8 août 2010

Un bout de route - En allant vers les vacances - Partie Sept

Le Pétro de Napoléon, comme celui de Gaston, n’offre pas de déjeuner sur le pouce. D’ailleurs pour celui-ci, pas de restaurant. Seul un Quizno’s et une madame qui fait des bonnes pizzas. J’ai donc accompagné mon café du matin d’une pâtisserie au gras trans et aux pommes. Pas méchant, mais pas trop bon pour la santé… tant qu’on n’en abuse pas!

Avant de partir, comme je serai aux douanes après huit heures, j’envoie un message à Lori afin qu’elle vérifie mon PARS pour mon chargement, afin de confirmer que je peux traverser la frontière. Avoir eu une connexion à Charleston, MO, je l’aurais vérifié… ou être arrivé à Luna Pier, MI avant huit heures, l’heure où le bureau reprend vie.

Sur le petit bout de la US-24 qui me reste avant de rejoindre la I-475 à Toledo, OH, je me fais dépasser par un pont. Ben là, en morceaux, quand même… quatre poutres de bétons "longues de même". Les poutres ont tourné dans une petite rue, j’imagine destinées au chantier de l’autoroute.

Peu de temps après ça, la maison a téléphoné. Mes femmes avaient assurément bien dormi, car la bonne humeur régnait dans leurs voies. Moi aussi, j’avais très bien dormi, quoique pas longtemps.

Alors que je traverse Toledo, je commence à me demander si j’aurai des nouvelles à temps. Sinon, je vais m’arrêter à Luna Pier, vu qu’il y a une connexion Internet. En entrant dans le Michigan, un message de Lori me dit que Livingston (le courtier qui a inventé les problèmes de douanes) cherche encore qui est l’acheteur de mon chargement! Le nom de la compagnie sur la facture est Canada inc. On dirait une compagnie à numéro dont on a oublié de donner le numéro! Vérification fait avec Caro, un enfant avec les doigts dans le nez peut retrouver le numéro de téléphone d’une compagnie sur Internet avec l’adresse. Imaginez un adulte avec les mains libres! Bref, sont zoufs!

Pour m’aider à passer le temps, la connexion Internet est à la limite, alors chaque camion qui passe devant la bâtisse (et s’y stationne pour aller faire tout son marché à l’intérieur) me déconnecte pour dix minutes. Bon, au moins, c’est gratuit. Lori me demande de lui faxer à elle les papiers que j’ai en ma possession. En fait, je n’ai pas de facture de douanes, mais bon, ça n’a jamais empêché personne de franchir la douane.

Le temps passe, passe et repasse encore. Peu avant le diner, j’envoie un message afin de savoir "c’est quand qu’on panique". C’est beau l’Internet qui ne marche pas bien, mais ça fait sacrer et ça ne fait pas avancer! Ça devrait être régler pour treize heures, me répond Lori. Bon, on a l’air d’avancer. Je vais donc me chercher un diner de dépanneur (chamouiches, croustilles et liqueur blanche). La jolie blonde au nez qui retrousse me dit : encore ici? Ben oui… mais si je reviens plus tard pour te demander une chambre de motel, là, je vais être un peu moins de bonne humeur!

Vers midi et demi, je prends sur moi de partir. Il me reste quarante-cinq minutes pour me rendre aux douanes, et j’ai du magasinage à faire à la boutique hors-taxes. Je serai donc prêt après treize heures, donc tout devrait s’emboiter.

Une bouteille de tequila plus tard, j’ai message de "rentrer ça in-bound", parce que comme dans la chanson, "y’a pu person qui y répond"! Heureusement que je suis déjà rendu sur place! Après avoir rangé mon achat, je remplis donc le papier de douanes pour "in-bound". Pèse fort, parce qu’il y a trente-six copies! Notez que j’ai attendu quatre heures et quinze minutes, qui s’ajoutent au temps de chargement de cinq heures. Des fois, c’est long des p’tits bouttes.

Lorsque l'on parle d'entrer un voyage "in-bound", c'est que l'on indique aux douanes de la frontière que nous dédouanerons le chargement dans un autre poste de douane "en ville". En temps normal, cette façon de faire n'est plus utilisé, car la remorque est immobilisé (en fait, son contenu devient intouchable) jusqu'à ce que le problème soit réglé, et que le dédouannement soit compléter. Notre compagnie a "posté un bound", alors la Douane (je devrais peut-être dire le Canada) nous fait confiance que nous ne livrerons pas un chargement, ou une partie de chargement, sans avoir terminé la procédure. Parce qu'il pouvait arriver, sans le "bound", qu'une remorque complète soit paralysée parce qu'une seule palette n'avait pas pu être dédouanée!

Ensuite, au péage du pont, sur le pont, en bas du pont, à la guérite, savamment choisi pour attendre… et voilà, le camion devant moi quitte la guérite, et la barrière se referme! Changement de chiffre… C’est ben ma chance!

J’arrête à Comber, ON pour y faire le plein. Je visite Lori afin de recevoir ma carte à Tim, puis je me rends chez Tim pour la dépenser! Café et biscuits. De retour sur la route, Jocelyn, qui remplace Jean-Pierre, déjà en vacances, lui, me téléphone afin de planifier ma dernière semaine, qui est déjà passablement entamée! Je lui dis que je dois impérativement être de retour pour faire dodo chez moi vendredi soir. Au départ, il m’avait gardé un sempiternel Lebanon. C’eût été parfait, sauf en temps de vacances. En temps normal, je n’ai aucun critère de jours de congé ou de délai de voyage. Mais là, c’est le Festi-Force qui commence, alors il faut bien que j’y sois.

Jocelyn, depuis quelques jours, semble fort préoccupé par le respect du registre des heures de conduites et de travail (logbook). Ça, c’est une nouveauté! Avant, il s’en préoccupait, mais après coup… Est-ce un effet de l’entrée en vigueur de CSA 2010 (qui est un peu comme la loi 430 du Québec, mais en pire)? Possible. En tout cas, je suis pour n’importe quoi qui réussira à faire rouler légalement tout le monde, boite noire inclus. Il faudra bien que les clients s’adaptent au nouveau temps de route normaux.

En pitonnant sur la radio, je tombe sur l’émission Promise Land de la CBC (le pendant anglais de Radio-Canada). Cette émission raconte l’aventure d’un immigrant qui a abouti au Canada. Il peut partir de n’importe où, mais il abouti ici. Et le cas de la semaine est un américain déserteur du temps de la guerre de Corée âgé maintenant de soixante ans. Quel récit incroyable. C’est disponible en balado-diffusion, alors je crois que je vais l’ajouter à ma liste…

Caro me disait, alors qu’elle était sur la 20 entre Vaudreuil et Valleyfield, qu’elle était prise dans un bouchon. Un bouchon d’ontarien. C’était en effet un congé férié en Ontario, alors ils sont tous descendus à Montréal. Ben, je les ai tous vu entre Toronto et Belleville! Une file incroyable de voiture sans fin! Normalement, cela arrive le dimanche soir… mais à cause du congé, c’était ce soir, un lundi!

Dans la file, j’ai aperçu un TJB. Il me demande si le bouchon est bien long. Je reconnais la voix de Gilles. Lui, reconnait la voix de Moustache! Ben c’est pire. Alors Moustache, tu es salué!!! J’ai ri dans ma barbe longtemps. Cré Gilles!

Et me voici à Belleville pour la nuit.

À suivre…

P.S. : Monsieur Gravel est passé préparer le terrain pour y mettre notre piscine! On a donc une plage dans notre arrière cour.
P.P.S. : Caro est allé chercher son métier. Oui, un autre! Un vrai bon vieux antique… celui-là, ce sera pour garder! Un gars qui crevait d’faim. La chance de la chiure de mouche, tiens!

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