J’ai ensuite regagné mon camion. Je suis sorti de la cour et je me suis rendu à l’autoroute. Ouf! La banlieue de Québec commence à ressembler à celle de Montréal : tous arrivent par le pont! Par chance, dans mon cas, je pouvais garder la voie de droite pour ressortir aussitôt à la première sortie de Saint-Romuald, alors que tout le monde serrait la gauche pour prendre le pont Pierre-Laporte.
J’ai facilement trouvé mon client, en fait sur la route 132. Je suis entré dans la cour avant la majorité des employés, ce qui facilite toujours la tâche au camionneur. Comme il y avait deux quais, je suis entré à l’intérieur pour savoir s’ils en avaient un de préféré. C’était un immense entrepôt.
- J’arrive avec un chargement de souffleuse, à quel quai je me recule? Demandai-je à la première personne croisée.
- Je ne voudrais pas te répondre n’importe quoi, va voir les gars à la machine à café, me répondit-on.
Le gars me dit qu’un ou l’autre, ce n’était pas grave. Je suis sorti pour positionner ma remorque, puis je suis revenu, avec mon café et mon muffin, pour regarder les souffleuses passées. En peu de temps, 102 souffleuses m’étaient passé sous le nez.
De retour à l’extérieur, j’avance mon camion et je vais refermer les portes de la remorque. Je dois maintenant communiqué avec mon répartiteur afin de savoir ce que je fais pour la suite des choses.
J’ai appris à ce moment que Joe Le Dispatch était de retour parmi nous. Ce qui signifie aussi que Jocelyn, le patron, reprendra ses fonctions de patron… ;)
On m’assigna un chargement à Dolbeau-Mistassini, QC. Ceux-ci sont pré-chargés et accessible jour et nuit. Je venais donc de « tomber relax », comme je me plais à dire. En regardant l’heure, je me suis dit que je serai juste au bon moment pour diner chez Francinette, à l’entrée du Parc des Laurentides. Environ une heure plus tard, j’y étais attablé.
Ce sympathique relais de camionneurs est situé au milieu de « nowhere », en plein bois. On y mange très bien et on y est toujours très bien reçu. Il ne faut pas manquer d’y lire l’histoire du restaurant (imprimé sur le menu). À la fin du menu, également, il y a aussi une liste de bon client. J’ai beau ne connaitre personne qui roule dans ce coin assez régulièrement, je me perds dans la liste à chaque visite…
Un succulent filet de poisson plus tard, j’entreprenais la traversée du Parc. La célèbre route qui fait peur au monde, pour aucune raison d’ailleurs, a même sa propre légende : Le fantôme du Parc. Je ne l’ai pas rencontrée (j’aime à croire que c’est un fantôme féminin!) cette fois-ci…
Pendant la première partie de la traversée, je me disais que si la température s’aggraverait, je poursuivrais ma route vers le Saguenay. La portion 175 est une plus belle route et, surtout, est mieux entretenu. Arrivé à la fourche (là où la 169 rejoint la 175), comme j’attendais toujours mon premier flocon, j’ai fourché.
Au Mont Apica, dans la grande côte où il y a une halte, j’ai failli y rester (comme dans : pas capable de monter). Étant vide, il ne s’en est fallu de peu que je perde le peu de traction que j’avais. Heureusement, j’ai trouvé la bonne façon de descendre mes vitesses afin de conserver un équilibre entre les moments de traction et ceux de léger dérapage.
Dans le Parc, il est toujours plus prudent, que dis-je, il est essentiel d’avoir sa radio-CB allumée et sur le canal 10. En effet, le Ministère des Transports, ses camions de déneigement comme ses camionnettes de service routier en sont équipés. Ils peuvent ainsi s’annoncer. Une camionnette m’avisa donc qu’il y avait un B-Train d’immobiliser dans la dernière côte avant d’arriver à Hébertville.
Le train, rempli de deux par quatre, était immobile, dans la voie du centre, incapable d’avancer. Il avait pourtant les trois quarts de la côte de fait. Mais son poids l’empêcha de la terminer. La sableuse s’arrêta donc à ses côtés pour y déverser du sable à profusion. Elle alla ensuite se tourner un peu plus loin afin de revenir en déverser juste en avant du camion. C’est là que je pus reprendre ma route.
Après un arrêt nettoyage de vitres et miroirs au relais d’Hébertville, j’ai continué jusqu’à Dolbeau. L’échange de remorque se fit en une trentaine de minutes. Je suis ensuite revenu sur mes pas jusqu'à Chambord pour y souper.
En entrant à La Fringale, une bonne odeur de poulet rôti flottait dans tout le restaurant. Comme j’avais dévisagé le Colonel à chaque ville où il y en avait un, je me suis dit que c’était un bon choix. J’ai été servi par la charmante Marie-Claude. Le chef m’a rôti une poitrine comme je n’en avais pas mangé depuis des lunes… C’est vrai qu’il y a longtemps que nous ne sommes allés à La Victorienne (de Lavaltrie)!
Une fois le bedon plein, je me suis rendu à La Tuque, pour y ramasser le traditionnel café du Irving. Ensuite, j’ai poursuivi jusqu’à la maison, en passant par les terres (entre Shawinigan et Saint-Jean-de-Matha). Mon congé m’attendait.
Le mercredi suivant, après un échange de remorque à Montréal-Est, je suis retourné au garage pour y retrouvé mon camion, mon 892. Après bien d’autre péripétie, je partais pour North Kansas City, MO.
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