8 août 2010

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Huit

Petite nuit à Belleville, ON. Pour bien démarrer la journée, je suis allé me chercher un café dans le relais. Je l’ai accompagné d’un muffin en carton. Un peu plus tard, à Cornwall, ON, j’ai pris un vrai déjeuner… et il était même très bon.

Par la suite, mon chargement n’ayant pas été dédouané, je devais aller laisser la remorque dans la cour de l’intermédiaire qui s’occupe de le faire après coup. J’imagine que c’est ainsi que ça se faisait en tout temps avant l’arrivée des télécopieurs. Mais à cette époque, le transport était encore sous énorme régulation, donc c’était un autre monde.

Cette cour est à Dorval, juste à deux pas de la nôtre. En fait, il y en a des dizaines (des centaines?) dans tout le pays. Mais nous utilisons toujours la même, la plus pratique pour nous. Je suis arrivé un peu avant midi. Le temps de passer la barrière, d’y recevoir une barrure (servant à immobiliser la remorque jusqu’à ce que la procédure soit complétée), de faire le tour des places de stationnements disponibles (une dizaine), d’en choisir une parmi les deux disponibles, parce que les autres chauffeurs n’ont pas été foutu de stationner leurs remorques comme du monde, de décrocher ma remorque, d’y poser la barrure, et de m’avancer jusqu’au bureau, il était maintenant midi moins deux. Le bureau doit bien fermer pour le diner, me suis-je dit.

Pendant que je contournais la bâtisse lentement, je me suis fais dépassé par un énarvé, un chauffeur local (probablement payé à l’heure, ce sont eux les plus énarvés… tsé, plus c’est long, plus ils se font une grosse paye, alors ils sont toujours inque su’une gosse, ben évidemment!). Arrivée près du bureau, il était à se reculer à un quai. Bien sur avant moi, il est tellement vite! Comme je lui ai laissé le temps de bien manœuvrer, il a évidemment pu entrer avant moi… et même ressortir! En bougonnant et même en câlissant une claque sur la première remorque disponible. Au moins, il n’a pas choisi ma face pour se défouler!

Je me suis dit : d’après moi, c’est fermé! J’entre quand même… À l’intérieur, ça ressemble à un guichet de banque, avec une ouverture de chaque côté d’une grande fenêtre. D’un côté, une dame avec un papier "fermé pour le diner". De l’autre, un homme et pas d’affiche… Je prends une chance. L’homme me reçoit très gentiment, comme d’habitude. Pas même un soupir du genre "pas encore un cris qui arrive à deux minutes de la pause"… Je me demande donc à ce moment si mon moron s’est rendu jusqu’au guichet, seulement, ou si il a seulement lu l’affiche et est ressorti en criss! Ça y apprendra…

Le préposé me redonne ma carte de sortie. Elle indique midi moins cinq… Ah, on avait l’temps en masse. De retour dehors, mon moineau avait décroché sa remorque, et sortait de la cour. Probablement pour aller diner, ce que j’aurais fait moi-même, avec l’abondance de bons restaurants dans ce secteur. Le client dine? Ça adonne bien, moi aussi…

Une fois libéré de ma remorque, un message au bureau afin de savoir la suite des choses. Mon patron me rappelle et cherche une remorque vide afin de me la faire amener à l’usine près de chez moi, d’où je devrais repartir demain. Après m’avoir demandé d’attendre le retour du diner du bureau, il me recontacte presque aussitôt pour me dire de me rendre directement à la cour de Montréal-Est, d’où je repartirai demain matin. Mal pris, j’aurais beau aller à la maison avec le camion… Je contacte donc Caro afin de savoir si elle peut venir me chercher et me ramener demain matin. Dans l’affirmative, le marché est donc conclu. Si j’ai bien compris, parce que le patron travaille dans sa tête en parlant tout haut, et change des dizaines de fois d’idée en cours de route, j’aurai demain un voyage à livrer de Montréal-Est à Joliette, échanger de remorque avec une déjà chargée, et l’amener quelques part sur la 401, en Ontario, afin de l’échanger avec un chanceux qui la rendra à Lebanon, TN. Si c’est bien le cas, ça va avec moi!

Je me rends donc au relais près de notre cour et me stationne pour la nuit. Caro arrive peu de temps après, et me montre son nouveau métier à tisser, une authentique antiquité à propriétaire unique. Wow!



J'aurai donc une nuit à la maison.

À suivre…

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