Après un arrêt-toilette à Charleston, MO, je savais que mon temps sur l'autoroute s'achèverait dans quelques kilomètres. À la fin de l'I-57, au lieu de prendre l'I-55 sud comme je l'ai fait si souvent, je continuai tout droit sur ce qui devint la US-60 jusqu'à Poplar Bluff, AR. J'avais emprunté cette route lors de mon "entrainement américain" il y a de cela 9 ans maintenant, parce que c'est la route sans-balance pour joindre Charleston, MO et Little Rock, AR. Depuis, la US-60 a été transformé en quasi-autoroute. On peut le voir comme un défaut ou comme une qualité, mais les américains ne posent pas trente-six questions avant d'élargir une route. "Tassez-vous de là, on va passé la nouvelle route ici!" Arrivée à Poplar Bluff, il y a une voie de contournement. J'y ai pris la US-67 sud en direction de l'Arkansas. Cette route est presqu'entièrement à quatre voie elle aussi.
Tout de suite après être entré en Arkansas, j'arrive à Corning. Je prends la US-62 vers l'ouest. Pour un temps, les deux routes sont unies en une seule. Le nord-est de l'Arkansas est montagneux et parsemé de forêts. Très beau. Quelques villages typiques parsème la route. Arrive Pocahontas, où les deux routes se séparent et la US-62 continue vers l'ouest. À Imboden, le plaisir commence. À vrai dire, être en moto le plaisir commencerait. En camion, ce n'est pas de tout repos. Il me faut demeurer extrêmement attentif. La route devient très montagneuse, très "en courbes" aussi. Sinueuse à souhait! Un pur bonheur de motocycliste! Il va falloir que je revienne à deux roues dans ce coin!
Arrivé à Ash Flat, je vois facilement mon premier client, une célèbre grande surface. Je me faufile jusqu'à la réception. Le préposé était à vérifier sa commande de croustilles. Il me redirige vers "la cage" à l'extérieur pour y descendre mes canoës. Je me refaufile donc à travers le stationnement pour mieux revenir du côté opposé du magasin. Voyant deux hommes qui semblent m'attendre (ou se demander: "tchèque le cass a'ec son truck, où s'qui s'en va, veux-tu m'dire? c'est selon), je m'arrête (de toute façon, je ne peux plus avancer!) et je vais les voir pour savoir là où ils me veulent. "Juste là, comme ceci, par là... ah pis reste donc où tu es!" finissent-ils par me dire. Par chance, parce que je n'avais pas vraiment fait attention, ni plus le client d'ailleurs, leurs canoës sont en arrière. Vite dit, vite fait, je suis prêt à reprendre la route.
Je vérifie la distance à parcourir de même que les chemins à emprunter pour me rendre à Branson, MO. 220 kilomètres, via la US-62 ouest, la AR-5 nord, qui deviendra la MO-5, la US-160 ouest et la MO-76 ouest, qui m'amènera à Branson. En ville, je prendrai le boulevard Tanger sur ma droite, et voilà! Un appel au bureau me confirme que le client est ouvert jusqu'à vingt-et-une heure ce soir. Ça me laisse tout mon temps. Par chance, parce que question montagnes et courbes, j'ai été servi. Deux fois plutôt qu'une. À la recherche d'un endroit pour casser la croûte, je me suis arrêter à Mountain Home, tout juste avant de bifurquer sur la AR-5. Devant moi, la police, les pompiers et les remorqueuses étaient à ramasser ce qui restait d'un accident.
Après un bon repas (merci chérie), je reprend la route. Je vois bien avec le temps que j'ai pris pour faire ce premier bout de chemin, que mon estimation de départ (3 heures pour 220 km) devra être revue à la hausse. La route 5, tant en Arkansas qu'au Missouri, est très étroite. Par chance, je n'en ai pas pour longtemps. Tellement qu'aussitôt entré dans le Missouri, après quelques détours et un seul village, la US-160 apparait. Je la prends vers l'ouest. Celle-ci n'est pas très large. Je constate que les routes US à deux chiffres sont pour la plupart des quasi-autoroutes, mais celles à trois chiffres sont plutôt des routes de secondes zones. Là encore, je suis servi en fait de montagnes et de courbes. Définitivement, un endroit à revisiter en moto. J'en ai d'ailleurs croisé quelques-unes. Trop peu pour la qualité du secteur.
À Forsyth, je prends la MO-76, toujours vers l'ouest. Depuis mon dernier repas, je n'ai pratiquement vu que de la forêt, des montagnes, quelques fermes du côté Missouri... la grande nature, quoi! D'une beauté...
Arrive enfin Branson. Sur l'I-44, nous voyons des dizaines de publicités pour les spectacles de Branson. J'étais bien curieux de voir ce que la ville aurait l'air. Arrivant de l'est, j'entre par la ville de Hollister. Il y a un pont à traverser pour atteindre Branson, dans la vieille partie de la ville. D'en haut, le lac Taneycomo est un très beau plan d'eau. Beaucoup de bateau semble en profiter l'été venu. Les différentes marinas sont pleines. Sur le bord de l'eau, il y a un camping (était-ce un stationnement?) qui est rempli à craquer de Wanabago. Cette ville a choisi le tourisme comme industrie à n'en point douter! Je monte la côte devant moi presqu'avec difficulté. Mon tout petit mais pesant chargement de plomb donne du fil à retordre à mon cher Mercedes! Lentement mais surement, le camion monte la côte avec aplomb.
La nouvelle partie de la ville est situé du côté ouest de la US-65, qui traverse la ville du nord au sud. Cette partie est très montagneuse. Sur les 3 kilomètres qui séparent la US-65 du boulevard Tanger, j'ai pu voir tout l'attirail du quartier touristique: les hotels, les salles de spectacles, les restaurants, les kiosques touristiques, les magasins en tout genres, les postes d'essence, etc. Ça m'a fait penser, bien que je n'y ai jamais mis le pied ni la roue, à Las Vegas, où chaque casino a son spectacle à long terme (nos québécois sont en dessous de plusieurs d'entre eux!). À Branson, chaque hotel a son spectacle permanent. Par contre, on ne vous extorque pas avant ou après!!! Ces jours-ci, c'était le début du spectacle de Pam Tillis. Le prix était même réduit à un niveau ridicule sur présentation d'une preuve de résidence dans les environs en guise de remerciement pour les résidants permanents.
En tout, j'aurai mis trois heures et quarante-cinq minutes pour atteindre mon client. Le centre commercial où il est situé n'est vraiment pas sympathique aux camions pleines grandeurs (truck friendly). Je me suis accroché à peu près partout, à chaque fois où je devais tourner! Toujours un peu trop serrer. Bravo à l'ingénieur qui a conçu ce stationnement sur un centre commercial à fort débit sans penser que ces commerces auront besoin d'être ravitaillé de temps à autre! Je trouve la boutique de mon client, évidemment la dernière au fond dans le coin. Je m'amène à l'arrière, côté camion, et je sonne à la porte. Une éternité plus tard, l'homme qui me répond me dit qu'il est seul dans le magasin et qu'il préférerait que j'amène mon camion en avant, comme ça il pourrait garder un oeil sur la porte tout en ramassant ses kayaks. Je refait donc le tour du stationnement, en m'accrochant partout, pour arriver "du bon bord". Je dépile ses huits kayaks que j'emmène à l'arrière de la remorque afin que lui puisse les ramasser. Le tout se fait dans une quinzaine de minutes. Signer ici, la copie est à moi, les autres sont pour vous, merci, bonne soirée. J'en profite pour jeter un oeil dans sa boutique, puisqu'on en a pas chez nous des comme-ça!
Je dois ensuite ressortir de la ville pour me rendre à mon dernier arrêt, Fort Smith, AR. C'est un client régulier, mais c'est la première fois que j'y vais. Par contre, il est situé sur la même rue que notre autre client régulier, chez qui j'ai souvent ramassé un chargement de retour. De Branson, je rejoins donc la US-65 que je prends sud. C'est une quasi-autoroute, et le bout qui ne l'est pas est en grand travail de contruction. D'ici la fin de l'année, ou de la prochaine tout au plus, ce sera complété! Là encore, la route est très tortueuse, un vrai délice pour deux roues. Au village de Bear Creek Springs, je prends la US-412 vers l'ouest jusqu'à Alpena, où elle se sépare de la US-62 pour poursuivre plus au sud de cette dernière. Cette route est assez étroite, et toujours bien garnie en montagnes et en courbes. Arrivé à Huntsville, je fais une courte pause toilette avant d'entreprendre la AR-23. Dans ces contrées, mieux vaut prévenir que guérir car le stationnement est très rare pour les camions.
La route AR-23 est la route la plus courbaturées que je n'avais jamais vu, ex-eaquo avec la PA-125 dans le bout d'Harrisburg, PA. Bien que la vitesse soit de 90 km/h, il n'y a aucune des courbes qui ne se prennent à cette vitesse. Toutes les courbes sont indiquées pour 40, 50, 60 ou 70 km/h. J'ai même eu droit à quelques unes à 15 et 25 km/h. Le genre de courbe où je peux lire le numéro de la plaque sur ma remorque! J'étais comme au paradis, mais avec 16 roues en trop! J'ai gravi des montagnes dans une section de route en Z à vitesse très lente, pour mieux redescendre de la même façon sur l'autre versant. Plusieurs fois de suite en plus. Ça ne finissait plus. En haut, en bas, en haut, en bas, et ça tourne. La nuit était tombé à ce moment-là, et je crois que c'est mieux ainsi. Je n'aurais pas nécessairement aimé voir les environs. De Huntsville à Ozark, en Arkansas, 80 kilomètres de pure délice, frisant la folie.
Ensuite, de retour sur les autoroutes pour me rendre à Fort Smith, AR pour y livrer mon chargement de plomb.
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