31 octobre 2010

L'hiver québécois

Voici ce que j'ai raconté à Greg Camus, français sur le qui-vive, via Facebook, sur notre hiver québécois. Vous pouvez contribuer par vos commentaires...

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Hmmm pour faire court: les premières neiges arrivent vers novembre, ou parfois décembre. Dès la toute première bordée, tous les retardataires se ruent sur les garages pour faire installer les pneus d'hiver! Très souvent, cette neige reste quelques jours et fond.

En décembre, plutôt vers le temps des fêtes, ça commence à accumuler.

En janvier, au début il neige beaucoup, puis les grands froids s'installent. Dès lors, il ne neige plus tellement. Mais les vents amènent la raffale: la neige, un peu comme du sel, se déplace pour former des lames très dures.

En février, avec le soleil, la température se tempère, les vents se calment. C'est le mois pour les sports d'hiver. Motoneiges, raquettes, ski de fond et ski alpin se font aller, selon les adeptes...

En mars, ça sent le printemps. Le temps se réchauffe, il ne neige presque plus, ça fond même parfois un peu. Dans l'esprit des gens, souvent, il était temps. C'est aussi le temps du sirop d'érable (pour que les érables coulent, il doit faire en dessous de zéro degré la nuit, et au dessus de zéro degré le jour; dépendemment des hivers, ça arrive sur plus ou moins longtemps).

En avril, là, il recommence à faire chaud. Le proverbe dit: en avril, ne te découvre pas d'un fil. Donc, il fait suffisamment chaud pour qu'on croit qu'on peut commencer à se départir de nos manteaux d'hiver, mais la plupart du temps, c'est encore froid.

Et tout ça varie d'une année à l'autre. Et tout ça varie d'une région à l'autre. Le Québec, c'est immense! Tous les européens sont surpris de l'immensité au début.

Le secret avec l'hiver, c'est qu'il faut: 1- payer quelqu'un pour déneiger son entrée de cour (stationnement); 2- se trouver des activités à faire dehors (bien habillés, tout est possible); 3- se dire que, si on ne peut pas sortir, ben on peut toujours faire la fête!!!

24 octobre 2010

Garage, pommes et autres soupers...

J’arrivais, en camion, samedi matin. Contrairement à la semaine précédente, je savais que la petite famille irait aux pommes, aux Vergers Cassidy, à Franklin, dans le paradis de la pomme. Ce village est voisin de Saint-Chrysostome, là où se situe la compagnie pour laquelle je travaille, TJB. C’était le temps pour l’entretien de mon camion (nouveaux pneus et changement d’huile). Tout adonnait donc au mieux. Et Caro m’avait dit qu’elle voulait qu’on aille prendre un café de la retrouvaille chez son amie Manon, qu’elle avait, incidemment, retrouvée, merci à Facebook. Des années qu’elles ne s’étaient pas vues. J’avais répondu que, pour une fois, c’était sur notre chemin, et que nous ne sommes pas du genre à refuser un café. La journée s’annonçait chargée, mais ô combien bonne!

Quelque part autour de neuf heures du matin, j’entrais dans la cour de TJB. À peine le temps de décrocher ma remorque et de faire le plein, je me rends à l’avant du garage à la porte désignée par Pierre-Luc, notre mécanicien. Dès lors, mes amours m’appellent pour me dire qu’elles sont presque arrivées, afin que je sois à la barrière pour la leur ouvrir.

Après avoir fait la mise à jour des potins, et vérifier une rumeur finalement semi-fondée (et invalider une deuxième, ainsi que la source, toutes deux non fondées!), nous nous retrouvons tous les trois sur la route. Selon l’heure, nous sommes au point de nous chercher un diner. Carolle suggère Leblanc Patates, une institution à Huntingdon. Comme elle m’en parle depuis que je la connais, et que le temps nous le permet (ça prend une raison, et du temps, pour aller à Huntingdon!), j’acquiesce! Nous sommes comme dans l’émission Les Rois de la patate, du canal Historia

Du garage, il faut une bonne trentaine de minutes pour arriver dans la ville de Huntingdon. Nous constatons, en longeant la rivière Châteauguay, que le niveau de l’eau est anormalement élevé, suite aux pluies quasi diluviennes des dernières semaines (mais comme on a vécu le Déluge, y’a rien là). Caro, qui y a fait son école secondaire, constate les changements dans la ville. Nous stationnons devant le barrage et le pont au centre de la ville.

Je raconte à Caro que, dans mon ancien travail, j’allais livrer des billots de bois, dont j’oublie l’essence (peut-être du hêtre) au moulin qui préparait des bâtons de hockey. Mais la vieille usine avait été fermée, au profit de la plus grosse, tout près, dans le petit chemin en face, alors qu’un richissime américain avait acheté la compagnie. Et au matin, j’arrêtais déjeuner chez Léonidas, le restaurant grec. Ou souper le soir lorsque j’arrivais juste assez tôt.

Le moment tant attendu arrive ensuite. Enfin. Nous nous dirigeons tous les trois vers Leblanc Patates. Je suis fébrile. Depuis la série d’émission des Rois de la Patate, je crois avoir découvert en moi un besoin de découverte et d’encouragement de ces hauts-lieux de la gastronomie québécoise. Fred, on se fait une tournée??? Et, dans ces années de tout-à-la-chaine, de restaurants-minutes tous semblables à la quasi-grandeur de l’Amérique, une espèce typiquement québécoise résiste à l’envahisseur : la cabane à patate! Si Kénogami à son Bébé et son Mamie, Jonquière son Pavillon du Hot Dog et sa Pauline (aussi connu comme le restaurant du Taxi), Mercier son Grégoire (anciennement à Sainte-Martine), Granby son Chez Ben on s’bourre la bedaine, Saint-Charles-Borromée son Henri, et Saint-Jean-de-Matha son Gros Loup, Huntingdon a son Leblanc Patates. La cabane à patate, ou parfois appelé roulotte à patate, est au Québec ce que la cabane à BBQ (« spare ribs ») est au sud des États-Unis, ou la roulotte à bourritos et tacos est au mexicain. Typique…

Déjà de l’extérieur, on aperçoit la file de gens qui attendent pour commander. Entassés jusqu’à la porte. Bon signe. Caro me dit que souvent la file se poursuite dehors! Nous pénétrons. Sarah et moi allons visiter les toilettes. Ces dernières donnent toujours une bonne idée de la cuisine. Portez attention, vous verrez. Ultra propre ici. Pendant ce temps, Caro fait la file. Sarah garde une table. J’indique à Caro ce que je veux. Je regagne ma place avec Sarah.

Sarah me dit qu’elle veut une poutine. Chez nous, c’est une gâterie… si maman a acquiescé, ce doit être un événement! Caro m’avait dit qu’on se partagerait une méga-poutine « à gang ».

Il y a sur le comptoir une lignée de boites pré-assemblées qui fait deux mètres de long. Et sur le vieux frigidaire à l’autre bout, trois autres lignées de boites, empilées quasi jusqu’au plafond! D’ailleurs, dans ce frigo, une montagne de saucisse. Ils attendent du monde!!! Et comment! La fille prend la commande et la note directement dans le fond de la boite. Astucieux! L’équipe se fend en quatre pour préparer ladite commande. Bientôt, nous voici tous les trois assis à la table, en vieux bois de contreplaqué pour la table, et bois francs pour les montants.

Caro nous a pris des hot-dogs. On ne peut passer chez Leblanc Patates sans prendre des hot-dogs, dira t’elle. C’est aussi la seule place, ajoute t’elle, où elle choisit les « vapeurs ». La poutine géante, en partage (c’est ben la première fois qu’on fait ça : idée à conserver!) est très bonne. On a vu mieux… Mais c’est avec les hot-dogs qu’ils se reprennent amplement! Comme Caro me le fait remarquer, le secret est dans le chou. Vraiment bon.

Il est décidé sur le champ que nous ferons dorénavant comme dans l’émission Les rois de la patate : nous irons vérifier, lors de nos périples, la qualité des cabanes à patates de tous les coins du Québec.
Une fois bien rassasié, nous voici de retour à l’extérieur. La file pour entrer déborde maintenant sur la galerie. Caro mentionne qu’il y a un marché public, mais qu’il finit tôt. Si possible, elle aimerait aller y jeter un coup d’œil. Arrivé à l’automobile, nous constatons que l’heure n’est pas venue. Nous nous rendons donc là où se trouve le marché.

À Huntingdon, une rue est fermée pour que s’installe le marché! Au iâbe la dépense!!! Environ six à huit kiosques sont occupés. Et comme il fait un peu froid (en tout cas, pour quelqu’un qui ne bouge pas derrière son kiosque), certains sont à se ramasser, déjà. Nous en voyons suffisamment pour constater que Caro est dans les prix, pour ses légumes comme pour ses conserves, et qu’un fermier qui veut peut avoir un étal bien garni…

Nous regagnons l’automobile qui nous mènera maintenant vers les Vergers Cassidy, haut lieu de la cueillette de pommes. Il faut préciser que la région immédiate de Franklin est parsemée de vergers. Et ce, même du côté américain de la frontière, aux environs de Plattsburgh, NY. À l’abri des Adirondacks, il y a là un microclimat qui en fait un secteur parmi les plus chauds du Québec. Ne chercher pas l’hiver ici : il est réduit à sa plus simple expression… Minime!

On trouve dans les environs tous les produits de la pomme. Une grosse usine de transformation en fait des jus et des purées. Et dans les vergers, on y trouve des pommes de toutes sortes, aux multiples saveurs, et en maintes transformations. Délicieux cidres de glace inclus, fabriqués de diverses façons. Un paradis d’automne quoi!

Nous sommes atterris chez Cassidy la première fois par hasard. Un autre de nos hasards heureux. Bien que très fréquentés, on ne s’y sent jamais comme dans les gros vergers commerciaux (tiens, serait-ce le même problème que certaines érablières?). Il y a des jeux pour les enfants, des animaux auquel on peut même toucher, au grand bonheur de Cynthia du bureau, qui y était quelques jours avant nous, une boutique bien garnie et, ben évidemment, des pommiers en abondance!

La cueillette va de la mi-août à la fin octobre, si ce n’est pas plus. À chaque semaine, il y a toujours quelques variétés de prêtes. Chaque variété arrivant à maturité en son temps, il y en a toujours trois ou quatre qui sont à point. Au moment de notre passage, la Cortland, la McIntosh et la Lobo était de saison. Miam!
En quelques minutes, nous avons remplis nos deux sacs de vingt livres. Et pour le jus, nous avons ajouté six poches de pommes à chevreuil. Celles-ci sont presque gratuites. Et pour la plupart, un simple nettoyage et rien n’y parait. À surveillez pour les conserves… les pommes et les carottes à chevreuil : les déchets des uns font le bonheur des autres. Ou dit autrement : y’en a qui jette leurs choux gras! Le Bleu plein, nous pouvons donc repartir sur la route…

Nous retournons donc au garage, afin que je récupère mon camion. En chemin, Caro s’informe si le fait qu’on arrive pour souper chez Manon y change quoi que ce soit. Au bon vieux temps, elle ne s’en serait pas formalisée, mais là, après des millénaires sans relation, elle semble se garder une p’tite gêne. Manon la coquine sera bien contente de nous recevoir, peu importe le comment du pourquoi du quand.

Au garage, le mécanicien en a encore pour quelques minutes. Nous attendons donc patiemment. Mon camion a de beaux pneus neufs (en fait, quatre neufs et quatre semi-neufs, dont le numéro écrit en blanc trahi leur origine, 892 : ce sont donc mes anciens pneus sur mon Western Star)! Ceux du devant demeure les mêmes en tout temps. Pour la petite histoire, les pneus à l’arrière sont remplacé en été par des pneus de remorques ou de direction, afin de finir l’usure ainsi que de diminuer la consommation de carburant. Plus la semelle est mince, plus le camion est économique. Et en camion, chaque lichette compte! Nos pneus sont aussi gonfler à l’azote. Il parait que le roulement est plus doux, mais surtout, ils ne se dégonflent pas. Une autre lichette ici…
Une fois que je récupère mon camion, nous convenons d’un point de rendez-vous à Sainte-Catherine. Parce que même si Caro m’explique, je n’arrive pas à voir où nous nous en allons. Et comme un camion et sa remorque ne se stationne pas n’importe où, je préfère aller là où je suis certain d’avoir de l’espace. Le restaurant Le Petit Québec (une chaine de patate souvent tenu par des grecs) est l’endroit idéal. Sarah décide qu’elle fera la route en camion cette fois-ci.

Caro part donc toute seule et se rend à destination. Moi et Sarah allons à l’intérieur pour les besoins d’avant départ. Nous pouvons donc maintenant partir. Nous avons faim, et nous sommes impatients de rencontrer Manon et sa famille.

À notre arrivée au Petit Québec, nous apercevons Caro de la route. Je stationne le camion et la remorque, met la génératrice en marche, et nous descendons tous les deux. Caro s’amène et nous embarque.
Quelques minutes plus tard, nous entrons dans la rue… Caro dit : c’est surement là où il y a plein d’automobile de stationnée! C’est tout juste si une automobile passe au milieu des deux rangées stationnées de chaque côté de la rue. Par chance que je ne suis pas venu avec le camion!

Je note qu’ils sont les heureux propriétaires d’un Grand Cherokee avec le moteur Diesel. Je dis à Caro que je devrais prendre une option dessus pour quand ils s’en départiront. Nous entrons à l’intérieur de la maison.

Ben, c’est nous qui avons été surpris! La maison était pleine de monde. Au pif, je dirais près de vingt personnes! Évidemment, nous étions tout juste à temps pour le souper. Des hambourgeois sur BBQ, accompagnés de chiens chauds et salade. Ah, et j’oubliais les succulents amuse-gueule dont Sarah, entre autre, s’est régalée. OK, moi aussi. Une autre maison où il semble impossible de manquer de nourriture!
Après s’être proprement empiffré, nous avons pu faire connaissance avec tout ce beau monde. Et je fus victime de la curiosité envers le camionneur! Mais comme je suis volubile lorsqu’il s’agit de mon travail… Sarah a eu droit à une première leçon de guitare : elle est bonne en plus! Ai-je besoin de dire qu’elle a très hâte d’y retourner?

Puisque, dans mon cas, la journée était loin d’être fini, et qu’en plus elle avait commencé assez tôt (comme d’habitude), il a bien fallu se quitter. J’avais encore à aller livrer mes poêles à L’Assomption! Caro et Sarah sont donc venues me porter au camion. Puis, elles sont parties ensemble en automobile pour la maison.
Rempli de bonnes intentions, j’ai donc repris la route en étant certain de me rendre. Une fois Montréal traversé toutefois, je me suis dit que « demain, ça va faire pareil »… J’arrêtai donc camper à L’Assomption, au relais où personne ne vas jamais (en fait, probablement que personne ne le connait!)… La nuit y fût bien tranquille.

Au petit matin, je pus donc aller me délester de ma remorque. Une heure plus tard, j’arrivais à la maison pour déjeuner avec mes amours…

19 octobre 2010

Visite au garage très plaisante

Mercredi dernier, j'ai dû retourner au garage, un peu en catastrophe, parce que mon réfrigérateur était mort en début de semaine. On en profiterait aussi pour changer les batteries, parce que celle-ci, probablement d'origine, avait pas mal sorti tout leur jus. Deux semaines auparavant, j'y étais allé afin d'effectuer le changement d'huile et la pose de pneus pour l'hiver sur mon camion. Avec le graissage automatique, c'est le seul entretien qui reste à faire, outre les vérifications d'usages dans le cadre de mon travail. Et avec le gros client de Joliette, qui fait que j'ai le camion chez moi (parce que c'est plus court que de retourner dans une des cours de la compagnie), les visites au bureau se font rares. J'ajouterais même qu'avec les messages textes, même les appels se font rares!

À mon arrivée au garage, je stationne au fond de la cour, décroche la remorque, avance le camion à la pompe, fait le plein de "bon carburant pas cher" (dixit Martin un peu plus tard) puis finalement stationne le camion près des portes du garages. Puis, comme c'est plus que l'heure du diner, je me prend un ti-plat et je l'amène à la cuisine afin de profiter de mon temps d'arrêt pour manger.

Après un bonjour lancé "dans le carreau" (la fenêtre qui nous sépare des bureaux des répartiteurs), je me rend à la cuisine. Notre nouveau gars des Ressources Humaines, Mathiew, entre tout juste après moi. En gros, il me remercie au nom de la compagnie pour la bonne publicité que je fais (entre autre ici) pour la compagnie. Hé ben! Je ne fais que dire ce que je vis. Il faut croire que la vie n'est pas trop dur chez TJB... Il me dit qu'un employé est allé chez TJB directement grâce à mes bons mots, et qu'un autre a mentionné une influence de ma part. Hé ben!

S'en suit une discussion à bâtons rompus sur tout et sur rien. Je crois que, avec Mathiew, tout ce que les chauffeurs diront (enfin, ceux qui parlent là ou ça compte et nous sur les radios-CB) sera vraiment écouté. Évidemment, ça ne veut pas dire que nos moindres caprices se verront comblés! Mais déjà, d'être écouté par quelqu'un dont la formation et le poste conduisent à la satisfaction des besoins des employés, c'est un gros plus.

Par la suite, je peux me délecter de mon bon repas, préparé avec amour par Caro. Êve, qui est passé en coup de vent, m'a offert la dernière pointe de la pizza que d'autres avaient mangé un peu plus tôt. J'ai donc eu droit à un pizza-ghetti.

Par la suite, Jocelyn, le grand patron, me lance: "JF, suis moi dans le bureau". Premier réflexe: j'ai rien fait, je le jure. Deuxième réflexe: bon, j'ai rien à me reprocher, pourquoi je paniquerais??? Après être entré, il me dit de laisser la porte ouverte. Fouille-moi pourquoi, mais ça me rassure! Je dois être insécure de nature...

Jocelyn me demande ce que je pense de mon nouveau camion, après quelques mois sur la route avec (depuis le premier avril). Je répond que je trouve qu'il va bien, que le moteur est incroyable (même si une Chevette le serait au sortir d'un Mercedes!), et que ma transmission à 18 vitesses m'est tout à fait inutile, mais ô combien amusante à passer les vitesses. Nous échangeons ensuite sur le Tri-Pac, et la pertinence d'en faire ajouter, ou non, sur les futurs camions. La même chose pour le système de graissage automatique.

Le moment drôle survient alors que Jocelyn me demande combien de mile au gallon je peux lire dans mon tableau de bord (chiffre qui diffère légèrement, avec une dose d'optimisme, de celui caculé à la mitaine). Je lui dit que je me tient régulièrement entre onze et onze et demi, mais qu'une fois, j'ai même frôlé le douze! Pour la petite histoire, calculé à la main, les deux derniers mois de bonus me donne 9,04 et 9,33 mile au gallon. Petite fierté de chauffeur ici. Sans trop m'auto-enfler la tête, j'ai atteint le top-niveau des bonus! Si je dépasse 9,5, il faudra ajouté une catégorie de plus! Honnêtement, comme c'est le résultat de septembre, et que conséquemment le temps sera de plus en plus frais, ce sera difficile de faire mieux avant l'été prochain.

Tout ça pour dire que lui, car il a fait quelques échanges de remorques sur la 401, tournait autour de 10,5 au compteur. Et je crois décelé que ça le chicottait un peu. Il faut savoir que, à mon arrivée chez Claude, et au début pour TJB, Jocelyn prenait régulièrement le volant, et chaque fois, il affichait son nom au haut de la liste. Je dois dire que bien peu de chauffeur se préoccupait d'économie de carburant à cette époque.

Par contre, j'ai vérifié plus précisément cette semaine, et à London, ON, je faisais 10,0 miles au gallon. De là, comme la route se met à descendre, la consommation suit. Je suis monté à 10,2. Ça m'a tout pris pour finir à 10,6... sur un retour de poêles (lire: léger). Je suis certain que je fais mieux en partant directement de la maison parce que la route d'ici à Montréal est en descendant, et que ça roule à vitesse constante. Ce qui est loin d'être le cas sur les rangs qui mènent à Saint-Chrysostome! Jocelyn, tu as donc le bénéfice du doute. En même temps, il m'a fallu quatre mois avant d'être vraiment bon, vraiment en contrôle de mon camion, de mon moteur, de ma machine. Bref, de faire mon travail aussi bien avec mon Volvo-Cummins que le niveau que j'avais atteint après quatre ans sur mon Western Star-Mercedes. Bref, les comportements du moteur doivent être apprivoisé...

La prochaine étape fut dans le garage lui-même, avec Martin. Lui aussi est fier de ma performance. Il est aussi plutôt taquin pour les deux ou trois premier mois, ou je faisais un gros 8,2-8,5 bien compté! Bon, comme je disais plus haut, il fallait bien que j'apprivoise ma nouvelle monture. On en connait qui conduise du Volvo depuis qu'ils sont dans la compagnie et qui peine à atteindre 8,0...

Comme j'avais dit à Jocelyn que je croyais que mon Tri-Pac ne chauffait pas mon liquide refroidissant (c'est optionnel), nous sommes donc descendu dans le "pit" afin de suivre les boyaux. Vu du d'sour, c'est évident! Mon moteur pourra donc se réchauffer "tout seul" cet hiver. Honnêtement, ça me rassure. On m'a tellement dit que "c'est pas parteux, un osti d'Cummins". Imagine, ici, on a un vrai hiver... J'ai ben hâte de voir.

Une fois mon nouveau frigo et mes nouvelles batteries sont en place, je ressort afin de recommencer ma semaine. Je monte dans le camion, retourne au fond de la cour... Plus de remorque! Holà, mais donc, ou est passé ma remorque? Un téléphone à Martin: "Martin, auriez-vous rentré la remorque Unetelle?" Oups... heureusement, rien de bien profond.n'avait été entrepris. On me l'a donc rendu, et j'ai fini par pouvoir reprendre la route.

Et malgré le départ tardif, je suis arrivé dans un délai raisonnable à destination!

Ça fait vraiement du bien de se faire dire qu'on est bon! J'ai passé la semaine sur un nuage...

3 octobre 2010

Lettre à Boubou

Comme ça, le chant des sirènes a fait son œuvre... et ainsi le doute s’est installé dans ton esprit. Et tu es maintenant un indécis. C’est monsieur Léger qui va être content, lui dont le travail consiste à traquer les indécis. Mais je m’égare.

Dans ton dernier statut sur Facebook, tu indiques que tu pourrais avoir gain de cause chez Trans-West… quitte à monter plus haut s’il le faut. La belle affaire.

Je te donne mon humble opinion, bien que non sollicité. Parce que je suis déjà passé par là. Dans ma vie de plate-forme, j’étais pour une compagnie où, après trois à six mois, tu étais classé dans les meubles (lire : dans les plus vieux de la compagnie). Et ce, pour près de trois cents chauffeurs (pour environ cent camions) à mon arrivée. C’était en février il y a un peu plus de douze ans, ce qui ne me rajeunit pas… J’étais bien naïf à cette époque, autant dans le transport qu’en général, je dois avouer. On m’aurait fait croire n’importe quoi… Et cette compagnie, que j’appelle affectueusement mon « stage rémunéré », en abusait joyeusement. Sur moi comme sur tous les autres.

Ce petit préambule pour dire qu’à un certain point, je suis arrivé au même état d’esprit que toi en ce moment. Un rien aurait pu me retenir. J’aimais malgré tout ce travail, qu’en plus, sur les bonnes paroles des satanés « vieux chauffeurs », je croyais si bien payé et si attrayant de par la possibilité de prendre autant de congé que mon bon vouloir le commandait! Pour la petite histoire : la paye, tricotée d’une façon tout à fait humoristique, revient à deux gros bruns en moins comparer à celle que je fais maintenant pour une semaine semblable. Et comme mon oncle Marc me le fit remarquer avec justesse, « du congé sans solde, n’importe qui va t’en donner, puisqu’il ne te paye pas ». Ouin, ben évidemment, ai-je réfléchi plus tard... Malgré tout ce que je n’y aimais pas, ainsi que le surplus de travail que ça aurait occasionné, un transfert dans la section B-Train m’aurait retenu. Meilleur salaire à cause de la prime, disparition des fameux « Interstate » (transport illégal intra-États-Unis) et surtout, répartition à l’ancienneté, avec des chauffeurs qui se respectent et se font respecter. Le rêve, mais quand même en plate-forme... Avec le recul, là encore, ça aurait fait un temps, mais j’aurais probablement fini par me tanner, et quitter quand même.

Bref, ma situation valait, à l’époque, la tienne actuellement. Écœuré, mais d’une certaine façon, pas « game » de tout quitter! Je dirais qu’il y eut presqu’un an de réflexion avant de passer à l’acte.

C’est pour ça que je m’en voudrais de ne pas te souligner que, il y a quelques mois, tu as atteint un premier niveau. Et tu as téléphoné chez TJB. Et il y a quelques jours, tu as atteint un autre niveau. Cette fois-ci, tu as non seulement téléphoné, mais obtenu une entrevue, un test sur route et, couronnement, un poste. Bien sur, pour toi, un travail chez TJB, ça fait encore parti de l’inconnu, de la nouveauté. Et loin de moi l’idée de te racoler. Tu sais déjà tout ce que je pourrais t’en dire, je l’ai déjà fait, en parole ou en écrit. Et ce n’est pas non plus le sens de mon propos.

Dans toutes ces années dans le merveilleux monde du transport, j’ai rapidement compris que « un chauffeur ne peut pas à lui seul changer une compagnie »… et qu’ « une compagnie ne changera jamais fondamentalement pour un chauffeur ». Ces deux énoncés sont indéniables, et je suis presque certains qu’ils s’appliquent à toutes les compagnies. Si un chauffeur arrive à faire passer un point sur une certaine partie du travail, ce ne sera au mieux que temporaire, le temps que les choses se tassent, que les esprits se tiédissent. Au pire, le chauffeur ne « fittera » plus dans le décor… ou ne satisfera plus aux critères de la compagnie.

Ce fut mon cas lorsque, prenant tout mon courage à deux mains (c’est tellement pas moi de rouspéter contre mon travail), je suis allé « dans le bureau » pour aviser que les « Interstate », c’était fini pour moi. D’abord surpris de m’entendre, moi qui ne disais jamais un mot plus haut que l’autre, ils avaient ensuite acquiescé, en m’avisant que certaines destinations me deviendraient soudainement hors de porté. Ce que je savais déjà, et acceptais, faute de mieux.

Dès cet instant, j’ai compris que je ne « fittais » plus dans leur décor. Et comme le répartiteur a droit de vie ou de mort sur chacun de ses chauffeurs, dans bien des cas, si besoin est, la vie sera dure. Une connaissance à moi avait atteint ce point, mais plutôt que de comprendre le message, en était réduit à rouler jour et nuit afin de se sortir un salaire décent. Ayant compris mes capacités, il m’était impossible de faire de même. De jour OU de nuit, mais jamais les deux en même temps! C’est ce que j’ai appelé la période de répartition contre-productive. Si j’avais du temps, on me donnait un voyage court, et si j’avais peu de temps, on me donnait un voyage long (la majorité des voyages se faisait en une journée, entre 300 et 600 miles). Avec comme résultat que je me retrouvais chez mon client « juste assez trop tard » pour livrer, donc « on attend à demain matin » que le préposé soit de retour, préposé qu’une fois j’ai même croisé à sa sortie de l’usine à quatorze heures! C’est long jusqu’au lendemain matin… Et c’est rare les stationnements (et je ne parle même pas des relais de camions) dans le New Jersey. Quand j’ai trouvé, il était vingt heures!

Tout ça pour dire (non mais, y vas t’y aboutir?) que, dans ta réflexion à savoir si tu fais le bon choix, et que toi seul peux faire, n’oublie pas que, obtiendrais-tu un camion attitré et un travail solo (j’imagine que l’un ne vas pas sans l’autre, mais pas obligatoirement), il serait fort probable, si je me fis à bien des commentaires externes, et quelques internes, que tu ne « fitterais » plus dans leur moule, eux faisant du travail en équipe et en camion partagé. Et dans quelques semaines, quelques mois peut-être, la tension et les frictions seraient de retour… Sans compter que, passerais-tu au-dessus de « celui qu’on ne nommera pas ici », qu’il aurait fort probablement une influence plus ou moins grande sur le reste du bureau. Et donc sur ta vie sur la route...

Parles-en avec quelqu’un que tu connais bien, qui faisait du solo et qui, soudainement pour une raison obscure, ne « fitta » plus dans le moule et est de retour en équipe...

Geneviève et Patrick

Juste avant le célèbre BouBouQ 2, Carolle avait constaté, merci à Facebook, qu’une amie de Geneviève serait du souper. Quel hasard, nous sommes-nous dit à ce moment. Le monde est petit, et à cause de Facebook, maintenant, on le sait! Ne dit-on pas qu’il y a sept degrés de séparation entre tous les humains de la terre?

Arrive donc ledit BouBouQ, mémorable, et voilà qu’au retour, nous nous échangeons les amitiés Facebook, afin bien sur de garder contact, et de poursuivre éternellement la conversation. Revoyant la face de cette Émilie ( :P), je constate qu’elle est effectivement amie avec Geneviève et Patrick. Alors nous deux de nous demander : ben, comment ça se fait que tu les connais? J’attends d’ailleurs toujours sa réponse… Re :P
Voici la mienne. Comme je lui ai dit, à Émilie, impossible de faire une histoire courte, alors ça mérite un billet de blogue…

*****

Il fut un temps, pas si lointain mais presque, où j’habitai la belle ville des Trois-Rivières. C’est là que je suis atterri après avoir trouvé mon premier emploi de camionneur, chez les Bleus (qui ne méritent vraiment aucune publicité), compagnie situé à une trentaine de minute de l’autre côté du pont, sur la route vers Drummondville.

Après avoir bourlingué avec un copain d’école (de camion), pour me rendre compte que, bien que tous les deux « sur le Québec » (lire : chauffeur local), il était impossible de covoiturer (?!?) et que lui, pas toff, était retourné au lac Saint-Jean, je m’étais trouver une chambre dans une maison pour étudiant. D’ailleurs, à notre arrivée, en haut c’était l’étage des gars, et en bas, l’étage des filles. Peu de temps après, tout le haut fut louer à une famille, et je fus, avec la bénédiction des filles, accueilli en bas! Évidemment, à mon plus grand bonheur!

Pour la petite histoire, en moins de deux, j’étais secrètement amoureux de celle qui avait un chum. C’est bien ma chance. Elle a d’ailleurs quitté pour le rejoindre peu de temps plus tard. L’autre, une jolie Annie de Macamic, en Abitibi, j’ai l’impression qu’il aurait pu se passer quelque chose pour vrai… Mais elle est partie chez sa sœur à Québec pour l’été. Ça et un horaire de camionneur, parfait pour que rien ne se passe. Et ma vie aurait été tout chamboulée si, justement, quelque chose s’était passé. C’est drôle parfois de réaliser qu’une rencontre, ou un choix dans la vie, pourrait avoir changé tout le reste du cours de notre existence…

Toujours est-il que dans ce temps-là, je découvrais les joies des Internets… et que ça nous fait coucher tard! Ça ne me rajeunit pas. Je fréquentais un petit café (Royal je crois, comme le boulevard) qui était passé dans une émission de Radio-Canada (sur les joies et plaisir des Internet et des jeux vidéos). Émission dans laquelle une jolie Sophie avait servi de modèle afin de nous démontrer le fonctionnement des capteurs pour créer des personnages animés de jeux vidéo. Émoustillant, j’en salive encore!

C’est donc entre deux sessions de clavardage sur les canaux #jeu-quiz #printemps et #sag-lac25+ que j’ai connu à peu près tous les gens que je fréquente encore aujourd’hui (pas tous, mais plusieurs, au moins virtuellement). Même Carolle. Vive les Internets… Que j’ai investi de l’argent dans ce café… et combien d’autres par la suite, déménagement oblige! Jusqu’à finir par faire l’achat d’un ordinateur, que je possède d’ailleurs encore (oui, il peut ben être lent!). L’ordinateur est d’ailleurs arrivé tout juste avant Carolle, suivie elle de peu par Sarah! Grosse année!!!

Mais je m’égare… À Trois-Rivières, donc, j’ai connu diverses gens, donc quelques unes sont devenues des amies. Plus de femmes que d’hommes évidemment… Je pense surtout, à cette époque, à Marie-Pierre et à Jade. Mais d’autres que j’oublie…

Arrive un temps où quelqu’un qui connait quelqu’un, si ma mémoire est bonne, il s’appelait Steve, le frère adoptif de Patrick, décide de recevoir la gang pour un party! Malgré ma gêne légendaire, je décide de m’y rendre, afin de rencontrer Jade, qui semble tout aussi gênée que moi… surtout après avoir vu dans quoi nous nous étions embarqué! Je crois que je faisais office d’ancêtre dans le groupe…

Bien que ça ne vaille pas un BouBouQ, ni même un party de motoneige en juillet, nous avons eu une très belle soirée! Et des souvenirs mémorables, hein Marie-Pierre??? En tout cas, moi je m’en souviens! Jade et moi sommes par la suite devenus de bons amis, et on en a parlé longtemps, de ce party!

Ce fut donc lors de cette soirée que j’ai fait l’humble connaissance de Patrick, parce qu’il était encore suffisamment à jeun pour s’en souvenir plus tard. Mouahahaha… Peu de temps après, il rencontrait Geneviève, qui elle fit ma connaissance par Internet, puis des visites s’en suivirent… et des soupers… et des soirées. Bref, c’était pas mal mes seuls amis en dehors du travail.

J’ai vécu quelques mois à Trois-Rivières, avant de déménager à Sainte-Perpétue, pour ensuite échoir à Charrette. Le tout a duré trois ans et trois quart. Cet emploi fut plutôt pénible, c’est pour ça que je ne dis jamais quatre ans… Pendant que j’habitais Charrette, j’ai fini par décider de changer de travail. M’éloigner du travail faisait parti du processus de deuil, j’imagine.

Pour la petite histoire, j’ai quitté les bleus pour Transport Claude Lemieux, qui fut en quelque sorte absorbé par Transport Jocelyn Bourdeau, où je suis toujours aujourd’hui. J’ai habité Saint-Chrysostome pendant quatre ans, puis en logement à Saint-Jean-de-Matha pendant quatre ans. Et dans notre maison depuis un peu plus d’un an…