24 octobre 2010

Garage, pommes et autres soupers...

J’arrivais, en camion, samedi matin. Contrairement à la semaine précédente, je savais que la petite famille irait aux pommes, aux Vergers Cassidy, à Franklin, dans le paradis de la pomme. Ce village est voisin de Saint-Chrysostome, là où se situe la compagnie pour laquelle je travaille, TJB. C’était le temps pour l’entretien de mon camion (nouveaux pneus et changement d’huile). Tout adonnait donc au mieux. Et Caro m’avait dit qu’elle voulait qu’on aille prendre un café de la retrouvaille chez son amie Manon, qu’elle avait, incidemment, retrouvée, merci à Facebook. Des années qu’elles ne s’étaient pas vues. J’avais répondu que, pour une fois, c’était sur notre chemin, et que nous ne sommes pas du genre à refuser un café. La journée s’annonçait chargée, mais ô combien bonne!

Quelque part autour de neuf heures du matin, j’entrais dans la cour de TJB. À peine le temps de décrocher ma remorque et de faire le plein, je me rends à l’avant du garage à la porte désignée par Pierre-Luc, notre mécanicien. Dès lors, mes amours m’appellent pour me dire qu’elles sont presque arrivées, afin que je sois à la barrière pour la leur ouvrir.

Après avoir fait la mise à jour des potins, et vérifier une rumeur finalement semi-fondée (et invalider une deuxième, ainsi que la source, toutes deux non fondées!), nous nous retrouvons tous les trois sur la route. Selon l’heure, nous sommes au point de nous chercher un diner. Carolle suggère Leblanc Patates, une institution à Huntingdon. Comme elle m’en parle depuis que je la connais, et que le temps nous le permet (ça prend une raison, et du temps, pour aller à Huntingdon!), j’acquiesce! Nous sommes comme dans l’émission Les Rois de la patate, du canal Historia

Du garage, il faut une bonne trentaine de minutes pour arriver dans la ville de Huntingdon. Nous constatons, en longeant la rivière Châteauguay, que le niveau de l’eau est anormalement élevé, suite aux pluies quasi diluviennes des dernières semaines (mais comme on a vécu le Déluge, y’a rien là). Caro, qui y a fait son école secondaire, constate les changements dans la ville. Nous stationnons devant le barrage et le pont au centre de la ville.

Je raconte à Caro que, dans mon ancien travail, j’allais livrer des billots de bois, dont j’oublie l’essence (peut-être du hêtre) au moulin qui préparait des bâtons de hockey. Mais la vieille usine avait été fermée, au profit de la plus grosse, tout près, dans le petit chemin en face, alors qu’un richissime américain avait acheté la compagnie. Et au matin, j’arrêtais déjeuner chez Léonidas, le restaurant grec. Ou souper le soir lorsque j’arrivais juste assez tôt.

Le moment tant attendu arrive ensuite. Enfin. Nous nous dirigeons tous les trois vers Leblanc Patates. Je suis fébrile. Depuis la série d’émission des Rois de la Patate, je crois avoir découvert en moi un besoin de découverte et d’encouragement de ces hauts-lieux de la gastronomie québécoise. Fred, on se fait une tournée??? Et, dans ces années de tout-à-la-chaine, de restaurants-minutes tous semblables à la quasi-grandeur de l’Amérique, une espèce typiquement québécoise résiste à l’envahisseur : la cabane à patate! Si Kénogami à son Bébé et son Mamie, Jonquière son Pavillon du Hot Dog et sa Pauline (aussi connu comme le restaurant du Taxi), Mercier son Grégoire (anciennement à Sainte-Martine), Granby son Chez Ben on s’bourre la bedaine, Saint-Charles-Borromée son Henri, et Saint-Jean-de-Matha son Gros Loup, Huntingdon a son Leblanc Patates. La cabane à patate, ou parfois appelé roulotte à patate, est au Québec ce que la cabane à BBQ (« spare ribs ») est au sud des États-Unis, ou la roulotte à bourritos et tacos est au mexicain. Typique…

Déjà de l’extérieur, on aperçoit la file de gens qui attendent pour commander. Entassés jusqu’à la porte. Bon signe. Caro me dit que souvent la file se poursuite dehors! Nous pénétrons. Sarah et moi allons visiter les toilettes. Ces dernières donnent toujours une bonne idée de la cuisine. Portez attention, vous verrez. Ultra propre ici. Pendant ce temps, Caro fait la file. Sarah garde une table. J’indique à Caro ce que je veux. Je regagne ma place avec Sarah.

Sarah me dit qu’elle veut une poutine. Chez nous, c’est une gâterie… si maman a acquiescé, ce doit être un événement! Caro m’avait dit qu’on se partagerait une méga-poutine « à gang ».

Il y a sur le comptoir une lignée de boites pré-assemblées qui fait deux mètres de long. Et sur le vieux frigidaire à l’autre bout, trois autres lignées de boites, empilées quasi jusqu’au plafond! D’ailleurs, dans ce frigo, une montagne de saucisse. Ils attendent du monde!!! Et comment! La fille prend la commande et la note directement dans le fond de la boite. Astucieux! L’équipe se fend en quatre pour préparer ladite commande. Bientôt, nous voici tous les trois assis à la table, en vieux bois de contreplaqué pour la table, et bois francs pour les montants.

Caro nous a pris des hot-dogs. On ne peut passer chez Leblanc Patates sans prendre des hot-dogs, dira t’elle. C’est aussi la seule place, ajoute t’elle, où elle choisit les « vapeurs ». La poutine géante, en partage (c’est ben la première fois qu’on fait ça : idée à conserver!) est très bonne. On a vu mieux… Mais c’est avec les hot-dogs qu’ils se reprennent amplement! Comme Caro me le fait remarquer, le secret est dans le chou. Vraiment bon.

Il est décidé sur le champ que nous ferons dorénavant comme dans l’émission Les rois de la patate : nous irons vérifier, lors de nos périples, la qualité des cabanes à patates de tous les coins du Québec.
Une fois bien rassasié, nous voici de retour à l’extérieur. La file pour entrer déborde maintenant sur la galerie. Caro mentionne qu’il y a un marché public, mais qu’il finit tôt. Si possible, elle aimerait aller y jeter un coup d’œil. Arrivé à l’automobile, nous constatons que l’heure n’est pas venue. Nous nous rendons donc là où se trouve le marché.

À Huntingdon, une rue est fermée pour que s’installe le marché! Au iâbe la dépense!!! Environ six à huit kiosques sont occupés. Et comme il fait un peu froid (en tout cas, pour quelqu’un qui ne bouge pas derrière son kiosque), certains sont à se ramasser, déjà. Nous en voyons suffisamment pour constater que Caro est dans les prix, pour ses légumes comme pour ses conserves, et qu’un fermier qui veut peut avoir un étal bien garni…

Nous regagnons l’automobile qui nous mènera maintenant vers les Vergers Cassidy, haut lieu de la cueillette de pommes. Il faut préciser que la région immédiate de Franklin est parsemée de vergers. Et ce, même du côté américain de la frontière, aux environs de Plattsburgh, NY. À l’abri des Adirondacks, il y a là un microclimat qui en fait un secteur parmi les plus chauds du Québec. Ne chercher pas l’hiver ici : il est réduit à sa plus simple expression… Minime!

On trouve dans les environs tous les produits de la pomme. Une grosse usine de transformation en fait des jus et des purées. Et dans les vergers, on y trouve des pommes de toutes sortes, aux multiples saveurs, et en maintes transformations. Délicieux cidres de glace inclus, fabriqués de diverses façons. Un paradis d’automne quoi!

Nous sommes atterris chez Cassidy la première fois par hasard. Un autre de nos hasards heureux. Bien que très fréquentés, on ne s’y sent jamais comme dans les gros vergers commerciaux (tiens, serait-ce le même problème que certaines érablières?). Il y a des jeux pour les enfants, des animaux auquel on peut même toucher, au grand bonheur de Cynthia du bureau, qui y était quelques jours avant nous, une boutique bien garnie et, ben évidemment, des pommiers en abondance!

La cueillette va de la mi-août à la fin octobre, si ce n’est pas plus. À chaque semaine, il y a toujours quelques variétés de prêtes. Chaque variété arrivant à maturité en son temps, il y en a toujours trois ou quatre qui sont à point. Au moment de notre passage, la Cortland, la McIntosh et la Lobo était de saison. Miam!
En quelques minutes, nous avons remplis nos deux sacs de vingt livres. Et pour le jus, nous avons ajouté six poches de pommes à chevreuil. Celles-ci sont presque gratuites. Et pour la plupart, un simple nettoyage et rien n’y parait. À surveillez pour les conserves… les pommes et les carottes à chevreuil : les déchets des uns font le bonheur des autres. Ou dit autrement : y’en a qui jette leurs choux gras! Le Bleu plein, nous pouvons donc repartir sur la route…

Nous retournons donc au garage, afin que je récupère mon camion. En chemin, Caro s’informe si le fait qu’on arrive pour souper chez Manon y change quoi que ce soit. Au bon vieux temps, elle ne s’en serait pas formalisée, mais là, après des millénaires sans relation, elle semble se garder une p’tite gêne. Manon la coquine sera bien contente de nous recevoir, peu importe le comment du pourquoi du quand.

Au garage, le mécanicien en a encore pour quelques minutes. Nous attendons donc patiemment. Mon camion a de beaux pneus neufs (en fait, quatre neufs et quatre semi-neufs, dont le numéro écrit en blanc trahi leur origine, 892 : ce sont donc mes anciens pneus sur mon Western Star)! Ceux du devant demeure les mêmes en tout temps. Pour la petite histoire, les pneus à l’arrière sont remplacé en été par des pneus de remorques ou de direction, afin de finir l’usure ainsi que de diminuer la consommation de carburant. Plus la semelle est mince, plus le camion est économique. Et en camion, chaque lichette compte! Nos pneus sont aussi gonfler à l’azote. Il parait que le roulement est plus doux, mais surtout, ils ne se dégonflent pas. Une autre lichette ici…
Une fois que je récupère mon camion, nous convenons d’un point de rendez-vous à Sainte-Catherine. Parce que même si Caro m’explique, je n’arrive pas à voir où nous nous en allons. Et comme un camion et sa remorque ne se stationne pas n’importe où, je préfère aller là où je suis certain d’avoir de l’espace. Le restaurant Le Petit Québec (une chaine de patate souvent tenu par des grecs) est l’endroit idéal. Sarah décide qu’elle fera la route en camion cette fois-ci.

Caro part donc toute seule et se rend à destination. Moi et Sarah allons à l’intérieur pour les besoins d’avant départ. Nous pouvons donc maintenant partir. Nous avons faim, et nous sommes impatients de rencontrer Manon et sa famille.

À notre arrivée au Petit Québec, nous apercevons Caro de la route. Je stationne le camion et la remorque, met la génératrice en marche, et nous descendons tous les deux. Caro s’amène et nous embarque.
Quelques minutes plus tard, nous entrons dans la rue… Caro dit : c’est surement là où il y a plein d’automobile de stationnée! C’est tout juste si une automobile passe au milieu des deux rangées stationnées de chaque côté de la rue. Par chance que je ne suis pas venu avec le camion!

Je note qu’ils sont les heureux propriétaires d’un Grand Cherokee avec le moteur Diesel. Je dis à Caro que je devrais prendre une option dessus pour quand ils s’en départiront. Nous entrons à l’intérieur de la maison.

Ben, c’est nous qui avons été surpris! La maison était pleine de monde. Au pif, je dirais près de vingt personnes! Évidemment, nous étions tout juste à temps pour le souper. Des hambourgeois sur BBQ, accompagnés de chiens chauds et salade. Ah, et j’oubliais les succulents amuse-gueule dont Sarah, entre autre, s’est régalée. OK, moi aussi. Une autre maison où il semble impossible de manquer de nourriture!
Après s’être proprement empiffré, nous avons pu faire connaissance avec tout ce beau monde. Et je fus victime de la curiosité envers le camionneur! Mais comme je suis volubile lorsqu’il s’agit de mon travail… Sarah a eu droit à une première leçon de guitare : elle est bonne en plus! Ai-je besoin de dire qu’elle a très hâte d’y retourner?

Puisque, dans mon cas, la journée était loin d’être fini, et qu’en plus elle avait commencé assez tôt (comme d’habitude), il a bien fallu se quitter. J’avais encore à aller livrer mes poêles à L’Assomption! Caro et Sarah sont donc venues me porter au camion. Puis, elles sont parties ensemble en automobile pour la maison.
Rempli de bonnes intentions, j’ai donc repris la route en étant certain de me rendre. Une fois Montréal traversé toutefois, je me suis dit que « demain, ça va faire pareil »… J’arrêtai donc camper à L’Assomption, au relais où personne ne vas jamais (en fait, probablement que personne ne le connait!)… La nuit y fût bien tranquille.

Au petit matin, je pus donc aller me délester de ma remorque. Une heure plus tard, j’arrivais à la maison pour déjeuner avec mes amours…

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