14 mars 2008

Toute une semaine - Partie 3

Ne me restait donc qu’un voyage avant le souper et la soirée de Noël de la compagnie. Pour ajouter à l’esprit de fête, je nous avais procuré, à Caro et moi, des billets pour le Show du Refuge, le spectacle bénéfice pour l’organisme venant en aide aux jeunes hommes en difficulté. Après l’avoir regardé de nombreuses fois à la télévision, nous pourrions enfin le voir en personne. Et ça comblerait mon « manque » de spectacle, présent en quasi-permanence depuis que l’éloignement m’empêche de fréquenter le Festival de musique de Jonquière.

On m’avait assigné un chargement pour Woodstock, IL. Bien sur, il ne s’agit pas de Woodstock, NY, ni de Woodstock en Beauce, ni même du Festi-Grunge de Matha… C’est par contre une charmante banlieue de Chicago. Ce qui se définit donc comme une plus petite semaine. Il le fallait bien, pour être certain d’être de retour pour le jeudi soir pour ledit spectacle.

Dès mon départ, une aura de trouble s’abattit sur moi. Je devais partir de St-Chrysostome pour amener une remorque jusqu’à la cour de Lachine, pour me rendre en camion seul chercher ma remorque pré-chargée pour ma semaine dans notre cour de Montréal-Est. À mon arrivée à cette ultime étape, je n’arrive pas à retrouver ma remorque. Parmi deux ou trois, il n’est pas trop difficile de voir que la mienne n’y est pas. Et nous sommes dimanche soir.

Je n’aime pas téléphoner à mon patron chez lui pour aucune raison (à moins qu’il n’y ait mort d’homme) alors ma première solution fut de retourner à Lachine. Souvent, avant de partir de St-Chrysostome, je regarde les numéros des autres remorques, afin de démasquer les possibles erreurs avant de faire de couteux kilomètres inutilement. La même chose pour Lachine. Par contre, cette fois-ci, je ne l’ai pas fait. Il faut dire que les erreurs du genre sont très rares dans notre compagnie. Par contre, une erreur de temps à autre permet d’humaniser nos confrères du bureau… Je retourne donc à Lachine. Pas de remorque là non plus. À ce moment, je téléphone à mon répartiteur :

- Tu n’aurais pas fait amener ma remorque à St-Chrysostome sans me le dire par hasard?

- Non, pas du tout, sur de sur.

- Bon, il n’est ni ici, ni à l’autre cours!

- Oups… Je te rappelle.

Il doit retourner au bureau pour éclaircir l’affaire. De mon côté, je marmonne un peu dans mon cœur. Après qu’il ait visité en personne nos deux cours de Saint-Chrysostome, ma remorque est toujours introuvable. Après quelques appels téléphoniques, il me recontacte :

- Ta remorque est chez Morneau…

Ah, tout s’explique. J’y avais presque pensé moi-même, vu que notre cours de Montréal-Est était débordante de remorque (nous y avons cinq places, scrupuleusement contrôlées). Le camionneur qui va chercher une partie de nos chargements au Lac fait parti de Morneau, alors il est logique que n’ayant plus de place, il ait continué jusque « chez lui ».

Pour la troisième fois, je retraversai Montréal pour me rendre à Anjou. Une fois sur place, je dus suivre la procédure des intrus :

- Se présenter à la porte extérieur, côté répartition, afin de rencontrer la jolie madame (elles le sont toutes!) qui me donnera les bons papiers relatifs à mon chargement;

- Retourner au camion;

- Faire le tour du pâté de bâtisse pour accéder à la cour;

- Faire le tour de la cour pour y trouver, quelque part, ma remorque;

- Accrocher ladite remorque;

- Vérifier ladite remorque;

- Avancer le camion jusqu’à la barrière;

- Donner au gentil monsieur avec des gros bras la copie qui justifie ma sortie;

- Et… Câlissez mon camp de là parce que j’ai déjà assez perdu de temps!

Ouf. Je finis donc par réussir à partir « celui-là ». La montée jusqu’à Woodstock, IL se fait sans histoire. Une quinzaine d’heure plus tard (plus les repas, plus les dodos, plus ci, plus ça…), j’arrive chez mon client.

J’emprunte le petit chemin, tout étroit et en angle droit, qui m’amène aux quais. J’arrête derrière un camion et je pars à pied, à la recherche d’une porte humaine. Devant le camion, une affiche indique de s’arrêter à cet endroit et d’aller s’annoncer à pied. Je me rends donc à la porte mentionnée et j’entre. Aucun bureau à cet endroit. Un employé, en me voyant, vient me voir. Avec mon numéro de rendez-vous, il m’indique que je serai le suivant après le SGT. Je retourne à mon camion.

Un peu plus tard, un autre camion de ma compagnie arrive. Nous faisons connaissance. Il est avec nous depuis quelques semaines, et il arrive de chez Léger. Nous constatons que nous étions tous les deux en même temps dans la cour de Lachine… avoir su!

Comme c’est un peu (pfff, pas mal!) long, Lori finit par me téléphoner. J’apprends que mon voyage de retour doit se charger avant quinze heures, mais que c’est tout juste à côté. Elle m’envoie les détails par messagerie texte. Avec l’aide de mon ordinateur, je constate en effet que c’est à deux coins de rue.

Puis, me voici vide. Il est maintenant quatorze heures trente! Pas une minutes… que dis-je, pas une seconde à perdre. Je contacte Lori pour lui dire que je pars. Je sors de la cour, je prends à droite, et au moment où j’allais passer devant, je constate que c’est la première rue (et non la deuxième) sur ma droite! Je tourne en quasi-catastrophe et je me stationne où je peux (parce que ça presse et que de toute façon, il n’y en a pas d’espace).

En entrant, les employés, qui m’attendaient, disent :

- Ça doit en être un, lui! Tu charges pour?

- Canada (il ne faut pas penser qu’ils savent faire la différence entre les provinces…), dis-je avec mon malaise habituel.

- D’accord, recule-toi vite, pendant qu’on prépare tes papiers, dit-il en notant mon numéro de remorque.

Puis, il revient me voir. Il me demande mon numéro de commande, pour être certain de me donne le bon chargement! Il me dit qu’ils en ont quelques uns et que les autres camions ne se sont toujours pas présentés. Chez TJB, on est là à temps…

Je suis chargé en très peu de temps, papiers faits, papiers faxés. Je retourne à mon camion. Je dois maintenant me trouver un stationnement pour le souper. Je démarre et reviens sur mes pas. Juste avant d’arriver à l’autoroute, je constate qu’il y a une possibilité aux côtés d’un Jewel-Osco (une grande surface à tout faire). Je vais me stationner dans la rue, prêt à repartir, car le stationnement est ainsi fait que les camions ne peuvent y circuler.

Après un bon souper, l’envie urgente d’aller échantillonner une nouvelle salle de bain me tiraille. Je termine donc en vitesse mon repas, et me voici partie à la recherche d’une salle de bain. Comme tous les magasins sont maintenant fabriqués de façon identique, je me dis que la salle de bais sera à la même place que la dernière fois (et la seule) où j’ai mis les pieds dans un Jewel-Osco. J’entre dans le magasin au pas de course. Je vais au fond à gauche et… Pas de salle de bain! Zut… Il y a donc plusieurs modèles. Je reviens sur mes pas, vers l’allée du centre, et je traverse le magasin à la recherche de la salle de bain. Je regarde au bout de chaque rangée, de chaque côté, à la recherche d’un couloir ou d’une porte… Puis, vers le centre, voilà enfin le couloir tant recherché. Je marche, marche, et marche encore. Souvenez-vous, ça pressait déjà lorsque je suis parti du camion! Je me pointe le nez dans le couloir et… « Employés seulement ». Je regarde à gauche, puis à droite. Je m’engage, et je me donne la permission d’utiliser les salles de bain d’employés. Au pire, j’aurai été filmé et je me serai mis dans le trouble…

Une fois les besoins naturels et essentiels comblés, je devenais tout à coup des plus relaxes. En déambulant dans le magasin, j’ai eu une pensée pour Caro qui meurt pour de la margarine Country Crock (maintenant non-disponible au Québec). Je me suis dis que si je suis dans une épicerie, autant en profiter pour lui en ramener. Je me mets donc à la recherche du rayon de la margarine. Ici, voilà. Je cherche la Country Crock. Là. Bon, maudite patante à gosse! Il y a environ 5 saveurs différentes de margarine! Maudit z’américains! En avez-vous de la Regular? Tsé, juste normale là, pas avec-picos-verts, du sans-colérol ni du plus-facile-à-spreader? Ah, la voilà. Tiens, elle est en promotion en plus, c’est Caro qui va être contente.

Je peux maintenant reprendre la route, une fois repus, et avec mon trésor en plus. Je me rendrai ce soir-là jusqu’à Gary, IN, question de sortir du grand Chicago. Le reste attendra. Le lendemain, je poursuis mon chemin jusqu’à Kingston, ON. Ça commence à sentir le spectacle.

Jeudi matin, jour tant attendu du Show du refuge. Je me lève tôt, et je conclue la route qu’il me reste à faire pour rejoindre le bureau. Après un brin de social, je dois me rendre à Montréal, chez mon frère, où Caro me rejoindra. Roland, un confrère qui doit lui aussi se rendre à Montréal, et par un heureux hasard dans le même quartier où je vais moi-même, s’offre pour m’amener. Un problème de réglé.

À suivre…

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