1 février 2013

Au pays de l'ours blanc

Me voici arrivé chez mon client, hume grosse compagnie de papier, dans un bled champêtre ayant pour nom White Bear Lake.

Je rencontre le préposé qui me dit: Porte 10, après celui qui y est déjà, recule les roues de la remorque, et reviens t'assoir ici pendant qu'on décharge la remorque.

Le temps que je me cherche une place, et le chauffeur qui me précède à ce quai est déjà dehors. Je me place donc devant afin d'être prêt aussitôt qu'il se sera avancé. Je vais couper le seau de sécurité que j'avais moi même mis quelques jours auparavant. Avec le temps neigeux en Ontario et très frois dans le Wisconsin et le Minnessota, ça donne des portes recouvertes d'un genre de glace étrange.

En quelques coups de manchons de ma pince géante coupe-boulon, je peux atteindre le seau avec les mâchoires de ladite pince. Ouvrir les portes par la suite n'est pas de tout repos: juste tourner les poignées est une sinécure... Ouvrir les grands panneaux est rendu difficile par la glace qui enrobe les pentures. En le secouant un peu, j'arrive à faire tomber une partie de la neige qui les recouvre. Il le faut, car sinon, il aurait été impossible de les accrocher aux côtés de la remorque.

Vient ensuite reculer les essieux. Il faut le faire pour empêcher le poids du chariot-élévateur avec son rouleau de faire basculer la remorque. Avec un camion accrocher, ce serait surprenant, mais certains clients ne prennent aucune chance, car des accidents sont déjà arrivés. Et dans ce cas-ci, je n'ai que six rouleaux pour plus de 40 000 livres.

Je constate que juste atteindre le bouton qui débatte les essieux sera déjà hardu. Et je vois qu'un V de glace et gadoue pend entre les deux roues. Des deux côtés. Est-ce que ce sera possible de le briser et de bouger les essieux? Je l'espère... Ou que je suis chanceux et que je suis tombé sur un client compréhensif...

J'essaie de briser la neige avec mes mains, mais elle est beaucoup trop dur. Je vais chercher mon marteau. En revenant vers l'arrière, je brise un peu de glace entre les roues des deux côtés. Ensuite, quelques coups bien placés et le bouton apparaît. Mais il est lui aussi enrobé de neige. Heureusement, j'arrive à tirer dessus avec les oreilles du marteau; le "pssh" me confirme que l'air fait son travail.

Reste à voir si ça va bouger avec toute cette glace. Au moins la cour est asphaltée et sèche. C'est ça de pris. À ma propre surprise, la remorque glisse sur les essieux immobilisés comme en été! Je m'exécute et la reculé au quai par la suite. J'éteind le moteur, je règle le chauffage, et me.voici à l'interieur.

À mi-chemin, la dame qui décharge ma remorque vient me chercher. Elle me demande de porter une veste-filet de sécurité, et d'aller l'aider pour enlever les bois qui bloque le paquet arrière de rouleaux. Ça me permet de voir la façon dont le client s'y prend... Parce que ma peur, avec de si haut rouleaux, et de freiner trop fort et de voir les rouleaux d'en arrière basculer. Ceux-là sont à la hauteur de la remorque, très haut! Pensez-y quand vous couperez un camionneur sur la route... Vous ne savez jamais avec quoi, et même si nous sommes chargé.

Donc, une heure après mon arrivée, j'étais vide. Quelques minutes plus tard, je recevais mon message de Lori. Je recharge au même client que la semaine dernière, des bocaux de verre, à Shakopee, juste au sud-ouest de Minneapolis. Le retour, cette fois, sera via Sault-Sainte-Marie. La semaine dernière, vu le froid extrême, nous avions eu consigne de revenir par Windsor, ce qui du coup allogeait notre route de plus de 150 km. Et nous étions trois camions chez le même client.

Le temps de dîner, et on repart...

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