14 décembre 2010

Offre d'emploi pour chauffeur US - Prise 2

Je viens de corriger quelques caractères sur le message/offre d'emploi, accesible dans la colonne de droite, sous la rubrique Bonnes adresses.

J'ai ajouté l'extension téléphonique de Mathiew Beaudoin, notre encore tout nouveau (de cet été) confrère aux Ressources Humaines.

J'ai aussi corriger l'adresse. On m'a indiqué aujourd'hui que j'y avais une erreur... j'imagine que quelqu'un l'a mentionné au bureau.

Parce que oui, ça marche! J'avais écrit ça dans un moment de bonheur excessif, mais il faut croire que notre réputation se répend sur la route. J'ai d'ailleurs raconté tout ça via radio-CB à deux reprises dans le dernier mois! Et on me dit au bureau que ça fait plusieurs fois que mon blogue est mentionné comme réponse à la fameuse question: mais comment avez-vous entendu parler de notre compagnie? Ou encore: parmi toutes les compagnies, pourquoi avoir choisi de tenter votre chance ici?

Après bientôt neuf ans (au début janvier prochain), j'en pense toujours la même chose, de ma compagnie. Les deux dernières années ont été un tantinet au relenti, vu l'économie, mais depuis la fin de l'été/le début de l'automne, je crois sentir que nous sommes sur une lancée, sur une montée. Tout devrait donc aller pour le mieux pour les mois à venir!

12 décembre 2010

Souper de Noël

Jour 1

L’autre samedi, le 27 novembre, en fait le samedi qui suit l’Action de Grâces américaine, se tenait le traditionnel souper de Noël de TJB. Lors de cette fin de semaine, nos clients américains sont en congé du mercredi midi au dimanche. Et souvent, le mercredi est au ralenti… Les compagnies de transport québécois sont nombreuses à en profiter pour tenir leur soirée des fêtes. Parce que de toute façon, les camions seraient arrêtés pendant quelques jours. Pour la petite histoire, on me demande souvent, avec étonnement, si, et en fait pourquoi, nous travaillons lors de telle ou telle fête québécoise? Outre les chauffeurs locaux de la compagnie, notre horaire suit les fêtes américaines. Et dans la plupart des cas, les américains fêtent, mais ne chôment pas. Sauf pour l’Action de Grâces et le Jour de l’Indépendance. Beaucoup d’américains travaillent six jours par semaine, alors il ne faut pas s’attendre de les voir en congé trop souvent!

Revenons à nos moutons. La fin de semaine a donc commencé en quasi-catastrophe. En effet, vendredi fut un jour de tempête. Un deuxième jour dans la même semaine avec congé d’école! Dire qu’en hiver, ça leur prend TOUTTE pour fermer l’école! Hé ben… La petite famille est donc partie dès après diner pour se rendre chez Tante Anna, à Sainte-Martine. Tante Anna est toujours contente de nous voir, et de nous recevoir pour souper. Ou pour coucher… Sa maison nous sert donc souvent de pied-à-terre près du bureau de la compagnie.

Arrivés chez Anna, elle nous annonce que nous allons souper au restaurant La Roukyne, avec la gang de Madame… On croyait que c’était un souper quelquonque d’association (Tante Anna est dans « 36 sociétés, 36 misères ») mais non, c’était un simple souper-buffet avec un chanteur country. On a bien mangé, on a bien bu, et on a bien « swingné de la patte ». Il a même chanté « On the road again » et « I believe in you », alors le menu fut complet!

J’y ai même vu Martin du garage qui y était pour souper tranquille. C’est raté pour la tranquillité!!! Sarah lui a parlé de tout plein de découvertes sur la Wii… Une chance qu’on n’a la console que depuis une semaine (à ce moment)!

Par la suite, une petite soirée tranquille chez Tante Anna. Nous nous sommes tous couchés tôt!

Jour 2

Au matin, après un déjeuner vite fait, notre mission consistait à aller reconduire Sarah chez sa marraine Brigitte, heureuse élue pour s’occuper d’elle pendant la journée et la nuit suivante. Et comme marraine habite La Prairie, nous allions donc pouvoir « essayer » la nouvelle 30, ouverte à la circulation récemment. En passant au dessus la veille, en route vers le garage, nous avions constaté de visu qu’elle était bien fonctionnelle. J’ai eu une pensée pour un vieux chauffeur de camion qui m’avait dit, chez Réal’s Truck Stop, il y a plusieurs années (c’était dans ma vie de plate-forme) : « Tsé, même tes enfants ne verront jamais ça! » Ben, pas cette fois. Ni pour la 73 du côté du Parc, ni pour le côté de la Beauce. Manque juste le pont au bout de la 640, les ti-bouts pour compléter la 40 à Trois-Rivières et à Québec (pour contourner ces villes), et la 30 entre Sorel et Bécancour et, dans mon cas, je serai content!

La route fut belle sur ladite 30. Évidemment, c’est neuf! Quelques sorties seraient les bienvenues, me suis-je dit. Je constatai que les maires des villes concernées pensaient la même chose en lisant le journal chez Brigitte. Le projet aurait été créé afin de ne pas favoriser l’étalement urbain. Bon, dans ce domaine, c’est un échec! Il y a eu énormément de construction dans les villes situées aux environs de la nouvelle autoroute. Sainte-Martine, pour ne parler que de celle-là, a presque doublé de population! Un autre « Quartier Dix-Trente » est même en préparation pour les alentours de l’Hôpital Anna-Laberge… (Un Quartier Dix-Trente, c’est l’apothéose, le summum du centre d’achat; du genre vraiment méga).

Brigitte nous présenta sa virole à fromage. Nous fûmes conquis; on en veut une! Eux ont découvert ça l’été dernier en camping, par une voisine. Il faut évidemment aimer le fromage, mais là, on est partant, alors pas de trouble! Jean, parrain cochon, nous a raconté les aléas de son travail, sa courte prestation chez D’Angelo, et de ses projets pour plus tard. C’est fou comme « lorsqu’on se compare, on se console »… Ou dit autrement, on a des chiâleux chez TJB qui se plaignent le ventre plein!

Après un diner léger, nous sommes donc partis, Caro et moi, vers Valleyfield. Un petit arrêt dans une grande surface, à la recherche de moule en silicone pour faire des savons. J’en ai trouvé un. Nous serions nous trouver une nouvelle passion artisanale? La phrase préférée de feu mon père n’était-elle pas : « on est capable d’en faire »? Nous en avons profité pour faire le plein de cochonneries, question de passer le temps en attendant le souper.

Puis, nous nous sommes rendus à l’Hôtel Plaza de Valleyfield. Notre chambre nous y attendait. Écoute de musique à la télé, dégustation de cochonnerie et grand nettoyage se sont succédé, et pas nécessairement dans cet ordre. Une fois l’heure H venue, et tous deux habillés « beau bonhomme », nous sommes descendus dans les sous-bassements de l’hôtel. Une surprise nous attendait dès l’ascenseur : Boubou et Émilie étaient eux aussi en route pour les bas fonds de l’hôtel… Une fois dans le lobby tout en bas, je me suis mis à penser qu’avec l’expansion de la compagnie, un beau jour, nous aurons besoin de la grande salle… Une fois à l’intérieur, je constatai qu’en effet, nous commençons à y être à l’étroit (et il y avait bien une dizaine d’absents). Encore une ou deux années, et ça débordera…

À l’heure dite, la porte s’ouvrit. Jocelyn et Êve, les patrons, nous ont accueillis avec salutations chaleureuses et présent. Comme à l’habitude, nous nous sommes choisis une table entre amis. La nôtre se constitua autour de moi, Reefer, Boubou et une autre nouveau dont je ne sais pas le nom… ainsi que nos épouses.

Après les présentations d’usages à notre table, un serveur complètement bolo se présenta ainsi : il raconta que ça ne lui tentait pas vraiment de travailler, qu’il était obligé, que c’était l’aide sociale qui l’avait envoyé, etc. C’était tellement gros que je me suis tout de suite dit qu’il faisait parti du décor (en fait, de l’animation) et qu’il était un mal nécessaire. Je ne lui ai plus vraiment porté attention. Son but était de faire chier l’peuple, et avec Émilie et Carolle, je crois que ça y était presque. Reefer de son côté se disait que « ça se peux-tu de nous avoir envoyé un tel numéro! » De table en table, il en rajoutait. Les vraies serveuses, dont je ne suis pas certain qu’elles étaient dans le coup, devaient subir ses oublies, ou nos redemandes…

Les services débutèrent au travers de tout ça. Ainsi que le traditionnel blabla inhérent à ce genre de soirée. Mais cette année, un petit plus. Nous avons tous été présenté publiquement!

Les répartiteurs et le personnel de bureau ont été présentés. Ensuite, les chauffeurs US. Matthew, l’homme derrière les ressources humaines, nouvellement arrivé l’été dernier, nous a tous nommés… Et il a eu un seul oubli! Wow, plus de mémoire que moi. Il a seulement eu un peu de misère avec la table de Lanaudière, parce qu’eux, il ne les voit pas souvent.

Jean-Pierre présenta les chauffeurs de ville. Ma foi, je ne croyais pas qu’il y en avait autant. On doit être rendu une grosse compagnie!!! Martin par la suite présenta les mécaniciens, qui prennent soin de nos camions et remorques de façon à ce que le tout demeure fonctionnel en tout temps.

Le service, à ce point, était rendu au plat principal. En alternance, il y avait tournedos de porc et carré d’agneau. Carolle a eu le porc, et moi l’agneau. Le serveur bolo échappa, avec grand fracas, son plateau. Il se fit alors ramasser par deux hommes et, comme on dit chez nous, « sortir su’a tête »… Peu de temps après, il s’est présenté au micro, et par la suite, pendant le dessert, il est venu nous voir de table en table afin de rigoler avec nous, et de voir qui avait plus mordu.

Il s’avéra que ce même bolo était un hypnotiseur! Il a donc demandé des volontaires afin de nous faire rire un bon coup. On se rappellera longtemps de Jean-Pierre qui rame. Ou de Ernest et l’Oncle Bob, habituellement si réservés, qui ont subi l’hypnose à plein. Et les autres… Un peu long, mais plutôt intéressant!

Par la suite, la musique a fait dansé jusqu’à s’en user les semelles. De mon côté, je me suis consacré à diverses conversation avec les confrères. Il y en a une couple que les oreilles ont dû leur « sciller »…

Jour 3

Encore? Ben, tant qu’à ne fêter qu’un fois par an, autant le faire comme il faut! Après un sommeil réparateur, nous nous sommes rendus dans le lobby de l’hôtel afin d’être prêt pour le déjeuner. La marraine/gardienne se changeant en citrouille à midi et demi, nous nous devions de nous empiffrer prestement!

Le brunch nous a semblé meilleur que les années précédentes. Pourtant, on ne peut pas dire que c’est le changement qui les occupe… Nous avons donc pu déjeuner plusieurs fois. Maudit buffet à volonté quand tu n’en a pas (de volonté)! Et attablés avec Marteau, Reefer, AP, Mao, et Moustache, ainsi que les quelques conjointes qui étaient encore « drette », comment ne pas tourner ce divin repas en folie?

Après les remerciements d’usage au patron, nous avons donc dû quitter, encore très heureux de l’événement, du cadeau et des rencontres.

Après avoir récupéré Sarah, nous nous sommes rendus chez Manon et Philippe. Pendant que les gars ont parlé de char, les filles ont parlé de diabète! Afin de ne pas trop s’éterniser (quand on est trop bien reçu…), nous avons quitté avant le souper.

Mais il fallait bien manger. Rendu dans Montréal, la fringale nous gagna. Sauf Sarah, qui a toujours faim, donc elle avait faim en partant… Carolle ayant un goût de chinois, nous nous sommes souvenus du « chinois ch’nu » près des raffineries. Parce que celui de Repentigny, près de la Marina, c’est juste un « chinois bof »! Par contre dans les deux cas, ils ne valent pas le Sun K de Châteauguay. Nous étions tellement tôt que le buffet était vide. Nous en avons donc profité pour aller visiter Jean Coutu, à la recherche d’un ami. Et un parfum pour Carolle, qui semble introuvable (j’ai même vérifié à la boutique hors-taxe de Windsor depuis…)!

Nous sommes retournés au Chinois. Nous avons encore bien mangé, malgré tout. Et probablement trop, étant donné que c’était encore un buffet! Par la suite, nous nous sommes finalement rendus à la maison, pour se reposer d’autant d’émotion en si peu de temps!

Ce fut, je crois pouvoir le dire, une excellente fin de semaine.

31 octobre 2010

L'hiver québécois

Voici ce que j'ai raconté à Greg Camus, français sur le qui-vive, via Facebook, sur notre hiver québécois. Vous pouvez contribuer par vos commentaires...

*****

Hmmm pour faire court: les premières neiges arrivent vers novembre, ou parfois décembre. Dès la toute première bordée, tous les retardataires se ruent sur les garages pour faire installer les pneus d'hiver! Très souvent, cette neige reste quelques jours et fond.

En décembre, plutôt vers le temps des fêtes, ça commence à accumuler.

En janvier, au début il neige beaucoup, puis les grands froids s'installent. Dès lors, il ne neige plus tellement. Mais les vents amènent la raffale: la neige, un peu comme du sel, se déplace pour former des lames très dures.

En février, avec le soleil, la température se tempère, les vents se calment. C'est le mois pour les sports d'hiver. Motoneiges, raquettes, ski de fond et ski alpin se font aller, selon les adeptes...

En mars, ça sent le printemps. Le temps se réchauffe, il ne neige presque plus, ça fond même parfois un peu. Dans l'esprit des gens, souvent, il était temps. C'est aussi le temps du sirop d'érable (pour que les érables coulent, il doit faire en dessous de zéro degré la nuit, et au dessus de zéro degré le jour; dépendemment des hivers, ça arrive sur plus ou moins longtemps).

En avril, là, il recommence à faire chaud. Le proverbe dit: en avril, ne te découvre pas d'un fil. Donc, il fait suffisamment chaud pour qu'on croit qu'on peut commencer à se départir de nos manteaux d'hiver, mais la plupart du temps, c'est encore froid.

Et tout ça varie d'une année à l'autre. Et tout ça varie d'une région à l'autre. Le Québec, c'est immense! Tous les européens sont surpris de l'immensité au début.

Le secret avec l'hiver, c'est qu'il faut: 1- payer quelqu'un pour déneiger son entrée de cour (stationnement); 2- se trouver des activités à faire dehors (bien habillés, tout est possible); 3- se dire que, si on ne peut pas sortir, ben on peut toujours faire la fête!!!

24 octobre 2010

Garage, pommes et autres soupers...

J’arrivais, en camion, samedi matin. Contrairement à la semaine précédente, je savais que la petite famille irait aux pommes, aux Vergers Cassidy, à Franklin, dans le paradis de la pomme. Ce village est voisin de Saint-Chrysostome, là où se situe la compagnie pour laquelle je travaille, TJB. C’était le temps pour l’entretien de mon camion (nouveaux pneus et changement d’huile). Tout adonnait donc au mieux. Et Caro m’avait dit qu’elle voulait qu’on aille prendre un café de la retrouvaille chez son amie Manon, qu’elle avait, incidemment, retrouvée, merci à Facebook. Des années qu’elles ne s’étaient pas vues. J’avais répondu que, pour une fois, c’était sur notre chemin, et que nous ne sommes pas du genre à refuser un café. La journée s’annonçait chargée, mais ô combien bonne!

Quelque part autour de neuf heures du matin, j’entrais dans la cour de TJB. À peine le temps de décrocher ma remorque et de faire le plein, je me rends à l’avant du garage à la porte désignée par Pierre-Luc, notre mécanicien. Dès lors, mes amours m’appellent pour me dire qu’elles sont presque arrivées, afin que je sois à la barrière pour la leur ouvrir.

Après avoir fait la mise à jour des potins, et vérifier une rumeur finalement semi-fondée (et invalider une deuxième, ainsi que la source, toutes deux non fondées!), nous nous retrouvons tous les trois sur la route. Selon l’heure, nous sommes au point de nous chercher un diner. Carolle suggère Leblanc Patates, une institution à Huntingdon. Comme elle m’en parle depuis que je la connais, et que le temps nous le permet (ça prend une raison, et du temps, pour aller à Huntingdon!), j’acquiesce! Nous sommes comme dans l’émission Les Rois de la patate, du canal Historia

Du garage, il faut une bonne trentaine de minutes pour arriver dans la ville de Huntingdon. Nous constatons, en longeant la rivière Châteauguay, que le niveau de l’eau est anormalement élevé, suite aux pluies quasi diluviennes des dernières semaines (mais comme on a vécu le Déluge, y’a rien là). Caro, qui y a fait son école secondaire, constate les changements dans la ville. Nous stationnons devant le barrage et le pont au centre de la ville.

Je raconte à Caro que, dans mon ancien travail, j’allais livrer des billots de bois, dont j’oublie l’essence (peut-être du hêtre) au moulin qui préparait des bâtons de hockey. Mais la vieille usine avait été fermée, au profit de la plus grosse, tout près, dans le petit chemin en face, alors qu’un richissime américain avait acheté la compagnie. Et au matin, j’arrêtais déjeuner chez Léonidas, le restaurant grec. Ou souper le soir lorsque j’arrivais juste assez tôt.

Le moment tant attendu arrive ensuite. Enfin. Nous nous dirigeons tous les trois vers Leblanc Patates. Je suis fébrile. Depuis la série d’émission des Rois de la Patate, je crois avoir découvert en moi un besoin de découverte et d’encouragement de ces hauts-lieux de la gastronomie québécoise. Fred, on se fait une tournée??? Et, dans ces années de tout-à-la-chaine, de restaurants-minutes tous semblables à la quasi-grandeur de l’Amérique, une espèce typiquement québécoise résiste à l’envahisseur : la cabane à patate! Si Kénogami à son Bébé et son Mamie, Jonquière son Pavillon du Hot Dog et sa Pauline (aussi connu comme le restaurant du Taxi), Mercier son Grégoire (anciennement à Sainte-Martine), Granby son Chez Ben on s’bourre la bedaine, Saint-Charles-Borromée son Henri, et Saint-Jean-de-Matha son Gros Loup, Huntingdon a son Leblanc Patates. La cabane à patate, ou parfois appelé roulotte à patate, est au Québec ce que la cabane à BBQ (« spare ribs ») est au sud des États-Unis, ou la roulotte à bourritos et tacos est au mexicain. Typique…

Déjà de l’extérieur, on aperçoit la file de gens qui attendent pour commander. Entassés jusqu’à la porte. Bon signe. Caro me dit que souvent la file se poursuite dehors! Nous pénétrons. Sarah et moi allons visiter les toilettes. Ces dernières donnent toujours une bonne idée de la cuisine. Portez attention, vous verrez. Ultra propre ici. Pendant ce temps, Caro fait la file. Sarah garde une table. J’indique à Caro ce que je veux. Je regagne ma place avec Sarah.

Sarah me dit qu’elle veut une poutine. Chez nous, c’est une gâterie… si maman a acquiescé, ce doit être un événement! Caro m’avait dit qu’on se partagerait une méga-poutine « à gang ».

Il y a sur le comptoir une lignée de boites pré-assemblées qui fait deux mètres de long. Et sur le vieux frigidaire à l’autre bout, trois autres lignées de boites, empilées quasi jusqu’au plafond! D’ailleurs, dans ce frigo, une montagne de saucisse. Ils attendent du monde!!! Et comment! La fille prend la commande et la note directement dans le fond de la boite. Astucieux! L’équipe se fend en quatre pour préparer ladite commande. Bientôt, nous voici tous les trois assis à la table, en vieux bois de contreplaqué pour la table, et bois francs pour les montants.

Caro nous a pris des hot-dogs. On ne peut passer chez Leblanc Patates sans prendre des hot-dogs, dira t’elle. C’est aussi la seule place, ajoute t’elle, où elle choisit les « vapeurs ». La poutine géante, en partage (c’est ben la première fois qu’on fait ça : idée à conserver!) est très bonne. On a vu mieux… Mais c’est avec les hot-dogs qu’ils se reprennent amplement! Comme Caro me le fait remarquer, le secret est dans le chou. Vraiment bon.

Il est décidé sur le champ que nous ferons dorénavant comme dans l’émission Les rois de la patate : nous irons vérifier, lors de nos périples, la qualité des cabanes à patates de tous les coins du Québec.
Une fois bien rassasié, nous voici de retour à l’extérieur. La file pour entrer déborde maintenant sur la galerie. Caro mentionne qu’il y a un marché public, mais qu’il finit tôt. Si possible, elle aimerait aller y jeter un coup d’œil. Arrivé à l’automobile, nous constatons que l’heure n’est pas venue. Nous nous rendons donc là où se trouve le marché.

À Huntingdon, une rue est fermée pour que s’installe le marché! Au iâbe la dépense!!! Environ six à huit kiosques sont occupés. Et comme il fait un peu froid (en tout cas, pour quelqu’un qui ne bouge pas derrière son kiosque), certains sont à se ramasser, déjà. Nous en voyons suffisamment pour constater que Caro est dans les prix, pour ses légumes comme pour ses conserves, et qu’un fermier qui veut peut avoir un étal bien garni…

Nous regagnons l’automobile qui nous mènera maintenant vers les Vergers Cassidy, haut lieu de la cueillette de pommes. Il faut préciser que la région immédiate de Franklin est parsemée de vergers. Et ce, même du côté américain de la frontière, aux environs de Plattsburgh, NY. À l’abri des Adirondacks, il y a là un microclimat qui en fait un secteur parmi les plus chauds du Québec. Ne chercher pas l’hiver ici : il est réduit à sa plus simple expression… Minime!

On trouve dans les environs tous les produits de la pomme. Une grosse usine de transformation en fait des jus et des purées. Et dans les vergers, on y trouve des pommes de toutes sortes, aux multiples saveurs, et en maintes transformations. Délicieux cidres de glace inclus, fabriqués de diverses façons. Un paradis d’automne quoi!

Nous sommes atterris chez Cassidy la première fois par hasard. Un autre de nos hasards heureux. Bien que très fréquentés, on ne s’y sent jamais comme dans les gros vergers commerciaux (tiens, serait-ce le même problème que certaines érablières?). Il y a des jeux pour les enfants, des animaux auquel on peut même toucher, au grand bonheur de Cynthia du bureau, qui y était quelques jours avant nous, une boutique bien garnie et, ben évidemment, des pommiers en abondance!

La cueillette va de la mi-août à la fin octobre, si ce n’est pas plus. À chaque semaine, il y a toujours quelques variétés de prêtes. Chaque variété arrivant à maturité en son temps, il y en a toujours trois ou quatre qui sont à point. Au moment de notre passage, la Cortland, la McIntosh et la Lobo était de saison. Miam!
En quelques minutes, nous avons remplis nos deux sacs de vingt livres. Et pour le jus, nous avons ajouté six poches de pommes à chevreuil. Celles-ci sont presque gratuites. Et pour la plupart, un simple nettoyage et rien n’y parait. À surveillez pour les conserves… les pommes et les carottes à chevreuil : les déchets des uns font le bonheur des autres. Ou dit autrement : y’en a qui jette leurs choux gras! Le Bleu plein, nous pouvons donc repartir sur la route…

Nous retournons donc au garage, afin que je récupère mon camion. En chemin, Caro s’informe si le fait qu’on arrive pour souper chez Manon y change quoi que ce soit. Au bon vieux temps, elle ne s’en serait pas formalisée, mais là, après des millénaires sans relation, elle semble se garder une p’tite gêne. Manon la coquine sera bien contente de nous recevoir, peu importe le comment du pourquoi du quand.

Au garage, le mécanicien en a encore pour quelques minutes. Nous attendons donc patiemment. Mon camion a de beaux pneus neufs (en fait, quatre neufs et quatre semi-neufs, dont le numéro écrit en blanc trahi leur origine, 892 : ce sont donc mes anciens pneus sur mon Western Star)! Ceux du devant demeure les mêmes en tout temps. Pour la petite histoire, les pneus à l’arrière sont remplacé en été par des pneus de remorques ou de direction, afin de finir l’usure ainsi que de diminuer la consommation de carburant. Plus la semelle est mince, plus le camion est économique. Et en camion, chaque lichette compte! Nos pneus sont aussi gonfler à l’azote. Il parait que le roulement est plus doux, mais surtout, ils ne se dégonflent pas. Une autre lichette ici…
Une fois que je récupère mon camion, nous convenons d’un point de rendez-vous à Sainte-Catherine. Parce que même si Caro m’explique, je n’arrive pas à voir où nous nous en allons. Et comme un camion et sa remorque ne se stationne pas n’importe où, je préfère aller là où je suis certain d’avoir de l’espace. Le restaurant Le Petit Québec (une chaine de patate souvent tenu par des grecs) est l’endroit idéal. Sarah décide qu’elle fera la route en camion cette fois-ci.

Caro part donc toute seule et se rend à destination. Moi et Sarah allons à l’intérieur pour les besoins d’avant départ. Nous pouvons donc maintenant partir. Nous avons faim, et nous sommes impatients de rencontrer Manon et sa famille.

À notre arrivée au Petit Québec, nous apercevons Caro de la route. Je stationne le camion et la remorque, met la génératrice en marche, et nous descendons tous les deux. Caro s’amène et nous embarque.
Quelques minutes plus tard, nous entrons dans la rue… Caro dit : c’est surement là où il y a plein d’automobile de stationnée! C’est tout juste si une automobile passe au milieu des deux rangées stationnées de chaque côté de la rue. Par chance que je ne suis pas venu avec le camion!

Je note qu’ils sont les heureux propriétaires d’un Grand Cherokee avec le moteur Diesel. Je dis à Caro que je devrais prendre une option dessus pour quand ils s’en départiront. Nous entrons à l’intérieur de la maison.

Ben, c’est nous qui avons été surpris! La maison était pleine de monde. Au pif, je dirais près de vingt personnes! Évidemment, nous étions tout juste à temps pour le souper. Des hambourgeois sur BBQ, accompagnés de chiens chauds et salade. Ah, et j’oubliais les succulents amuse-gueule dont Sarah, entre autre, s’est régalée. OK, moi aussi. Une autre maison où il semble impossible de manquer de nourriture!
Après s’être proprement empiffré, nous avons pu faire connaissance avec tout ce beau monde. Et je fus victime de la curiosité envers le camionneur! Mais comme je suis volubile lorsqu’il s’agit de mon travail… Sarah a eu droit à une première leçon de guitare : elle est bonne en plus! Ai-je besoin de dire qu’elle a très hâte d’y retourner?

Puisque, dans mon cas, la journée était loin d’être fini, et qu’en plus elle avait commencé assez tôt (comme d’habitude), il a bien fallu se quitter. J’avais encore à aller livrer mes poêles à L’Assomption! Caro et Sarah sont donc venues me porter au camion. Puis, elles sont parties ensemble en automobile pour la maison.
Rempli de bonnes intentions, j’ai donc repris la route en étant certain de me rendre. Une fois Montréal traversé toutefois, je me suis dit que « demain, ça va faire pareil »… J’arrêtai donc camper à L’Assomption, au relais où personne ne vas jamais (en fait, probablement que personne ne le connait!)… La nuit y fût bien tranquille.

Au petit matin, je pus donc aller me délester de ma remorque. Une heure plus tard, j’arrivais à la maison pour déjeuner avec mes amours…

19 octobre 2010

Visite au garage très plaisante

Mercredi dernier, j'ai dû retourner au garage, un peu en catastrophe, parce que mon réfrigérateur était mort en début de semaine. On en profiterait aussi pour changer les batteries, parce que celle-ci, probablement d'origine, avait pas mal sorti tout leur jus. Deux semaines auparavant, j'y étais allé afin d'effectuer le changement d'huile et la pose de pneus pour l'hiver sur mon camion. Avec le graissage automatique, c'est le seul entretien qui reste à faire, outre les vérifications d'usages dans le cadre de mon travail. Et avec le gros client de Joliette, qui fait que j'ai le camion chez moi (parce que c'est plus court que de retourner dans une des cours de la compagnie), les visites au bureau se font rares. J'ajouterais même qu'avec les messages textes, même les appels se font rares!

À mon arrivée au garage, je stationne au fond de la cour, décroche la remorque, avance le camion à la pompe, fait le plein de "bon carburant pas cher" (dixit Martin un peu plus tard) puis finalement stationne le camion près des portes du garages. Puis, comme c'est plus que l'heure du diner, je me prend un ti-plat et je l'amène à la cuisine afin de profiter de mon temps d'arrêt pour manger.

Après un bonjour lancé "dans le carreau" (la fenêtre qui nous sépare des bureaux des répartiteurs), je me rend à la cuisine. Notre nouveau gars des Ressources Humaines, Mathiew, entre tout juste après moi. En gros, il me remercie au nom de la compagnie pour la bonne publicité que je fais (entre autre ici) pour la compagnie. Hé ben! Je ne fais que dire ce que je vis. Il faut croire que la vie n'est pas trop dur chez TJB... Il me dit qu'un employé est allé chez TJB directement grâce à mes bons mots, et qu'un autre a mentionné une influence de ma part. Hé ben!

S'en suit une discussion à bâtons rompus sur tout et sur rien. Je crois que, avec Mathiew, tout ce que les chauffeurs diront (enfin, ceux qui parlent là ou ça compte et nous sur les radios-CB) sera vraiment écouté. Évidemment, ça ne veut pas dire que nos moindres caprices se verront comblés! Mais déjà, d'être écouté par quelqu'un dont la formation et le poste conduisent à la satisfaction des besoins des employés, c'est un gros plus.

Par la suite, je peux me délecter de mon bon repas, préparé avec amour par Caro. Êve, qui est passé en coup de vent, m'a offert la dernière pointe de la pizza que d'autres avaient mangé un peu plus tôt. J'ai donc eu droit à un pizza-ghetti.

Par la suite, Jocelyn, le grand patron, me lance: "JF, suis moi dans le bureau". Premier réflexe: j'ai rien fait, je le jure. Deuxième réflexe: bon, j'ai rien à me reprocher, pourquoi je paniquerais??? Après être entré, il me dit de laisser la porte ouverte. Fouille-moi pourquoi, mais ça me rassure! Je dois être insécure de nature...

Jocelyn me demande ce que je pense de mon nouveau camion, après quelques mois sur la route avec (depuis le premier avril). Je répond que je trouve qu'il va bien, que le moteur est incroyable (même si une Chevette le serait au sortir d'un Mercedes!), et que ma transmission à 18 vitesses m'est tout à fait inutile, mais ô combien amusante à passer les vitesses. Nous échangeons ensuite sur le Tri-Pac, et la pertinence d'en faire ajouter, ou non, sur les futurs camions. La même chose pour le système de graissage automatique.

Le moment drôle survient alors que Jocelyn me demande combien de mile au gallon je peux lire dans mon tableau de bord (chiffre qui diffère légèrement, avec une dose d'optimisme, de celui caculé à la mitaine). Je lui dit que je me tient régulièrement entre onze et onze et demi, mais qu'une fois, j'ai même frôlé le douze! Pour la petite histoire, calculé à la main, les deux derniers mois de bonus me donne 9,04 et 9,33 mile au gallon. Petite fierté de chauffeur ici. Sans trop m'auto-enfler la tête, j'ai atteint le top-niveau des bonus! Si je dépasse 9,5, il faudra ajouté une catégorie de plus! Honnêtement, comme c'est le résultat de septembre, et que conséquemment le temps sera de plus en plus frais, ce sera difficile de faire mieux avant l'été prochain.

Tout ça pour dire que lui, car il a fait quelques échanges de remorques sur la 401, tournait autour de 10,5 au compteur. Et je crois décelé que ça le chicottait un peu. Il faut savoir que, à mon arrivée chez Claude, et au début pour TJB, Jocelyn prenait régulièrement le volant, et chaque fois, il affichait son nom au haut de la liste. Je dois dire que bien peu de chauffeur se préoccupait d'économie de carburant à cette époque.

Par contre, j'ai vérifié plus précisément cette semaine, et à London, ON, je faisais 10,0 miles au gallon. De là, comme la route se met à descendre, la consommation suit. Je suis monté à 10,2. Ça m'a tout pris pour finir à 10,6... sur un retour de poêles (lire: léger). Je suis certain que je fais mieux en partant directement de la maison parce que la route d'ici à Montréal est en descendant, et que ça roule à vitesse constante. Ce qui est loin d'être le cas sur les rangs qui mènent à Saint-Chrysostome! Jocelyn, tu as donc le bénéfice du doute. En même temps, il m'a fallu quatre mois avant d'être vraiment bon, vraiment en contrôle de mon camion, de mon moteur, de ma machine. Bref, de faire mon travail aussi bien avec mon Volvo-Cummins que le niveau que j'avais atteint après quatre ans sur mon Western Star-Mercedes. Bref, les comportements du moteur doivent être apprivoisé...

La prochaine étape fut dans le garage lui-même, avec Martin. Lui aussi est fier de ma performance. Il est aussi plutôt taquin pour les deux ou trois premier mois, ou je faisais un gros 8,2-8,5 bien compté! Bon, comme je disais plus haut, il fallait bien que j'apprivoise ma nouvelle monture. On en connait qui conduise du Volvo depuis qu'ils sont dans la compagnie et qui peine à atteindre 8,0...

Comme j'avais dit à Jocelyn que je croyais que mon Tri-Pac ne chauffait pas mon liquide refroidissant (c'est optionnel), nous sommes donc descendu dans le "pit" afin de suivre les boyaux. Vu du d'sour, c'est évident! Mon moteur pourra donc se réchauffer "tout seul" cet hiver. Honnêtement, ça me rassure. On m'a tellement dit que "c'est pas parteux, un osti d'Cummins". Imagine, ici, on a un vrai hiver... J'ai ben hâte de voir.

Une fois mon nouveau frigo et mes nouvelles batteries sont en place, je ressort afin de recommencer ma semaine. Je monte dans le camion, retourne au fond de la cour... Plus de remorque! Holà, mais donc, ou est passé ma remorque? Un téléphone à Martin: "Martin, auriez-vous rentré la remorque Unetelle?" Oups... heureusement, rien de bien profond.n'avait été entrepris. On me l'a donc rendu, et j'ai fini par pouvoir reprendre la route.

Et malgré le départ tardif, je suis arrivé dans un délai raisonnable à destination!

Ça fait vraiement du bien de se faire dire qu'on est bon! J'ai passé la semaine sur un nuage...

3 octobre 2010

Lettre à Boubou

Comme ça, le chant des sirènes a fait son œuvre... et ainsi le doute s’est installé dans ton esprit. Et tu es maintenant un indécis. C’est monsieur Léger qui va être content, lui dont le travail consiste à traquer les indécis. Mais je m’égare.

Dans ton dernier statut sur Facebook, tu indiques que tu pourrais avoir gain de cause chez Trans-West… quitte à monter plus haut s’il le faut. La belle affaire.

Je te donne mon humble opinion, bien que non sollicité. Parce que je suis déjà passé par là. Dans ma vie de plate-forme, j’étais pour une compagnie où, après trois à six mois, tu étais classé dans les meubles (lire : dans les plus vieux de la compagnie). Et ce, pour près de trois cents chauffeurs (pour environ cent camions) à mon arrivée. C’était en février il y a un peu plus de douze ans, ce qui ne me rajeunit pas… J’étais bien naïf à cette époque, autant dans le transport qu’en général, je dois avouer. On m’aurait fait croire n’importe quoi… Et cette compagnie, que j’appelle affectueusement mon « stage rémunéré », en abusait joyeusement. Sur moi comme sur tous les autres.

Ce petit préambule pour dire qu’à un certain point, je suis arrivé au même état d’esprit que toi en ce moment. Un rien aurait pu me retenir. J’aimais malgré tout ce travail, qu’en plus, sur les bonnes paroles des satanés « vieux chauffeurs », je croyais si bien payé et si attrayant de par la possibilité de prendre autant de congé que mon bon vouloir le commandait! Pour la petite histoire : la paye, tricotée d’une façon tout à fait humoristique, revient à deux gros bruns en moins comparer à celle que je fais maintenant pour une semaine semblable. Et comme mon oncle Marc me le fit remarquer avec justesse, « du congé sans solde, n’importe qui va t’en donner, puisqu’il ne te paye pas ». Ouin, ben évidemment, ai-je réfléchi plus tard... Malgré tout ce que je n’y aimais pas, ainsi que le surplus de travail que ça aurait occasionné, un transfert dans la section B-Train m’aurait retenu. Meilleur salaire à cause de la prime, disparition des fameux « Interstate » (transport illégal intra-États-Unis) et surtout, répartition à l’ancienneté, avec des chauffeurs qui se respectent et se font respecter. Le rêve, mais quand même en plate-forme... Avec le recul, là encore, ça aurait fait un temps, mais j’aurais probablement fini par me tanner, et quitter quand même.

Bref, ma situation valait, à l’époque, la tienne actuellement. Écœuré, mais d’une certaine façon, pas « game » de tout quitter! Je dirais qu’il y eut presqu’un an de réflexion avant de passer à l’acte.

C’est pour ça que je m’en voudrais de ne pas te souligner que, il y a quelques mois, tu as atteint un premier niveau. Et tu as téléphoné chez TJB. Et il y a quelques jours, tu as atteint un autre niveau. Cette fois-ci, tu as non seulement téléphoné, mais obtenu une entrevue, un test sur route et, couronnement, un poste. Bien sur, pour toi, un travail chez TJB, ça fait encore parti de l’inconnu, de la nouveauté. Et loin de moi l’idée de te racoler. Tu sais déjà tout ce que je pourrais t’en dire, je l’ai déjà fait, en parole ou en écrit. Et ce n’est pas non plus le sens de mon propos.

Dans toutes ces années dans le merveilleux monde du transport, j’ai rapidement compris que « un chauffeur ne peut pas à lui seul changer une compagnie »… et qu’ « une compagnie ne changera jamais fondamentalement pour un chauffeur ». Ces deux énoncés sont indéniables, et je suis presque certains qu’ils s’appliquent à toutes les compagnies. Si un chauffeur arrive à faire passer un point sur une certaine partie du travail, ce ne sera au mieux que temporaire, le temps que les choses se tassent, que les esprits se tiédissent. Au pire, le chauffeur ne « fittera » plus dans le décor… ou ne satisfera plus aux critères de la compagnie.

Ce fut mon cas lorsque, prenant tout mon courage à deux mains (c’est tellement pas moi de rouspéter contre mon travail), je suis allé « dans le bureau » pour aviser que les « Interstate », c’était fini pour moi. D’abord surpris de m’entendre, moi qui ne disais jamais un mot plus haut que l’autre, ils avaient ensuite acquiescé, en m’avisant que certaines destinations me deviendraient soudainement hors de porté. Ce que je savais déjà, et acceptais, faute de mieux.

Dès cet instant, j’ai compris que je ne « fittais » plus dans leur décor. Et comme le répartiteur a droit de vie ou de mort sur chacun de ses chauffeurs, dans bien des cas, si besoin est, la vie sera dure. Une connaissance à moi avait atteint ce point, mais plutôt que de comprendre le message, en était réduit à rouler jour et nuit afin de se sortir un salaire décent. Ayant compris mes capacités, il m’était impossible de faire de même. De jour OU de nuit, mais jamais les deux en même temps! C’est ce que j’ai appelé la période de répartition contre-productive. Si j’avais du temps, on me donnait un voyage court, et si j’avais peu de temps, on me donnait un voyage long (la majorité des voyages se faisait en une journée, entre 300 et 600 miles). Avec comme résultat que je me retrouvais chez mon client « juste assez trop tard » pour livrer, donc « on attend à demain matin » que le préposé soit de retour, préposé qu’une fois j’ai même croisé à sa sortie de l’usine à quatorze heures! C’est long jusqu’au lendemain matin… Et c’est rare les stationnements (et je ne parle même pas des relais de camions) dans le New Jersey. Quand j’ai trouvé, il était vingt heures!

Tout ça pour dire (non mais, y vas t’y aboutir?) que, dans ta réflexion à savoir si tu fais le bon choix, et que toi seul peux faire, n’oublie pas que, obtiendrais-tu un camion attitré et un travail solo (j’imagine que l’un ne vas pas sans l’autre, mais pas obligatoirement), il serait fort probable, si je me fis à bien des commentaires externes, et quelques internes, que tu ne « fitterais » plus dans leur moule, eux faisant du travail en équipe et en camion partagé. Et dans quelques semaines, quelques mois peut-être, la tension et les frictions seraient de retour… Sans compter que, passerais-tu au-dessus de « celui qu’on ne nommera pas ici », qu’il aurait fort probablement une influence plus ou moins grande sur le reste du bureau. Et donc sur ta vie sur la route...

Parles-en avec quelqu’un que tu connais bien, qui faisait du solo et qui, soudainement pour une raison obscure, ne « fitta » plus dans le moule et est de retour en équipe...

Geneviève et Patrick

Juste avant le célèbre BouBouQ 2, Carolle avait constaté, merci à Facebook, qu’une amie de Geneviève serait du souper. Quel hasard, nous sommes-nous dit à ce moment. Le monde est petit, et à cause de Facebook, maintenant, on le sait! Ne dit-on pas qu’il y a sept degrés de séparation entre tous les humains de la terre?

Arrive donc ledit BouBouQ, mémorable, et voilà qu’au retour, nous nous échangeons les amitiés Facebook, afin bien sur de garder contact, et de poursuivre éternellement la conversation. Revoyant la face de cette Émilie ( :P), je constate qu’elle est effectivement amie avec Geneviève et Patrick. Alors nous deux de nous demander : ben, comment ça se fait que tu les connais? J’attends d’ailleurs toujours sa réponse… Re :P
Voici la mienne. Comme je lui ai dit, à Émilie, impossible de faire une histoire courte, alors ça mérite un billet de blogue…

*****

Il fut un temps, pas si lointain mais presque, où j’habitai la belle ville des Trois-Rivières. C’est là que je suis atterri après avoir trouvé mon premier emploi de camionneur, chez les Bleus (qui ne méritent vraiment aucune publicité), compagnie situé à une trentaine de minute de l’autre côté du pont, sur la route vers Drummondville.

Après avoir bourlingué avec un copain d’école (de camion), pour me rendre compte que, bien que tous les deux « sur le Québec » (lire : chauffeur local), il était impossible de covoiturer (?!?) et que lui, pas toff, était retourné au lac Saint-Jean, je m’étais trouver une chambre dans une maison pour étudiant. D’ailleurs, à notre arrivée, en haut c’était l’étage des gars, et en bas, l’étage des filles. Peu de temps après, tout le haut fut louer à une famille, et je fus, avec la bénédiction des filles, accueilli en bas! Évidemment, à mon plus grand bonheur!

Pour la petite histoire, en moins de deux, j’étais secrètement amoureux de celle qui avait un chum. C’est bien ma chance. Elle a d’ailleurs quitté pour le rejoindre peu de temps plus tard. L’autre, une jolie Annie de Macamic, en Abitibi, j’ai l’impression qu’il aurait pu se passer quelque chose pour vrai… Mais elle est partie chez sa sœur à Québec pour l’été. Ça et un horaire de camionneur, parfait pour que rien ne se passe. Et ma vie aurait été tout chamboulée si, justement, quelque chose s’était passé. C’est drôle parfois de réaliser qu’une rencontre, ou un choix dans la vie, pourrait avoir changé tout le reste du cours de notre existence…

Toujours est-il que dans ce temps-là, je découvrais les joies des Internets… et que ça nous fait coucher tard! Ça ne me rajeunit pas. Je fréquentais un petit café (Royal je crois, comme le boulevard) qui était passé dans une émission de Radio-Canada (sur les joies et plaisir des Internet et des jeux vidéos). Émission dans laquelle une jolie Sophie avait servi de modèle afin de nous démontrer le fonctionnement des capteurs pour créer des personnages animés de jeux vidéo. Émoustillant, j’en salive encore!

C’est donc entre deux sessions de clavardage sur les canaux #jeu-quiz #printemps et #sag-lac25+ que j’ai connu à peu près tous les gens que je fréquente encore aujourd’hui (pas tous, mais plusieurs, au moins virtuellement). Même Carolle. Vive les Internets… Que j’ai investi de l’argent dans ce café… et combien d’autres par la suite, déménagement oblige! Jusqu’à finir par faire l’achat d’un ordinateur, que je possède d’ailleurs encore (oui, il peut ben être lent!). L’ordinateur est d’ailleurs arrivé tout juste avant Carolle, suivie elle de peu par Sarah! Grosse année!!!

Mais je m’égare… À Trois-Rivières, donc, j’ai connu diverses gens, donc quelques unes sont devenues des amies. Plus de femmes que d’hommes évidemment… Je pense surtout, à cette époque, à Marie-Pierre et à Jade. Mais d’autres que j’oublie…

Arrive un temps où quelqu’un qui connait quelqu’un, si ma mémoire est bonne, il s’appelait Steve, le frère adoptif de Patrick, décide de recevoir la gang pour un party! Malgré ma gêne légendaire, je décide de m’y rendre, afin de rencontrer Jade, qui semble tout aussi gênée que moi… surtout après avoir vu dans quoi nous nous étions embarqué! Je crois que je faisais office d’ancêtre dans le groupe…

Bien que ça ne vaille pas un BouBouQ, ni même un party de motoneige en juillet, nous avons eu une très belle soirée! Et des souvenirs mémorables, hein Marie-Pierre??? En tout cas, moi je m’en souviens! Jade et moi sommes par la suite devenus de bons amis, et on en a parlé longtemps, de ce party!

Ce fut donc lors de cette soirée que j’ai fait l’humble connaissance de Patrick, parce qu’il était encore suffisamment à jeun pour s’en souvenir plus tard. Mouahahaha… Peu de temps après, il rencontrait Geneviève, qui elle fit ma connaissance par Internet, puis des visites s’en suivirent… et des soupers… et des soirées. Bref, c’était pas mal mes seuls amis en dehors du travail.

J’ai vécu quelques mois à Trois-Rivières, avant de déménager à Sainte-Perpétue, pour ensuite échoir à Charrette. Le tout a duré trois ans et trois quart. Cet emploi fut plutôt pénible, c’est pour ça que je ne dis jamais quatre ans… Pendant que j’habitais Charrette, j’ai fini par décider de changer de travail. M’éloigner du travail faisait parti du processus de deuil, j’imagine.

Pour la petite histoire, j’ai quitté les bleus pour Transport Claude Lemieux, qui fut en quelque sorte absorbé par Transport Jocelyn Bourdeau, où je suis toujours aujourd’hui. J’ai habité Saint-Chrysostome pendant quatre ans, puis en logement à Saint-Jean-de-Matha pendant quatre ans. Et dans notre maison depuis un peu plus d’un an…

4 septembre 2010

Le BouBouQ 2: Ça va torcher!

La tradition continue… Tout comme l’an passé, Mathieu nous avait invités, moi, ma petite gang ainsi que d’autres ami-e-s à lui, à un souper-rencontre. Bonne bouffe, divins liquides, discussion et rencontres agréables au menu. Le tout dans une toute petite soirée… qui selon Dame Nature, se poursuit plus ou moins longtemps. Ça, c’est pour la théorie…

Commençons par un petit retour sur l’an passé. L’édition originale avait réuni plus ou moins une douzaine de convives. Pour la plupart, nous nous connaissions par Facebook ou TruckStop Québec. Par contre, nous avions reconnu que bien que nous connaissant virtuellement, le premier contact en personne était un peu étrange. Tous de nature plutôt gênée, il avait fallu quelques heures avant que « le party pogne » vraiment. Un étrange sentiment de se connaitre, sans se connaitre. Le party avait d’ailleurs été réduit au minimum, Dame Nature n’ayant pas été avisé par notre Boubou national! :P

Revenons à cette année. Il y a quelques semaines, le Boubou en chef réitérait donc l’invitation pour une prise 2 du BouBouQ. Même endroit, même principe, sauf que cette fois, il n’oublierait pas Dame Nature dans son carnet d’invitation! On ne se fait pas prendre deux fois… Encore une fois, la belle Sophie agirait comme vérificatrice/gérante des allées et venues! C’est qu’elle est tellement méticuleuse et organisée…

Les invitations furent lancées. Je dirais au pif à environ une moitié de récidivistes, et une autre moitié de nouveaux participants. Que voulez-vous, les amitiés vont et viennent… et certains s’auto-excluent du groupe! Quelques autres étaient intéressés, mais on eu un empêchement. Difficile de réunir des camionneurs…
De notre côté, Caro dut s’absenter cette année, à cause de son kiosque de Fruits et légumes des Copines, qui prend toujours un peu plus d’ampleur. Et comme j’ai dit, avoir eu deux autos, elle aurait toujours pu descendre à la fin de sa journée (quoiqu’habituellement elle est si fatiguée qu’elle se couche tôt), mais comme on n’en a qu’une…

L’invité de marque cette année allait bien sur être notre français de service, le bien nommé Fred. Cette soirée couronnait en quelque sorte son séjour au Québec. Douze jours passés ici semble t’il a manger comme un porc. Ben, à l’entendre, c’est tout ce qu’il a fait, manger! Et que de bons compliments nous a-t-il d’ailleurs donné sur notre gastronomie! On allait donc le nourrir un peu plus… et bien l’abreuver aussi, comme de raison!

J’étais supposé, selon nos plans, emmener Fred en camion pendant la deuxième partie de son séjour. Malheureusement, pour cause de technicalités: un non-canadien ne peut pas faire partie de mon voyage lorsque je vais aux États-Unis, ils nous étaient donc impossible de le faire. Peine perdu, mais on pourra toujours se reprendre un autre tantôt… Chacun dans nos camions… hein Fred? En tout cas, je l’espère… continue de travailler là-dessus!

J’ai fini par envoyer ma réponse à deux jours d’avis, faute de connexion et d’être vraiment certain d’y aller. C’était prévu, mais Sarah me demanda de m’accompagner, même si sa maman ne pouvait pas venir avec nous. Trop « cute ». Bien sûr Sarah que je t’emmène. Elle avait si hâte de revoir sa Sophie-Les-Camions elle aussi…

Après vérification, l’heure d’arrivée était fixée pour quinze heures. J’aurais voulu partir tôt de chez moi, ayant deux heures de route à faire direction nord-est… mais comme d’habitude, j’ai été prêt à quatorze heures. J’arriverais donc vers seize heures. J’aurais aimé arrivé en premier, pour faire changement… Mais bon… À ce moment, c’est comme ça que ça se présentait!

Sarah et moi sommes donc partis à l’aventure avec notre fidèle Bleu. Sarah s’informait à tout moment afin de découvrir quel chemin il nous fallait prendre. Comme lorsque tu vas avec maman chez Leclerc, à Plessisville, lui dis-je. Victoriaville, c’est tout juste un peu avant ça. Maintenant qu’elle peut lire, elle suit sur les pancartes vertes!

De chez moi, nous avons pris la 131 vers le sud, jusqu’à Saint-Félix-de-Valois. De là, la 345 nous amène vers Sainte-Geneviève-de-Berthier, où nous attend la 158 pour nous rendre à Berthierville. Là nous prenons la 40 pour nous rendre à Trois-Rivières. En tournant vers le sud, Sarah aperçoit les pancartes pour Victoriaville. Elle est contente et peu donc me guider!

En grimpant sur le pont Laviolette, qui surplombe le majestueux fleuve Saint-Laurent, je suggère à Sarah de regarder de chaque côté afin de voir les bateaux. En ce jour de canicule, il y en a énormément, gang de chanceux! Sarah est toute excitée de voir autant de voiliers, toutes voiles au vent. Pour donner une idée, moi qui habitais dans le coin auparavant, je n’avais jamais encore passé sur le pont avec son terre-plein central! Boubou, p’tite jeunesse, m’expliqua plus tard qu’il ne se souvenait plus du pont sans son terre-plein! Je me sens vieux…

Nous sommes maintenant sur la 55, nouvellement complétée (ben, je sais, ça fait une couple d’année, mais on a attendu après si longtemps!). Sarah se souviens qu’il y a une couple d’années, nous avions tourné à Saint-Célestin afin que je leur montre la compagnie de mon premier travail de camionneur. Dans mon temps, on était passé tout droit car on croyait que c’était une cour-à-scrappe… Maintenant, on dirait une cour de conteneur… Remarque de mon compagnon à l’époque : une compagnie de camion sans camion dans la cour, c’est signe que tout le monde travail. Ouin… mais y’avait d’autres défauts!

À la hauteur de la 20, la 55 se dirige vers Drummondville. Nous empruntons pour notre part la 955, qui est en fait le prolongement de la section d’où nous arrivons vers Victoriaville. Au bout de la 955, nous prenons à gauche sur la 122. Ça commence drôlement à sentir le BoubouQ. Sarah et moi annonçons que nous sommes maintenant à Boubouville!

Me souvenant, pour une fois, des indications de Boubou, spécialement de la section spéciale pour Sophie (chanceuse, c’était la seule personne avec des indications spécifiquement pour elle… nous, humble mortel, n’avons eu que des indications génériques…), je poursuis ma route. En fait, je sais presqu’où je m’en vais, ma vie de transport en plate-forme m’ayant amené un peu dans le quartier industriel de Victoriaville. Comme Boubou l’avait dit, le Boulevard Industriel a un nouveau nom. Ben oui, l’autre devait être trop simple! Je montre à Sarah l’usine de Lactancia, d’où vient la majorité du beurre qui nous est offert au Québec. Avec les grosses tours à lait, les camions de lait, et tout le tralala.

Encore selon les instructions, entre le concessionnaire Toyota et ladite usine, un boulevard des Bois-Francs Nord se trouve et nous le prenons. Alors que je dis à Sarah que plus loin, le boulevard des Bois-Frans Nord deviendra le boulevard des Bois-Francs Sud, le téléphone retentit. Sarah et moi disons en cœur : ça doit ben être Boubou qui nous cherche! C’est bien Boubou, mais il a plutôt une mission pour nous.

Notre mission consiste à attaquer la rangée 3 ou 4 du IGA le plus proche (deux sont tout juste sur notre chemin) afin de capturer un méga-pot de salsa. Douce. IGA à babord. Babord toute…

Nous nous stationnons à côté de la délégation féminine de soccer du je-ne-sais-trop-où. Nous entrons Sarah et moi dans l’antre de la grotte. Étant plutôt habitué aux Métro, nous sommes un peu perdu. Où donc sont les rangées en rangées? Ah, là bas…

1-2-3 : un regard : pas de croustilles. 4 : un regard : pas de croustilles. 5 : non. Sarah dit : regarde papa, en pointant les Tostitos au bout de la 6. S’il y a des Tostitos, la salsa est assurément proche! Nous pénétrons à pas de loup dans la rangée, toujours sur nos gardes, la salsa étant reconnu pour ses commandos suicides. Nous capturons un pot, format méga, saveur douce, le faisons prisonnier et repartons vers la sortie. Ben sur, c’est à ce moment que Sarah dit : j’ai envie!

Je lui dis de trouver quelqu’un en habit d’IGA et de s’informer où sont les toilettes. Vite dit, vite trouvé… mais il y a quatre ou cinq filles (l’équipe de soccer!) qui font la file!!! J’en profite donc pour aller magasiner un peu de houblon. J’entre dans le frigo à bière à la recherche d’une caisse-dégustation, celles avec différentes saveurs de la même marque dedans. Comme ça, je pourrai continuer ma pseudo-chronique bière sur Facebook. Ce n’est pas le Saguenay, ou bedon les victorieux achète leurs bières ailleurs qu’à l’épicerie. Je me résigne à prendre une Alexander Keith mais je ne peux croire qu’il n’y ait aucune Unibroue dans une épicerie du Québec? Allo? En ressortant, j’en voie, bien au chaud, à l’extérieur! Sacrilège… Mais bon, je retourne Alexandre au frais, le chanceux, et je prends la caisse d’Unibroue.

Je vais payer, je récupère Sarah, et nous ressortons dehors pour rejoindre le Bleu, et nous rendre chez Boubou. Nous passons devant un Westfalia peinturlurer en « Peace » sur le stationnement. Je salue le gars et je le trouve chanceux… et je n’en ai encore aucune idée à quel point il est chanceux!

Nous reprenons le boulevard des Bois-Francs nord. Au centre-ville, il devient Bois-Francs sud. Passe le ti-pont, première à droite… et c’est là que ma mémoire fait défaut. Mais je sais bien que nous sommes à trois maisons d’arrivée, alors je dis à Sarah : on tourne à gauche, puis à droite, et ça devrait être la prochaine à gauche… ou la suivante… ou… bon, enfin, on finit par trouver la bonne rue. Juste avant de tourner, je dis à Sarah : ce ne sera pas dur, c’est la maison où il y a tout plein d’autos. On tourne et… aucune auto dans la rue à aucune maison! Je dois donc sortir le numéro de porte de ma mémoire (ça au moins, je m’en souvenais)… et une chance, parce que je n’aurais pas reconnu la maison : sont toutes pareilles!

Dès le débarquement, nous apercevons Boubou et Fred qui sont occupés à glander. Nous les rejoignons. Eh ben, nous sommes les premiers arrivés! Les autres, arrivant pour la plupart de Montréal, sont bloqués par la saison des travaux (tous les ponts et toutes les autoroutes étant en état de chantier de construction, provoquant des bouchons de circulation de jour comme de nuit). On est-y ben en campagne!

Nous sommes donc officiellement au début du BouBouQ 2. La température est magnifique! On n’aurait pas dit ça ce matin chez moi… et ici non plus : il a plu au petit matin! Boubou aurait-il la gosse bénite… ou un maudit bon contact au département de la météo?

Le temps d’en déboucher une et les autres commencent à arriver. Émilie, avec Marianne, sa petite puce de deux ans et demi, la fille de Boubou (en tout cas, il fait un bon père de « spare ») accompagnées de Robin, Monsieur Labatt, ainsi que Olivier, dont j’ai croisé le nom en commentaire sur Facebook. Peu de temps après, Sophie et Éric arrivent. En les voyant, Boubou déclare : ah, ce n’est pas Sophie qui conduisait, c’est pour ça qu’ils se sont rendus! Ajouter à cela Boubou, sa sœur Éliane et Fred, notre français qui est de plus en plus convaincu que sa place au soleil est au Québec.

Qui dit piscine dit Sarah veut se baigner. Elle aurait bien voulu que je l’accompagne, mais l’eau était un peu froide… et j’étais sur un mode panique afin de ne rien manquer avec Fred. J’ai une impression que c’était réciproque. La fille-à-Boubou a aussi voulu allez à l’eau. Alors Boubou le chanceux s’est encore sacrifié pour elle… sauf que lorsque la petite a touché à l’eau, elle a trouvé ça trop froid dès la cheville!

Nous avons donc placoté en prenant une ou deux p’tites frettes, tous ensemble, par petits groupes, à deux en retrait (maudits fumeurs!), etc. Bref, comme des bons ami-e-s qui ne se sont pas vu depuis… au moins un an! Puis nous avons recommencé. Le tout accompagné de nachos et de salsa, et de légumes et de trempettes. Délicieux, en bonne compagnie!

Nous avons vu passer une pièce de viande (presque le bœuf en entier!) traverser par une broche. La pauvre s’est vu enfourcher dans le ti-moteur, qui parait-il peinait à la tâche, au dessus du grill. Ça commençait à sentir le souper!

Après encore un peu de jasette, et quelques bières, le souper était prêt. Nous avons donc choisi nos places à la table. J’ai moi-même ramassé la pièce de viande cuite, pour la ramener à Boubou, afin que lui sorte ses talents de découpeur. En échange, il me repassa les légumes à faire réchauffer sur le grill, pour la petite touche finale.

La distribution de viande a été faite, chacun y ajoutant portion de riz, de légumes et (oups) de la salade de macaroni de Sophie! Oups, parce qu’elle a failli l’oublier, et nous, tellement occuper devant tant d’abondance, ne nous en serions pas même aperçu!

Les discussions se sont poursuivies autour de la table, le tout accompagné de bonnes bouteilles. Sauf le français, qui curieusement ne boit pas de vin! Il préfère la bière belge, et il est chanceux, travaillant là-bas.
Alors que nous discutions Olivier et moi de la grandeur (ou de la petitesse) de nos couchettes respectives, Fred nous interrompt en disant : « venez donc vivre dans un camion européen, vous allez voir ce que c’est une petite couchette »! Oui, bon, enfin… On a les références qu’on peut.

Alors que la plupart d’entre nous avions fini de nous empiffrer, Boubou me souffle à l’oreille de retenir le français à table quelques minutes. Comme on jase encore (en fait, on aurait pu continuer pour quelques jours, n’est-ce pas, Fred?), ce ne sera pas un problème. J’imagine que j’amène un point de vue différent, car Fred semblait boire mes paroles. D’ailleurs, je ne crois pas me tromper en disant que Fred était comme une éponge à tout ce qui est québécois pendant son séjour.

Quelques minutes plus tard, la gang, qui nous avait déserté presqu’au complet, revint avec un énorme gâteau d’anniversaire. En effet, à son arrivée (ou peut-être un peu avant), c’était l’anniversaire du français. Le chanceux désirant être certain d’avoir un cadeau s’était payer le voyage de sa vie au Québec! Il semble avoir été bien gâté… Trente-cinq chandelles décoraient le haut du gâteau. L’instant d’émotion et de surprise passé, Fred souffla ses bougies. Sans succès. Souffla encore. Toujours sans succès. Et encore, et encore… presque réussi… mais aussitôt qu’une demeurait allumée, elle rallumait les autres. On a bien ri, et lorsque Fred commença à bleuir, les chandelles furent jetées à l’eau, afin de les éteindre.

Nous avons tous profité des généreuses portions taillées par Olivier et/ou Fred, qui semblaient avoir faim en mausus, parce que les morceaux étaient énooooooooooormes! Mais le gâteau était succulent, et le dessin, un Kenworth T660 de TransWest avec sa remorque réfrigérée, très réussi.

Le feu de joie fut allumé dans le foyer. À ce moment, Sarah dormait presque dans son assiette. Elle s’est donc étendue sur moi et, en peu de temps, immobile, s’est endormi. Après un moment, je l’ai installé sur une chaise dont j’avais incliné le dossier, au grand dam de Émilie, Mère Trop Digne, qui m’offrit de lui faire partager le lit avec sa fille à l’intérieur! Sarah bien installée, et bien emmitouflée, regardant le feu, elle dormirait paisiblement, et papa pouvait continuer la fête.

À ce moment, nous nous sommes tous retrouvés à l’intérieur, pour subir (et le mot est faible!) la gâterie que Sophie se permet à chaque fin de semaine. Téquila, Tabasco, olive. Décapant. Je vous jure, si vous avec un meuble à décaper, ne perdez pas de temps chez Canadian Tire; une visite à la SAQ suffit. D’une pierre deux coups en plus. Parait que si on croque dans la calice d’olive (qui se permet trop souvent de rester collée au fond du verre) au moment d’avaler la mixture, c’est moins pire. Pfff… Parait. Sophie l’alcoolique nous le jure. À essayer, si la folie vous gagne un soir de pleine lune… Y’en a même des mongols qui en ont pris un deuxième! Chui r’tourner à ma bière!

Ensuite, Boubou nous a versé le Porto. Beaucoup plus civilisé! Nous sommes ensuite retournées dehors afin de veiller plus ou moins au feu. Il faisait tellement beau que même sans le feu, la température était idéale. Certains ont poursuivi dans la bière… d’autres ont ralenti parce qu’il fallait bien commencer à prévoir qu’un beau jour, il faudrait s’en retourner.

La jasette alla bon train. Le choix d’invité-e-s était très bien, les conservations ont été intéressantes avec tous. Même le chum à Sophie a ouvert sa grande trappe (je suis certain que c’est ce que Sophie s’est dit à ce moment). Sophie a donc élaboré un peu plus. Un beau commentaire à mon égard (que je garderai pour moi :P ) qui fait chaud au cœur. Merci Sophie. :)

J’ai également eu de bons commentaires à propos de notre Sarah. Bien éduquée, polie, capable de converser avec les adultes, etc. Bravo à Carolle… c’est elle qui fait le travail. Avec mon humble contribution. Comme j’ai dit, parfois, on l’a d’travers, notre Sarah, mais lorsqu’on la sort avec d’autres enfants, c’est là qu’on se rend compte qu’on a bien réussi notre travail de parents…

Certains ont gagné le spa, au beau milieu de la nuit. Je me suis abstenu. Mais le spa était rempli pas mal… tellement qu’on n’était plus très nombreux au sec!

Toute bonne chose ayant une fin, à l’aube, vers quatre heures, j’ai paqueté mes petits, et je me suis dirigé vers l’auto. Après bien sur une tournée de câlins et de poignées de mains. Et des promesses d’amitié sur Facebook.

Pour le retour, une petite sieste s’imposa à Bécancour. Enfin, une tentative… car Sarah, qui elle pétait l’feu, m’a réveillé à ça de m’endormir pour un pipi. Grrr… Puis, après un court dodo, Sarah avait un autre pipi! Cette fois, comme il faisait un peu clair, je me suis dit : « ah pis d’la marde, on repart »! Ça faisait un gros une heure qu’on était arrêté, heille, maudit fainéant!!!

Nous sommes rentrés à la maison à huit heures. Épuisés mais heureux. Je me suis couché jusqu’à dépasser midi… Le départ en camion fut quelque part entre pénible et pas pire…

Je crois bien, les autres me diront leurs versions, que ce BouBouQ 2 passera à l’histoire, autant que mon « Party de Ski-Doo » en été, tenu il y a plus de quinze ans dans le bout du Lac-Etchemin dont je parle encore. C’était comme un BouBouQ 1, mais à la puissance mille! Ce que Dame Nature peut faire lorsqu’on l’invite!

Boubou : merci pour l’organisation. Merci pour l’invitation. Merci pour ton choix d’invités, les récidivistes comme les recrues. Merci pour la bonne bouffe. La tradition est repartie de plus belle!

Sophie : merci pour les mots que tu m’as dit. Un peu à cause de ton chum, mais bon, il fallait une bougie d’allumage. Tu ne peux pas savoir le bien immense que ça me fait de savoir ça. Je t’ai un peu pris son mon aile dès le départ, mais vu l’Internet, c’était difficile de savoir ton point de vue… Je l’ai su! Merci! Avec ton accord, je vais continuer… ;) Éric, ton chum semble être un homme merveilleux, et vous semblez très amoureux, très heureux! Longue vie à vous deux. Je t’appelle pour un café lorsque l’occasion se présente!

Fred : merci pour la rencontre. Bien trop courte, hein? Les circonstances étant ce qu’elles sont, nous nous sommes fait couper notre voyage, mais on aura bien le temps de se reprendre une autre fois. Dans un ou deux camions, dépendamment de la suite des événements. Ou pourquoi pas en auto? On verra… J’ai apprécié  tes commentaires sur mes écrits. On se le demande toujours en écrivant, ce que le lecteur pense de l’autre côté de l’écran. Avec des romans-fleuves comme j’écris, je me demande même parfois si je n’ai pas perdu tout le monde en cours de route… J’ai trouvé que tu buvais mes paroles, que tu appréciais mes dires, bref que ce que je disais avait une valeur à tes oreilles. J’ose imaginer que mes idées et mes pensées complètent celles des autres personnes que tu as fréquentées pendant ton séjour. Reste à voir si notre visite chez vous se fera avant ton retour au Québec… On verra ben!

Et tous les autres : faire votre connaissance a été un plaisir. Les échanges, bien que trop peu nombreux, ont été intéressants, en tout respect. On continue sur Facebook, ainsi que dans un autre éventuel BouBouQ (si la tradition se poursuit)…

21 août 2010

Retour sur la route...

Voici venu la fin des vacances! Dès demain, je serai de retour sur la route, après un gros deux semaines de congé. La petite famille n'a pas fait grand chose de notable pendant ce temps. Installer et regarder la piscine se remplir toute seule (c'est une autoportante), faire des conserves avec les Légumes de Copines, la petite entreprise de Carolle, aller magasiner lesdits légumes, et aider au déroulement de la journée du samedi au Marché public avec Carolle et Mélissa, et entre les deux samedi, une visite au Saguenay, comme pour vraiment marquer un temps d'arrêt.

Au Saguenay, on a pu rencontrer une bonne partie de la famille. Cette année en est une difficile pour plusieurs de mes oncles et tantes. Quelques décès, beaucoup de maladie. Vie de misère...


J'entame donc le dernier droit avant les vacances de Noel...

8 août 2010

Un bout de route - Chapitre final - Partie Onze

Pour ceux qui commenceraient l'histoire, le début est ici.

*****

Ce matin, il y avait urgence. Urgence toilette, s’entends. Peut-être l’abus du maïs des Copines dans les derniers jours… Avant de retourner au camion, j’ai ramassé un bon café… ben, pas si bon en fait! La route fût belle jusqu’à l’entrée dans le grand Montréal. Et là, j’avais l’impression que "tout le monde" est en vacances, car la circulation était très légère. Bonne affaire.

J’ai trouvé mon client au pif, à Lachine. Il faut dire que c’était sur la même avenue de notre cour de transit! Une visite à l’intérieur me permit de rencontrer la dame de la réception, qui m’indiqua à quel quai m’accoster. Aussitôt que le camion s’enlèvera dudit quai. Ce qui se fit promptement. Je me suis placé au quai, et à deux chariots, ils m’ont vidé de mes sept palettes de gélatine louche! D’ailleurs, tout semblait douteux dans cet entrepôt… mais le plus effrayant est que ça se retrouve dans notre alimentation!

Une fois vide, à l’autre bout de la rue, à notre cour, afin d’échanger ma remorque vide pour une pleine à destination de Joliette. Un coup d’œil à la facture m’indique que c’est un voyage de carbone arrivant de Ville Platte, en Louisiane, client où je suis allé une fois. Client où la guérite est en plein champs, un peu avant l’usine, et où tout ce que nous avons à faire, soit ouvrir les portes, se fait sur place, alors une fois sur le terrain même de l’usine, le chauffeur n’a pas à sortir du camion. Parce que qui dit usine de carbone dit: salaud en mausus, tout est noir poudreux partout! Le préposé vient chercher la commande à la fenêtre, va charger la marchandise, et ramène les papiers à la fenêtre. Ne reste plus qu’à se rendre à la guérite pour refermer la remorque… et se rendre compte que si la dame en entrant m’a dit de revenir la voir, le gars en sortant se demande bien pourquoi!

Je me suis donc rendu à Joliette, à l’entrepôt, où monsieur Ladouceur était, comme toujours très content de me voir. Quand on dit que le transport est un travail de relations humaines, lui l’a compris. Serge "Morue" était au quai à mon arrivée, et un camion ontarien. Mon tour est venu assez rapidement, et je fus vidé en peu de temps.

Par la suite, comme c’était l’heure du diner, je me suis réparti moi-même et je suis allé porter ma remorque à l’usine. Bien peu d’activité là-bas aujourd’hui, bien peu de remorques vides. Un petit nettoyage de la mienne, puis je la stationne parmi les vides. Une visite au bureau afin de faire signer mon autorisation à en ressortir, puis un téléphone au bureau, afin de confirmer que les vacances débutent très bientôt. Nous convenons d’une date de départ (lire: retour au travail) et d’appel au bureau. Je me présente à la barrière, fait mes salutations à Johanne et me voici à la maison, au moment tant attendu de l’année, soit les vacances estivales.

Ne me cherchez plus, ne me téléphonez plus, je suis "pardu dans malle"!

Un bout de route - En attendant les vacances - Partie Dix

Je me réveille à London vers sept heures trente. Vers huit heures trente, au moment où je me dis que c’est maintenant le temps de réveiller mon A.P., et après avoir vérifié qu’il n’est pas dans le stationnement, le téléphone sonne. Le A.P. a campé à Comber pour la nuit. Je m’y rendrai donc pour un peu après dix heures, comme je lui avais dit la veille.

Je reprends la route, et je commence à sentir les vacances, parce qu’une fois rendu là-bas, une fois échanger de remorque, et de retour à Montréal (il est presqu’assuré que j’irai livrer le retour de A.P.), la journée de vendredi sera pas mal avancée.

À mon arrivée à Comber, A.P. m’accueille à bras ouvert. Comme ça fait longtemps qu’on ne s’est vu, nous avons bien du placottage à mettre à jour! Un moment donné, nous pensons à échanger nos remorques, puis vient le temps du "p’tit-café avant de partir"Pardu vient avec nous. Nous avons donc une bonne séance de psychothérapie, de problème de relation de travail (il y en a qui croit qu’ils en ont!) et dans mon cas de dégustation de muffin "rendu ben d’trop p’tit"! Mais comme mon diner m’attendait dans le camion…

De retour au camion, j’ai fait le plein afin de pouvoir revenir vers la maison. Par la suite, un bon diner. Puis, enfin, me voici de retour sur la route, en direction de la maison et des vacances…

Petit arrêt à Woodstock pour une pause-cochonnerie. Par la suite, on reprend la route, avec comme ambition de souper après Toronto, soit à Bowmanville. Toronto fût relativement mouvementée, un vrai bouchon en fait, beaucoup plus qu’en temps de vacances, à mon idée. Après le repas, le bureau m’appelle pour me dire qu’effectivement, j’irai livrer mon voyage demain, mais qu’il n’est pas si sur que j’aurai du travail pour la journée de vendredi. Ce qui, maintenant, me tente plus ou moins… Mais bon, comme je n’ai qu’une parole, j’ai demandé à travailler, alors si il y a besoin, je serai là!

Rendu à Kingston, je me suis arrêté pour une pause. La tentation d’y camper était grande, vu en plus l’heure tardive à laquelle mon client ouvrait, soit neuf heures. Mais je n’ai pas laissé le démon des dodos prendre le dessus sur moi. Je suis donc reparti avec mon petit bonheur. Arrivé à Spencerville, je me suis dit que j’étais déjà bien assez près de Montréal (environ deux heures).

À suivre…

Un bout de route - En route vers les vacances - Partie Neuf

Nous nous réveillons à cinq heures ce matin. Inutile de dire que nous trouvons tous les trois qu’il est beaucoup trop tôt pour se lever. Avant le soleil, même! En peu de temps, comme nous avions préparé vêtements et nourriture la veille, nous sommes prêts et sur la route. Un matin brumeux. Et malgré l’heure, nous ne sommes pas les seuls zoufs sur la route!

Après avoir constaté que le Tim Hortons se rapprochera bientôt à un village de chez nous, nous faisons un arrêt café au Tim le plus près. Nous faisons le plein de cafés et un berlingot de lait pour Sarah. Déjà, malgré qu’il ne soit même pas six heures, il y a beaucoup d’employées au travail, et une file d’attente pour le service à l’auto.

Nous reprenons la route, direction Montréal. Presque rendu au camion, Sarah demande si nous irons déjeuner, car elle commence à avoir faim. Subtilement, Caro laisse entendre qu’elle n’a pas d’argent. Dans mes oreilles, ça sonne: papa devra payer le déjeuner! Mais plus que la source de l’argent, ce qui m’importe ce matin est de savoir si nous en avons le temps. Un coup d’œil rapide à l’horloge m’apprend que oui, alors nous déjeunerons au Mike’s. J’adore leur pizza-déjeuner. Mais je ne suis pas habitué de manger autant de si tôt matin…

Une fois plus que rassasié, nous reprenons la route, séparément cette fois. Caro et Sarah en auto, moi en camion. Je me rends à notre cour de Montréal-Est, et j’accroche la remorque désignée. Je me rends à Joliette, à l’entrepôt comme la normale pour ce client. La ravissante Jessica regarde ma facture et me dit: "ton voyage se livre directement à l’usine, parce qu’ici, on est un peu encombré!".

Hé ben, pas chanceux, je n’aurai pas besoin d’attendre que les deux camions avant moi ne soient vides! Je me rends donc à l’usine immédiatement. Alors que je suis en train de me faire décharger, je reçois un message de Cynthia. Un numéro de remorque, avec les trois numéros nécessaires pour traverser les douanes. Louche… Lorsque ma remorque est vide, je vais la décrocher dans la section des vides (après l’avoir bien sur balayée!), et en me rendant à l’expédition, je surveille les numéros de remorques. Je trouve celle du message. Oh oh, il y a donc problème. Comme j’ai demandé à rentrer pour vendredi soir, je ne peux pas me rendre à Lebanon, puisque je reviendrais samedi soir ou dimanche matin.

Je contacte donc Cynthia, pour éclaircir la situation. Malentendu de bureau, me dit-elle. Tu vas faire l’échange avec A.P. Ah, là je me sens mieux! Elle me demande de laisser des courroies logistiques dans une de nos remorques (parce que les murs de certaines remorques sont tellement mous qu’en les chargeant, elles se bombent!), en me donnant le numéro. J’ai beau remonter la rangée de vide, comme celle de pleine, vérifier les quais, les sections où "ça ne se pourrait pas, mais des fois que", je suis incapable de trouver ladite remorque. Je rappelle le bureau et je tombe sur le patron lui-même. Je lui explique la situation, et je le sens presque faiblir (première pensée: vol). Par la suite, il cherche sur le tableau ladite remorque… pour finir par me dire qu’effectivement, elle n’est pas là mais en route vers La Tuque! Décidément…

Je peux donc aller accrocher ma remorque. J’en profite pour préparer mon diner dans le réchaud. On ne pourra pas toujours manger au restaurant! Au moment de reprendre la route, un confrère, Pardu, arrive à l’usine à son tour.

Le temps que réchauffe le diner, et me voici de retour d’où je suis parti ce matin. Je m’y arrête donc pour prendre le temps de manger. Très bon macaroni chinois, merci Caro.

Une fois sorti du brouhaha de Montréal… l’échangeur L’Acadie est fermé, et il ne pleut même pas!... je me dis que je devrai bien téléphoner à A.P. afin de fixer un rendez-vous pour ce soir. Comme il fait de la télépathie, le téléphone sonne au même moment. Il est dans l’Iowa! Nous convenons de faire l’échange à London, ON, puisque nous sommes chacun à environ sept heures de là. Sept heures de route, s’entend.
Rendu vers Napanee, ON, je suis un peu fatigué. C’t’idée aussi de se lever aussi tôt! Je réussi à me rendre à Belleville pour souper. Au dernier moment, je prends la sortie du Wal-Mard, soit un peu avant le relais, parce que la circulation n’avance plus. Je pourrai donc souper tranquille et aller attendre un peu plus tard. Comme souvent, le temps de souper et le bouchon s’était volatilisé de lui-même.

Ensuite vient Toronto, qui se passe très bien. C’est beau les vacances, plus personnes n’est en ville pour créer des bouchons! J’arrive à London à vingt-deux heures, et ça commence à être vraiment le temps que je prenne une pause.

Ne reste plus qu’à A.P. à arriver…

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Huit

Petite nuit à Belleville, ON. Pour bien démarrer la journée, je suis allé me chercher un café dans le relais. Je l’ai accompagné d’un muffin en carton. Un peu plus tard, à Cornwall, ON, j’ai pris un vrai déjeuner… et il était même très bon.

Par la suite, mon chargement n’ayant pas été dédouané, je devais aller laisser la remorque dans la cour de l’intermédiaire qui s’occupe de le faire après coup. J’imagine que c’est ainsi que ça se faisait en tout temps avant l’arrivée des télécopieurs. Mais à cette époque, le transport était encore sous énorme régulation, donc c’était un autre monde.

Cette cour est à Dorval, juste à deux pas de la nôtre. En fait, il y en a des dizaines (des centaines?) dans tout le pays. Mais nous utilisons toujours la même, la plus pratique pour nous. Je suis arrivé un peu avant midi. Le temps de passer la barrière, d’y recevoir une barrure (servant à immobiliser la remorque jusqu’à ce que la procédure soit complétée), de faire le tour des places de stationnements disponibles (une dizaine), d’en choisir une parmi les deux disponibles, parce que les autres chauffeurs n’ont pas été foutu de stationner leurs remorques comme du monde, de décrocher ma remorque, d’y poser la barrure, et de m’avancer jusqu’au bureau, il était maintenant midi moins deux. Le bureau doit bien fermer pour le diner, me suis-je dit.

Pendant que je contournais la bâtisse lentement, je me suis fais dépassé par un énarvé, un chauffeur local (probablement payé à l’heure, ce sont eux les plus énarvés… tsé, plus c’est long, plus ils se font une grosse paye, alors ils sont toujours inque su’une gosse, ben évidemment!). Arrivée près du bureau, il était à se reculer à un quai. Bien sur avant moi, il est tellement vite! Comme je lui ai laissé le temps de bien manœuvrer, il a évidemment pu entrer avant moi… et même ressortir! En bougonnant et même en câlissant une claque sur la première remorque disponible. Au moins, il n’a pas choisi ma face pour se défouler!

Je me suis dit : d’après moi, c’est fermé! J’entre quand même… À l’intérieur, ça ressemble à un guichet de banque, avec une ouverture de chaque côté d’une grande fenêtre. D’un côté, une dame avec un papier "fermé pour le diner". De l’autre, un homme et pas d’affiche… Je prends une chance. L’homme me reçoit très gentiment, comme d’habitude. Pas même un soupir du genre "pas encore un cris qui arrive à deux minutes de la pause"… Je me demande donc à ce moment si mon moron s’est rendu jusqu’au guichet, seulement, ou si il a seulement lu l’affiche et est ressorti en criss! Ça y apprendra…

Le préposé me redonne ma carte de sortie. Elle indique midi moins cinq… Ah, on avait l’temps en masse. De retour dehors, mon moineau avait décroché sa remorque, et sortait de la cour. Probablement pour aller diner, ce que j’aurais fait moi-même, avec l’abondance de bons restaurants dans ce secteur. Le client dine? Ça adonne bien, moi aussi…

Une fois libéré de ma remorque, un message au bureau afin de savoir la suite des choses. Mon patron me rappelle et cherche une remorque vide afin de me la faire amener à l’usine près de chez moi, d’où je devrais repartir demain. Après m’avoir demandé d’attendre le retour du diner du bureau, il me recontacte presque aussitôt pour me dire de me rendre directement à la cour de Montréal-Est, d’où je repartirai demain matin. Mal pris, j’aurais beau aller à la maison avec le camion… Je contacte donc Caro afin de savoir si elle peut venir me chercher et me ramener demain matin. Dans l’affirmative, le marché est donc conclu. Si j’ai bien compris, parce que le patron travaille dans sa tête en parlant tout haut, et change des dizaines de fois d’idée en cours de route, j’aurai demain un voyage à livrer de Montréal-Est à Joliette, échanger de remorque avec une déjà chargée, et l’amener quelques part sur la 401, en Ontario, afin de l’échanger avec un chanceux qui la rendra à Lebanon, TN. Si c’est bien le cas, ça va avec moi!

Je me rends donc au relais près de notre cour et me stationne pour la nuit. Caro arrive peu de temps après, et me montre son nouveau métier à tisser, une authentique antiquité à propriétaire unique. Wow!



J'aurai donc une nuit à la maison.

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Sept

Le Pétro de Napoléon, comme celui de Gaston, n’offre pas de déjeuner sur le pouce. D’ailleurs pour celui-ci, pas de restaurant. Seul un Quizno’s et une madame qui fait des bonnes pizzas. J’ai donc accompagné mon café du matin d’une pâtisserie au gras trans et aux pommes. Pas méchant, mais pas trop bon pour la santé… tant qu’on n’en abuse pas!

Avant de partir, comme je serai aux douanes après huit heures, j’envoie un message à Lori afin qu’elle vérifie mon PARS pour mon chargement, afin de confirmer que je peux traverser la frontière. Avoir eu une connexion à Charleston, MO, je l’aurais vérifié… ou être arrivé à Luna Pier, MI avant huit heures, l’heure où le bureau reprend vie.

Sur le petit bout de la US-24 qui me reste avant de rejoindre la I-475 à Toledo, OH, je me fais dépasser par un pont. Ben là, en morceaux, quand même… quatre poutres de bétons "longues de même". Les poutres ont tourné dans une petite rue, j’imagine destinées au chantier de l’autoroute.

Peu de temps après ça, la maison a téléphoné. Mes femmes avaient assurément bien dormi, car la bonne humeur régnait dans leurs voies. Moi aussi, j’avais très bien dormi, quoique pas longtemps.

Alors que je traverse Toledo, je commence à me demander si j’aurai des nouvelles à temps. Sinon, je vais m’arrêter à Luna Pier, vu qu’il y a une connexion Internet. En entrant dans le Michigan, un message de Lori me dit que Livingston (le courtier qui a inventé les problèmes de douanes) cherche encore qui est l’acheteur de mon chargement! Le nom de la compagnie sur la facture est Canada inc. On dirait une compagnie à numéro dont on a oublié de donner le numéro! Vérification fait avec Caro, un enfant avec les doigts dans le nez peut retrouver le numéro de téléphone d’une compagnie sur Internet avec l’adresse. Imaginez un adulte avec les mains libres! Bref, sont zoufs!

Pour m’aider à passer le temps, la connexion Internet est à la limite, alors chaque camion qui passe devant la bâtisse (et s’y stationne pour aller faire tout son marché à l’intérieur) me déconnecte pour dix minutes. Bon, au moins, c’est gratuit. Lori me demande de lui faxer à elle les papiers que j’ai en ma possession. En fait, je n’ai pas de facture de douanes, mais bon, ça n’a jamais empêché personne de franchir la douane.

Le temps passe, passe et repasse encore. Peu avant le diner, j’envoie un message afin de savoir "c’est quand qu’on panique". C’est beau l’Internet qui ne marche pas bien, mais ça fait sacrer et ça ne fait pas avancer! Ça devrait être régler pour treize heures, me répond Lori. Bon, on a l’air d’avancer. Je vais donc me chercher un diner de dépanneur (chamouiches, croustilles et liqueur blanche). La jolie blonde au nez qui retrousse me dit : encore ici? Ben oui… mais si je reviens plus tard pour te demander une chambre de motel, là, je vais être un peu moins de bonne humeur!

Vers midi et demi, je prends sur moi de partir. Il me reste quarante-cinq minutes pour me rendre aux douanes, et j’ai du magasinage à faire à la boutique hors-taxes. Je serai donc prêt après treize heures, donc tout devrait s’emboiter.

Une bouteille de tequila plus tard, j’ai message de "rentrer ça in-bound", parce que comme dans la chanson, "y’a pu person qui y répond"! Heureusement que je suis déjà rendu sur place! Après avoir rangé mon achat, je remplis donc le papier de douanes pour "in-bound". Pèse fort, parce qu’il y a trente-six copies! Notez que j’ai attendu quatre heures et quinze minutes, qui s’ajoutent au temps de chargement de cinq heures. Des fois, c’est long des p’tits bouttes.

Lorsque l'on parle d'entrer un voyage "in-bound", c'est que l'on indique aux douanes de la frontière que nous dédouanerons le chargement dans un autre poste de douane "en ville". En temps normal, cette façon de faire n'est plus utilisé, car la remorque est immobilisé (en fait, son contenu devient intouchable) jusqu'à ce que le problème soit réglé, et que le dédouannement soit compléter. Notre compagnie a "posté un bound", alors la Douane (je devrais peut-être dire le Canada) nous fait confiance que nous ne livrerons pas un chargement, ou une partie de chargement, sans avoir terminé la procédure. Parce qu'il pouvait arriver, sans le "bound", qu'une remorque complète soit paralysée parce qu'une seule palette n'avait pas pu être dédouanée!

Ensuite, au péage du pont, sur le pont, en bas du pont, à la guérite, savamment choisi pour attendre… et voilà, le camion devant moi quitte la guérite, et la barrière se referme! Changement de chiffre… C’est ben ma chance!

J’arrête à Comber, ON pour y faire le plein. Je visite Lori afin de recevoir ma carte à Tim, puis je me rends chez Tim pour la dépenser! Café et biscuits. De retour sur la route, Jocelyn, qui remplace Jean-Pierre, déjà en vacances, lui, me téléphone afin de planifier ma dernière semaine, qui est déjà passablement entamée! Je lui dis que je dois impérativement être de retour pour faire dodo chez moi vendredi soir. Au départ, il m’avait gardé un sempiternel Lebanon. C’eût été parfait, sauf en temps de vacances. En temps normal, je n’ai aucun critère de jours de congé ou de délai de voyage. Mais là, c’est le Festi-Force qui commence, alors il faut bien que j’y sois.

Jocelyn, depuis quelques jours, semble fort préoccupé par le respect du registre des heures de conduites et de travail (logbook). Ça, c’est une nouveauté! Avant, il s’en préoccupait, mais après coup… Est-ce un effet de l’entrée en vigueur de CSA 2010 (qui est un peu comme la loi 430 du Québec, mais en pire)? Possible. En tout cas, je suis pour n’importe quoi qui réussira à faire rouler légalement tout le monde, boite noire inclus. Il faudra bien que les clients s’adaptent au nouveau temps de route normaux.

En pitonnant sur la radio, je tombe sur l’émission Promise Land de la CBC (le pendant anglais de Radio-Canada). Cette émission raconte l’aventure d’un immigrant qui a abouti au Canada. Il peut partir de n’importe où, mais il abouti ici. Et le cas de la semaine est un américain déserteur du temps de la guerre de Corée âgé maintenant de soixante ans. Quel récit incroyable. C’est disponible en balado-diffusion, alors je crois que je vais l’ajouter à ma liste…

Caro me disait, alors qu’elle était sur la 20 entre Vaudreuil et Valleyfield, qu’elle était prise dans un bouchon. Un bouchon d’ontarien. C’était en effet un congé férié en Ontario, alors ils sont tous descendus à Montréal. Ben, je les ai tous vu entre Toronto et Belleville! Une file incroyable de voiture sans fin! Normalement, cela arrive le dimanche soir… mais à cause du congé, c’était ce soir, un lundi!

Dans la file, j’ai aperçu un TJB. Il me demande si le bouchon est bien long. Je reconnais la voix de Gilles. Lui, reconnait la voix de Moustache! Ben c’est pire. Alors Moustache, tu es salué!!! J’ai ri dans ma barbe longtemps. Cré Gilles!

Et me voici à Belleville pour la nuit.

À suivre…

P.S. : Monsieur Gravel est passé préparer le terrain pour y mettre notre piscine! On a donc une plage dans notre arrière cour.
P.P.S. : Caro est allé chercher son métier. Oui, un autre! Un vrai bon vieux antique… celui-là, ce sera pour garder! Un gars qui crevait d’faim. La chance de la chiure de mouche, tiens!

2 août 2010

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Six

Petite journée normale aujourd’hui. J’ai commencé par me procurer, avec mon café du matin, un sandwich SEC (saucisse, œuf, fromage). Je le trouve un peu petit… et en le payant, un peu dispendieux! Par contre, mausus qu’il était bon! Le biscuit était vraiment un biscuit maison, probablement « batché » sur place par une bonne grand-mère!

Je me suis arrêté à Matthews, MO pour y ajouter un peu de carburant, suffisamment pour me rendre en Ontario.

Retour sur la route… jusqu’à Charleston, MO pour y diner au Quizno’s Sub du Cheers. Problème de connexion Internet, à ma propre surprise. J’ai mangé un California Club. Fouille-moé ce que c’est, mais c’était bon en tabarnouche! Peut-être que le fait que je n’y étais pas allé depuis trop longtemps y est pour quelques choses.

On reprend la route, direction nord. Alors que je me disais que le bouchon que j’avais contourné vers le sud s’en venait, je constatais que je n’avais pas vu les affiches annonçant ledit bouchon. Pour une bonne raison, les travaux sont terminés sur la direction nord! Effectivement, côté sud, c’est l’enfer!
Je me suis fait une petite pause à Effingham, IL. Puis, en direction de Brazil, IN pour un bon souper-spaghetti. Bon, la sauce à la viande était bonne, mais y’a ben inque les américains pour manquer un spaghat!
Par la suite, je constate que ma batterie de cellulaire commence à s’en aller. Ça doit être la troisième fois que je la recharge aujourd’hui!

Et me voici à Napoléon, OH, pour le campement de nuit.

Vraiment, une petite journée…

À suivre…

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Cinq

Au petit matin, ben en fait, au beau milieu de l’avant-midi, décalage horaire inclus, je me suis réveillé après un excellent repos. Y’était temps! Comme dit l’adage, le sommeil, c’est comme un compte de banque : tu peux en retirer, mais tu finiras toujours par devoir en remettre. Enfin, quelque chose comme ça!

En remettant mes pantalons, papetière oblige, je trouve un vieux dollar dans la poche, oublié depuis l’hiver dernier! Bon, j’aurais préféré un 100$, mais c’est ben rare que j’en ai en main, encore moins que je l’oublie…

Je vais donc voir au bureau afin de savoir à quoi m’en tenir. Encore le même charivari qu’hier soir. Nous sommes des illustres inconnus pour eux! Et comme ma remorque est déjà dans la cour, c’est encore plus mélangeant! Jeff, le gars qui semble savoir où il s’en va (le mot important est semble!!!) me dit que j’en ai pour un maudit boutte, car il y a encore huit voyages à charger avant le mien. D’après moi, on n’a pas la même définition de l’expression « live load ». Je sais que dans le sud, les gens ne sont pas vite vite, mais là, il y a une marge. Je lui demande de me donner une heure approximative, parce que je pourrais bien décider d’aller visité la Louisiane en attendant.

Je décide de téléphoner à mon meilleur patron, afin de savoir pour qui nous ramassons ce voyage de papier-cul! Patron me donne le nom de la compagnie, ainsi que le SCAT CODE, le code à quatre lettres qui identifie les compagnies de transport dans leur système. Ah, ça leur sonne un genre de cloche. Mais on est encore loin de l’auberge! Le Jeff finit par me dire que ça devrait aller vers neuf ou dix heures dans la soirée. Ouf! Je retourne vers le camion, avec l’intention de diner bientôt. Me reste un bœuf en cube, alors voici mon diner.

À peine ai-je le temps de m’installer dans mon camion, le Jeff est à côté de ma porte. Il me dit de m’avancer avec mon camion, qu’il va m’envoyer « en dedans » pour me faire charger. Ah ben, se seraient-ils démêlés?

Je m’avance donc vers la cabane. Avec mon camion. Jeff m’explique que lorsque la porte 22 sera libéré par le « shunter », je n’aurai qu’à prendre la place, et je serai chargé peu de temps après. Il avise d’ailleurs le « shunter » de ne pas remettre une remorque lorsqu’il aura libéré ma porte. Il me donne ensuite une passe pour retourner dans la cour des remorques. Il me dit aussi qu’en fait, tout ceci aurait dû être fait hier soir, à mon arrivée. Je commence à comprendre qu’en fait, la dame d’hier soir n’a probablement pas pigé que j’étais un « live load ». Je ne lui ai pas dit, mais elle ne me l’a pas demandé non plus! Elle était trop occupé à chercher de quelle crisse de compagnie que je sortais?

J’ai retrouvé ma remorque exactement où je l’avais laissé. Évidemment, personne ne lui avait touché! Une fois accroché, je me suis rendu, selon les indications de Jeff, près de la porte 22. Bon, au pif, parce les portes 26 à 30 étaient bien identifiées vu du camion, mais par la suite, ça se gâtaient un peu. Et comme il y avait autant de remorques stationnées entre les portes que de remorques à quai, c’était ben embêtant. Je me suis stationné de façon à voir les remorques où je pensais que je devais aller.

Une trentaine de minutes plus tard, la remorque fut sortie de son trou. J’ai donc pris la place. Une autre petite demi-heure plus tard, le chargement commençait. Environ trois heures après le signal de départ, j’étais enfin chargé! L’employé qui me chargea sorti dehors pour me faire un genre de signe de départ, pour disparaitre ensuite. Et les papiers? Je n’étais pas au bout de mes peines! Comme il y avait sur toutes les portes humaines des écriteaux « Employés seulement », je me suis dit que la dame de la barrière allait bien gentiment me les imprimer. Ou le bon Jeff du début…

J’arrive donc à la balance/barrière. Je stationne mon camion sur la balance, toujours très étroite, et je me rends au guichet. Il y a dû avoir par le passer de la bagarre, car comme à la banque, on met le ti-papier dans un genre de tiroir, et la dame parle via un intercom. Avec le moteur du camion qui entre, le moteur de mon Tri-Pac, et le problème de son typique d’un intercom, assaisonné du charmant accent du sud de la dame, on n’y comprend rien. Ce n’est pas long non plus qu’il y a trois ou quatre camions derrière moi. Tiens, le criss qui bloque la balance, c’est moi! Bon, la dame ne sait pas trop où devrais être mes papiers, comme si moi, à ma première visite où bien sur personne ne m’a rien dit, je devrais le savoir. Elle téléphone à gauche et à droite, cherche ceci et cela, me demande si j’ai un numéro de commande, quelque chose… Ben, il est là, sur la feuille jaune. Elle pitonne ce numéro dans son ordinateur et, magie, des belles factures sortent de son imprimante!

Je signe ici, là et là, avec la date et toute la patente, redonne la copie à la gentille dame malgré tout, et décâlisse de sur la balance avant de causer une émeute! Comme la dame m’a donné mon poids par essieux, je constate que mon poids est beaucoup trop sur l’avant. Ça va parfaitement avec la disposition des palettes de boites de papiers d’imprimante, un peu trop compacte sur l’avant, mais rien d’impossible à balancer. En quelques minutes, me voici prêt à prendre la route. Un coup de fil au bureau, afin d’aviser que je suis toujours vivant, chargé, et prêt à prendre la route, et me voici sur la route.

Je prends donc la LA-64 pour me rendre à Zachary. Plus loin, la LA-67 m’amène à Clinton. Je fourche ensuite sur la LA-10. À Coleman Town, je bifurque sur la LA-38. Arrive le village au nom rigolo de Chipola! À Kentwood, c’est jour d’encan d’animaux, alors la place est pleine de camion pick-up de fermier avec remorques assorties… et du monde… Je retrouve là l’autoroute.

Aussitôt sur l’I-55, me voici de retour dans le Mississipi. La balance concubine (Mississipi/Louisiane) est ouverte. Le bonhomme vert (en fait, il est bleu marin, et je ne parle pas de son humeur!) est sur le pas de la porte, et veut voir mon registre. Heille, ce coup-là, il est parfait. Ça me confirme en même temps que mon ajustement d’essieux était bon. Je croyais que j’aboutirais ailleurs, mais je suis abouti juste avant la balance. Une chance que j’ai ajusté avant de partir, plutôt que de partir en me disant que j’ajusterais tout ça à la prochaine CAT Scale…

Je suis arrêté pour le souper au Pilot de Jackson, MS. Deux quêteux sont venu me voir, comme tous les autres camions d’ailleurs. Le premier voulait un « lift » vers l’ouest (ou l’est, je ne sais plus). Pas de chance, je vais au nord! Le second m’a dit que je ressemblais à un copain de Willie Nelson (j’avais mis mon chapeau). Il arrive avec la grosse poignée de main franche et tout le tralala. Lui voulait juste du bon gros « cash ». Je réponds par la négative, parce qu’on ne sait jamais à quel profiteur de camionneur (et spécialement si il a une plaque hors États-Unis) on a affaire. Dans ce cas, et surtout dans le Mississipi, je crois que le gars était sincère. Mais si vous saviez, cher ami, que j’en aurais probablement autant besoin que vous! Il m’a dit qu’un des autres camionneurs lui avait dit : dégage, sale nègre! Criss, « only in america »! Devant ma réponse négative, il a même ajouté : je respecte ça! Un peu plus, il me bénissait! Héhé!

Par la suite, je me suis rendu, à ma propre surprise, jusqu'à Osceola, AR pour y camper pour la nuit.

À suivre…