17 octobre 2008

Moment cochon

17 juillet 2008

La semaine dernière, j’ai roulé avec Le Ti-Gras de Békin lui-même, aussi appelé Roch. Il est chez TJB depuis un peu plus d’un an et demi. Et si ma mémoire est bonne, il s’agit de son premier travail de camionneur. Mais, comme plusieurs, il a eu une autre vie avant les camions : il a tout fait dans un restaurant (tous les postes), incluant en posséder un. D’où son surnom.

Il me racontait, pendant que nous roulions, qu’il avait fait le tour de ses folies de nouveau chauffeur (genre : vite, vite, vite, pas le temps de manger, ni dormir, etc.) et que, de plus en plus, il allait se permettre de souffler par le nez. Comme cette fois qu’il me raconta où, ayant presqu’une journée devant lui pour rouler environ 400 kilomètres, il s’arrêta près d’un lac en Oklahoma, sur le bord de l’autoroute, pour quelques heures. Il en profita pour se baigner près d’un quai. À son retour au quai, après avoir nagé un peu, un policier l’attendait! Mais détrompez-vous, rien de répréhensible : le policier avait fait de ce quai le lieu de sa pause-café d’après-midi depuis des années.

Donc, disait-il, il allait de plus en plus se permettre des petits arrêts pour prendre un repos dans la nature, à un centre commercial, au cinéma, dans un bon restaurant, etc. Bref, il faut bien faire son travail, mais entre le point de départ et le point d’arrivée, en autant que nous respections les heures de rendez-vous lorsqu’il y en a, nous sommes libres de nos mouvements… ou de nos arrêts.
Tout ça pour dire que, dans mon cas, aujourd’hui, j’ai environ une heure de route à faire en huit heures. Mon rendez-vous, d’abord pour 13 heures (heure centrale) s’est repoussé de lui-même à 17 heures (heure centrale). Et comme j’étais vide dès 9 heures (heure centrale)…

J’ai donc tenté de me trouver un endroit pour y passer un peu de temps. Avant de partir de chez mon client, j’ai préparé mon diner afin qu’il se réchauffe pendant que je quittais la ville de Brookfield, une banlieue de Milwaukee dans le Wisconsin. Sur la partie autoroute du trajet, j’ai bien vu un ou deux centres commerciaux, mais il ne semblait pas très invitant pour un camion et sa semi-remorque. On verra plus loin, me suis-je dit.

La partie que je pourrais qualifier d’hors autoroute (quoique…) était plutôt dans un terrain où ne s’aligne que fermes et autres fermes. Magnifique panorama. J’ai vu une méga-fromagerie sur ma gauche, mais trop tard pour y entrer. Aussi un dépanneur qui avait pris soin d’aménager quelques stationnement pour les camions mais, avec le camion qui me collait au cul, je n’osai pas changer de voie afin d’y entrer non plus.
Ayant de plus en plus besoin d’une toilette, et me doutant bien que j’allais arriver dans le village de ma destination sous peu, je cherchais de plus en plus un stationnement qui semblait accueillant pour tout mon bazar. Au devant de moi, comme une révélation, je vis quelques remorques bordant la route. Puis, une enseigne jaune familière à tout bon camionneur : « CAT Scale ». Le nom signifie Pesée pour camion certifiée et automatisée (Certified Automated Truck Scale). Et assurément, elles sont toutes situées sur le terrain d’un relais de camion, grand ou petit.

Je tourne donc dans le rang pour entrer sur le stationnement du relais. Je constate qu’il s’agit en même temps d’une boutique de fromage. Le Wisconsin étant l’état des productions laitières, il est conséquent qu’il soit aussi un gros producteur de fromage. Malheureusement, trop souvent, il s’agit de simple cheddar orange. Bon, j’exagère un peu, mais disons que la diversité n’est pas toujours au rendez-vous.
Après avoir couru à la salle de bain (ça fait du bien!), je suis donc allé par curiosité dans la section consacrée aux fromages (et autres produits du terroir, ai-je constaté). Oh wow! Je me sentais comme Alice au pays des merveilles!
Il y avait des dizaines de fromages différents, de toutes saveurs et de différents âges, des saucissons d’été, au porc, au bison et à l’élan, des moutardes, des trempettes, des cadeaux pour l’amateur de fromage, et même du vin (dommage que je doive conduire…).

Je me suis donc procurer deux ou trois petites choses : un paquet de fromage en crotte au piment fort, un pot de fromage à tartiner suisse aux amandes, un cheddar aux canneberges et chippotle (je ne sais pas ce que c’est, mais c’est fort!), une saucisse au bison et des ti-biscuits secs afin de tartiner ledit fromage à tartiner.
Évidemment, j’ai du laisser le fromage au porto, les moutardes et trempettes ainsi que le bon vin sur place! Non sans peine bien sûr… Trop de choix, parfois, ça fait plus de mal que de bien!

De retour dans le camion, où m’attendais le pâté chinois concocté par mon amour elle-même, pâté dont j’avais trouvé la portion un peu petite en le transférant dans le réchaud, je me suis dit : que ça adonne donc bien! Mon diner est un peu trop petit pour mon appétit, et j’arrive avec plein de bonnes choses qui se mange!
J’ai goûté au fromage suisse à tartiner, sur les biscuits, et à un bout de la saucisse au bison. En plus de mon fromage Perron du Lac habituel et dudit pâté chinois de Caro. Succulent, démentiel et délicieux. Ne manquais sérieusement que le vin, qu’évidemment je ne peux toucher lorsque je suis en mode « travail ». Mais je me suis imaginé, et c’était déjà bien suffisant.

Par la suite, au moment d’écrire ce texte, je me suis aperçu que j’allais m’endormir! Alors, le ventre plein, je me suis étendu, repu, pour cuver mon vin (qu’incidemment, je n’avais bu qu’en imagination!)…

*****

P. S. : Ceux qui disent que l’on mange donc si mal aux États-Unis devrait lâcher les J Volants… Oups, je devrais dire, devrais changer de restaurant. Notre problème en camion, en est souvent un de stationnement.

Aucun commentaire: