30 septembre 2011

Texas bonjour! - Première journée.


Tiens, ce lundi matin, j'apprends en revenant du déjeuner qu'un voyage au Texas m'attend. Quelle belle occasion d'entreprendre un autre de mes traditionnels récits fleuves relatant la petite vie du camionneur... Ça fera changement des traditionnels Lebanon, ben l'fun, mais un peu répétitif!

Mon habitude, à la maison, le jour du départ, est d'aller reconduire Sarah à l'école, puis d'aller déjeuner avec les « P'tites Madames » et Caro, ben évidemment. C'est un peu comme le perron de l'église version moderne. Côté travail, j'envoie parfois, mais pas toujours, un message au bureau afin de savoir où je m'en vais en sachant que je serai prêt à partir vers dix heures.

Cette fois-ci, je ne l'avais pas fait. En effet, comme je vais la majorité du temps à Lebanon, je sais qu'au bureau, un des voyages m'est réservé et qu'en fait, ils n'ont que le numéro de remorque à me donner. Eux les reçoivent en début de journée, si tout va bien à l'usine, mais il arrive aussi qu'ils les ont plus tard, si la production a eu des problèmes la soirée précédente.

Donc, dis-je, à mon retour, un message sur mon téléphone, ainsi qu'une indication d'appel manqué, m'attendaient. En quelques clics, j'atteins le message : « Appel, beau Texas pour toi ». Comme nous avons connu plusieurs mois de vaches maigres côté Texas et autres voyages longs, je suis agréablement surpris.

J'appelle donc au bureau, et Jean-Luc m'explique ce que je vais avoir à faire pour avoir mon voyage. Tout d'abord, ramasser un Lebanon à l'usine. Puis, l'amener à notre cour de Lachine. Y ramasser une remorque vide. En entendant le numéro, je l'interromps : « est-ce que c'est la remorque sur laquelle il y avait une crevaison quand je suis revenu samedi dernier? » « Oui, et il a bien été réparé ». Quel bon service! Ensuite donc, je me rends à Napierville afin de charger chez une compagnie de transport mes bobines d'aluminium. Destination : Scottsville, Texas.

Gros programme. Je cherche sur Google Maps où se situe Scottsville, un nom que je n'ai encore jamais entendu. Puis, je commence à charger le camion avec mon sac de vêtement, mon sac de nourriture, ma bouteille d'eau et mon ordinateur. Câlins et bisous à la femme de ma vie qui, de son côté, s'en va chercher chez le père Hervieux 250-300 lbs de tomates pour les conserves.

Arrivé à l'usine, je placote avec le gardien sur le petit bonheur que peut faire un Texas dans la vie du gars qui est surtout destiné à faire des Lebanon. Puis, je me rends au bureau de l'expédition où m'attends la belle Martine (c'est vrai qu'elle est encore plus belle avec ses cheveux longs). Elle me remet les papiers de ma remorque, et après un échange de quelques mots, je suis ressorti et je cherche ma remorque dans le stationnement.

Aussitôt trouvée, aussitôt accrochée. Une petite tournée d'inspection plus tard, je remplis tous les papiers requis, puis je prépare mon diner et le met à chauffer. Préparer est un grand mot, il serait plus à propos de parler de le « crisser » dans le plat d'aluminium. Il sera prêt alors que j'arriverai à la cours de Lachine, juste à temps pour le déguster.

De retour à la barrière... Je redonne mon billet de sortie, puis, après vérification, le gardien sort et fait lui aussi sa ronde de vérification. Une fois que tous les CTPAT de ce monde sont comblé par tant d'attention, je peux enfin quitté mon client.

En y repensant bien tout en roulant, je me rends compte que je peux quand même passer « par en arrière » (soit par la route 158 plutôt que par les autoroutes 31 et 40) vu que Lachine est un peu à l'ouest de la 13. Ouf, je n'aurai pas à me taper la circulation de Montréal. Wou hou!

Une heure plus tard, j'attends le nez dans la clôture à Lachine. Ici, un gardien de sécurité, posté à la sortie, doit nous voir par les caméras, et nous ouvrir la barrière. Je peux alors entrer et me rendre dans la section qui nous est réservé. Ne reste qu'un seul espace. J'y recule ma remorque, et je la détache du camion. Je remarque ma future remorque juste à côté. J'avance, puis recule en tournant, pour accrocher la nouvelle remorque. Par la sensation, je sais qu'elle est vide... Mais j'irai vérifier quand même.

Arrive alors un confrère de travail. Comme il n'y a donc plus d'espace, je sors de mon emplacement pour lui en créer un. J'irai au centre de la cour, pour une fois très libre, pour le reste de mes vérifications et, surtout, dévorer mon dîner. D'ailleurs, j'ai si faim que je décide de commencer par le repas. Excellente coquille de ma Caro.

Puis, une petite vérification de la remorque, intérieur inclus puisqu'elle est vide, et je m'avance à la barrière de sortie. Cette fois, le gardien doit avoir reçu un courriel de ma répartitrice pour me laisser sortir. Je vous dis, pas de danger de sortir une remorque sans permission!

Au départ, je me demande bien quel route choisir. Puis je me souviens que le pont Mercier est maintenant ouvert à trois voix. Il en restera donc au moins une sur mon sens. Alors vers le pont Champlain serait trop de détour tant qu'à moi... Et bon, sans être dans le feu, je suis quand même relativement pressé.

En passant sur le pont Mercier, je constate qu'ils ont asphalté une voix sur le pont direction sud (ou ouest, ce n'est pas évident... Je fourche à gauche pour descendre du pont du côté de Sainte-Catherine.

Le téléphone sonne. C'est Marteau, ou dans la vrai vie Michel... Il vient de quitter le bureau pour Napierville, avec la même destination que moi. Il s'invite donc à faire le voyage avec moi. Il me rappelle aussi que la nouvelle autoroute 30 étant ouverte, je n'ai pas à me taper toute la section de la 132 entre le pont et l'autoroute 15. Je le remercie, car comme je ne vais pas trop souvent dans ce coin là, dans ma tête, on dirait qu'il manque une couple de connexion... J'en profite pour vérifier avec lui, qui habite Napierville, où se situe la compagnie où nous allons charger. On se revoit là-bas!

En raccrochant, je suis à l'intersection de la nouvelle 730, que je prends et qui m'amène donc à la 30. En peu de temps, je suis à l'autre bout, et je sors donc pour prendre la 15 vers le sud. Une quinzaine de minutes plus loin, je suis dans la cour de mon client. Après une courte visite au bureau, on m'indique le quai (il n'y en a qu'un) derrière dans la cour.

Je recule ma remorque au quai, puis je vais à l'intérieur afin de rencontrer la personne qui me changera, question de montrer que je suis vivant... et qu'il peut commencer le chargement, que je ne bougerai plus le camion. Le gars me demande des courroies, afin de bien bloquer les bobines. Je lui demande combien et il me répond « environ huit »! Oh! Moi qui me demande si j'en ai vraiment autant. Bon, j'en ajoute de temps en temps, rarement j'en laisse dans les remorques (vu que je livre tout mes voyages ou presque, moi!), mais de là à savoir combien j'en ai...

Je reviens donc avec mes courroies, finalement, il m'en reste encore plusieurs! Au même moment, Marteau arrive à son tour. Le gars a déjà chargé les trois bobines du devant. Il est donc prêt à les attacher. Chaque bobine de câble d'aluminium pèse autour de 3300 kilogrammes. Une courroie ne sera pas de trop pour tenir ça en place.

Le deuxième groupe de trois bobines est ensuite chargé à l'arrière de la remorque, à dix pieds de la porte et au-delà. Ça me semble un peu en avant, mais bon, j'imagine que le gars sait ce qu'il fait. Et de toute façon, il n'y a bien sur aucune balance pour en avoir le cœur net! Les cinq autres courroies seront installées sur ce paquet, qui est le plus apte à bouger, vu qu'il n'est appuyé sur rien (le premier paquet étant appuyé sur le mur du devant de la remorque).

J'avance mon camion afin de laisser la place à Marteau. Je vais fermer les portes, puis je replace mes essieux à la marque de 41 pieds. Ça devrait aller, mais pour être bien certain, je pèserai le tout et replacerai au besoin demain à Comber, ON. Ensuite, direction le bureau pour avoir les papiers et retrouver mon permis de conduire, garder en otage (et photocopier afin que mon beau visage soit sur les papiers officiels)!

Maintenant en mode « relaxe », je retourne dans l'entrepôt où le même homme est en train de charger les même bobines à mon copain Marteau. Nous pouvons donc déjà commencer le potinage... Peu de temps après, nous reprenons la même procédure, soit fermer les portes, ajuster les essieux au pif, et nous nous rendons au bureau. J'en profiterai pour visiter la salle de bain.

Au moment de quitter, la dame demande à Marteau : « Avez-vous vu mon patron dehors? » « Ben, je ne sais pas, c'est qui le patron? » « C'est lui qui vous a chargé! » Ma foi, une chance qu'on n'a pas dit de connerie! Ne jamais sous-estimé quelqu'un de par son allure ou son habillement! Bon, moi je ne fais jamais ça, mais en voici une autre preuve...

Avant de partir, nous avons planifier la route à prendre, l'autoroute 30, puis la 132 de Châteauguay à Valleyfield via Beauharnois. J'adore cette route, même si en camion ce n'est pas trop la joie. Mais bon, je ne suis pas pressé, alors je fais avec. La beauté du fleuve, du barrage, de l'écluse et la présence de l'Alcan (maintenant RioTintoAlcan, d'ailleurs, me semble que l'usine de Beauharnois est fermé, ou sinon, elle achève...) me comble de ravissement.

Au moment de notre passage, il y avait un camion chargé de matière dangereuse, alors il a fallu attendre pour le tunnel. Ce tunnel passe sous la voie maritime du Saint-Laurent. Lorsqu'un camion se présente avec des matières dangereuses à bord, il doit prendre la voie de droite et faire un arrêt. Le système détecte sa présence, et le feu de circulation des deux côtés passe au rouge. Une fois tout le monde passé, le camion « dangereux » aura sa lumière verte, alors il traversera seul, limitant, voire même éliminant les risques d'accident. Imaginons seulement un incendie ou une explosion sous la voie maritime...

Alors que nous attendions, un bateau était dans l'écluse, et le niveau d'eau était montant. Malgré le volume d'eau requis, on pouvait voir le bateau s'élever à vue d’œil! Nous avons dû partir, mais je crois bien qu'en cinq minutes, il fut en haut, prêt à repartir vers l'Ontario et les Grands Lacs, via le canal de Beauharnois, une merveille fait de la main de l'homme... qui en même temps a coûté très cher à la vie économique de Montréal.

Nous sommes arrêté pour souper à la halte d'Ingleside, en Ontario. Par la suite, nous avons roulé jusqu'à la halte de Trenton, ON où, malgré toute nos bonnes intentions, nous avons décidé de monter le campement pour la nuit.

Après les quelques vérifications d'usage, j'ai convenu d'un départ pour 7:30 demain matin. Nous nous sommes salué, mais moi, maudit drogué, je suis entré à l'intérieur avec mon ordinateur afin de profiter de la gracieuseté d'Internet.

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