12 septembre 2008

Le camionnage et la rémunération, ici et ailleurs

Je savais bien que Fred'n Co allait corriger mon tir, parce qu'il n'y a rien comme le vécu. Ça se présente aussi compliqué d'évaluer un salaire de camionneur là-bas que ça peut l'être ici. Ici, on peut presque dire qu'il y a autant de façon créative de payer un chauffeur qu'il y a de compagnies de tranport. À la fin d'une semaine de travail, par contre, si on fait une moyenne sur quelques semaines, ça revient un peu à la même chose, avec quelques dollars en plus ou en moins pour un travail équivalent (même kilométrage avec le même nombre de livraison et de cueillette). Par contre, des milliers de chauffeurs qui quittent leur emploi après un an ou deux dans une compagnie (et parfois moins!) croient que "c'est ben plus payant chez l'voisin".

Au Canada et au Québec, question salaire, on peut par contre suivre une certaine logique qui veut que plus la proportion de kilométrage passée du côté américain est élevée, plus le salaire de base (ou le taux au mile) est élevé. Bon, avant que les gars de l'ouest me lance des roches, j'ajoute que ça s'applique sur la ligne qui va entre les Maritimes jusqu'à Windsor, ON. Évidemment, il s'agit là d'une généralité. Il y a certainement des exceptions.

Les chauffeurs dans les Maritimes sont moins payés que ceux de l'est du Québec, qui sont moins bien payé que ceux de la Beauce et du grand Québec, qui le sont moins que ceux du centre du Québec (Trois-Rivières, Victoriaville et Drummondville), qui le sont moins que ceux du grand Montréal... que de l'est de l'Ontario... que du grand Toronto... que ceux de Windsor (qui est juste de l'autre côté du pont Ambassador de Détroit, MI.

Étant donné que la majorité du travail à partir du Québec et du Canada se fait à destination des États-Unis, nous sommes un peu tous sur la route en direction des États-Unis. Sauf les compagnies de colis et de couriers, les compagnies se consacrant strictement du côté canadien de la frontière semble plutôt rare. Il y en a bien qui se consacre à deux ou trois provinces, mais bien peu qui les font toutes, ou encore des Maritimes vers la Colombie-Britannique... D'ailleurs, le commerce des biens ne le justifie pas, la grosse majorité des échanges commerciaux se faisant entre le nord et le sud. Mais il ne faut surtout pas le dire aux fédéralistes, qui tentent de nous faire croire que l'économie va s'écrouler le jour où le Québec choisira d'assumer seul sa destinée...

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Et où ai-je donc pris mes informations pour l'Europe? Je me suis laissé berner par les médias! Même moi, ça peut m'arriver... Ici, dans la plupart des journaux et magasines de camionnage, lorsqu'on parle de "là-bas", c'est toujours bien mieux: moins d'accident parce que les camions sont limités à 90 km/h depuis des lunes, des moteurs avec un monstre de "torque", qui en plus est toujours disponible plus bas dans les tours-minutes que chez les trois américains, des salaires à l'heure, peu importe si c'est la conduite, l'attente, le travail qui n'est pas de la conduite, un maximum d'heures par jours, par semaine, une ou des journées où les camions n'ont pas le droit de rouler (ça a déjà été comme ça ici, quand j'étais très jeune), plus de problème de douanes depuis la grande Europe, et quoi d'autres encore! Bref, probablement que, dépendemment du pays où le Untel journaliste va faire une visite, il se fait raconter une façon de faire, qu'il étant par la suite à toute l'Europe parce que c'est bien plus facile que de chercher à savoir comment les autres pays fonctionnent.

Trop souvent vu d'ici, depuis le début de la grande Europe, on a l'impression que "tout est devenu pareil partout", tout s'est magiquement harmonisé en un (ou peut-être deux) clin d'oeil. La simple logique veut que ce ne soit pas si simple.

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Comparons avec le si bon Canada. Dix provinces différentes. Il y avait donc dix "lois du log book" différentes. Ah, dans quelques cas, c'était quand même assez prêt, mais jamais tout à fait identique. Pendant des années, les associations de camionnage principale du pays ont demandé à tout le monde ce qu'il voulait comme nouvelle loi pour harmoniser tout ça. Évidemment, ce n'est pas évident de concilier les chauffeurs de longues distances, de local, du nord, les véhicules-équipement (comme les camions de bûcheron ou les véhicules pour l'entretien du réseau électrique qui peuvent être utilisé dans des situations d'urgence), etc.

Après plusieurs années de pseudo-recherche, ils accouchèrent finalement de la règle miracle, avec une foule de provisions pour différentes situations, qui devait satisfaire le plus grand nombre. Deux ans (il me semble) plus tard, les provinces, qui sont responsables du transport terrestres, ne l'appliquent pas toutes pour tous les camions de la même façon, si bien que le camionneur ne sait pas toujours comment il doit se comporter d'une province à l'autre. Comme par exemple, en Ontario, ils ont décidé qu'un numéro de camion sur un log est un numéro de plaque minéralogique. Ce n'est requis nulle part, mais c'est leur interprétation!

Ah, et comme les États-Unis ont fait la même chose quelques mois auparavant, les deux pays, dont le commerce et le transport sont si inter-dépendant, n'ont évidemment pas pu harmoniser leur deux lois ensemble, nous faisant du même coup comprendre un seul système pour tout notre travail! Mais comme m'a rétorqué mon copain Le Soldat, si on ne pouvait pas se tromper, comment pourrait-il (les inspecteurs) nous coincer?

Et c'est pareil pour les capacités de poids: aucune province et état n'a exactement le même système: parlez-en aux chauffeurs de B-Train. Ils ont a chargé d'une façon pour les routes secondaires au Québec, une autre façon pour les autouroute québécoise et ontarienne, une autre façon pour le Michigan (le seul état à accepter les B-Train et les essieux multiples) et une autre façon pour les états contigus où par contre ils n'amèneront qu'un bout du train à la fois! Ouf...

Évidemment, question de poids, il y a toujours un minimum passe-partout, qui permet de tranporter un chargement sans se soucier de où la route nous mène. C'est pour cela que nous chargeons à 80 000 lbs lorsque nous partons pour les États-Unis, même si le maximum autorisé pour le Québec et l'Ontario est de près de 90 000 lbs (donné en kilogrammes, équivalent à environ...).

Bon, merci de m'avoir lu, parce que ça fait du bien d'en parler!

1 commentaire:

Fred'n Co a dit...

Bonjour,

Voici ma réponse, elle est un peu longue, je ne pouvais pas la mettre ici, sous forme de commentaire. http://fred-n-co.blogspot.com/2008/09/dici-et-de-l-bas.html
J'espère y être assez précis dans mais explications.
Bonne lecture.
A bientôt.
Fred[;-)]