27 février 2013

La semaine s'allonge

Je me réveillé juste avant le cadran, qui était réglé pour six heures trente. Un petit calcul rapide me dit que je viens de me claquer un autre douze heures de sommeil! Une deuxième semaine de suite. On va bientôt m'appeler Polydor...

Je pars donc chez mon client. Je dois faire une sortie sur l'autoroute, passer devant Peterbilt, au bout à gauche... Je manque ma rue! Je vais me tourner plus loin, et en fait, j'aurais pu prendre cette rue. Avoir su! Je reviens donc sur mes pas pour prendre la rue de la Moutarde. Je constate d'où vient ce nom. La moutarde French y est fabriquée. Tout s'explique... Tout au bout, il y a mon client. J'entre dans la cour. Pour constater que je n'aurais pas dû. Mais bon, je suis habile et les défis ne me font pas peur (en camion, s'entend). Je vais voir à l'intérieur au bureau, pour constater que je suis en avance. Ils commencent à sept heures. Je retourne donc au camion. En passant, je vais vérifier. C'est bien ce que je pensais, leur camion est stationné devant les deux quais.

Le gars vient me voir à huit heures pile, son sept heures à lui. Il me dit que "les autres arrivent du reculons"... J'ai ben vu ça... après! Je lui mentionne pour le camion; il me dit qu'il n'y a personne pour le déplacer, et s'en retourne. Bon, ça va bien. Avec trois camions dans la cour, j'imagine qu'un des chauffeurs finira bien par arriver. Je ressors donc comme je suis venu. Ça passe aussi serré en revenant qu'en y allant. Je poursuis mon chemin jusqu'au rond point. Je m'avance suffisamment et je réentre du reculons. Alors que je sors pour aller ouvrir mes portes, le même gars est à démarrer le camion pour le déplacer. Merci monsieur, me dis-je dans ma tête. Probablement pas dans sa définition de tâche, mais bon, des fois, il faut collaborer pour que tout aille bien. Et aller un peu plus loin que la normale... Je peux maintenant reculer au quai afin d'être décharger.

Aussitôt au quai, j'envoie mon message au bureau: suis au client en déchargement. Martin m'avait dit d'être là à sept heures, pour être à temps pour mon chargement de retour. Je me suis donc dit que plus vite ils sauraient, mieux ce serait.

Fidèle aux bonnes habitudes, le message est arrivé à la mi-déchargement. Je m'en vais à Van Buren, AR. Wow, ça va faire tout une semaine... Vérification vite fait: deux cent trois miles à faire. Je note le chemin à prendre. Mon client revient et me donne les papiers signés. Je suis vide.

Comme la lumière de bas niveau de carburant s'est allumée, que je reviendrai par ici, mais que ça me donne donc quatre cents miles et un peu plus, beaucoup plus qu'un quart de réservoir peut m'offrir, je décide de retourner au TA faire le plein avant de partir pour Van Buren. J'envoie un message à Anna afin qu'elle me débloque des dollars américains via ma carte de carburant. Je précise que ça presqu'urge, car je serai prêt dans une quinzaine de minutes.

Je retourne au TA, une sortie avant, selon la direction où je devrais aller. Ayant toujours ri de ceux qui font trois ou quatre miles pour aller économiser cinquante sous dans un J Volant, voilà que je fais la même chose. Une fois n'est pas coutume; et avec les prix négociés qu'on ne connait pas, l'économie est assurément plus substantielle que de simplement changer de bannière. D'autant que vers où je m'en vais, ce sera la forêt vierge, question relais.

Je fais donc le plein de diesel et de DEF. Par la quantité, je sais que ça aurait pu attendre encore un peu. Mais bon, comme je vais et reviens par la 540, mieux vaut ne pas prendre de chance. Un sympathique vieux chauffeur me demande si je vais vers l'ouest. Il dit qu'ils annoncent toute une tempête là-bas. Pour une fois, je m'en sauve! Après coup, je me rends compte que la machine ne m'as pas proposé une avance de fond... Anna ne doit pas travailler aujourd'hui. Et personne n'a dû prendre le message... Voici une de nos lacunes: on ne sait jamais si quelqu'un est en congé.

Je repars à dix heures vers Van Buren. Je crois que ce sera plutôt serré. Avec les montagnes et les villages, j'en ai probablement pour presque quatre heures. Sans compter qu'il faudra bien manger quelque part dans ça.

La route que je dois faire est la même que j'ai tant fait du temps où nous faisions des Fort Smith, AR à chaque semaine. On livrait à un bout de la rue, et on allait échanger de remorque à l'autre bout de la même rue. Mais les temps ont changé et on ne fait plus ces deux clients.

Je reprend donc la 44, toujours vers l'ouest. Je prends la sortie pour la route MM sud. Celle-ci m'amène à la US-60 que je prends aussi vers l'ouest. À Monett, MO, je prends la 37 sud. En haut de la côte, je m'arrête au Sinclair pour dîner. Encore manger...

À midi, vite fait, je reprends la route vers le sud. La 37 m'amène jusqu'à l'Arkansas. Aussitôt entré en Arkansas, je prends la US-62 ouest. Celle-ci m'amène à Benton, AR, lieu de naissance de Walmart. De là, je prend la 540 sud. Et les montagnes s'amènent. Ouf et re-ouf! Ça monte et ça descend. Tellement qu'il y a même un tunnel!

Près de Rudy, AR, je fais un arrêt express. Il pleut, et on dirait qu'un orage se prépare... Et comment! Aussitôt de retour dans le camion, la pluie se met à tomber, le vent se met à souffler au travers des montagnes. La tempête, quoi! J'apprécie la stabilité de mon Peterbilt dans tout ce brouhaha. On sent que la cabine bouge, mais personne ne veut sauter par dessus bord!

Je poursuis ma route jusqu'à ce que la 540 se joigne à la 40 pour quelques kilomètres... dont la balance. Elle est fermée, à mon grand étonnement! Me fiant à Google Maps, je sors dès la première sortie, et je tourne à la rue indiquée. Ça fait résidentiel, mais bon, Google est parfait et c'est une vieille ville... À mi-chemin, il n'y à plus de rue! Je dois donc tricoter car même tourner au bout n'est pas une sinécure! Merci au gazon qui m'a aider sans broncher!

Aux intersections suivantes, il est impossible de tourner, alors je poursuis. Aussitôt que la rue le permet, je tourne sur ma gauche. Je vois le client au loin, juste derrière les maisons. Heureusement, il y a un pont. Et j'arrive à la guérite du mauvais côté. En attendant que le sortant sorte, je constate que j'arrive par la rue interdite aux camions. En fait, le seul chemin possible est celui qui n'est pas interdit! Avoir su...

Je passe donc la première guérite. Le gars me demande où je vais. Retenant mon envie de lui dire: "Ben, ici, c'est écrit en grosses lettres sur les murs", je lui donne le nom et l'adresse que j'ai. Et le numéro de commande. Il me montre le bâtiment, loin loin tout au fond. Et m'indique où je dois passer. Ce n'est pas une sinécure! Impossible de voler une remorque ici...

Je traverse donc le premier stationnement, contourne la lignée de remorques, et me présente à une deuxième guérite. Le gardien de jour me dit où me stationner. Il avisera le bureau et quelqu'un viendra me chercher lorsque ce sera mon tour. Ça ne devrait pas être trop long, je suis tout juste avant mon rendez-vous. Je m'avance vers le stationnement, et c'est l'heure de la pause, et de la collation.

Trente minutes après mon rendez-vous, un homme vient me voir. "Porte cinq, aussitôt que le ACT quitte; il ne prend que deux palettes". J'avance donc le camion, prêt à faire feu. Ensuite je vais ouvrir les portes. Une heure après mon heure de rendez-vous, je suis donc au quai.

J'étais à écrire un de ces messages, avec Notes sur mon Androïd, mais comme j'ai dû bouger le camion, il s'est éteint (naturellement après le temps pré-établi). À mon retour, le travail était perdu. Wow, bravo! Parlez-moi d'une application anti-balle! Et déjà, juste faire une sauvegarde était passablement laborieux... Doit ne rester que moi qui écrit, parce que pour prendre un message vocal, ça j'ai trouvé facilement, malgré que je n'en aie aucun besoin... Heureusement, j'ai une solution de rechange et des lecteurs compréhensifs! Vous savez donc maintenant ce qui est arrivé.

Deux heures piles après mon rendez-vous, je suis chargé. Le gars me dit qu'il avait terminé depuis quarante-cinq minutes mais il manquait une palette. Lui aurait voulu me laisser aller comme ça, mais eux ne l'entendaient pas ainsi. Il doit être habitué de charger leurs propres camions. Il me demande, pour cette fois, de m'enlever du quai et d'aller me stationner plus loin avant de revenir chercher mes papiers. Ce n'est pas ce que le gardien m'avait dit, mais il a besoin du quai pour le suivant. Qui suis-je pour m'obstiner? La procédure du client est toujours la bonne. Le gardien me voyant passer sans sortir vient me voir. Je lui raconte ce que son copain m'a dit, et qu'entretemps je terminerais bien mon souper. Il est bien content pour moi, et il m'offre même le café au moment où je serai prêt à quitter.

Je vais donc au bureau afin de récupérer mes papiers et retourner souper au plus vite. Trop de chefs, pas assez d'indiens! Alors que la dame me demande mon numéro de commande et vérifie avec les papiers déjà prêts, l'autre gars derrière s'amène avec mes papiers tout chaud qu'il vient d'imprimer. Signez ici... Me semble qu'il n'y en a pas suffisamment épais. Je feuillette donc... voilà: pas de papiers de douanes. Normalement lorsque c'est ainsi, le bureau nous avise avant, comme ça on ne fait pas chercher personne pour rien. Je demande donc si il ne devrais pas y avoir d'autres papiers pour la douane. Il me regarde comme un extra-terrestre... J'ai besoin d'un Canada Custom Invoice... Ou ben au minimum d'une facture avec la valeur des biens, dis-je dans ma tête. Il repart, demande à l'une et à l'autre, pour finir par me dire d'attendre un peu! Ça, j'étais déjà rendu là. Ils finissent par trouver quelqu'un qui sait, qui peut me les faire, me les imprimer, et voilà, je retourne au camion pour enfin finir de souper... en espérant que le spaghetti ne se sera pas sauvé par excès de solitude!

Je termine ledit spaghat et ensuite, j'envoie mes papiers au bureau. Et comme je n'ai plus de données disponible, je m'apprête à éteindre. Sarah me demande, alors je dit que j'ai le temps pour un petit coucou, mais pas plus. Elle passe plus de temps à répondre par écrit alors après deux ou trois mots, J'éteins tout. À demain!

Je suis maintenant prêt à partir. Je m'avance à la barrière. Le gardien de jour m'avait dit que ce devait être lui qui installe le scellé. Je l'amène à mon sympathique vieux gardien de soir. Il m'offre un bonbon à la menthe. Et je lui montre ma tasse... je n'allais pas oublier le café! Je le suis dans la cabane. Merci monsieur, des clients comme ça, on en veut!

Je me rend au deuxième stationnement afin de me peser. Tout est parfait: 12 500, 32 880, 32 100; total: 77 480 lbs. C'est donc un départ!

Plutôt que de reprendre la route interdite, je tourne à gauche. Puis à gauche encore à la lumière. Et j'arrive directement à la 540. Avoir su! Ça m'apprendra à me fier à une application pensée pour les automobiles...

J'ai donc détricoté ma route de ce matin, mais chargé, alors là, c'était plus de la petite bière! Je me suis un temps demandé si ça valait le coup pour dix miles de prendre mon chemin. Mais je me suis dit que j'avais mis dix miles de moins que le chemin de Google, mais sa distance était-elle exacte? Ça, je n'en sais rien, puisque je ne l'ai pas faite. Et à voir l'écart que ça donne sur la carte, entre les deux routes... J'ai décidé de couper par les terres encore une fois.

Il y avait encore, si je me fie aux drapeaux, un fort vent latéral. Mais étant chargé presqu'a pleine capacité, ça ne paraissait pas vraiment. J'ai donc remonté toute, enfin presque, la 540, puis la US-62 vers l'est, ensuite la MO-37 vers le nord. En arrivant à Monett, MO, je me suis dit que j'avais bien mérité mon lit. Et comme personne ne m'a contredit, je me suis arrêté au Sinclair juste en entrant dans la ville.

Aucun commentaire: