17 février 2014

La nuit, vous faites quoi?

Est-ce que le moteur du camion tourne la nuit?

Non, sauf par grand froid.

On a un chauffage de cabine, un Webasto. Ça brûle du diesel pour faire de la chaleur, exactement comme un chauffage à l'huile dans une maison. Il existe d'autres système: un qui peut chauffer le liquide de refroidissement (Prestone). C'est alors le chauffage du camion qui fournit la chaleur. Un autre système est constitué d'une génératrice, qui recharge les batteries, d'un système indépendant de climatisation (pour l'été) et du même Webasto à air chaud pour les nuits d'hiver. Pour avoir eu les trois, j'ai trouvé le système "à l'eau" le plus facile à vivre. Tu entends ronronner ça environ 15 minutes par heures. Confort et silence merveilleux. La génératrice était bien, mais elle demande un entretien rigoureux. Pour quelqu'un qui est souvent au chaud, ce sera mieux. Mais dans mon cas, je laisse rarement tourner le moteur en été, n'étant pas souvent ni longtemps au très chaud.

En bas de -20 environ, on va laisser tourner le moteur. En partie pour la chaleur, parce que le Webasto, ça finit par ne plus suffire, mais surtout pour être certain que le camion va redémarrer au matin. Les Cummins sont "fragiles" au froid, mais pour les Volvo et les Paccar (comme le mien), ils sont capables d'en prendre.

Dans mon cas, ce matin (au moment d'écrire le message), ça commençait à travailler plus fort au démarrage. Je crois que la limite minimum était proche. Mais en même temps, rien encore pour paniquer. Notez que je n'ai encore pas laissé tourner le moteur cet hiver. C'est bon pour l'économie de carburant. Au prix où le diesel est ces temps-ci, c'est presque moins cher de coucher à l'hôtel que de laisser tourner le moteur!

Ainsi dormons-nous bien au chaud... ou au frais, selon les saisons!

P.S.: Si vous avez des questions ou des suggestions de sujets sur le domaine du camionnage, laissez un commentaire et je vous répondrai dans un message subséquent. Que vous soyez un autre usager de la route, un futur chauffeur, un européen qui désire mieux connaitre comment ça se passe en Amérique...

10 février 2014

La température

Parlons-en, de la température.

Le camionnage, c'est de vivre pleinement en harmonie avec les éléments. Surtout si votre type de transport implique une partie du travail à l'extérieur, comme sur les plate-forme ou les citernes. Mais de toute façon, la température fait parti de la vie sur la route.

Surtout en hiver. Comme cette semaine, au retour des vacances... Après avoir eu une semaine à -25 (et ça, c'était à la maison, car au Saguenay, il faisait -40, et ailleurs, -30 ou -35), semaine où, temps des fêtes obligent, j'étais en vacances, arriva donc la semaine de schnoutte.

Tout d'abord, j'ai dû déterrer le camion. Le toit de la maison s'était vidé peu après mon arrivée, en fait, exactement au moment de notre départ pour Kénogami pour Noël. Pas le temps de déneiger donc.

Au retour, évidemment, on oublie ça, plus ou moins volontairement. Puis, on repart vers Rimouski pour le Jour de l'An.

Arrive donc le moment de ressortir le camion. La neige a durci. Elle est comme du sel, mais par bloc. J'ai donc l'impression de pelleter des cubes de sucre.

À mi-chemin, j'ai pris une chance de sortir le camion. Pourquoi finir le travail si ça sortait dès maintenant? Bon pari, le camion est sorti comme en été. Ben, à peine un peu plus difficilement! Je l'ai stationné juste un peu plus en avant.

Deux jours plus tard, c'était le grand départ. Le temps avait encore changé. La neige était maintenant en sel, mais molle. Un peu comme du sable à la plage. Les pneus ont bien mordus, tout en douceur.

Une fois sur la route, le temps allait encore changer. La température réchauffant en arrivant à Joliette, la route était maintenant sur neige durcie.

Une fois la remorque accrochée, j'ai repris la route vers Laval. La route était maintenant à la belle eau claire.

En arrivant en ville, à Laval, puis du côté ouest de Montréal, la route est devenue complètement sec.

Je suis arrivé en Ontario. Autour de Cornwall, il y eut de forte bourrasque de neige. De beaux gros flocons.

Puis, plus rien. Le calme plat. Ensuite, à Kingston, un blizzard. Je me voyais ni ciel ni terre. Pendant une quinzaine de minutes, impossible de rouler à pleine vitesse. Plutôt à pas de tortue.

La neige au sol était ensuite une neige durcie. Celle qui a toujours plein de trou et qui donne l'impression de rouler sur une route de gravelle.

Plus loin, il y avait de la glace noire. Façon de parler, car c'est une illusion d'optique. La glace est transparente, mais comme la route est noire... Reste que la route est donc glissante. Mais les pneus, qui sont chauds, collent quand même très bien. Si ce n'était pas des branleux qui ont peur d'avoir peur...

Je me suis arrêté au Fifth Wheel de Bowmanville, ON pour la nuit. Alors qu'il faisait 0 à la maison, il faisait maintenant -11 ici. Ben, au réveil, il faisait -20! Je me suis réveillé gelé comme en hiver. Et c'est là que j'ai constaté que j'avais des couvertures en surplus. Ce soir, je serai au chaud!

Le lendemain, je n'étais pas au bout de mes peines. Aux douanes, le pont Ambassador était, lui aussi, gelé. On a tous déjà vu les pancartes qui disent de faire attention, car le pont gèle avant la route. Phénomène qui est dû au fait que le pont est complètement hors du sol, alors que la route repose sur le sol, qui peut être plus chaud que l'air ambiant.

En montant sur le pont, mes roues ont commencé à virer de d'sour, dans le beurre... À patiner, quoi! Instant de stress. J'ai barré mon différentiel, tout en dégonflant par bout mes ballons sur l'essieu mort, tout en y allant plus mollo sur la pédale. Ouf, ça a tenu le coup, et je me suis rendu en haut. J'appréhendais la descente. C'était plus juste comme traction, alors assez délicat, surtout avec les deux courbes pour sortir du pont.

Sur le côté montant, vers le Canada, une plateforme multi-essieux (7 ou 8) était bloqué à la moitié de la distance. Incapable d'avoir de la traction suffisamment pour se tirer lui-même jusqu'en haut. C'est bien la première fois que je vois ça!

Passe les douanes, et allons vers le sud. Arrive un Xième bouchon de circulation. Et celui-là, c'est le père de tous les bouchons. Alors je mets énormément de temps à arriver à la cause: encore une fois, un multi-essieux et un b-train sont pris dans la côte du pont qui surplombe le rail. Pas une grosse côte pourtant, mais quand même. Trop pour ces camions avec tout ce poids. Leur problème vient du fait que, malgré le poids total, la majorité est concentré sur les roues de la remorque. Donc, il est très facile pour eux de faire patiner les roues du camions, en comparaison avec nous, les deux essieux, sur lequel le poids avant et arrière est souvent égal, souvent même un peu plus sur le devant.

J'ai pu arrêté pour souper au Pétro de North Baltimore, OH, qui était débordant de camions. Une affiche indiquait que d'ici au Michigan, donc, d'où j'arrivais, il y avait un état de tempête de neige de niveau 3. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais j'imagine que c'est assez catastrophique.

Je me suis arrêté ensuite au TA de Wapakoneta, OH. Aucune place de disponible. J'ai donc continué jusqu'au 99 à Anna, OH. J'y ai trouvé quelques places, mais celle que j'ai eu était penchante du mauvais côté. Rien de pire que de dormir la tête en bas.

Au matin, il faisait -11, plus acceptable... D'autant plus que j'avais trouvé les couvertures!

En terminant, il faut se rappeler que la voie de droite est pour la circulation lente. Et que si il y a trois voies, la gauche est la plupart du temps interdite aux camions. Anormal que je passe mon temps à droite juste parce que ça roule plus qu'à gauche ou au centre, selon le cas...

Aussi, mettez les meilleurs pneus d'hiver possible sur votre auto. Oui, ça existe! Et ce n'est pas si dispendieux. Vous couperez sur les pneus d'été. Très important ne serait-ce que pour la confiance que ça donne aux conducteurs. Et attention, les pneus ne sont quand même pas tout!

Un dernier conseil: allez avec votre voiture pratiquer sur un stationnement vide la conduite sur neige ou glace. C'est sans danger. Et la connaissance sur le comportement de votre voiture que ça vous donnera est incroyable.

Juste de savoir à quel instant précis vous perdez le contrôle est un atout incroyable pour pouvoir utiliser la voiture aux limites du possible. Car on la sent toujours lorsque ça devient risqué, juste avant qu'elle ne dérape. Un peu de pratique en conditions contrôlées est donc votre meilleur atout pour l'hiver, afin de me pas être le "maudit qui n'avance pas dans l'chemin"...

Bonne route!

P.S.: Si vous avez des questions ou des suggestions de sujets sur le domaine du camionnage, laissez un commentaire et je vous répondrai dans un message subséquent. Que vous soyez un autre usager de la route, un futur chauffeur, un européen qui désire mieux connaitre comment ça se passe en Amérique...