4 février 2013

Encore un petit bout, et ça y est!

Ça, c'est ce que je me disais en commençant la journée...

Nairn Centre, ON. Au matin, j'ai pris mon nouveau traditionnel déjeuner Pita-Beurre-d'arachides-Banane-Lait (tellement santé et bourratif, j'adore!) avec un bon café préparé, à boire sur la route une fois parti.

Mais avant, il fallait faire le plein... au frette. J'ai avancé le camion aux pompes. Malgré le froid, qui semble pire parce que je viens à peine de mettre le pied hors du lit, je m'exécute. Nairn, c'est loin, c'est au nord, c'est frette! Mais bon, j'ai du carburant pour deux jours, alors il faut ce qu'il faut!

Puis, voilà le temps de prendre la route. En quelques minutes, me voici à Sudbury, ville minière au nord du nord, dont on qualifie l'allure de la région immédiate de lunaire. Ça commence à être moins pire, avec les années, mais c'est encore un désert de roches. J'ai fini un jour par savoir. Bien sur, il y a les montagnes de résidus miniers... Mais en fait, c'est que dans des temps très anciens, un grand feu brûla une bonne partie de la ville de Chicago. Il y eut donc un besoin pressant de bois pour reconstruire la ville. Et où pouvait-il aller, pas trop loin, où il y avait une forêt de beaux arbres disponibles? À Sudbury. La forêt a donc été complètement rasée à ce moment... Dans ces temps, on ne passait pas des mois de commissions à se demander si les ti-z'oiseaux allaient voler vers d'autres cieux si les arbres changeait de place... Pendant une bonne heure, donc, on se croirait sur la lune... Maintenant, il faut dire que ça repousse tranquillement, alors ça parait de moins en moins. Encore quelques années, et seuls ceux qui s'intéressent à l'histoire se souviendront.

Par la suite, direction North Bay, autre ville minière au nord du nord. Et entre les deux, tout un chapelet de beaux petits villages. Et des forêts, lacs et rivières pour amuser tous les amateurs de plein air. Un jour, il faudrait bien que j'y retourne en famille, genre en Westfalia... Et si il y a des brasseries, pourquoi pas avec le Fred et/ou le Louis (ou les deux, un West, ça contient)... Bon, enfin, ça ferait une place à aller, en touriste.

Mais pour l'instant, ce sera en camion... Et c'est reparti. Un peu plus loin, arrive le village de Verner. Au relais, tenu par des franco-ontariens, il y a un congrès de policiers de l'OPP, la Police Provincial de l'Ontario. Bon, deux ou trois auto-patrouilles. Quatre, tout au plus. On y mange très bien, j'y ai dormi quelques fois, et manger une fois.

Puis, arrive North Bay. En montant, je me suis rendu aux autres relais, que j'avais visualisé sur Google Maps la semaine précédente. Ceux que j'avais trouvé, un Pétro-Canada et un Husky, étaient à la sortie nord de la ville, par la route 11. Mais il faut monter une espèce de côte de la mort, "comme dans face d'un singe"! Tellement qu'en redescendant, il y a une voie d'arrêt-catastrophe, un genre de lit ensablé, pour arrêter les camions en perte de contrôle. Donc, en hiver, quand on n'est plus très certain de la traction de la route, ce n'est pas vraiment rassurant de sortir monter ladite côte pour un simple souper.

Côté sud, toujours par la 11, il y a à la première sortie un Fifth Wheel, un relais Esso, et entre les deux, un Tim Hortons. Le stationnement est par contre un peu juste. Lors de mon passage, il était déjà passablement plein, et on était à l'heure du souper. Ben, un peu tard disons, mais disons un peu après souper... l'heure où plusieurs s'arrêtent pour la nuit. Question stationnement donc, peut-être que c'est mieux à ceux d'en haut. D'ailleurs, je suis plutôt certain que le stationnement du Pétro-Canada a été agrandi.

Un peu plus loin, là où l'on arrive à la rivière des Outaouais, donc où la route commence à suivre la frontière avec le Québec, il y a le village de Mattawa. Par un bel été, je suis arrivé en plein festival de... bûcheron, j'imagine. Ça se déroulait sur la grande place, là où aujourd'hui il y a un carrefour giratoire.

Encore un bout, et me voici à Rolphton. Il y a là un petit stationnement pour y dormir... et un restaurant dans le motel. Mais j'ai entendu des gars au CB dire que c'était bon mais un peu cher. On verra le jour où j'y arrêterai pour manger... Il y a là aussi un barrage qui permet de traverser au Québec, en automobile bien sûr.

Plus loin, parce que le stationnement de Rolphton n'est dégagé que pour quelques camionnettes de motoneigistes (je n'oserais m'y aventurai en camion, parce que déjà, en été, c'est tout juste...), arrive la ville de Chalk River. J'avais souper là, mon repas de camion, il y a trois semaines, à mon premier retour par cette route depuis... un bon deux ou peut-être même trois ans! Tout ça parce que le stationnement de Corbeil n'est pas déneigé en hiver. Et ce fut le prochain stationnement disponible. J'ai pu constater que le restaurant y est ouvert 24 heures.

Cette fois-ci donc, j'avais besoin d'un repas de restaurant. Ça adonnait donc bien pour faire une découverte. J'arrête donc au Tree Top. Il y a un autre camion dans la cour. Mais comme il n'y a pas beaucoup de camion, ni plus d'autres véhicules d'ailleurs (j'imagine que tout le monde ajustait son écran en vue du Super Bowl), j'imagine que c'est relativement normal.

Voici ce que j'ai écrit sur Facebook juste avant de quitter:
Premier arrêt avec repas ici, après un dodo la semaine dernière. C'est un véritable typique petit Resto de village, avec quelques banquettes, de l'autre côté du mur une salle à manger plus grande (fermée parce que hors de la grande affluence), ouvert 24 heures, qui sert d'arrêt pour Greyhound (mais qui ne vendent pas de billet, allez au Pétro-Canada, s'est fait répondre une cliente!), avec un quasi-dépanneur intégré (croustilles, chocolats, gommes, etc.). La bouffe ne casse rien: beau, bon, pas cher... Mais ça fait le travail.
Vrai que ce n'était pas un dodo, mais un souper à l'heure du dodo... j'ai poursuivi par la suite pour finalement, cette fois, dormir à Arnprior...

Mais revenons à nos moutons. Je n'ai pas été convaincu par la nourriture. Pour un tel restaurant, où une bonne vieille dame cuisine et une autre fait le service, me semble que j'aurais penser y trouver de la bonne bouffe de grand-mères. Sinon, ça faisait tellement typique que c'est le tout qui fait que ce fut très agréable. Avoir été là au moment du passage de l'autobus, j'aurais probablement adoré! Ça arrive régulièrement aux États-Unis... Toujours émouvants de voir passer les nomades!

En quittant Chalk River, là, ça commençait drôlement à sentir la maison. Mais comme dirait Jean Perron, il y avait loin de la coupe aux lièvres! En passant à Petawawa, j'ai eu une pensée pour nos militaires. Merci les gars!

En écoutant les nouvelles, ils annoncèrent que la Fromagerie Saint-Albert était en feu, à ce moment, un premier bâtiment était déjà perte totale, et le second était grandement affecté.

Ça m'a attristé, autant pour les employés que pour les clients. On est très chauvins de notre fromage. Au Saguenay, avec nos trois fromageries (si on s'en tiens aux cheddars frais traditionnels), nous en sommes marqué pour la vie. Dans cette région de l'est ontarien, cette usine a, je crois, valeur de symbole. Et c'est évidemment un employeur majeur.

Je sais de quoi je parle. Mon premier emploi d'été, à mon deuxième été, j'ai appris par un beau samedi matin, vers 9-10:00, je me souviens, j'étais au Camp du Couteau de Poche de mon oncle Marc, aux nouvelles à la radio, que je l'avais perdu car la Laiterie Lamontagne avait brûlée dans la nuit. Tu te sens tellement démuni, c'est incroyable les sensations. Et à ce moment-là, avec l'innocence de la jeunesse, je n'étais même pas aller voir si, par un miracle, j'avais encore un boulot. Évidemment, à ce moment, en chercher un autre, il était trop tard, tout était pris. Ben, merci au grand patron, le bon Monsieur Gravel, à qui, dans les faits, je n'avais même pas affaire, il avait réussi à me retracer chez moi! Je ne me souviens plus comment il avait retracer mes coordonnées (je crois qu'une partie des bureaux avait été épargnée), mais toujours est-il que j'ai eu du travail pour jusque la fin de l'été. Nous avons fait, moi et deux ou trois autres qui n'étions pas à notre premier été tout le ramassage des bons produits boucanés, franchement dégoutant, et ensuite du démantèlement de la machinerie. Ce fut sommes toutes un bel été...

Mais la production a été transféré à une autre usine, à Alma. Celle de Jonquière n'a jamais été reconstruite. La ville a acheté le terrain qui est devenu un très beau site de spectacle et un marché estival.

Dans le même ordre d'idée, la Fromagerie Boivin a brûlé récemment, et elle a été reconstruite. Les concurrents ont même accepté de faire une partie de la production entre temps. Belle solidarité...

C'est ce que je souhaite qui arrive aux gens de Saint-Albert. Un peu de houle pour les prochaines semaines, mais qui mèneront à une reconstruction et à un retour de leur bon fromage.

D'un autre côté, j'apprenais qu'ils avaient retrouvé la veille les deux corps manquant à la carrière de L'Épiphanie, près de la maison, dans Lanaudière. Il y a eu un gros glissement de terrain. Un opérateur de pelle a miraculeusement survécu, mais deux camionneurs, un homme et une femme, ont eu moins de chance. D'ailleurs, dans le Journal de ce matin, je lisais que la dame avait passé devant un autre chauffeur qui, ayant un problème avec son camion, lui avait laissé sa place le temps qu'il répare son camion. Ouf... lui aussi doit se sentir bizarre! Tellement triste... On ne devra pas mourir en travaillant!

J'étais à ces réflexions quand, Ottawa traversée, j'arrivais à Dunvegan, tout à côté du Relais Routier, sied un Tim Hortons. Étant à environ deux heures du garage, où je devais passer avant de continuer ma route vers la maison, je me suis pris mon traditionnel café et muffin, la récompense hebdomadaire.

J'ai ensuite fait le petit bout de chemin qui me restait jusqu'au Hâvre de Paix, le garage de TJB. Encore une fois, personne aux alentours. Même un appel à tous afin de trouver des compagnons pour le souper n'a pas porté fruit. J'ai constaté qu'il y avait déjà une remorque et son camion dans le lave-camion. On m'avait demandé de laisser la mienne là, pour ne pas que ça gèle. Ne me demandez pas comment des bouteilles vides peuvent geler... ni comment ne sont-elles pas déjà gelé après deux jours en dessous de -20. Des fois, on exécute, même si on n'est pas certain de comprendre!

J'ai envoyé un message à Martin afin de savoir ce que je faisais. J'ai commencé par me demander si il prenait ses messages hors de ses heures. Je veux bien croire que les répartiteurs n'ont pas de vie, mais bon, je leur en permet une... Quelques minutes plus tard, il me répondait de la laisser avec les autres dehors pour la nuit, qu'eux la rentrerait le lendemain, et qu'en fait, c'était plus que ça ne devait pas rester dehors par grand froid pour quelques jours.

Je suis allé donc souper au grec, celui en avant de la banque... Ben oui, il faut préciser, il y a deux grec dans le village! D'autant plus qu'ils ont le même nom, avec à peine une légère différence. Sans compter tous les autres restaurants... À croire que personne ne cuisine dans ce village! Fidèle à son habitude, le repas n'a pas attendu sa propre fin avant de faire le voyage jusqu'aux toilettes! Je vous épargne les détails...

Après avoir terminé mes paperasseries, j'ai fini par trouver ma remorque, l'accrocher, puis je suis parti en direction de Montréal. Puis vers Joliette. En direction de l'usine pour y laisser la vide.

Pour finir à la maison. En calculant ma journée, j'arrivais à 957 km. Comme il était presque minuit et que je trouvais que "tu parles d'une heure pour arrivée", j'ai réalisé que c'était parce que dans les faits, il me restait une journée de travail... qui a pris une journée à faire.

Ouf!

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