9 décembre 2008

Tiens... et les historiens, que disent-ils?

Y'en a qui vont avalé de travers avec ce texte de deux historiens, Gaston Deschênes et Denis Vaugeois, ce dernier que je considère avec Jacques Lacoursière comme nos deux plus grands et surtout sérieux historiens québécois. Pas comme les révisionistes qui veulent encore nous rentrer de force dans la gorge qu'on est tellement canadien (cris, la conquête, ce n'est pas un petit événement banal comme d'aller à l'épicerie, c'est le premier événement majeur d'une suite qui font ce que nous sommes!).

On y dit:

Notre culture politique a peu de profondeur.

Effectivement, et en plus, un paquet d'analyste à deux sous (autant comme véritable analyste que les animateurs qui se prennent pour des analystes sans savoir grand chose, en choisissant plutôt de "bullshitter" leur opinions personnelles). Et le bon peuple qui essaie de se faire une idée se fit la-dessus pour penser qu'ils pensent!

L’élection d’un gouvernement minoritaire permet de voir plus clairement le rôle du Parlement et des parlementaires. Ce sont les parlementaires, et non les citoyens, qui « font » et « défont » les gouvernements, car ce sont eux qui expriment leur confiance envers l’exécutif par des votes au Parlement.

Bien des gens semblent avoir un peu de misère avec le fait que, au Québec et au Canada, dans un système parlementaire britannique, on élie des députés. C'est tout... fini bâton! Pas le premier ministre, par un parti politique, mais un député. Et c'est la somme des députés qui forment un gouvernement. D'un seul parti, ou en alliance de partis.

S’il y a quelque chose d’antidémocratique dans cette crise (la crise actuelle), c’est la prorogation que le premier ministre a soutirée à la gouverneure générale pour éviter de se soumettre à un vote de confiance.

Notre situation actuelle a été causée par Stephen Harper et lui seul. Qu'il vive donc avec les conséquences de ses propres actes! À mon avis, il avait prévu un programme pour un gouvernement majoritaire, mais la population ne le lui a pas donné. Plutôt que de modérer ses volontés en conséquences, il a choisi de foncer dans l'tas avec son énoncé économique éminemment anti-démocratique: retirer le financement aux partis politiques (qui a été ainsi instauré par Jean Chrétien pour empêcher que les compagnies ne financent les partis en fixant un maximum de dons, ce que René Lévesque avait fait au Québec dès 1976), privant ainsi TOUS les partis sauf le sien de leur financement (les conservateurs n'ont pas trop de problème de financement); retirer le droit de grève aux fonctionnaires (d'ou sort cette mesure? ou est le besoin? ah, je ne peux qu'y voir l'envie de leurs fermer la trappe avant de les mettre massivement à pied); enlever l'équité envers les femmes, gagné de si chaude lutte... je ne peux qu'y voir une tentative idéologique de retourner les femmes à la maison, ce que les ultra-conservateurs et ultra-religieux (c'est la même chose, non?) veulent depuis longtemps. Un moment donné, ça suffit!

Il y a quand même eu quelques gouvernements de coalition dans l’histoire du Canada.

Ben oui, et voici la meilleure de toute:

La coalition précédente remontait à 1864. Le Canada-Uni vivait alors une grande instabilité politique, et les gouvernements se succédaient rapidement. Formé d’éléments variés, le gouvernement Taché-Macdonald fut défait à son tour en juin 1864 ; mais, à la surprise générale, George Brown, le chef d’un parti d’opposition du Haut-Canada, francophobe et anticatholique (les Clear Grits), offrit son appui au gouvernement pour éviter de nouvelles élections. Brown posa comme condition que l’on se mette à la recherche d’une nouvelle constitution. La « Grande coalition » de 1864 laissa une opposition formée majoritairement des rouges et des libéraux du Canada-Est (Bas-Canada) et conduisit à la Confédération. Le Canada est donc né d’une coalition.

Les mots que je retiens ici, et c'était en 1864: francophobe et anticatholique: le chat sort du sac: le Canada s'est fondé par une coalition dont le parti donnant la majorité était francophobe et anticatholique. Et il y en a pour s'offusquer que le Bloc (parti souverainiste) devient un appui (et non une partie) de la coalition actuelle! Pour les jeunes ou les incultes, à cette époque, francophobe et anticatholique égale anti-québécois (même si la notion de québécois n'est arrivé que plus tard (appelé les canadiens-français si ça vous chante) parce qu'hors du Bas-Canada (l'actuel Québec), tous sont anglais et protestants. Ce n'est donc pas d'hier que les anglos et les francos vivent en paralèlle en ce pays qui n'en n'aie pas un, mais deux. Et on pourrait ajouter: qui s'ignore royalement et, dans le cas des anglos, détestent tout ce qui n'est pas "de leur bord". J'appelle ce bout-là la mentalité de conquérant des anglais, qui s'est affiché partout ou l'Angleterre a eu des colonies. "On t'a conquis, ta yeule"...

*****

Et ici, un texte de François Brousseau, une sommité en politique internationale qui explique que des coalitions, c'est normal et ça ne fait pas mal! Nous ne sommes simplement pas habitué à ça par ici.

Aucun commentaire: