14 mars 2008

Autopsie d'une semaine de fou! Partie 2

8 février, 22 heures 30

Ouf! Même OUF! Quelle journée! Quatre opérations dans une même journée, c’est beaucoup. Ajouté à cela plus de 700 kilomètres (une journée normale étant un peu plus de 1000 kilomètres), et vous avez ma journée d’aujourd’hui. Pour les opérations, il y en a deux à une heure chacune et deux à trente minutes chacune. En fait, la livraison a plutôt prise deux heures. Deux camions étaient déjà aux quais à mon arrivée. Et trois autres sont arrivées après moi. Grosse journée pour ce client! Je suis donc parti avec le sentiment d’être en retard sur tout le reste de la journée. J’avais trois cueillettes assignées à ma journée. Pour faire court, une heure de route, une heure pour charger, sortir de Chicago, deux heures trente de route, 30 minutes pour charger, deux heures trente de route, 30 minutes pour charger.

Un truc de vieux chauffeur : profiter du temps de déchargement pour diner. Une fois la remorque vide, il est possible de partir immédiatement et de rouler sans interruption jusqu’à la prochaine étape. J’ai donc mangé ma mixture de saucisses dans son jus de tomates. C’était délicieux, merci Caro. Puis, j’ai commencé l’écoute du DVD de DJ Champion. Après avoir écouté le DC hier, c’était le complément idéal! J’en reparlerai dans un message futur.

L’estomac plein, je me suis donc rendu à DeKalb, IL, magnifique vieux village à l’ouest de Chicago. Chez ce client, lorsque la barrière est ouverte, nous pouvons procéder nous même. Je suis donc allé ouvrir une des trois portes pour constater par laquelle je pouvais pénétrer. La porte 3 était libre. Je pris donc place au quai.

Diane ayant pris sa retraite à la fin novembre, et Bouche Trou ayant repris son… trou, c’est maintenant Rosa qui a le poste de chauffeuse de chariot-élévateur de l’expédition. Les 27 palettes de petits moteurs électriques ont été soigneusement disposées dans ma remorque en peu de temps. Aussitôt les papiers envoyés au bureau, j’étais prêt à repartir, cette fois pour Shelby, IN. Il était déjà 13 heures 30!

J’en avais pour plus de 2 heures, et ce client fermait à 15 heures. J’étais donc en retard avant même de partir. Au moins, quelqu’un serait là pour déposer ma palette.

Sortir de Chicago est toujours une surprise. Cette fois-ci, ça s’est déroulé rondement. J’étais dans un bon moment, après le diner, mais avant la fin de la journée.

Vers 16 heures 30, finalement, j’arrivais chez mon client. Shelby est un village minuscule. Je n’avais pas pu trouver mon adresse à l’aide de l’ordinateur, alors j’ai dû procéder au pif-o-mètre. Heureusement, la route principale a été détournée pour passer devant les deux usines du village. Et le bar, le parc des vétérans, et le bureau de poste. Bref, pour faire la visite guidée, vous n’avez même pas à vous aventurer dans les petites rues!

Une fois arrivé au quai, j’avais l’impression d’être justement à un quai… pour bateau! Les deux roues de ma remorque étaient en effet dans l’eau à mi-hauteur! Je devais mettre le pied à l’eau moi aussi afin d’atteindre l’escalier pour entre à l’intérieur… Les joies du printemps!

Je sonne et, comme c’est débarrer, j’entre. Une minute plus tard, une dame arrive. Elle a été prévenue, alors ma palette m’attend. En quelques minutes, je suis près à repartir.

Je communique avec Lori afin de m’assurer que le dernier client sera bien à son poste pour charger ma palette. Elle me dit qu’elle lui a dit à la blague que je serais là vers 22 heures! Bon, au moins, pas de pression.

Je pars vers le sud, mais à la sortie du village, la route est fermée. Oups! En camion, ça peut donner de drôle de situation. Au moins, je peux tourner sur une petite rue (toutes les rues sont petites à Shelby!) et revenir sur mes pas. Au moment de reprendre l’autoroute, je m’arrête au Pilot pour y ramasser un petit souper.

Mon choix s’arrête sur une pizza qui ne semble pas si terrible. Ça ne vaudra certainement pas celle de Pioui! Mais c’est comme la poutine de chez Bebé… Trop loin pour en profiter à notre goût!

Me voici reparti, une pizza dans une main, un café dans l’autre, et un sac de croustille aussi. Ah oui, le téléphone bien sur, car Caro veut me raconter sa journée! Attention, pilote professionnel sur circuit fermé, n’essayez pas ceci à la maison ;) N’ayez crainte, évidemment, je ne fais pas tout ceci en même temps, mais une chose derrière l’autre, bien évidemment!

Vers 21 heures 30, j’arrive enfin à mon dernier client. Je trouve facilement le bâtiment A. Je me choisis un quai, et je m’y installe. Tel qu’indiqué, je vais sonner et je m’attends à devoir attendre une quinzaine de minutes. Je retourne dans le camion, et le temps de m’asseoir, on cogne à ma porte. C’est l’homme qui va me charger.

Je le suis à l’intérieur. Je lui explique comment je veux qu’il me la place, car l’espace commence à manquer. Aussitôt dit, aussitôt fait. Là encore, 30 minutes et je suis reparti.

Et comme la journée a été longue, je me suis arrêté à Fortville, IN, au Pilot, sois le premier stationnement qui s’est présenté à moi. Il me restera environ 14 heures de route pour rentrer au bureau. Après, semble t’il que j’aurai une livraison pour Québec. Mais cette dernière reste à confirmer demain.

10 février 2008, 10 heures

Hier soir, pour allonger une semaine qui ne veut plus finir, à mon arrivée au Husky de London, ON, je tricote dans l’entrée et, environ 25 mètres avant d’être stationné, j’entends un sifflement intense venant de l’extérieur. J’immobilise le camion et je débarque dehors pour voir ce qui se passe. En suivant le son, je remarque un pneu qui ramolli à vue d’œil. Je comprends pourquoi en voyant un pic-pic de métal de 3 centimètres sur 1 centimètre par près de 10 centimètre de long! En forme de pointe de flèche en plus.

Voilà, le peu de fin de semaine que j’avais est à l’eau. Lire : « Câlice, chu dans marde! ». Comme mon souper était prêt, je commence à manger avant de téléphone à Jean-Pierre, notre… responsable de la mécanique et des catastrophes naturelles. Comme je constate que mon souper sent le îabe, je le câlisse aux poubelles. Je me rabats ensuite sur le fromage, la saucisse et les cachous que je m’étais procuré au Meijer de Toledo, OH.

Quelques minutes plus tard, je communique avec ledit Jean-Pierre afin d’avoir un pneu de rechange. Après avoir pris en note où j’étais et le type de pneu pour mon camion, il me quitte en disant qu’il s’occupe de me trouver un service routier. Je m’installe donc devant la télévision pour passer le temps. À ma dernière crevaison en Ontario, nous avions fait affaire avec Benson, et ils se sont présenter tel que promis en quinze minutes. Je sais bien que c’est exceptionnel, alors je m’attends à au moins une heure avant de voir qui que ce soit se présenter…

Vers 19 heures, Jean-Pierre me rappelle :

- Es-tu réparé, as-tu eu un téléphone de la compagnie?

- Non, aucun signe de rien… et comme nous sommes environ douze camions, je ne peux pas vraiment le manquer.

- OK, je les rappelle pour activer les choses, me dit-il.

Puis, vers 19 heures 45, je constate une camionnette qui cherche parmi les camions. Je clignote mes phares, et il bifurque vers moi. Il me racontera que le premier service routier qui a reçu l’appel est tombé de son camion, alors c’est lui qui est venu! C’est ben ma chance… et pour prouver ses dire, sur la facture, il était bien indiquer Heure de réception de l’appel : 19 heures!

En une vingtaine de minutes, j’étais réparé, mais exténué. Alors quinze minutes plus tard, j’étais stationné pour la nuit!

Ce matin, je me suis réveillé en forme, et j’ai roulé dans la petite neige depuis ce temps. Les ontariens, eux, semblent trouvés qu’il s’agit d’une méga-tempête, parce que la circulation est louche…

Ah oui… Des gens qui calculent ce genre de chose disent que 85 % des véhicules au Québec sont chaussés de pneus d’hiver, contre 20 % des véhicules en Ontario… Le Québec vient de passer une loi obligeant le port de pneus d’hiver et l’Ontario, qui ne comptent plus les carambolages cet hiver seulement, dit que ce type de loi n’est pas nécessaire… Me semble! Cherchons l’erreur…

*****

Je suis rentré au garage ce soir-là autour de l’heure du souper. J’ai décroché ma remorque à l’endroit indiqué pour faciliter la vie au chauffeur de ville qui avait à enlever deux palettes avant d’aller livrer le chargement principal.

Ensuite, tel que convenu, j’ai pris un autre camion, le 863 (aussi appelé Bouche-Trou), un bon vieux Wess dont j’ai déjà parlé ici, pour aller effectuer une livraison le lendemain matin à Saint-Romuald, près de Québec.

Une sortie avec le 863 est une aventure en soi. Je ne savais pas à mon départ à quel point ce serais vrai cette fois-ci! J’accroche ma remorque et me voici sur la route pour Québec. Je n’avais pas vraiment d’heure de livraison, alors je me suis dit que je me rendrais là pour un peu avant 8 heures. C’était donc assez facile d’aller me stationner pour le dodo au Relais de Saint-Nicolas, à une dizaine de kilomètres de chez mon client!

Comme je n’avais pas encore soupé (j’avais quand même grignoté plus que nécessaire), je me suis dit qu’un bon Burger Nounours à Drummondville arriverait à temps. Je pars donc sur la route, dans la petite neige sympathique au sol (parce qu’en fait, il ne neige plus). À un moment donné, je baisse la fenêtre du passager, pour évacuer un surplus de chaleur. En effet, un Cummins, ça chauffe mauditement plus qu’un Mercedes! Avec mon Mercedes, en bas de moins 20 degrés, la chaufferette ne fournit plus… L Quelques minutes plus tard donc, la température de la cabine s’étant refroidit, je remonte la fenêtre. Oups! Elle ne remonte pas (c’est une fenêtre à commande électrique). J’essaie quelques fois en gossant le bouton en tout sens, rien à faire. Tout ce que je réussis à faire est de la descendre un peu plus! Me voici donc pris avec une fenêtre ouverte de 5 centimètres qui ne veut plus se refermer! Câlice! La belle affaire… Je me console en remontant le chauffage pour compenser!

Alors que je suis à évaluer mes chances de mourir d’une pneumonie par un pareil temps (imaginez, si il y a des chargements de prêt à ramasser, je vais me retrouver à Dolbeau!), je me dis que je pourrais faire un débrouillard 50 de moi-même et colmater la brèche avec du ruban de conduite de chauffage (ou en bon chinois, du Duct Tape!). Le relais où je vais souper en aura certainement, le dépanneur est tellement gros!

Me semble, sti! Il y avait bien une poignée pour y insérer un rouleau de ruban transparent (tsé genre comme pour faire des fonds de boites en carton ondulé) mais aucun rouleau de ruban… à quoi bon avoir une machine et pas le rouleau qui va dessus?

Anecdote de toilette : comme je dois aller à la toilette, j’entre dans la salle de bain. Ce relais étant pourtant presque neuf, on dirait une zone de guerre. Les tuiles du plafond sont toutes enlevées, il manque un urinoir et une des toilettes, le plancher a été cassé comme en témoigne les morceaux de contreplaqués au sol et, surtout, ça pue! En plus, on manque de papier…

Au moins, le Mama Burger était bon. Disons surtout qu’il faisait du bien, parce que je préfère de loin un Ado Burger (il y a dedans tout ce qu’il faut pour faire pousser des boutons), mais je n’avais pas un gros appétit ce soir-là. Une fois l’estomac plein, je pus repartir en direction de Québec.

Une heure et demie plus tard, j’entrais au Relais Ultramar de Saint-Nicolas. Je me suis souvenu, en le voyant, qu’il y a un cinéma juste en face. Avoir su, je me serais dit tout le long en m’en venant qu’avoir été plus tôt, j’aurais pu aller au cinéma!!! Il était temps que j’arrive car la tempête (devrais-je dire la chute de neige) était bien amorcée. Je me suis trouvé une place de stationnement sans problème, malgré tous les camions à l’abandon sur place (c’est tellement mieux une compagnie où tu as le droit d’avoir le camion à la maison… me semble : on peut alors le laisser trainer dans un relais, empêchant ainsi un camionneur au travail de se reposer en paix!).

Le lendemain, de presque tôt matin (c’est toujours relatif!), je me présente à l’intérieur pour y ramasser un café et un cossin qui se mange. Une sympathique dame rôde autour des cruches à café (on dit une carafe je crois bien!).

- Le café est gratuit ce matin, gracieuseté de la maison. De 6 heures à 9 heures, je suis ici pour le présenter.

Nouvelles saveurs, nouvelle images pour les verres et les sacs (c’est tellement plus beau quand ça fait urbain)… mais c’est toujours ben inque un café, sti! Je l’ai trouvé bon, et en plus, je ne l’ai pas payé. Bon, ils se refont avec le muffin (délicieux lui aussi), mais ils m’en auraient vendu un quand même, donc cette fois c’est moi qui fait la passe. :P

Aucun commentaire: