en carré, en cube, pas juste en trou à bobette en forme de mini-pyramide (où tu ne peux mettre qu’une paire de bobette, justement!) que j’avais connu dans mon vieux Volvo (est-ce encore comme ça sur les nouveaux modèles?).

Plusieurs des chauffeurs de Volvo m’ont dit : « tu vas te sentir pris d’un pain dans un Wess, tu ne croiras pas à ça ». Pff! Au contraire, j’avais l’impression de me perdre dans ma couchette de Wess! Une fois mes bagages réparti, il restait abondamment d’espace pour d’autre chose farfelu… Ah, et je vous entends dire : « oui mais, il y a le trou pour la niche où tu te pètes la tête une fois sur deux ». Bon… oui, je me suis bien péter la tête quelques fois, la plupart du temps en allant trop vite d’en avant à en arrière ou vice versa. En passant, dans mon dernier Mack Vision comme dans mon actuel Wess, le trou a tellement été agrandi que c’est tout comme s’il n’y en avait pas. À peine une bordure sur les murs et les côtés. Et tous les nouveaux Wess viennent maintenant avec la couchette Stratosphère qui amène le toit surélevé : on peut donc se lever debout entre les sièges nous aussi.

Donc, à la fin de mes deux semaines en Wess, je me suis dis que je pourrais bien rester dans ce camion. Je demandai donc à Seven Up, alors notre homme à tout faire de la sécurité. Il me référa bien sur au patron. Celui-ci me dit que ce camion était promis, mais qu’il m’en donnerait un aussitôt qu’il y en aura un de disponible. Pour lui, les anciens chauffeurs de l’autre compagnie étaient tous des « gars de Volvo » alors, de lui-même, il ne nous aurait jamais changés de marque de camion. Par contre, il était bien prêt à m’accommoder.

Dans la même fin de semaine, il m’accosta sur la rue.

- Veux-tu encore un Wess? Me demanda-t-il.

- Bien sur, répondis-je.

- J’ai un autre chauffeur qui voudrait bien un Volvo, alors j’ai pensé que je pourrais lui laisser le tiens et te donner le Wess.

C’était donc ça. Ce n’était pas vraiment mon Wess qui posait problème, mais plutôt ce qu’il ferait de mon vieux Volvo. Une fois le Volvo donné à quelqu’un d’autre, je pouvais bien prendre le camion que je voudrais. Je pus donc repartir avec ce qui était devenu MON Wess.

Pendant un an et demi, ce vieux Wess fut le mien. Nous avons eu ensemble une relation presque sans faille. Seul le turbo explosa, quelque part en Géorgie. À un million et demi de kilomètres, j’imagine que c’est normal…

Peu après, on m’enleva ce camion, un peu à ma grande surprise. En effet, je n’ai jamais eu conscience qu’il coutait trop cher à garder sur la route. Mon patron a en effet un montant X voué à l’entretien de chaque camion et lorsque l’entretien et les réparations dépassent ce montant, il se débarrasse dudit camion.

C’est alors que je me retrouvai dans ce camion-ci, qui partage encore mes aventures actuelles, le 892. Outre le moteur Mercedes, la transmission à 10 vitesses (les camions suivants ont tous été livrés avec des 13 vitesses), le « frame » et la suspension de Freightliner (depuis 2004, les Western Star sont montés sur la même base que les Coronado, la suspension de base étant la Airliner de Freightliner), c’est un bon camion! Ouf direz-vous, il reste quoi? Bonne question!

Autopsie d'une semaine de fou! Partie 3

J’ai ensuite regagné mon camion. Je suis sorti de la cour et je me suis rendu à l’autoroute. Ouf! La banlieue de Québec commence à ressembler à celle de Montréal : tous arrivent par le pont! Par chance, dans mon cas, je pouvais garder la voie de droite pour ressortir aussitôt à la première sortie de Saint-Romuald, alors que tout le monde serrait la gauche pour prendre le pont Pierre-Laporte.

J’ai facilement trouvé mon client, en fait sur la route 132. Je suis entré dans la cour avant la majorité des employés, ce qui facilite toujours la tâche au camionneur. Comme il y avait deux quais, je suis entré à l’intérieur pour savoir s’ils en avaient un de préféré. C’était un immense entrepôt.

- J’arrive avec un chargement de souffleuse, à quel quai je me recule? Demandai-je à la première personne croisée.

- Je ne voudrais pas te répondre n’importe quoi, va voir les gars à la machine à café, me répondit-on.

Le gars me dit qu’un ou l’autre, ce n’était pas grave. Je suis sorti pour positionner ma remorque, puis je suis revenu, avec mon café et mon muffin, pour regarder les souffleuses passées. En peu de temps, 102 souffleuses m’étaient passé sous le nez.

De retour à l’extérieur, j’avance mon camion et je vais refermer les portes de la remorque. Je dois maintenant communiqué avec mon répartiteur afin de savoir ce que je fais pour la suite des choses.

J’ai appris à ce moment que Joe Le Dispatch était de retour parmi nous. Ce qui signifie aussi que Jocelyn, le patron, reprendra ses fonctions de patron… ;)

On m’assigna un chargement à Dolbeau-Mistassini, QC. Ceux-ci sont pré-chargés et accessible jour et nuit. Je venais donc de « tomber relax », comme je me plais à dire. En regardant l’heure, je me suis dit que je serai juste au bon moment pour diner chez Francinette, à l’entrée du Parc des Laurentides. Environ une heure plus tard, j’y étais attablé.

Ce sympathique relais de camionneurs est situé au milieu de « nowhere », en plein bois. On y mange très bien et on y est toujours très bien reçu. Il ne faut pas manquer d’y lire l’histoire du restaurant (imprimé sur le menu). À la fin du menu, également, il y a aussi une liste de bon client. J’ai beau ne connaitre personne qui roule dans ce coin assez régulièrement, je me perds dans la liste à chaque visite…

Un succulent filet de poisson plus tard, j’entreprenais la traversée du Parc. La célèbre route qui fait peur au monde, pour aucune raison d’ailleurs, a même sa propre légende : Le fantôme du Parc. Je ne l’ai pas rencontrée (j’aime à croire que c’est un fantôme féminin!) cette fois-ci…

Pendant la première partie de la traversée, je me disais que si la température s’aggraverait, je poursuivrais ma route vers le Saguenay. La portion 175 est une plus belle route et, surtout, est mieux entretenu. Arrivé à la fourche (là où la 169 rejoint la 175), comme j’attendais toujours mon premier flocon, j’ai fourché.

Au Mont Apica, dans la grande côte où il y a une halte, j’ai failli y rester (comme dans : pas capable de monter). Étant vide, il ne s’en est fallu de peu que je perde le peu de traction que j’avais. Heureusement, j’ai trouvé la bonne façon de descendre mes vitesses afin de conserver un équilibre entre les moments de traction et ceux de léger dérapage.

Dans le Parc, il est toujours plus prudent, que dis-je, il est essentiel d’avoir sa radio-CB allumée et sur le canal 10. En effet, le Ministère des Transports, ses camions de déneigement comme ses camionnettes de service routier en sont équipés. Ils peuvent ainsi s’annoncer. Une camionnette m’avisa donc qu’il y avait un B-Train d’immobiliser dans la dernière côte avant d’arriver à Hébertville.

Le train, rempli de deux par quatre, était immobile, dans la voie du centre, incapable d’avancer. Il avait pourtant les trois quarts de la côte de fait. Mais son poids l’empêcha de la terminer. La sableuse s’arrêta donc à ses côtés pour y déverser du sable à profusion. Elle alla ensuite se tourner un peu plus loin afin de revenir en déverser juste en avant du camion. C’est là que je pus reprendre ma route.

Après un arrêt nettoyage de vitres et miroirs au relais d’Hébertville, j’ai continué jusqu’à Dolbeau. L’échange de remorque se fit en une trentaine de minutes. Je suis ensuite revenu sur mes pas jusqu'à Chambord pour y souper.

En entrant à La Fringale, une bonne odeur de poulet rôti flottait dans tout le restaurant. Comme j’avais dévisagé le Colonel à chaque ville où il y en avait un, je me suis dit que c’était un bon choix. J’ai été servi par la charmante Marie-Claude. Le chef m’a rôti une poitrine comme je n’en avais pas mangé depuis des lunes… C’est vrai qu’il y a longtemps que nous ne sommes allés à La Victorienne (de Lavaltrie)!

Une fois le bedon plein, je me suis rendu à La Tuque, pour y ramasser le traditionnel café du Irving. Ensuite, j’ai poursuivi jusqu’à la maison, en passant par les terres (entre Shawinigan et Saint-Jean-de-Matha). Mon congé m’attendait.

Le mercredi suivant, après un échange de remorque à Montréal-Est, je suis retourné au garage pour y retrouvé mon camion, mon 892. Après bien d’autre péripétie, je partais pour North Kansas City, MO.

Autopsie d'une semaine de fou! Partie 2

8 février, 22 heures 30

Ouf! Même OUF! Quelle journée! Quatre opérations dans une même journée, c’est beaucoup. Ajouté à cela plus de 700 kilomètres (une journée normale étant un peu plus de 1000 kilomètres), et vous avez ma journée d’aujourd’hui. Pour les opérations, il y en a deux à une heure chacune et deux à trente minutes chacune. En fait, la livraison a plutôt prise deux heures. Deux camions étaient déjà aux quais à mon arrivée. Et trois autres sont arrivées après moi. Grosse journée pour ce client! Je suis donc parti avec le sentiment d’être en retard sur tout le reste de la journée. J’avais trois cueillettes assignées à ma journée. Pour faire court, une heure de route, une heure pour charger, sortir de Chicago, deux heures trente de route, 30 minutes pour charger, deux heures trente de route, 30 minutes pour charger.

Un truc de vieux chauffeur : profiter du temps de déchargement pour diner. Une fois la remorque vide, il est possible de partir immédiatement et de rouler sans interruption jusqu’à la prochaine étape. J’ai donc mangé ma mixture de saucisses dans son jus de tomates. C’était délicieux, merci Caro. Puis, j’ai commencé l’écoute du DVD de DJ Champion. Après avoir écouté le DC hier, c’était le complément idéal! J’en reparlerai dans un message futur.

L’estomac plein, je me suis donc rendu à DeKalb, IL, magnifique vieux village à l’ouest de Chicago. Chez ce client, lorsque la barrière est ouverte, nous pouvons procéder nous même. Je suis donc allé ouvrir une des trois portes pour constater par laquelle je pouvais pénétrer. La porte 3 était libre. Je pris donc place au quai.

Diane ayant pris sa retraite à la fin novembre, et Bouche Trou ayant repris son… trou, c’est maintenant Rosa qui a le poste de chauffeuse de chariot-élévateur de l’expédition. Les 27 palettes de petits moteurs électriques ont été soigneusement disposées dans ma remorque en peu de temps. Aussitôt les papiers envoyés au bureau, j’étais prêt à repartir, cette fois pour Shelby, IN. Il était déjà 13 heures 30!

J’en avais pour plus de 2 heures, et ce client fermait à 15 heures. J’étais donc en retard avant même de partir. Au moins, quelqu’un serait là pour déposer ma palette.

Sortir de Chicago est toujours une surprise. Cette fois-ci, ça s’est déroulé rondement. J’étais dans un bon moment, après le diner, mais avant la fin de la journée.

Vers 16 heures 30, finalement, j’arrivais chez mon client. Shelby est un village minuscule. Je n’avais pas pu trouver mon adresse à l’aide de l’ordinateur, alors j’ai dû procéder au pif-o-mètre. Heureusement, la route principale a été détournée pour passer devant les deux usines du village. Et le bar, le parc des vétérans, et le bureau de poste. Bref, pour faire la visite guidée, vous n’avez même pas à vous aventurer dans les petites rues!

Une fois arrivé au quai, j’avais l’impression d’être justement à un quai… pour bateau! Les deux roues de ma remorque étaient en effet dans l’eau à mi-hauteur! Je devais mettre le pied à l’eau moi aussi afin d’atteindre l’escalier pour entre à l’intérieur… Les joies du printemps!

Je sonne et, comme c’est débarrer, j’entre. Une minute plus tard, une dame arrive. Elle a été prévenue, alors ma palette m’attend. En quelques minutes, je suis près à repartir.

Je communique avec Lori afin de m’assurer que le dernier client sera bien à son poste pour charger ma palette. Elle me dit qu’elle lui a dit à la blague que je serais là vers 22 heures! Bon, au moins, pas de pression.

Je pars vers le sud, mais à la sortie du village, la route est fermée. Oups! En camion, ça peut donner de drôle de situation. Au moins, je peux tourner sur une petite rue (toutes les rues sont petites à Shelby!) et revenir sur mes pas. Au moment de reprendre l’autoroute, je m’arrête au Pilot pour y ramasser un petit souper.

Mon choix s’arrête sur une pizza qui ne semble pas si terrible. Ça ne vaudra certainement pas celle de Pioui! Mais c’est comme la poutine de chez Bebé… Trop loin pour en profiter à notre goût!

Me voici reparti, une pizza dans une main, un café dans l’autre, et un sac de croustille aussi. Ah oui, le téléphone bien sur, car Caro veut me raconter sa journée! Attention, pilote professionnel sur circuit fermé, n’essayez pas ceci à la maison ;) N’ayez crainte, évidemment, je ne fais pas tout ceci en même temps, mais une chose derrière l’autre, bien évidemment!

Vers 21 heures 30, j’arrive enfin à mon dernier client. Je trouve facilement le bâtiment A. Je me choisis un quai, et je m’y installe. Tel qu’indiqué, je vais sonner et je m’attends à devoir attendre une quinzaine de minutes. Je retourne dans le camion, et le temps de m’asseoir, on cogne à ma porte. C’est l’homme qui va me charger.

Je le suis à l’intérieur. Je lui explique comment je veux qu’il me la place, car l’espace commence à manquer. Aussitôt dit, aussitôt fait. Là encore, 30 minutes et je suis reparti.

Et comme la journée a été longue, je me suis arrêté à Fortville, IN, au Pilot, sois le premier stationnement qui s’est présenté à moi. Il me restera environ 14 heures de route pour rentrer au bureau. Après, semble t’il que j’aurai une livraison pour Québec. Mais cette dernière reste à confirmer demain.

10 février 2008, 10 heures

Hier soir, pour allonger une semaine qui ne veut plus finir, à mon arrivée au Husky de London, ON, je tricote dans l’entrée et, environ 25 mètres avant d’être stationné, j’entends un sifflement intense venant de l’extérieur. J’immobilise le camion et je débarque dehors pour voir ce qui se passe. En suivant le son, je remarque un pneu qui ramolli à vue d’œil. Je comprends pourquoi en voyant un pic-pic de métal de 3 centimètres sur 1 centimètre par près de 10 centimètre de long! En forme de pointe de flèche en plus.

Voilà, le peu de fin de semaine que j’avais est à l’eau. Lire : « Câlice, chu dans marde! ». Comme mon souper était prêt, je commence à manger avant de téléphone à Jean-Pierre, notre… responsable de la mécanique et des catastrophes naturelles. Comme je constate que mon souper sent le îabe, je le câlisse aux poubelles. Je me rabats ensuite sur le fromage, la saucisse et les cachous que je m’étais procuré au Meijer de Toledo, OH.

Quelques minutes plus tard, je communique avec ledit Jean-Pierre afin d’avoir un pneu de rechange. Après avoir pris en note où j’étais et le type de pneu pour mon camion, il me quitte en disant qu’il s’occupe de me trouver un service routier. Je m’installe donc devant la télévision pour passer le temps. À ma dernière crevaison en Ontario, nous avions fait affaire avec Benson, et ils se sont présenter tel que promis en quinze minutes. Je sais bien que c’est exceptionnel, alors je m’attends à au moins une heure avant de voir qui que ce soit se présenter…

Vers 19 heures, Jean-Pierre me rappelle :

- Es-tu réparé, as-tu eu un téléphone de la compagnie?

- Non, aucun signe de rien… et comme nous sommes environ douze camions, je ne peux pas vraiment le manquer.

- OK, je les rappelle pour activer les choses, me dit-il.

Puis, vers 19 heures 45, je constate une camionnette qui cherche parmi les camions. Je clignote mes phares, et il bifurque vers moi. Il me racontera que le premier service routier qui a reçu l’appel est tombé de son camion, alors c’est lui qui est venu! C’est ben ma chance… et pour prouver ses dire, sur la facture, il était bien indiquer Heure de réception de l’appel : 19 heures!

En une vingtaine de minutes, j’étais réparé, mais exténué. Alors quinze minutes plus tard, j’étais stationné pour la nuit!

Ce matin, je me suis réveillé en forme, et j’ai roulé dans la petite neige depuis ce temps. Les ontariens, eux, semblent trouvés qu’il s’agit d’une méga-tempête, parce que la circulation est louche…

Ah oui… Des gens qui calculent ce genre de chose disent que 85 % des véhicules au Québec sont chaussés de pneus d’hiver, contre 20 % des véhicules en Ontario… Le Québec vient de passer une loi obligeant le port de pneus d’hiver et l’Ontario, qui ne comptent plus les carambolages cet hiver seulement, dit que ce type de loi n’est pas nécessaire… Me semble! Cherchons l’erreur…

*****

Je suis rentré au garage ce soir-là autour de l’heure du souper. J’ai décroché ma remorque à l’endroit indiqué pour faciliter la vie au chauffeur de ville qui avait à enlever deux palettes avant d’aller livrer le chargement principal.

Ensuite, tel que convenu, j’ai pris un autre camion, le 863 (aussi appelé Bouche-Trou), un bon vieux Wess dont j’ai déjà parlé ici, pour aller effectuer une livraison le lendemain matin à Saint-Romuald, près de Québec.

Une sortie avec le 863 est une aventure en soi. Je ne savais pas à mon départ à quel point ce serais vrai cette fois-ci! J’accroche ma remorque et me voici sur la route pour Québec. Je n’avais pas vraiment d’heure de livraison, alors je me suis dit que je me rendrais là pour un peu avant 8 heures. C’était donc assez facile d’aller me stationner pour le dodo au Relais de Saint-Nicolas, à une dizaine de kilomètres de chez mon client!

Comme je n’avais pas encore soupé (j’avais quand même grignoté plus que nécessaire), je me suis dit qu’un bon Burger Nounours à Drummondville arriverait à temps. Je pars donc sur la route, dans la petite neige sympathique au sol (parce qu’en fait, il ne neige plus). À un moment donné, je baisse la fenêtre du passager, pour évacuer un surplus de chaleur. En effet, un Cummins, ça chauffe mauditement plus qu’un Mercedes! Avec mon Mercedes, en bas de moins 20 degrés, la chaufferette ne fournit plus… L Quelques minutes plus tard donc, la température de la cabine s’étant refroidit, je remonte la fenêtre. Oups! Elle ne remonte pas (c’est une fenêtre à commande électrique). J’essaie quelques fois en gossant le bouton en tout sens, rien à faire. Tout ce que je réussis à faire est de la descendre un peu plus! Me voici donc pris avec une fenêtre ouverte de 5 centimètres qui ne veut plus se refermer! Câlice! La belle affaire… Je me console en remontant le chauffage pour compenser!

Alors que je suis à évaluer mes chances de mourir d’une pneumonie par un pareil temps (imaginez, si il y a des chargements de prêt à ramasser, je vais me retrouver à Dolbeau!), je me dis que je pourrais faire un débrouillard 50 de moi-même et colmater la brèche avec du ruban de conduite de chauffage (ou en bon chinois, du Duct Tape!). Le relais où je vais souper en aura certainement, le dépanneur est tellement gros!

Me semble, sti! Il y avait bien une poignée pour y insérer un rouleau de ruban transparent (tsé genre comme pour faire des fonds de boites en carton ondulé) mais aucun rouleau de ruban… à quoi bon avoir une machine et pas le rouleau qui va dessus?

Anecdote de toilette : comme je dois aller à la toilette, j’entre dans la salle de bain. Ce relais étant pourtant presque neuf, on dirait une zone de guerre. Les tuiles du plafond sont toutes enlevées, il manque un urinoir et une des toilettes, le plancher a été cassé comme en témoigne les morceaux de contreplaqués au sol et, surtout, ça pue! En plus, on manque de papier…

Au moins, le Mama Burger était bon. Disons surtout qu’il faisait du bien, parce que je préfère de loin un Ado Burger (il y a dedans tout ce qu’il faut pour faire pousser des boutons), mais je n’avais pas un gros appétit ce soir-là. Une fois l’estomac plein, je pus repartir en direction de Québec.

Une heure et demie plus tard, j’entrais au Relais Ultramar de Saint-Nicolas. Je me suis souvenu, en le voyant, qu’il y a un cinéma juste en face. Avoir su, je me serais dit tout le long en m’en venant qu’avoir été plus tôt, j’aurais pu aller au cinéma!!! Il était temps que j’arrive car la tempête (devrais-je dire la chute de neige) était bien amorcée. Je me suis trouvé une place de stationnement sans problème, malgré tous les camions à l’abandon sur place (c’est tellement mieux une compagnie où tu as le droit d’avoir le camion à la maison… me semble : on peut alors le laisser trainer dans un relais, empêchant ainsi un camionneur au travail de se reposer en paix!).

Le lendemain, de presque tôt matin (c’est toujours relatif!), je me présente à l’intérieur pour y ramasser un café et un cossin qui se mange. Une sympathique dame rôde autour des cruches à café (on dit une carafe je crois bien!).

- Le café est gratuit ce matin, gracieuseté de la maison. De 6 heures à 9 heures, je suis ici pour le présenter.

Nouvelles saveurs, nouvelle images pour les verres et les sacs (c’est tellement plus beau quand ça fait urbain)… mais c’est toujours ben inque un café, sti! Je l’ai trouvé bon, et en plus, je ne l’ai pas payé. Bon, ils se refont avec le muffin (délicieux lui aussi), mais ils m’en auraient vendu un quand même, donc cette fois c’est moi qui fait la passe. :P

Autopsie d'une semaine de fou! Partie 1

Autopsie d’une semaine de fou.

Dimanche soir…

Dimanche dernier, à mon retour de la semaine dernière en fait, on m’avait indiqué de laisser ma remorque au garage de la compagnie, positionnée au quai. C’est une nouvelle procédure, rendue possible parce que nous avons maintenant des quais. De cette façon, le chauffeur de ville pourra profiter de l’espace restant pour y ajouter de la marchandise supplémentaire à livrer dans sa journée.

Lors de mon arrivée à la future « ancienne place », je fais le plein et je remplis tous mes papiers. Je laisse alors mon enveloppe dans ma case, et je me rends donc au « futur nouveau garage ». Pour l’instant, la section « entretien mécanique » seulement est déménagé. Nous attendons la section « administration » pour d’ici une semaine ou deux. Notre compagnie est donc entre deux places, au milieu de son déménagement. Après m’être positionné en droite ligne devant un des trois quais, je descends et je vais ouvrir mes portes. Je remonte à bord et je commence la manœuvre d’accostage (ben, on parle bien d’un quai, alors…). Comme ce sont des quais en pente, je descends jusqu’à être bien adossé sur les coussinets.

Je descends ensuite pour aller effectuer les manœuvres de décrochage : je baisse les pattes jusqu’au sol, mais comme nous sommes en hiver, sans qu’elles ne touchent le sol complètement (sans que la remorque n’y exerce de pression); ensuite, je déconnecte les tuyaux d’air et le cordon de fils électrique; puis, je sors mon crochet pour tirer la poignée de la sellette, qui détachera effectivement la remorque du camion. Ensuite, je refais les étapes dans ma tête pour m’assurer que je n’ai rien oublié. Comme tout a été fait, je remonte derrière le volant.

J’embraye et je sélectionne une vitesse. Je relâche l’embrayage en douceur. Les roues patinent. Je choisis une vitesse plus haute; même résultat. Encore plus haute; encore même résultat. Merde (en fait, ce que j’ai dit était assurément religieux!), je suis pris ici.

Comme j’avais vu un confrère, Michel, dans l’autre cour, j’essaie de le rejoindre par radio CB. Il n’est pas à l’écoute. Je sors donc pour mettre sous les roues le peu de sel qu’il me reste. En plus, comme il est en gros « mottons », je n’ai pas de difficulté à le qualifier de « sel d’assisté social ». On dirait du sel usagé…

Je vois maintenant arrivé un camion de la route. C’est Michel qui, heureusement pour moi, vient lui aussi chercher sa remorque. Après l’avoir accroché, il se positionnera devant moi et, avec l’aide d’une chaine, il pourra me sortir de mon impasse. Comme sa remorque est chargée au maximum, il aura lui-même suffisamment de mordant pour faire avancé deux camions (et une remorque). Je sors donc ma chaine et je l’attache sur ma « pinne » dans mon pare-choc (un « Vra truck » a une « pinne » dans son pare-choc, par un vulgaire anneau que l’on doit « insérer ici » :P). J’enroule ensuite la chaine sur le pare-choc de la remorque de mon confrère, près d’un montant évidemment.

Nous regagnons chacun notre poste de commande et, tout en douceur…

- Câlice, le trailer suit! J’accroche mon micro de radio : Michel Wo, arrête, toutte suit…

Comme il continue, j’en déduis que sa radio est encore fermé! À mi-chemin de la côte, la remorque, dans un bruit fracassant, tombe sur ses pattes. Elle devait être collée par le frimas. Une fois sortie du trou, il arrête et nous descendons tous les deux. Il va bien falloir que je recule la remorque à nouveau. Nous détachons la chaine et je recule. La remorque ne veut pas s’accrocher normalement. Mais elle se soulève quand même un peu, alors je la repousse jusqu’au quai. Cette fois, je pourrai ressortir mon camion par moi-même. Le problème était donc que la remorque était collée à la sellette par une force mystérieuse…

Je me rends donc à ma remorque vide, que je dois ramener chez notre sous-contractant pour le lac Saint-Jean. Je me positionne, je recule, bang, je suis accroché. Je descends du camion pour aller accrocher fils et tuyaux, je vérifie que la poignée est bien entrée complètement (signifiant un accouplement complet) et je relève les pattes.

Je retourne derrière le volant et… ça patine encore!!! Arghhh!

- Michel, j’ai encore besoin de ton aide!!!

Maudite remorque vide qui ne pèse rien… Nous nous repositionnons et rattachons le tout. Je sors de mon stationnement tout en douceur.

Par la suite, je me rends dans la cour de notre sous-contractant pour y laisser ma remorque. Ensuite, je vais stationner mon camion dans notre cour. Caro m’y attends pour me ramener à la maison.

6 février 2008, 21 heures 30

Lundi, j’avais communiqué avec Alexandre, le répartiteur, pour l’aviser que je serais prêt pour repartir mercredi (aujourd’hui). Ça tombait bien, de leur côté, ça semblait plutôt tranquille.

Cet après-midi donc, j’arrivai au camion sur la fin de la journée. Initialement, je devais aller porter une remorque vide chez notre sous-contractant, puis prendre la mienne, déjà chargée, prête à partir pour l’Illinois. Après avoir téléphoné au bureau, on m’avisa que je pouvais prendre directement ma remorque et partir.

Je me rendis donc au relais de l’est de Montréal pour y recevoir mes papiers pour la douane par télécopieur. En téléphonant au bureau pour le donner le numéro, on me demanda d’aller tirer un autre confrère, Denis, qui était pris dans notre autre cour, celle de Lachine! Je riais dans ma barbe, car moi est Michel, nous nous étions quittés en disant que nous étions maintenant la division Remorquage TJB!

Denis m’appelle donc pour me raconter ses déboires. Dans ces moments-là, on a toujours besoin de l’effet psychologue. Je me suis donc fait psychologue pour le laisser ventiler… Il conclue en disant que si par hasard un samaritain se pointait, il m’aviserait pour que je ne m’y présente pas pour rien. Marché conclu!

Je partis donc pour la grande traversée de Montréal en heure de pointe hivernale. À la Première Chaine, Yves Desautels annonçait la catastrophe pour presque partout! À mi-chemin, Denis me recontacta, tout heureux et surtout, libre comme l’air! Je pouvais donc continuer ma route régulière.

Après un court arrêt à la halte routière de Bainsville, ON, je repris la route. Rendu vers Cardinal, peut-être un peu avant, la neige est devenue assez dense. La visibilité diminuait de minute en minute. J’ai dû ralentir ma vitesse. Tout juste avant d’arriver à Kingston, ON, j’étais à me demander si je poursuivais jusqu’à Belleville ou non. J’étais plutôt en faveur d’une pause dodo à Kingston. Le téléphone sonna avec la confirmation. Grenouille, qui était environ deux heures devant moi, m’annonça que la tempête était prise depuis assez longtemps au devant de moi pour justifier un arrêt immédiat des procédures.

Je pris donc aussitôt la sortie pour le Husky, satisfait d’avoir pris cette décision sécuritaire… Après tout, demain sera un autre jour…

7 février, 9 heures 45

Tiens, la fin du monde est arrivée cette nuit. Je suis parti de Kingston peu avant 6 heures ce matin. Le stationnement était plus que plein, beaucoup d’autres chauffeurs ayant eu la sagesse de se stationner pour la nuit. Mon pare-brise était gelé au complet à mon réveil. Il faisait un froid de canard même dans la couchette. Après une courte visite à la salle de bain, je suis retourné au camion pour terminer mon café. Quelques minutes plus tard, j’étais sur la route.

Avec la circulation légère à cette heure du jour, c’était assez facile de rouler à bon rythme. Le déneigement des autoroutes en Ontario, jadis parait-il impeccable (moi-même je n’avais jamais vraiment porté attention!), est maintenant tout simplement exécrable. À peine si la voie où toute la circulation roule est « au bitume ». Et comme disait Grenouille, la voie enneigée est d’une blancheur remarquable, signe que ni sable ni sel n’ont été saupoudré!

Justement, je disais à Grenouille que la circulation allait normalement depuis mon départ ce matin. De son côté, après s’être stationné un peu en catastrophe dans la dernière halte avant Toronto, il avait ce matin mis 3 heures 45 pour faire une centaine de kilomètres. Ouf! Et Morue, de retour d’une petite vacance à Cuba, plus en avant de nous, a mis hier toute la journée pour aller de Cambridge, ON à Marshall, MI (moins de 500 kilomètres)… Ça promet!

J’étais tout heureux de mon sort actuel… jusqu’à ce que j’arrive au kilomètre 419, où la circulation s’arrêta net. De là, j’ai roulé à 10 ou 15 kilomètre-heure jusqu’au relais du kilomètre 412, où j’avais décidé de m’arrêter pour diner. Je me demande maintenant comment la circulation évoluera dans la ville de Toronto. Comme c’est maintenant le temps de reprendre la route, je le saurai bientôt…

7 février, 16 heures 30

Il y a un peu plus de deux heures, je me suis arrêter, pour la pause « grignotines », au relais de la sortie 250 de la 401, à Drumbo, ON. La circulation allait bien depuis un bon bout de temps. En effectuant quelques calculs, je constatai que j’ai mis 2 heures 45 minutes pour faire 165 kilomètres. Environ une heure de perdue, ce n’est pas si mal, dans les circonstances. Peu avant midi, Lori me contacta pour savoir si je serai en retard pour ma livraison demain. L’heure de livraison non-écrite est toujours 8 heures du matin. Mais comme probablement tous les chauffeurs lui ont annoncé qu’ils seraient en retard, c’était logique qu’elle s’informe de ma situation. Et moi qui ne suis pas capable d’évaluer mon temps plus que quelques heures à l’avance. Comme à ce moment, j’étais très au ralenti dans la ville de Toronto, j’ai dit que je serais à destination vers 10 heures demain matin, au maximum midi. Comme ça, je suis assez certain de ne pas m’avancer trop. J’ai souvent la fâcheuse tendance à ne pas laisser suffisamment de temps devant moi.

La suite de la journée s’est déroulée normalement. Une fois sorti de Toronto, la chaussée était noire et mouillée. La circulation s’éclaircissant, ça allait de mieux en mieux. Je suis présentement à moins d’une heure des douanes de Détroit, MI. J’ai bien hâte de voir ce qui m’attend dans le Michigan.

Et une anecdote, comme quoi un pipi, ou même le fait de se laver les mains après, peut changer toute une journée… Grenouille avait passé la nuit à Ingleside, ON, la dernière halte avant Toronto. Il se réveilla dès 4 heures, alla à l’intérieur pour les besoins naturels et pour un bon café pour emporter. Revenu au camion, il sortit de son emplacement, que la gratte avait abondamment enseveli. Au moment de rejoindre l’accès pour l’autoroute, un autre camion tenta de faire la même chose. Tenta, parce que le camion passa l’ourlet (tsé, la bosse de neige que la gratte laisse sur le côté de la route!), mais la remorque s’enlisa, bloquant ainsi la sortie. Un bon samaritain, entendant sur son radio-CB, offrit son camion (une bête sortie des bois) pour aller tirer le camion de son faux-pas. Ce fut fait assez facilement, mais ça a tout de même pris 45 minutes. Grenouille se retrouva donc dans la ville au moment du plus fort de la circulation. Si moi j’ai perdu environ une heure, lui aura perdu presque la moitié de sa journée!

7 février, 22 heures 15

Enfin, je me stationne pour la nuit! Grâce à la fonction main libre, Caro a pu me parler une partie de la soirée, tout en confectionnant des chocolats. Elle est totalement emballée par son nouveau travail. De mon côté, après un bon souper « trop salé trop graisseux » que j’ai eu toute la misère du monde à digérer, je me suis rendu au pont Ambassadeur. L’accès au pont était libre. Par contre, il y avait beaucoup de camion en attente pour passer la douane. J’ai choisi une file parmi les quatre et, pour une fois, je semble avoir été chanceux. En trente minutes, j’étais reparti.

La température au Michigan était au beau fixe : pas de neige, pas de vent, pas de glace. Le bonheur! À Marshall, MI, je me suis arrêté au Love’s pour un dernier café. Par la suite, je me suis rendu jusqu’au Mobil de la sortie 29. Après vérification, il me reste moins de 3 heures de route pour atteindre Carpentersville, IL. Je vise donc une arrivée pour 9 heures (heure de l’est), ce qui, avec une marge d’erreur raisonnable, devrait m’amener chez mon client pour avant 10 heures (heure centrale) tel que « promis » à Lori ce matin.

J’espère que la température demain sera plus clémente…

8 février, 10 heures

La levée du corps fut relativement facile. Lorsque l’on connait bien ses besoins en sommeil, il est possible de bien gérer son temps. J’arrive assez facilement à trouver un équilibre entre un bon repos et une livraison dans les meilleurs délais.

À mon réveil, la température était très douce et, sans surprise pour cette région, une fine neige tombait du ciel. Après avoir fait mon café, j’étais sur la route. Le reste du Michigan se roula aisément. J’étais presque tout seul sur la route, un des plaisirs de se lever tôt. En Indiana, une dizaine de mile d’autoroute était fermée sur deux voies. Seule la voie de gauche était disponible… à cause de nid de poule! L’état des routes est tellement mieux aux États-Unis! Heureusement pour moi, il était encore tôt, parce qu’en heure de circulation intense, ce doit être littéralement l’enfer. La radio annonçait que « des équipes travaillent toute la nuit » pour corriger la situation. J’ai eu beau regarder, je n’ai vu personne dans les voies fermées… Peut-être était-il sur le sens inverse.

Arrivé en Illinois, malgré le décalage horaire, c’était l’heure de pointe. La circulation était dense, mais en mouvement quasi-normal. Bien sûr, la neige, que dis-je, le semblant de neige ajoutait à la pression sur les « locaux ».

Vers 8 heures 15, un message de Lori me demandant où étais-je rendu. Je lui répondis que je serais chez mon client vers 9 heures, à son plus grand bonheur! Par la suite, un appel de Grenouille. Lui qui s’était couché à l’heure où le monde normal soupe, il était sur la route depuis 1 heure du matin. Il était par le fait même presque rendu à Eau Claire, WI. Il ambitionnait de revenir dans le Michigan pour la nuit… enfin pour le dodo, peut importe l’heure où ça arrivera!

À mon habitude, dès mon arrivée chez mon client, j’envoyai un message à Lori. Quelques minutes plus tard, je recevais mon horaire pour la journée. Une première cueillette à DeKalb, IL, tout près d’ici, une deuxième cueillette à Shelby, IN, puis une dernière à Westfield, IN. Ma semaine, pourtant commencer un mercredi après-midi (pour ne pas dire au souper!), me donnera un peu plus de 2000 miles! Très bon! Il ne faut jamais sous-estimer un « Chicago »…

Show du Refuge 2007

Show du Refuge, 22 novembre 2007.

Vers midi, j’arrive enfin chez mon frère. Enfin, car la semaine a été difficile. C’est comme ça à chaque année, avant tous les congés (pour le peu que nous avons). Je suis à me dire qu’il faudra bien que je dine, et que je trouve à m’occuper pour l’après-midi. En effet, j’attends mon frère pour autour de dix-huit heures, et Caro pour après dix-sept heures.

Le jeudi étant jour de Passe-Partout, Caro et Sarah doivent en ressortir avant de penser à faire autre chose. Et mon meilleur frère, qui s’est offert (ou laissé tordre un bras, c’est selon) pour garder Sarah ce soir, finit de travailler à dix-sept heures trente.

Tant qu’à sortir diner, pourquoi n’irai-je pas au centre-ville pour faire du lèche-vitrine? Je décide donc d’aller perdre mon temps chez Archambault. C’est plutôt cruel d’aller dans un magasin de ce genre en sachant pertinemment que je n’achèterai rien (je n’aurais jamais un budget suffisant, encore moins ces jours-ci!), mais bon, ça me permettra de fouiner « un paquet d’affaire ».

Je pars donc vers la station de métro. Je me procure une lisière de billet, en me disant que le surplus servira bien à un moment donné. Quelques minutes plus tard, je suis dehors à Berri-UQÀM. Dans le parc Émilie-Gamelin, le camp de réfugiés de l’Action Terrorisme Socialement Acceptable bât son plein. Il n’y a pas beaucoup de gens, ni beaucoup d’action d’ailleurs. Je me rends dans la Place Dupuis en sachant que je me trouverai bien un endroit où casser la croute. La jolie Tiki Ming s’en charge.

Puis, je traverse au Archambault. La première fois où j’ai mis le pied à Montréal, je suis allé par hasard dans ce magasin, et je suis devenu fou (ah c’est là!!!). C’est pour moi un genre de passage obligé de chaque visite à Montréal. Depuis, Québécor en a fait l’acquisition, en a ouvert partout pour en faire une poule aux œufs d’or, et je me tortille toujours la conscience avant d’y laisser mes sous. Le « trip » n’est plus le même, mais le souvenir des premiers émois devant l’abondance et le bas prix de tout ce qu’on y vend demeure.

J’en profite pour mettre mes désirs à jours. Des tonnes de disques s’ajoutent à ma liste de souhait dans presque tous les départements. Même dans la musique du monde, grâce à Macadam Tribus. Je passe ben proche de flamber un brun… mais je finis par me raisonner en me disant que j’en ai déjà flambé un pour la soirée qui s’en vient.

Je vais dans la section des instruments de musique, étant donné que je suis en processus d’acquisition de guitare (bon, il y a encore loin de la coupe aux lèvres!). Je visite la section percussion, puis la musique en feuilles (c’est vrai qu’il y en a beaucoup), puis les pianos et claviers électroniques. Au fond, près des vrais pianos (genre à queue : quel bel objet!), deux employés sont à installer un piano et une mini-scène : une affiche annonce Loreena McKinnit pour demain en séance d’autographe. Ah ben, moi je vais la voir ce soir… :P

Puis, j’entre dans l’antre des guitares. On croirait pénétrer dans un aquarium. Certainement parce que l’atmosphère y est contrôlée, me dis-je. Un ami, guitariste à temps perdu, m’a dit que tant qu’à acheter une guitare, mieux vaut en trouver une bonne dans l’usagé qu’une neuve de même valeur. Mon problème est que je suis gaucher, alors les usagés risquent d’être rare. On verra ben. Toujours est-il qu’il m’a dit de ne pas niaiser et de me trouver une Norman. Depuis ce jour, je suis allé fouiller sur Internet, et je suis conquis. En déambulant dans les rangées de guitares dans ce magasin, j’ai vu pourquoi (et je n’y ai même pas touché). Même chose pour les Fender dans la guitare électrique. À l’œil, même semi-averti comme le mien, on voit bien qu’il y a « quelque chose »…

Comme à un moment donné il faut bien retourner à la maison (chez mon frère) parce que Caro s’en vient, je retourne vers le métro. Une fois chez mon frère, je lui laisse un message pour savoir vers quand nous pouvons l’espérer. Caro et Sarah finissent par arriver. Nous faisons les accolades d’usage, agrémenté de quelques embrassades. Même si le camionneur se sent parfois un peu envahie à son retour, les démonstrations d’amour sont toujours les bienvenues. Et dans ma famille, on adore les câlins, les embrassades, les poignées de main chaleureuses, bref, on aime ça se toucher.

Mon frère nous apprend qu’il est sur la route (c’est quand même ça son travail!) et qu’il sera à la maison vers dix-huit heures… Hmm un peu tard, mais nous sommes capable de vivre avec ça. En plus de ne pas avoir vraiment le choix! Nous changeons nos plans de diner à l’extérieur et nous commandons du chinois. Enfin, je ne sais pas, mais c’est asiatique! Et l’attente commence. Je calcule que nous avons besoin d’une heure pour nous rendre à la Place des Arts. Mais évidement, ce serait mieux d’y arriver avec un peu d’avance. Le spectacle est prévu pour vingt heures. Le souper n’arrive pas. Même que Nicolas finit par arriver… quelques minutes avant le livreur. Nous soupons donc tous ensemble. Mon frère, un habitué de son propre quartier, regarde où nous avons commandé et dit : c’est à l’autre bout de la ville, ça peut ben avoir été long! Oups… Au moins, et nous le savions avant de commander, c’était délicieux. Peut-être juste un peu dur sur les nerfs pour ce soir!

Après avoir soupé en vitesse (qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour un spectacle!), nous partons pour le métro. Caro, qui boîte, a un peu de misère, alors c’est lentement que nous avançons. Elle a hâte d’être assise. Et pour lui faciliter la tâche, nous avons deux changements de ligne à effectuer! À notre arrivée à la station Place des Arts, je crois qu’il est plus que temps pour elle que nous arrivions à notre destination finale. Nous marchons le long corridor qui mène à la Place des Arts. Quelques boutiques bordent ledit corridor, dont un A.L. Van Houtte, où nous aurions pu souper, avoir été là en temps. Nous avons un peu de retard sur l’heure officielle du début mais, comme le veut la légende, « un bon spectacle ne commence jamais à l’heure »!

Nous suivons les indications pour la salle Wilfrid-Pelletier, la plus grosse des cinq salles composant la Place. Une charmante dame déchire nos billets et nous indique l’escalier. Au moins, il y a des escaliers mécaniques, car les pauvres sont toujours placés plus haut. Nous sommes au premier jubé (sur trois), à l’extrême droite, dernière rangée. Un peu plus, nous étions dans le lobby!

Après à peine le temps de prendre notre souffle, les lumières s’éteignent. Le discours habituel de ce genre d’événement se veut court et informatif. Puis, place au spectacle!!!

Nous avons eu droit à un très bon spectacle. Tous les chanteurs (même Garou!), et toutes les chanteuses nous ont émerveillés. Du côté des femmes, l’énergique Marie-Mai, la très à l’aise Andrée Watters, la bête de scène Lulu Hughues, l’expérimentée Laurence Jalbert, l’ange qui passe, Loreena McKennit, tout en douceur et volupté, et surtout, l’incroyable présence scénique et la percutante voix de Kim Richardson. Cette dernière est tout simplement époustouflante. La télévision ne lui rend pas justice, sur une scène, la puissance est décuplée. Nous n’en sommes toujours pas revenus.

Du côté des hommes, Dan Bigras et Garou n’ont plus besoin de présentation. Tous deux sont très énergiques et très présents sur la scène. Que dire de Marco Caliari? Quelle voix et quelle énergie, encore plus que les deux premiers. Il est évident que ses nombreuses années dans le monde du rock métallique lui servent encore.

Puis, au cours de la soirée, nous avons eu droit à deux chansons d’un jeune homme (dont j’oublie malheureusement le nom), probablement au début de la vingtaine. Il était le premier chanteur à s’en être sorti grâce au Refuge à avoir demandé à faire parti du spectacle. Une façon pour lui de rendre ce qu’il a reçu. Malgré une gêne à la limite de la maladie (je suis le premier à comprendre), il a chanté deux chansons avec un aplomb peu commun. D’une sensibilité étonnante, s’excusant presque d’être là, le public l’écouta, déjà conquis, et ovationna longuement. Une dose d’amour pour lui dire : « tu vois, tu étais dans la rue, tu as eu tes difficultés, tes problèmes, mais tu as su demandé de l’aide et, heureusement, l’aide était là, pour toi comme pour tant d’autres qui vivent diverses difficultés ».

Juste pour lui, la soirée n’avait pas de prix. Pour lui, et pour tous les autres qui sont passé ou qui passeront par le Refuge des Jeunes, que ma présence et ma contribution à ce spectacle soit considéré comme un encouragement, mais aussi comme un accueil…

P.S. : Dan, à toi qui organise ce spectacle depuis tant d’années, toi qui invite tes « chums » à faire un bon « show » pour nous émouvoir, pour nous sensibiliser au Refuge, mais aussi par la bande à tous les plus démunis de la société, trop souvent nos voisins, nos amis, je te dis Merci de t’impliquer.

Sophie à Napanee, ON

Hier soir, Napanee, ON. Je suis à attendre Grenouille, qui se la coule douce sous la douche. J’aperçois, au loin et de dos, deux dames qui discutent près des téléphones. Je m’installe à une table du côté salon. Les deux dames ayant terminé, elles se dirigent vers la porte. Pendant un bout, comme je suis positionné droit devant elle, elles me font faces. Après m’être dit qu’elles sont bien jolies (c’est mon côté « vieux mononcle cochon »), l’une d’elles m’intriguent plus particulièrement. En un instant, elles ont rejoint la sortie et, assurément, regagnent leur camion.

L’intrigante continue pourtant de m’intriguer. Une impression de « on dirait que je la connais » me tenaille le cerveau. Je cherche, je cherche et je cherche encore. Puis je fais tous les liens : une belle aux cheveux noirs et frisés, habillée en bleu de la tête aux pieds… Sophie!!! C’est Sophie!

Je cours vers la fenêtre, regarde vers l’extérieur de tous les côtés… et elles sont disparues. Zut! J’ai manqué mon coup, j’ai vu Sophie, mais mon cerveau lent n’a pas réagi suffisamment vite pour que je puisse lui parler! Zut de zut.

Sophie, dans ma tête, c’était impossible que tu sois « hors-Québec ». J’ai une certaine difficulté à tenir le compte des jours et des semaines! En plus de mon Internet qui est suspendu… Comment savoir que ton stage est terminé et que te voilà dans la merveilleux monde du transport! Maudite mémoire!

Toute une semaine - Partie 3

Ne me restait donc qu’un voyage avant le souper et la soirée de Noël de la compagnie. Pour ajouter à l’esprit de fête, je nous avais procuré, à Caro et moi, des billets pour le Show du Refuge, le spectacle bénéfice pour l’organisme venant en aide aux jeunes hommes en difficulté. Après l’avoir regardé de nombreuses fois à la télévision, nous pourrions enfin le voir en personne. Et ça comblerait mon « manque » de spectacle, présent en quasi-permanence depuis que l’éloignement m’empêche de fréquenter le Festival de musique de Jonquière.

On m’avait assigné un chargement pour Woodstock, IL. Bien sur, il ne s’agit pas de Woodstock, NY, ni de Woodstock en Beauce, ni même du Festi-Grunge de Matha… C’est par contre une charmante banlieue de Chicago. Ce qui se définit donc comme une plus petite semaine. Il le fallait bien, pour être certain d’être de retour pour le jeudi soir pour ledit spectacle.

Dès mon départ, une aura de trouble s’abattit sur moi. Je devais partir de St-Chrysostome pour amener une remorque jusqu’à la cour de Lachine, pour me rendre en camion seul chercher ma remorque pré-chargée pour ma semaine dans notre cour de Montréal-Est. À mon arrivée à cette ultime étape, je n’arrive pas à retrouver ma remorque. Parmi deux ou trois, il n’est pas trop difficile de voir que la mienne n’y est pas. Et nous sommes dimanche soir.

Je n’aime pas téléphoner à mon patron chez lui pour aucune raison (à moins qu’il n’y ait mort d’homme) alors ma première solution fut de retourner à Lachine. Souvent, avant de partir de St-Chrysostome, je regarde les numéros des autres remorques, afin de démasquer les possibles erreurs avant de faire de couteux kilomètres inutilement. La même chose pour Lachine. Par contre, cette fois-ci, je ne l’ai pas fait. Il faut dire que les erreurs du genre sont très rares dans notre compagnie. Par contre, une erreur de temps à autre permet d’humaniser nos confrères du bureau… Je retourne donc à Lachine. Pas de remorque là non plus. À ce moment, je téléphone à mon répartiteur :

- Tu n’aurais pas fait amener ma remorque à St-Chrysostome sans me le dire par hasard?

- Non, pas du tout, sur de sur.

- Bon, il n’est ni ici, ni à l’autre cours!

- Oups… Je te rappelle.

Il doit retourner au bureau pour éclaircir l’affaire. De mon côté, je marmonne un peu dans mon cœur. Après qu’il ait visité en personne nos deux cours de Saint-Chrysostome, ma remorque est toujours introuvable. Après quelques appels téléphoniques, il me recontacte :

- Ta remorque est chez Morneau…

Ah, tout s’explique. J’y avais presque pensé moi-même, vu que notre cours de Montréal-Est était débordante de remorque (nous y avons cinq places, scrupuleusement contrôlées). Le camionneur qui va chercher une partie de nos chargements au Lac fait parti de Morneau, alors il est logique que n’ayant plus de place, il ait continué jusque « chez lui ».

Pour la troisième fois, je retraversai Montréal pour me rendre à Anjou. Une fois sur place, je dus suivre la procédure des intrus :

- Se présenter à la porte extérieur, côté répartition, afin de rencontrer la jolie madame (elles le sont toutes!) qui me donnera les bons papiers relatifs à mon chargement;

- Retourner au camion;

- Faire le tour du pâté de bâtisse pour accéder à la cour;

- Faire le tour de la cour pour y trouver, quelque part, ma remorque;

- Accrocher ladite remorque;

- Vérifier ladite remorque;

- Avancer le camion jusqu’à la barrière;

- Donner au gentil monsieur avec des gros bras la copie qui justifie ma sortie;

- Et… Câlissez mon camp de là parce que j’ai déjà assez perdu de temps!

Ouf. Je finis donc par réussir à partir « celui-là ». La montée jusqu’à Woodstock, IL se fait sans histoire. Une quinzaine d’heure plus tard (plus les repas, plus les dodos, plus ci, plus ça…), j’arrive chez mon client.

J’emprunte le petit chemin, tout étroit et en angle droit, qui m’amène aux quais. J’arrête derrière un camion et je pars à pied, à la recherche d’une porte humaine. Devant le camion, une affiche indique de s’arrêter à cet endroit et d’aller s’annoncer à pied. Je me rends donc à la porte mentionnée et j’entre. Aucun bureau à cet endroit. Un employé, en me voyant, vient me voir. Avec mon numéro de rendez-vous, il m’indique que je serai le suivant après le SGT. Je retourne à mon camion.

Un peu plus tard, un autre camion de ma compagnie arrive. Nous faisons connaissance. Il est avec nous depuis quelques semaines, et il arrive de chez Léger. Nous constatons que nous étions tous les deux en même temps dans la cour de Lachine… avoir su!

Comme c’est un peu (pfff, pas mal!) long, Lori finit par me téléphoner. J’apprends que mon voyage de retour doit se charger avant quinze heures, mais que c’est tout juste à côté. Elle m’envoie les détails par messagerie texte. Avec l’aide de mon ordinateur, je constate en effet que c’est à deux coins de rue.

Puis, me voici vide. Il est maintenant quatorze heures trente! Pas une minutes… que dis-je, pas une seconde à perdre. Je contacte Lori pour lui dire que je pars. Je sors de la cour, je prends à droite, et au moment où j’allais passer devant, je constate que c’est la première rue (et non la deuxième) sur ma droite! Je tourne en quasi-catastrophe et je me stationne où je peux (parce que ça presse et que de toute façon, il n’y en a pas d’espace).

En entrant, les employés, qui m’attendaient, disent :

- Ça doit en être un, lui! Tu charges pour?

- Canada (il ne faut pas penser qu’ils savent faire la différence entre les provinces…), dis-je avec mon malaise habituel.

- D’accord, recule-toi vite, pendant qu’on prépare tes papiers, dit-il en notant mon numéro de remorque.

Puis, il revient me voir. Il me demande mon numéro de commande, pour être certain de me donne le bon chargement! Il me dit qu’ils en ont quelques uns et que les autres camions ne se sont toujours pas présentés. Chez TJB, on est là à temps…

Je suis chargé en très peu de temps, papiers faits, papiers faxés. Je retourne à mon camion. Je dois maintenant me trouver un stationnement pour le souper. Je démarre et reviens sur mes pas. Juste avant d’arriver à l’autoroute, je constate qu’il y a une possibilité aux côtés d’un Jewel-Osco (une grande surface à tout faire). Je vais me stationner dans la rue, prêt à repartir, car le stationnement est ainsi fait que les camions ne peuvent y circuler.

Après un bon souper, l’envie urgente d’aller échantillonner une nouvelle salle de bain me tiraille. Je termine donc en vitesse mon repas, et me voici partie à la recherche d’une salle de bain. Comme tous les magasins sont maintenant fabriqués de façon identique, je me dis que la salle de bais sera à la même place que la dernière fois (et la seule) où j’ai mis les pieds dans un Jewel-Osco. J’entre dans le magasin au pas de course. Je vais au fond à gauche et… Pas de salle de bain! Zut… Il y a donc plusieurs modèles. Je reviens sur mes pas, vers l’allée du centre, et je traverse le magasin à la recherche de la salle de bain. Je regarde au bout de chaque rangée, de chaque côté, à la recherche d’un couloir ou d’une porte… Puis, vers le centre, voilà enfin le couloir tant recherché. Je marche, marche, et marche encore. Souvenez-vous, ça pressait déjà lorsque je suis parti du camion! Je me pointe le nez dans le couloir et… « Employés seulement ». Je regarde à gauche, puis à droite. Je m’engage, et je me donne la permission d’utiliser les salles de bain d’employés. Au pire, j’aurai été filmé et je me serai mis dans le trouble…

Une fois les besoins naturels et essentiels comblés, je devenais tout à coup des plus relaxes. En déambulant dans le magasin, j’ai eu une pensée pour Caro qui meurt pour de la margarine Country Crock (maintenant non-disponible au Québec). Je me suis dis que si je suis dans une épicerie, autant en profiter pour lui en ramener. Je me mets donc à la recherche du rayon de la margarine. Ici, voilà. Je cherche la Country Crock. Là. Bon, maudite patante à gosse! Il y a environ 5 saveurs différentes de margarine! Maudit z’américains! En avez-vous de la Regular? Tsé, juste normale là, pas avec-picos-verts, du sans-colérol ni du plus-facile-à-spreader? Ah, la voilà. Tiens, elle est en promotion en plus, c’est Caro qui va être contente.

Je peux maintenant reprendre la route, une fois repus, et avec mon trésor en plus. Je me rendrai ce soir-là jusqu’à Gary, IN, question de sortir du grand Chicago. Le reste attendra. Le lendemain, je poursuis mon chemin jusqu’à Kingston, ON. Ça commence à sentir le spectacle.

Jeudi matin, jour tant attendu du Show du refuge. Je me lève tôt, et je conclue la route qu’il me reste à faire pour rejoindre le bureau. Après un brin de social, je dois me rendre à Montréal, chez mon frère, où Caro me rejoindra. Roland, un confrère qui doit lui aussi se rendre à Montréal, et par un heureux hasard dans le même quartier où je vais moi-même, s’offre pour m’amener. Un problème de réglé.

À suivre…