Tiens, ce lundi matin, j'apprends en
revenant du déjeuner qu'un voyage au Texas m'attend. Quelle belle
occasion d'entreprendre un autre de mes traditionnels récits fleuves
relatant la petite vie du camionneur... Ça fera changement des
traditionnels Lebanon, ben l'fun, mais un peu répétitif!
Mon habitude, à la maison, le jour du
départ, est d'aller reconduire Sarah à l'école, puis d'aller
déjeuner avec les « P'tites Madames » et Caro, ben
évidemment. C'est un peu comme le perron de l'église version
moderne. Côté travail, j'envoie parfois, mais pas toujours, un
message au bureau afin de savoir où je m'en vais en sachant que je
serai prêt à partir vers dix heures.
Cette fois-ci, je ne l'avais pas fait.
En effet, comme je vais la majorité du temps à Lebanon, je sais
qu'au bureau, un des voyages m'est réservé et qu'en fait, ils n'ont
que le numéro de remorque à me donner. Eux les reçoivent en début
de journée, si tout va bien à l'usine, mais il arrive aussi qu'ils
les ont plus tard, si la production a eu des problèmes la soirée
précédente.
Donc, dis-je, à mon retour, un message
sur mon téléphone, ainsi qu'une indication d'appel manqué,
m'attendaient. En quelques clics, j'atteins le message :
« Appel, beau Texas pour toi ». Comme nous avons connu
plusieurs mois de vaches maigres côté Texas et autres voyages
longs, je suis agréablement surpris.
J'appelle donc au bureau, et Jean-Luc
m'explique ce que je vais avoir à faire pour avoir mon voyage. Tout
d'abord, ramasser un Lebanon à l'usine. Puis, l'amener à notre cour
de Lachine. Y ramasser une remorque vide. En entendant le numéro, je
l'interromps : « est-ce que c'est la remorque sur laquelle
il y avait une crevaison quand je suis revenu samedi dernier? »
« Oui, et il a bien été réparé ». Quel bon service!
Ensuite donc, je me rends à Napierville afin de charger chez une
compagnie de transport mes bobines d'aluminium. Destination :
Scottsville, Texas.
Gros programme. Je cherche sur Google
Maps où se situe Scottsville, un nom que je n'ai encore jamais
entendu. Puis, je commence à charger le camion avec mon sac de
vêtement, mon sac de nourriture, ma bouteille d'eau et mon
ordinateur. Câlins et bisous à la femme de ma vie qui, de son côté,
s'en va chercher chez le père Hervieux 250-300 lbs de tomates pour
les conserves.
Arrivé à l'usine, je placote avec le
gardien sur le petit bonheur que peut faire un Texas dans la vie du
gars qui est surtout destiné à faire des Lebanon. Puis, je me rends
au bureau de l'expédition où m'attends la belle Martine (c'est vrai
qu'elle est encore plus belle avec ses cheveux longs). Elle me remet
les papiers de ma remorque, et après un échange de quelques mots,
je suis ressorti et je cherche ma remorque dans le stationnement.
Aussitôt trouvée, aussitôt
accrochée. Une petite tournée d'inspection plus tard, je remplis
tous les papiers requis, puis je prépare mon diner et le met à
chauffer. Préparer est un grand mot, il serait plus à propos de
parler de le « crisser » dans le plat d'aluminium. Il
sera prêt alors que j'arriverai à la cours de Lachine, juste à
temps pour le déguster.
De retour à la barrière... Je redonne
mon billet de sortie, puis, après vérification, le gardien sort et
fait lui aussi sa ronde de vérification. Une fois que tous les CTPAT
de ce monde sont comblé par tant d'attention, je peux enfin quitté
mon client.
En y repensant bien tout en roulant, je
me rends compte que je peux quand même passer « par en
arrière » (soit par la route 158 plutôt que par les
autoroutes 31 et 40) vu que Lachine est un peu à l'ouest de la 13.
Ouf, je n'aurai pas à me taper la circulation de Montréal. Wou hou!
Une heure plus tard, j'attends le nez
dans la clôture à Lachine. Ici, un gardien de sécurité, posté à
la sortie, doit nous voir par les caméras, et nous ouvrir la
barrière. Je peux alors entrer et me rendre dans la section qui nous
est réservé. Ne reste qu'un seul espace. J'y recule ma remorque, et
je la détache du camion. Je remarque ma future remorque juste à
côté. J'avance, puis recule en tournant, pour accrocher la nouvelle
remorque. Par la sensation, je sais qu'elle est vide... Mais j'irai
vérifier quand même.
Arrive alors un confrère de travail.
Comme il n'y a donc plus d'espace, je sors de mon emplacement pour
lui en créer un. J'irai au centre de la cour, pour une fois très
libre, pour le reste de mes vérifications et, surtout, dévorer mon
dîner. D'ailleurs, j'ai si faim que je décide de commencer par le
repas. Excellente coquille de ma Caro.
Puis, une petite vérification de la
remorque, intérieur inclus puisqu'elle est vide, et je m'avance à
la barrière de sortie. Cette fois, le gardien doit avoir reçu un
courriel de ma répartitrice pour me laisser sortir. Je vous dis, pas
de danger de sortir une remorque sans permission!
Au départ, je me demande bien quel
route choisir. Puis je me souviens que le pont Mercier est maintenant
ouvert à trois voix. Il en restera donc au moins une sur mon sens.
Alors vers le pont Champlain serait trop de détour tant qu'à moi...
Et bon, sans être dans le feu, je suis quand même relativement
pressé.
En passant sur le pont Mercier, je
constate qu'ils ont asphalté une voix sur le pont direction sud (ou
ouest, ce n'est pas évident... Je fourche à gauche pour descendre
du pont du côté de Sainte-Catherine.
Le téléphone sonne. C'est Marteau, ou
dans la vrai vie Michel... Il vient de quitter le bureau pour
Napierville, avec la même destination que moi. Il s'invite donc à
faire le voyage avec moi. Il me rappelle aussi que la nouvelle
autoroute 30 étant ouverte, je n'ai pas à me taper toute la section
de la 132 entre le pont et l'autoroute 15. Je le remercie, car comme
je ne vais pas trop souvent dans ce coin là, dans ma tête, on
dirait qu'il manque une couple de connexion... J'en profite pour
vérifier avec lui, qui habite Napierville, où se situe la compagnie
où nous allons charger. On se revoit là-bas!
En raccrochant, je suis à
l'intersection de la nouvelle 730, que je prends et qui m'amène donc
à la 30. En peu de temps, je suis à l'autre bout, et je sors donc
pour prendre la 15 vers le sud. Une quinzaine de minutes plus loin,
je suis dans la cour de mon client. Après une courte visite au
bureau, on m'indique le quai (il n'y en a qu'un) derrière dans la
cour.
Je recule ma remorque au quai, puis je
vais à l'intérieur afin de rencontrer la personne qui me changera,
question de montrer que je suis vivant... et qu'il peut commencer le
chargement, que je ne bougerai plus le camion. Le gars me demande des
courroies, afin de bien bloquer les bobines. Je lui demande combien
et il me répond « environ huit »! Oh! Moi qui me demande
si j'en ai vraiment autant. Bon, j'en ajoute de temps en temps,
rarement j'en laisse dans les remorques (vu que je livre tout mes
voyages ou presque, moi!), mais de là à savoir combien j'en ai...
Je reviens donc avec mes courroies,
finalement, il m'en reste encore plusieurs! Au même moment, Marteau
arrive à son tour. Le gars a déjà chargé les trois bobines du
devant. Il est donc prêt à les attacher. Chaque bobine de câble
d'aluminium pèse autour de 3300 kilogrammes. Une courroie ne sera
pas de trop pour tenir ça en place.
Le deuxième groupe de trois bobines
est ensuite chargé à l'arrière de la remorque, à dix pieds de la
porte et au-delà. Ça me semble un peu en avant, mais bon, j'imagine
que le gars sait ce qu'il fait. Et de toute façon, il n'y a bien sur
aucune balance pour en avoir le cœur net! Les cinq autres courroies
seront installées sur ce paquet, qui est le plus apte à bouger, vu
qu'il n'est appuyé sur rien (le premier paquet étant appuyé sur le
mur du devant de la remorque).
J'avance mon camion afin de laisser la
place à Marteau. Je vais fermer les portes, puis je replace mes
essieux à la marque de 41 pieds. Ça devrait aller, mais pour être
bien certain, je pèserai le tout et replacerai au besoin demain à
Comber, ON. Ensuite, direction le bureau pour avoir les papiers et
retrouver mon permis de conduire, garder en otage (et photocopier
afin que mon beau visage soit sur les papiers officiels)!
Maintenant en mode « relaxe »,
je retourne dans l'entrepôt où le même homme est en train de
charger les même bobines à mon copain Marteau. Nous pouvons donc
déjà commencer le potinage... Peu de temps après, nous reprenons
la même procédure, soit fermer les portes, ajuster les essieux au
pif, et nous nous rendons au bureau. J'en profiterai pour visiter la
salle de bain.
Au moment de quitter, la dame demande à
Marteau : « Avez-vous vu mon patron dehors? » « Ben,
je ne sais pas, c'est qui le patron? » « C'est lui qui
vous a chargé! » Ma foi, une chance qu'on n'a pas dit de
connerie! Ne jamais sous-estimé quelqu'un de par son allure ou son
habillement! Bon, moi je ne fais jamais ça, mais en voici une autre
preuve...
Avant de partir, nous avons planifier
la route à prendre, l'autoroute 30, puis la 132 de Châteauguay à
Valleyfield via Beauharnois. J'adore cette route, même si en camion
ce n'est pas trop la joie. Mais bon, je ne suis pas pressé, alors je
fais avec. La beauté du fleuve, du barrage, de l'écluse et la
présence de l'Alcan (maintenant RioTintoAlcan, d'ailleurs, me semble
que l'usine de Beauharnois est fermé, ou sinon, elle achève...) me
comble de ravissement.
Au moment de notre passage, il y avait
un camion chargé de matière dangereuse, alors il a fallu attendre
pour le tunnel. Ce tunnel passe sous la voie maritime du
Saint-Laurent. Lorsqu'un camion se présente avec des matières
dangereuses à bord, il doit prendre la voie de droite et faire un
arrêt. Le système détecte sa présence, et le feu de circulation
des deux côtés passe au rouge. Une fois tout le monde passé, le
camion « dangereux » aura sa lumière verte, alors il
traversera seul, limitant, voire même éliminant les risques
d'accident. Imaginons seulement un incendie ou une explosion sous la
voie maritime...
Alors que nous attendions, un bateau
était dans l'écluse, et le niveau d'eau était montant. Malgré le
volume d'eau requis, on pouvait voir le bateau s'élever à vue d’œil! Nous avons dû partir, mais je crois bien qu'en cinq minutes,
il fut en haut, prêt à repartir vers l'Ontario et les Grands Lacs,
via le canal de Beauharnois, une merveille fait de la main de
l'homme... qui en même temps a coûté très cher à la vie
économique de Montréal.
Nous sommes arrêté pour souper à la
halte d'Ingleside, en Ontario. Par la suite, nous avons roulé
jusqu'à la halte de Trenton, ON où, malgré toute nos bonnes
intentions, nous avons décidé de monter le campement pour la nuit.
Après les quelques vérifications
d'usage, j'ai convenu d'un départ pour 7:30 demain matin. Nous nous
sommes salué, mais moi, maudit drogué, je suis entré à
l'intérieur avec mon ordinateur afin de profiter de la gracieuseté
d'Internet.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire