19 novembre 2008

Fouillons dans les archives - 1

Bon, vous savez ce que c'est... On n'a pas de connection, on a rien à faire, on écrit un texte, puis par après, alors qu'on a une connexion, on ne pense pas qu'on aurait un ou deux messages à publier... Alors en voici deux qui dorment, vous le constaterez, depuis un bon bout de temps dans mon ordinateur...

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17 octobre 2008

Cette semaine, ce fut l’élection fédérale. Bien des commentateurs ont dit : « Tout ça pour ça ». C’est à peu près ce que nous pouvons en dire. Les Conservateurs ont bien gagné quelques députés, leur permettant de n’avoir besoin de l’appui d’un seul parti d’opposition pour gouverner, plutôt que deux comme avant l’élection, mais pour le reste, qu’est-ce qui a changé?

Le Journal de Montréal, toujours prêt a sortir le côté « c’est toutte des zécoeurants » de la chose, a mis en gros titres, en très gros même, le coût d’une élection fédérale. Près de trois cents millions! Bien sûr, ce n’est pas donné. Par contre, dans de nombreux pays, les gens donneraient gros pour avoir le droit ainsi de s’exprimer sur ceux et celles qui les gouvernent. Ici, nous avons ce privilège. Et beaucoup de gens, près de la moitié cette fois-ci, n’ont même pas le courage d’aller voter. N’oubliez pas que le droit de voter, une fois exercer, c’est aussi Le droit de chialer, comme chantait Vilain Pingouin jadis.

Nous avions pourtant une loi qui fixait la date des élections. Loi qui avait d’ailleurs été présenté par le parti Conservateur lui-même. Et par pur opportunisme, le premier ministre a bafoué sa loi afin de provoquer des élections anticipées. Une chance pour lui que les Libéraux sont dans une mauvaise passe perpétuelle…

Au départ de la course, il y a un peu plus de cinq semaines, plusieurs donnaient le parti Conservateurs gagnant et majoritaire, sauf Stephen Harper, qui a placé la barre bien basse pour pouvoir l’élever peu à peu à mesure que le temps passait. Utilisant une technique américaine, soit de répéter les mêmes énoncés jusqu’à ce qu’ils deviennent des vérités, tout en empêchant (autoritairement ou non) tous ses candidats, sauf quelques rares exceptions, de se faire valoir ou de se présenter dans les différents débats. J’ai eu la chance d’entendre le débat à Ouvert le samedi, sur les ondes de la Première Chaine, et le candidat conservateur (dont je n’ai pas retenu le nom) avait l’air sympathique et semblait connaitre son programme. Ce qui n’était peut-être pas le cas de tous et de toutes. Comme lorsque j’ai entendu Josée Verner en entrevue. Je me demande pourquoi les gens l’ont élue… et surtout réélue! Lorsqu’elle n’a pas préparé son intervention, je me demande si elle sait où elle s’en va. (Sophie m’a d’ailleurs indiqué depuis qu’elle a eu la chance d’entendre Mme Verner lors d’une entrevue d’une heure, et qu’en plus, c’était bien intéressant). Pareil pour Maxime Bernier, dont le haut fait a été de distribuer des bons gâteaux Vachon (un produit bien de chez lui!) aux militaires Canadians en Afghanistan. Digne d’Annie Villeneuve qui avait demandé du fromage qui fait « squik squik » à Star Épidémie, un produit bien de chez elle… qui est aussi chez nous!

Puis il y a eu Michael Fortier et son camion ridicule sur le coût du Bloc. Personne n’a jamais remis en question le coût du Nouveau Parti Démocratique, ou le coût d’André Arthur? Un député, ça coute le même prix partout, et peu importe le parti qu’il représente… ou non, comme dans le cas d’Arthur. Quand on n’a plus rien à dire… Associé un député du gouvernement à la prospérité nous ramène loin… j’oserais dire « dans l’temps d’Duplessis »! Votez pour nous et vous aurez votre bout de route (ou votre réfrigérateur, c’est selon). Et tout bon démocrate acceptera le choix de la population, quel qu’il soit. Si les québécois votent pour le Bloc, c’est qu’ils doivent bien y trouver leur compte. On peut rappeler aussi que du temps de Trudeau, il y avait 74 ou 75 députés Libéraux au Québec, et qu’est-ce que ça nous a apporté? Le rapatriement de la Constitution, sans l’accord de l’Assemblé Nationale du Québec. Tous les partis politiques depuis ce temps n’ont jamais voulu de cette Constitution. Pourtant, Trudeau disait qu’il avait l’accord du Québec puisque tous les députés fédéraux du Québec étaient d’accord (bien sûr, ils étaient tous de son parti!).

Parlant des Libéraux, ils avaient choisi Stéphane Dion pour chef par dépit, pour ne pas dire par erreur. Les deux candidats arrivés premier et deuxième étant à égalité, et chacun ne voulant pas faire alliance avec un des autres candidats, Dion le troisième a fini par dépasser tout le monde… au grand dam de plusieurs membres du parti. Évidemment, il est impossible au Québec d’oublier le scandale des commandites, le vol du référendum, et comment Dion nous a mis en boite avec la loi sur la clarté référendaire. Comme si la Loi sur les consultations populaires du Québec, un exemple de par le monde, n’était pas suffisante. Les Libéraux ont donc une pente immense a remonté dans l’estime populaire… sauf les anglais de l’ouest de Montréal qui eux votent Liberals sans vraiment savoir pourquoi.

Dion avait réussi à me paraitre sympathique lors du débat des chefs. Il est intègre et intelligent, mais solitaire et très académique. On ne peut pas lui reprocher de ne pas tenir son bout lorsqu’il a une idée. Mais, en bon professeur d’université, il a un de la difficulté à vulgariser ses grandes théories. Son plan vert est fort probablement une bonne chose, mais il est difficile d’expliquer en peu de mots de quoi une telle réforme fiscale retourne… surtout dans une époque ou personne ne veut entendre parler de taxes ni d’impôt (mais ça veut tout avoir du gouvernement par exemple! ).

Jack Layton, de son côté, a toujours l’air d’un bon Mononcle sympathique. En passant, pour un gars de Montréal, je m’attendrais à ce que son français soit de beaucoup supérieur. Franchement… Donc, Mononcle nous attire une certaine sympathie, on est toujours content de le revoir, mais on est tout aussi content lorsqu’il repart. Le programme du Nouveau Parti Démocratique est pourtant à l’image de ce que beaucoup de Québécois veulent comme société, mis à part le gouvernement ultra-centralisateur qu’il propose.

Ce parti, tout comme le parti Vert, gagnerait beaucoup d’un système proportionnel. Mais nos deux parlements n’en parlent que du bout des lèvres. Ceux qui demandent des idées nouvelles en politique, un système proportionnel en amènerait plusieurs, car il donnerait la parole à plusieurs des tiers partis. Un vote ne serait donc plus perdu, sous prétexte que tel ou tel parti n’a vraiment aucune chance de se faire élire.

Parlant du parti Green, avec une cheffe (ça se dit drôle…) qui baragouine le français, une première publicité télévisée ou l’homme, que l’on devine candidat, ou peut-être juste porte-parole capable de s’exprimer correctement en français, ressemblait à ces propriétaires de petites entreprises qui font eux même leurs publicité, comme Monsieur Du Chaudron au Saguenay (chercher ça dans Youtube, ça vaut bien des thérapies), ou encore le père et le fils Oui Papa de Montréal. L’autre publicité que j’ai vue, avec Élizabeth May elle-même dans un français pas si tant pire (elle est bonne comédienne), avait été tournée lors d’une manifestation au Canada. Donc, toutes les affiches et les pancartes du parti étaient en anglais. Tsé, un travail de quelques minutes avec Adobe Premiere et c’eût été tout traduit, pas même besoin de refaire le tournage en prenant les cartons de l’autre côté. Mais il parait qu’elle aussi ne voit pas ce que le Québec a de différent, ni pourquoi nous osons vouloir être nous-mêmes (et nous-mêmes, ça commence par en français!). Certains avancent que le parti Vert, à une époque où les autres partis ont tous un côté vert (plus ou moins approprié selon le cas), ne sert qu’à diviser le vote. Au moins, cette fois-ci, et c’est une conséquence du fait de la présence de Mme May au débat, nous avons pu voir que ce parti a aussi des idées pour tous les autres domaines de la vie en société. Parce que tout doit être fait en respect de l’environnement, mais sans oublier tout le reste. Un équilibre, quoi!

Reste Gilles Duceppe. Je suis évidemment un peu biaisé, mais tentons de rester objectif. Il a continué de marteler son message que seul le Bloc peut représenter les idées du Québec à la Chambre des Communes. Il y a bien quelques groupes dans la population qui vont dire qu’ils ne se sentent pas représenté, mais il faut bien avouer que le Bloc défend tous les consensus qui émanant de l’Assemblée Nationale, NOTRE Assemblée Nationale. Ceux qui ne se sentent pas représenter par le Bloc ne sont probablement pas plus représentés à l’Assemblée Nationale. Il y a eu un dérapage de la part de M. Duceppe, avec la proposition des Conservateurs sur les jeunes contrevenants. M. Harper s’est permis de lui remettre les pendules à l’heure lors du débat avec à propos d’ailleurs, illustrant le manque de transparence de son parti par la même occasion (pourquoi ne pas l’avoir expliqué comme ça dès le début?). Aussi, M. Duceppe et son parti n’aspirant pas au pouvoir, mais plutôt à la représentation de leurs électeurs, ils sont donc tous les plus à même de représenter nos intérêts. Nous qui les appuyons pouvons en même temps être sur que le parti n’aura pas à donner un retour d’ascenseur à ses généreux donateurs. Et ça, c’est beaucoup plus rassurant que d’avoir des députés qui vont représenter leur parti (quel qu’il soit) dans leurs comtés.

Reste à savoir combien de temps fonctionnera ce gouvernement. Sarcastiquement, je dirais : aussi longtemps que le parti Conservateur le voudra. Parce que celui que l’on quitte fonctionnait encore, avec une loi dictant même la date de l’élection future, mais ça n’a pas empêché les conservateurs de ne plus se présenter aux comités des travaux ou, si ils s’y présentaient, ne faisaient qu’y foutre la pagaille. Ils ont ensuite prétendu un non-fonctionnement de la chambre (pfff, c’était de leur propre faute!) afin de déclencher des élections.

M. Harper pensait probablement que, dans l’état actuel des choses (pensons au parti Libéral), il n’aurait pas vraiment de difficultés à obtenir une majorité. C’est ici qu’on a probablement la plus grosse perte de la part d’un des chefs de partis. M. Harper avait pour objectif d’obtenir une majorité de députés afin de pouvoir « faire tout ce qu’il veut » (ce qui, rappelons-le, ne vas pas dans le sens du Québec). Pourtant, son avance au Québec, selon les sondages tout juste avant le déclenchement des élections, s’est effacée de plus en plus alors que la campagne avançait. Il aura donc raté son pari. À moins que ce ne soit exactement ce que le parti voulait, demeurer minoritaire, provoquant la démission de Stéphane Dion, plongeant (gardant?) le parti Libéral dans la tourmente, lui permettant alors de faire à sa guise quand même. Et, étant minoritaire, pouvant mettre fin à ce gouvernement au moment jugé opportun.

On verra bien. Et comme je dis toujours, la fin du monde ne devrait toutefois pas arriver, quoiqu’on en pense!

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