10 septembre 2008

L'embrayage me lâche

Bon, une fois au garage, ce n'est pas l'embrayage. D'ailleurs, le remorqueur bougonneux l'avait entendu:
- Ça semble venir de l'arrière-train!
Mouahahaha. Mon arrière-train, bien qu'ayant pris de l'amplitude, ne semble pas empêcher mon camion d'avancer. Après tout, mon camion tire 36363 kilogrammes régulièrement... Alors mon gros petit moi de 100 et quelques kilogrammes, ça ne doit pas faire un gros changement.

Voici donc ce que j'ai pondu en attendant la remorque (au Saguenay, on appelle ça une remorque, bon!)

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9 septembre 2008

Depuis hier, mon camion, quelque part sous le capot, faisait des Ke-Klougnes. Genre je roule, tout va bien et, pour aucune raison, tout à coup, un Ke-Klougne se fait entendre. Cela se produisait une fois de temps à autre, lorsque ça tire, lorsque ça pousse, lorsque ça force, lorsque ça roule en flottement. Tout le reste allait bien : les vitesses, la puissance, le mordant (bon, pour un Mercedes, on devrait plutôt parler de non-mordant), de ce côté, tout va bien.

Ce matin, donc, de tôt matin (pour arriver au bureau au plus vite), je suis parti sur la route. Aussitôt qu’il m’était légalement possible, soit à quatre heures et des poussières, j’étais sur la route. J’avais dormi à Graham Forge, VA. Je croyais que j’aurais à faire le plein, alors en allant aux toilettes, je n’avais pas acheté de café (pourquoi payer pour ce que l’on peut avoir gratuitement). De retour au camion, je me rendis bien compte que, le repos ayant rebalancé les réservoirs, faire le plein pouvait attendre un peu. Il faut savoir que la pompe de carburant s’abreuve du même côté que l’indicateur de niveau, donc ce réservoir semble descendre plus vite qu’en réalité. En quelques minutes, les deux réservoirs reprennent un niveau semblable, ce qui, à l’indicateur, donne un niveau plus élevé de carburant. Il n’y en a pas plus, mais il est séparé également des deux côtés. Pendant que le camion roule, il n’y en a pas moins, mais il est séparé en deux parts inégales, un peu plus du côté conducteur (dans mon camion en tout cas), et un peu moins du côté passager.

Donc, j’ai décidé de partir comme ça, et de faire le plein au besoin un peu plus au nord. Je suis parti sur la I-81. Tout allait aussi bien qu’hier, avec les Ke-Klougnes. Après quelques minutes, je me suis rendu compte que je n’avais donc pas de café. Tout en essayant encore de chercher si une situation donné amenait plus de bruit, de trouver une circonstance qui pourrait aider le mécanicien qui aurait à trouver le problème, je me suis dit que Elliston, VA pourrait faire un bon endroit pour me dégourdir les jambes et me procurer le divin liquide noir. J’avais un gros quarante-quatre miles, soit environ soixante-et-onze kilomètres de fait, je méritais donc une pause (hihihi, c’est bien évidemment sarcastique!).

J’emprunte la sortie, je tourne à gauche, je passe au dessus de l’I-81, je tourne dans l’entrée des camions. Je passe par les pompes avec l’intention de me stationner plus loin, tiens, juste à côté du camion là-bas, une centaine de mètres au-delà des pompes. Je n’aime pas vraiment, bien que je le fasse parfois moi aussi, me stationner aux pompes « comme si je venais de faire le plein », comme le font trop de chauffeurs américains. Cette façon de faire a déjà failli d’ailleurs me couter ma réputation, mais ce sera pour un autre billet… Je préfère donc me stationner hors de la route naturelle de ceux qui sont là pour faire le plein.

Donc, j’entre dans l’entonnoir inversée qui mène aux pompes. Comme ça monte assez abruptement (c’est quand même la Virginie, où rien n’est horizontal), je manœuvre mes vitesses (vers le bas bien sur) afin de ne pas perdre mon air d’aller et pour ralentir en douceur. Je me faufile dans une allée, et les Ke-Klougnes se font plus insistant. Je réussis à peine à libérer la pompe (donc à ne plus la bloquer pour le prochain client), et là, comme ça, tout bonnement, le Câlice de Mercedes ne veut plus avancer! En effet, quand ça va bien, j’ai un Western Star, mais quand ça va mal, même si ce n’est pas la faute du moteur, j’ai un Mercedes!!! J’ai beau y aller avec douceur et compliments, rien n’y fait. L’embrayage ne répond plus! J’essaie de toutes les façons, rien à faire. Je descends pour observer que, comme on nous enseignait à l’école, « y’a rien qui pu et y’a rien qui pend », que rien ne coule ou ne semble avoir coulé récemment. Comme je disais avec mon frère à propos de nos premières motoneiges : « cris, y’a tout pour marcher », sous-entendant : alors, pourquoi donc qu’il ne fonctionne pas?

À ce moment, des Ke-Klougnes, j’en ai ben en masse. Aussitôt que je relâche l’embrayage, la pédale monte beaucoup plus haut qu’à l’habitude (encore hier, et même ce matin, la pédale opérait normalement) et pour le peu qu’elle mord, ça fait un vacarme d’enfer!

Il est donc cinq heures, je ne peux plus bouger, je bloque les pompes dans un relais… Avoir su, au moins, je me serais levé plus tard! Bon, comme disait le Bonhomme dans l’Héritage : « on sait ça y’inque après, pas avant! »

Me mettant dans la peau de Martin (tient, il est de retour au garage, lui? Je suis donc le deuxième plus vieux chauffeur de la compagnie sur la route), celui que je dois réveiller (à cinq heures, ouf!), je n’ai pas vraiment envie de lui téléphoner… En même temps, je ne pourrai pas bouger de là par moi-même. Et même si je le pouvais, maintenant je ne reprendrais plus la route avant de faire vérifier les Ke-Klougnes. Jusqu’à maintenant, c’était loin d’être parfait, mais ça semblait dans les tolérances… En tout cas, dans MES tolérances.

Je téléphone donc à Martin, qui me répond évidemment comme un gars qui vient de se faire réveiller par un mausus de chauffeur mal pris qui « n’aurait pas pu dormir la nuit »… Notez que ces pensées sont de moi. Bon, normalement, je travaille sur les heures relativement normales soit de six ou sept heures jusqu’à quelque part entre vingt et vingt-trois heures, dépendamment des journées. Mais cette semaine et celle qui la précéda, j’ai commencé mes journées très tôt (genre deux ou trois heures) pour les finir bien sûr assez tôt (aux alentours de dix-huit heures). Il faut bien partir tôt si on veut arriver un jour!

Donc, le Martin, après s’être mis les yeux en avant des trous, écouta mon histoire de Ke-Klougne. Son ordinateur à la maison étant sur le mode Kapout, il m’indiqua qu’il devrait donc se rendre au bureau pour me trouver du secours. J’aurai besoin d’une remorqueuse et d’un garage capable de réparer (changer?) un embrayage.

Me voici donc, stationner près des pompes d’un relais « pas d’avenir » (ce sont mes préférés, et comme il y a juste moi qui les fréquente, généralement ils ferment leurs portes; celui-ci a d’ailleurs changé de bannière depuis mon dernier passage sur l’I-81; ça aussi, ça pourrait faire l’objet d’un autre billet, les endroits que je fréquente et qui ferment leurs portes).

Une heure plus tard, Martin me rappelle. Ah, il semble réveiller maintenant! Il me demande avec précision l’endroit où je suis, parce qu’il a trouvé un garage assez proche qui pourra faire le travail. Selon lui, il me faudra un embrayage. Et je suis quitte pour le motel! Wou hou, avec Internet, alors je pourrai publier ce billet!

Malheureusement, parce que tout ne peut être parfait, ça vient donc de « scraper » ma semaine… Je ne pourrai pas faire le deuxième voyage nécessaire pour compléter mon kilométrage régulier. Grrr.

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