3 décembre 2008

Quand on dit: ça va pas ben...

Oups... je vais devoir recommencer mon copier-coller dans quelques instants...

Bon, deuxième tentative! Tout ça pour un copier-coller...

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18 novembre 2008

Une journée de cul

Hier soir, je savais que j’avais une journée et demi de route à faire pour me rendre à ma première livraison. Entre Council Bluffs, IA et Vineland, ON, il y a en effet environ 900 miles. Je me suis donc dit que de m’arrêter à Walcott, IA pour la nuit serait une bonne idée, vu qu’il me resterait la distance d’une journée à faire pour ma première livraison du lendemain.

J’avais donc pris un bon Rockstar pour me donner du courage afin de me rendre à ma destination du soir. Comme un bon relais offre la connection Internet gratuite, j’ai abusé des bonnes choses plutôt que d’aller immédiatement au lit. De toute façon, avec les vapeurs de Rockstar, je ne m’endormais pas beaucoup. Un peu plus tard, beaucoup plus tard en fait, voyant que l’heure du réveil commençait sérieusement à se pointer, je me suis finalement couché.

Ce fut plutôt long avant que je ne réussisse à fermer l’œil. Maudit Rockstar! Une fois le sommeil réparateur obtenu, quel ne fût pas ma surprise de constater que mon Webasto (le chauffage de nuit qui permet de ne pas avoir besoin de laisser le moteur du camion tourner) avait vidé mes batteries. En fait, je ne devrais pas dire vidé, car il y a un bidule qui coupe le courant de la couchette lorsque la tension baisse en bas de 12 volts, afin d’assurer le démarrage au petit matin. Mais est-ce la faute au Webasto dont le ventilateur n’arrête jamais de tourner (la température variant selon le besoin) ou bien des batteries (neuves de l’an passé)?

Mais, qu’arrive-t-il lorsqu’il n’y a plus de chauffage? On se réveille gelé comme un creton. Et c’est toujours à ce moment là qu’on avait décidé de pousser les couvertures plus loin (lire : qu’on est rendu tout nu, décaché!).

Ça commence! Je me réveille donc, environ une heure avant le cadran (et souvenez-vous, je me suis couché ben d’trop tard!), il fait froid, je dois me lever pour aller démarrer le camion afin que le courant revienne… ainsi que la chaleur. Grrr. Toujours sur les vapeurs de mon vieux Rockstar, j’ai encore bien des misères à me rendormir.

Puis le cadran sonne! J’ai l’impression que je ne me suis même pas vraiment rendormi. Re-grrr. Je vais donc aux toilettes à la course (là je me reconnais) dans le bâtiment principal. Je reviens ensuite dans le camion, où j’en profite pour écrire un message sur mon blogue. À l’heure convenue avec moi-même (en respect de la loi), je m’approche des pompes pour faire le plein. Il fait froid en tabarnouche ce matin. Zéro Celsius! Il y a du frimas partout. Je choisis la seule pompe qui est disponible. Ah! Chanceux, c’est aussi la seule dont le lecteur de carte ne fonctionne pas : veuillez utiliser l’interphone. Je cherche, mais je ne vois aucun interphone. J’irai donc voir la commis à l’intérieur. Je cherche le numéro de ma pompe sur les poteaux à chaque bout afin de faire démarrer la bonne pompe et de ne pas payer pour un autre. Je ne trouve aucun numéro… Grrr encore, et je me les gèle en plus. Je remarque que la pompe suivante est la quinze. Ah, un indice! Afin d’être sur que les numéros se suivent, je vais voir la suivante sur l’autre côté : treize. Bon, la mienne est donc la quatorze, je peux l’affirmer.

Arrivé à l’intérieur, il y a évidemment plein de client, vu que toutes les pompes ont un camion. J’attends mon tour. Au moins, temporairement, je ne me les gèle pas! Mon tour fini par arriver. Je demande la pompe quatorze… mais ça a pris tant de temps que je ne suis plus certain. De retour dehors. Oui, c’était bien le bon numéro.

Je défais le bouchon, prend le boyau, insère le boyau, tire l’interrupteur, attend que le compteur se mette à zéro, tire la manette : rien. Câlice. Pousse l’interrupteur, tire l’interrupteur, tire la manette : rien. Ah à matin. Je vais même de l’autre côté, avec la pompe satellite : rien non plus. Évidemment, mais des fois que…

Je trouve enfin l’interphone : il est intégré dans la pompe, et seul un petit bouton vert, ainsi qu’une petite grille le laisse entrevoir. J’appuie sur le bouton. Je me les gèle en mausus là. La voix me demande ce que je veux.
- Je suis le TJB. La pompe 14 ne semble pas fonctionner.
- Un moment, je reviens.
J’attends, attends, attends et attends encore. À dix centimètres de l’interphone, car avec le bruit, je ne l’entendrai pas parler. J’exaspère et je décide de retourner la voir en personne. En entrant, avec encore toute une file de client, j’entends un deuxième dame dire, à l’interphone :
- Pompe 14???
- Je suis drette là.
- Ah! Retournez-y, elle va fonctionner. Après cinq minutes, vous devez la redémarrer.
- ???
Je retourne dehors. Mon temps si précieux s’écoule. Je ne me suis pas levée à cinq heures du matin par joie, mais bien parce que je veux rentrer au plus crisse : j’ai un spectacle vendredi, moi! Aussitôt légal, aussitôt parti, tel est ma devise!
La maudite pompe ne fonctionne pas plus. Grrr de grrr. Avec ben des mots religieux. Comme la quinze est libre, je change d’allée. Un p’tit coup de reculons, on tasse à gauche, tout de travers, on avance à la pompe, et on retourne en dedans.
- Madame, y’a rien à faire avec la quatorze, alors j’ai changé pour la quinze, pourriez-vous me la démarrer.
- Vous y êtes déjà?
- Oui oui.
La pauvre dame (vaut mieux en rire!) repitonne tous mes numéros pour la pompe quinze, et moi, je retourne pour une xième fois dehors, au grand froid (bon, rendu ici je peux bien le dire, c’est mon habillement qui est trop printemps-automne pour un temps d’hiver). Refaisant les étapes mentionnées plus haut, arrivé à tire la manette : rien. Heille… Je retire tout en douceur. Ça coule!!! Hourra, dis-je sur un ton tout à fait désenchanté! Je positionne le tout afin que tout fonctionne tout seul, et je pars pour faire la tourner des vitres. Même le lave-vitre est r’viré en slushe. Être dans un J Volant, il serait geler, puisqu’eux ne mette que de l’eau!!! J’étends donc de la pâte de lave-vitre sur toutes mes vitres et mes miroirs, que je nettoie aussitôt avec le côté raclette.

Une fois tout ça terminé, la pompe a elle aussi fini son travail. Je range le tout, me les gèle, et retourne à l’intérieur pour ramasser facture, café gratuit et sandwich pas vraiment bonne pour la santé pour déjeuner. Ah, c’est vrai, ici il n’y a pas de sandwich qui chauffe toute la journée dans le bâtiment des pompes. C’est vrai qu’ils ont déjà un des meilleurs restaurants de tous les relais… mais je déjeune vraiment un peu plus tard qu’à mon réveil. Dommage.

Dans la sortie pour Sheffield, IL, je m’arrête pour un pipi en catastrophe. Quand ça presse, ça presse. Et même à une sortie du relais où je veux m’arrêter pour ma sandwich-déjeuner, il faut que je m’arrête. Une fois soulagé, je manœuvre pour reprendre la route. Mais cette sortie a les deux rampes du même côté. Je devrai donc faire un demi-tour sur un dix cennes pour reprendre l’autoroute. J’en prends le plus large que possible, et en tournant, je monte sur le petit terre-plein qui sépare l’entrée de la sortie.

Comme j’ai de plus en plus faim, je m’arrête donc au Road Ranger de Princeton, IL, soit une sortie plus loin que l’arrêt-catastrophe. En manœuvrant dans l’immense stationnement, je trouve qu’un pneu sur ma remorque est un peu trop mou. Une fois immobilisé, je vais voir de plus près : certain que le pneu extérieur semble mou, celui intérieur est décollé! Bon, ça va ben… À ce moment, je me souviens d’avoir entendu un genre de frouuuuuuuuuuuu en passant sur le terre-plein. Ça devait être ça.

Comme ce n’est pas une de nos remorques mais une empruntée à une compagnie-amie, je décide de téléphoner à Martin, notre gérant du garage (il n’a pas vraiment de titre, mais c’est ça son travail!). Normalement, pour une crevaison, je ne pose pas de question et je vais directement à la réparation… tant qu’à me faire répondre : ben, va le faire réparer! ;) En fait, je constate qu’il y a déjà eu un garage à Princeton, mais il est fermé. Les Road Ranger sont souvent des vieux 76 en franchise que TA n’a pas conservé lorsqu’ils ont acheté les 76. J’ai eu la chance de connaitre les 76, donc je suis un vieux chauffeur… :P Si vous voyez un TA avec des toilettes beiges et brunes, avec des portes en bois ça d’épais, c’est un ancien 76. Ou avec un escalier qui tourne en rond pour aller en haut. De mémoire, il y a celui de Matthews, MO qui me revient vite de même. Comme on me dit d’aller soit au SAPP à Peru, IL ou bedon au TA de Morris, IL, je décide d’aller au premier. Je me dit que de rouler avec un pneu décollé, bien que légèrement chargé, n’étant pas l’idéal, autant prendre le plus proche. D’autant plus que les SAPP mettent beaucoup d’emphase sur les pneus…

À mon arrivée, on me dit que je passerai presque tout de suite. Bon, une bonne nouvelle! J’entre donc mon camion dans la baie indiquée. Le mécanicien me dit que je dois attendre dans la salle, alors je m’y rends. Quelques minutes plus tard, il revient avec le triste constat : il me dit qu’il doit y avoir une fuite d’huile dans le moyeu, parce qu’il en manque, que ça sent le chauffé, qu’il y a du mâche-fer sur le ti-bouchon qui visse (c’est un embou qui ne se rempli pas par le cap rouge), bref, je dois le faire réparer. Bon, tant qu’à scrapper ma journée!

Comme il s’agit d’une remorque empruntée, on me dit de faire ajouter de l’huile et de surveiller le niveau. Autant que possible, on essaie de se sauver de la réparation, que la compagnie de la remorque s’occupera de faire réparer.

Je demande donc au mécanicien de mettre de l’huile dans l’essieu et de remonter la roue. L’aviseur technique me raconte alors que la fin du monde risque d’arrivée : je devrai surveiller le niveau d’huile, car si il y a une fuite, alors tout l’intérieur va se huiler, ça va se mettre à chauffer, le feu va prendre, les roulements vont coller, etc. Comme dirait Homer Simpson : on va toutte mourir! Tout ça est bien sur écrit sur la facture, afin que le garage soit couvert, et ainsi puisse se payer ma tête lorsqu’ils liront la nouvelle de mon accident dans le journal. Oui, moi aussi je trouve ça bien rassurant!

Je pars en me disant que deux heures plus tard, je m’arrêterai pour vérifier le niveau d’huile ainsi que la température de l’essieu : si il chauffe, alors je saurai qu’il y a un problème. Je surveille plus attentivement cet essieu tout au long de ma route.

À l’heure prévue, je m’arrête pour effectuer mes vérifications. Le niveau d’huile me semble plutôt bas. Je touche l’essieu malade : il est chaud d’même. Je touche son voisin en santé : il est un peu moins chaud. Oh oh! Je vais voir les deux de l’autre côté pour comparer : ils sont comme celui en santé. Donc, j’ai un problème sur les bras.

Je me rends donc au TA de Gary, IN, soit le premier garage disponible. Je ne peux en fait même pas ajouter d’huile moi-même, car pour ce faire, j’ai besoin d’une clef Allen (hexagone). Je visite la boutique et je me rends bien compte que nous ne sommes plus à l’ère du « mon camion, je le répare moi-même » : les VRAIS outils sont rares. Il y a bien deux ou trois chinoiseries qui ne valent rien, mais pas de clef Allen suffisamment grosse pour mon besoin.

Je recontacte donc Martin afin d’avoir un OK pour faire la réparation. Je lui explique l’état des lieux, et mon sentiment que je suis bien à la veille de perdre les roues. Comme ça m’est arrivé trois fois, j’en connais un peu sur le sujet. Honte à moi, mais personne n’est vraiment à l’abri : vérifiez vous religieusement le niveau d’huile de vos essieux de remorques? Dans mon cas, il m’arrive d’avoir une petite faiblesse.

Avec mon OK du bureau, je me rends donc au comptoir du garage. La femme qui m’accueille a des yeux à faire rêver. Je rêve donc un peu, avant de lui expliquer mon problème. Elle m’ouvre un dossier et m’envoie faire la file à la porte 2. Je retourne donc au camion. En passant devant le garage, je vois que le camion qui me précède entre au même moment à l’intérieur. Bon, ça ne devrait pas être trop long. Quoique des fois c’t’encore drôle.

Lorsque j’approche du garage, le mécanicien me fait signe de plutôt prendre la porte 1, qui est vide à ce moment-là. Il faut savoir que, bien qu’il y ait plusieurs porte (dans ce cas, six ou sept), il n’y a pas toujours tous les mécaniciens nécessaires. Avec un peu de chance, il y a aura quelques uns, et ils ne seront pas tous parti sur la route… J’ai l’impression que le mien venait tout juste de revenir d’un appel sur la route. Bon pour moi, car le plus vite entré, le plus vite ressorti.

Après m’être arrêté à l’endroit indiqué dans le garage, je descends du camion et je vais expliquer ma première péripétie directement au mécanicien. Il cherche des deux côtés de la roue, intérieur comme extérieur, et il ne trouve pas de fuite. Il vérifie la température de l’essieu. Il m’explique ensuite que s’il y avait une fuite, il y aurait tellement d’huile partout que ce serait impossible de la manquer. Ça me rappelle une autre que j’ai déjà eu… Effectivement, ça coule en mausus.

Le mécanicien voit bien que moi et la mécanique, ça fait deux. Contrairement au premier par contre, plutôt que d’abuser de la situation, il m’explique mieux la situation. Il part chercher une pinte d’huile à engrenage dans le magasin. Je le rattrape et je lui dis que j’en ai déjà une, que j’ai achetée à l’autre garage. Je vais la chercher et je la lui tends. Il la débouche et regarde à l’intérieur. En voyant qu’il en manque à peine quelques millilitres, il dit :
- Il a mis juste ça? Ben ce n’est pas suffisant!
Il m’explique alors que si l’essieu était complètement vide, il en faudrait une bouteille complète. Ensuite que lorsque l’on ajoute de l’huile, l’huile demeure dans l’embout pour un temps, et descends lentement dans tout le bout de l’essieu. Il faut donc en mettre beaucoup plus qu’à la ligne MAX et attendre un moment que ça coule. Et peut-être même répéter l’opération une ou deux fois. L’autre zouf en ayant mis une seule once, lorsque l’huile descendit au fond, c’est tout comme il n’en avait pas mis! D’où l’essieu qui chauffait encore…

Ah, tout s’explique.

Je paye la femme aux jolis yeux et je repars avec mon petit bonheur, heureux que l’opération se soit déroulé en si peu de temps. Je vais à l’autre comptoir pour faxer ma facture au bureau, tel que demandé : il y a une file de client. Je fais mon temps dans la file. Arrivé à mon tour, la madame me dit que ça s’pourrait que ça ne fonctionne pas à cause des lignes téléphoniques, qui semblent en dérangement. Je sais, l’autre aux jolis yeux m’a dit la même chose. Elle met mon fax dans la machine et retourne aux clients.

Après quelques minutes, la deuxième dame revient de souper. Elle commence elle aussi à passer des clients qui viennent de faire le plein. Je suis directement en face d’elle, en fait, les clients doivent faire le tour de mon moi-même pour payer. Je tente de me faire voir, de me faire entendre. Rien n’y fait. Je lui demande gentiment si elle pourrait vérifier mon fax (la machine est à ce bout-ci du comptoir). Avec son sourire de Gary (lire : un air de bœuf), elle me répond que comme c’est l’autre dame qui a commencé, c’est elle qui doit finir le travail! Ben quin… j’ai juste besoin que tu me confirmes s’il est passé ou non, à cause du trouble avec les lignes de téléphones. Après, je peux ben attendre pour payer… ou partir pour faxer d’un autre endroit.

Un bon dix clients plus tard (c’est qu’il y en a du monde qui fait le plein à Gary!), dans un éclair de mémoire, la dame du début se souvient de moi. Elle s’approche de la machine, saisit mes feuilles et me le redonne. Au moins, ce fut gratuit! Et au temps que ça a prit, si il y avait un problème, le bureau m’aurait déjà appelé (pensais-je!).

Je finis par repartir, mais trop tard pour que je puisse traverser la frontière : il me manque environ une heure… Je m’avance donc jusqu’à Dexter, MI, à une heure des douanes. Comme j’ai eu ma confirmation, je suis confiant que je pourrai traverser sans problème dans la nuit. Parce que j’ai deux livraisons en Ontario : une près de Niagara Falls, et la deuxième à Pembroke, à l’ouest d’Ottawa. Et ce serait bien de pouvoir faire les deux dans la même journée.
Ouf!

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