Dimanche soir dernier, j'ai pu me brancher à Internet sur la route pour la première fois. Moment de joie dans mon coeur. Un ordinateur dans le camion, c'est bien, mais sans Internet, c'est un peu triste! Au moins, je peux vérifier mon itinéraire afin d'optimiser mes journées. C'était d'ailleurs le but visé; le reste étant un beau bonus.
Lundi matin, je me suis donc rendu chez mon client, un entrepôt de 99 cents-o-rama. Ben oui, comme tout le monde vend ses cochonneries à un dollar, il en fallait bien un pour trouver moins cher tout en étant pareil... J'étais avant l'heure du rendez-vous, mais pas trop, la veillée précédente s'étant terminer un peu tard (chérie me l'avait bien dit!!!), et en plus, la ou les guidounes (je n'ai vu que la première) ayant cogné à peu près à toutes les heures! Finalement, je n'étais pas bien tombé pour mon camping cette fois-ci. Par contre, c'était le seul endroit qui avait de la place et qui n'était pas "avant" Houston.
On m'avait déjà avisé que mon retour serait à ramasser à Laredo, TX. Ça me faisait un beau rond (mauvaise traduction de "round trip"!) qui à la fin me donnerait une belle paye... mais qui me demanderais en retour un bel effort. Une fois ma remorque vidée de son contenu (44 palettes de compote de pommes en ti-pots), je téléphone au bureau. Tout s'est si bien déroulé qu'il est tout juste 11 heures du matin (heure centrale), l'heure de mon rendez-vous. Techniquement, je suis donc en avance sur mon temps. Dans ma tête, je me dis qu'avec la distance à parcourir, je chargerai à Laredo que mardi matin.
Lori m'attendait à l'autre bout du fil avec une surprise. Ma destination était plutôt Edinburg, TX, pour y ramasser un chargement de melon d'eau. Ça me ramène à l'an passé, à peu près à la même époque...
College Station, TX, melon d'eau, pas prêt, pas ramassé, on voit passé les camions amenant la cueillette de tous les environs, mais "c'est pas notre catégorie"! Mon climatiseur en arrachait, et par chance que mon ami Panthère (qui vole maintenant sous d'autres cieux) attendait avec moi. Lui au moins son climatiseur fonctionnait! Il faisait quelque part entre 35 et 40 degrés Celcius; en haut de 25, je n'ai plus vraiment de notion. Une simple visite à la salle de bain, situé à environ 500 ou 600 pieds du stationnement des camions était épuisante. Quand tu dis chaud... J'y ai passé 34 heures à attendre mes melons! Dont 14 heures avec Panthère... au moins, ça nous faisait mutuellement quelqu'un à qui parler.
Dans la deuxième soirée, vers 21 heures, nous avons vu, et surtout entendu, approcher l'orage. Éclairs et tonnerre se sont mis de la partie. On en a mangé une maudite!!! Tout un squall, aurait dit ma mère. Pendant que ça tombait encore, on se disait Panthère et moi: si tombe la pluie, arrive la boue; si arrive la boue, arrête la récolte (parce que l'autobus va caler dans ladite boue!); si s'arrête la récolte, toé pis moé vont être ici pour encore longtemps. Bon, ce n'était pas exactement ces termes-là, mais le message est le même. Tout à coup, une camionnette se rend à mon camion, puis à celui dans lequel nous sommes. Il est rendu 23 heures, il pleut encore averse. Mon tour est venu, nos plus petits melons sont enfin arrivés! Tous les camions qui restent sont québécois ou canadiens. Tous les américains sont déjà partis. Il faut croire que nous attendions tous les même melons. Assurément la sorte "en spécial".
Revenons à cette année... Curieusement, mon climatiseur en arrache! C'est un signe du printemps. Et des melons... Pourtant, les deux premiers jours de ce voyage, il a fonctionné comme un neuf. Je l'avais fait réparer, car l'air était à peine frais à la sortie. Moi qui ai chaud à rien, le climatiseur est le deuxième élément de mon camion le plus important. Le premier? La radio. Tout le reste à ben beau être défectueux, je serai capable de vivre avec. Parfois les agents du ministère des transports ne seraient pas d'accord avec moi, mais bon, comme ça n'arrive que très rarement que nous ayons un bris...
Je dois donc aller rejoindre la US-59 qui se prend au sud-ouest de Houston. Comme je suis sur l'I-10, coin TX-99, je constate que celle-ci y va directement. En plus, c'est un beau boulevard quasi-autoroute. Je m'engage donc vers le sud. Wow! De chaque côté du boulevard se dressent des châteaux majestueux. Pour le peu que j'y connais, je dirais qu'ils valent bien 500 000$ pièce! Ouf. Chaque intersection constitue l'entrée d'un domaine, lui-même constitué d'une bonne vingtaine (ou peut-être trentaine!) de ces mansardes (il parait que c'est ça le vrai nom de ce type de maison!). Il y en a que les ouragans n'ont vraisemblablement pas trop dérangé!
J'embarque donc sur la US-59 direction sud dès qu'elle se présente à moi. À l'intersection, l'endroit s'appelle Sugar Land. Pourtant, ce sont bien des silos de riz que l'ont aperçoit sur le bord de la route un peu plus loin. Un peu plus loin, El Campo: ça commence à sentir le mexicain (façon maladroite de dire qu'on voit l'influence hispanique!). Puis arrive Victoria. Décidément, il y a des noms de villes qui sont présents dans chaque états et provinces. C'est à Victoria que je prends la US-77 vers le sud. Je la suis jusqu'à ce qu'elle joigne l'I-37, qui va vers Corpus Christi. Je suis déjà allé au bout de l'I-37 pour livrer deux boites. Tellement au bout que j'ai failli tombé à l'eau! Ici s'achève le territoire connu pour moi, au moment où, demeurant sur la US-77, celle-ci quitte l'autoroute pour reprendre la direction franc-sud.
Pendant un court instant, soit jusqu'à Kingsville, il y a traces d'activité humaine: maisons, commerces, industries... Puis, plus grand chose n'indique que des gens y vivent... en fait, pendant une heure et quart, la seule vie que je verrai sera les autres véhicules qui viennent et vont. Et tant qu'il y a de la circulation, c'est signe qu'il y a quelque chose plus loin. Arrivé à Combes, c'est l'heure de la pause souper. Heureux hasard, à l'intersection de la TX-107, que je dois prendre vers l'ouest, il y a un petit relais de camionneurs. Je m'y installe donc pour casser la croûte. C'est quand même bien d'avoir un relais car, dans ces contrées, trouver un endroit pour stationner un camion n'est pas toujours de tout repos! Chanceux dans mon chaud malheur, je peux me stationner à l'ombre d'un autre camion. Parce que c'est bien beau une belle vue panoramique, mais face au soleil, sur la route ou même arrêté, ce dernier en profite pour nous chauffer les neuronnes!
J'ai hésité deux secondes à savoir si je restais là pour la nuit ou encore si je poursuivais ma route, mais mon intuition m'a dit à la fin qu'un dépôt de fruit, ça travaille pour ainsi dire jour et nuit pour sortir les palettes au plus vite. Je reprends donc la route. La TX-107 est une charmante petite route de campagne (pour ne pas dire un chemin de fermiers) qui traverse quelques charmants petits villages éparpillées sur les 45 kilomètres sur laquelle je l'ai emprunté. Le Mexique étant à quelques kilomètres au sud, on sent l'influence des mexicains dans les environs. Tous les commerces ont un nom à consonnance hispanique. Tous les candidats aux divers postes à combler (les élections s'en viennent!) sur les affiches étaient hispaniques. Bref, c'est bien vrai que ce territoire appartenait au Mexique il y lontemps. On a beau leur avoir entré de force un drapeau dans la tête... tiens, ça me rappelle vaguement une histoire de par chez nous. N'a t'on pas déjà dit que l'histoire se répète?
J'arrive donc chez mon client. On m'indique l'endroit où installer ma remorque en me disant que mon tour viendra... Les camions de fermiers amènent les melons à une vitesse folle. Ceux-ci sont triés (les melons, pas les fermiers!) par grosseurs, par variété et par la présence ou non de noyaux. Ensuite, ils sont déposés dans des grosses boites de carton. Si vous faites votre épicerie, ils sont maintenant mis sur le plancher directement dans ces mêmes boites! Pendant que je pitonne sur la télévision à la recherche de quoi que ce soit de pas pire, je tombe sur Lethal Weapon, en version espagnole. Quel chance nous avons au Québec d'avoir maitrisé l'art de la post-synchronisation! Au moins chez nous, on dirait presque que le français est la langue d'origine du film, dans la majorité des cas. Dans ce cas-ci, on dirait une info-pub! Vraiment pathétique! Au moins, je peux me rabattre sur mon nouveau jeu-télé favori: Deal or No Deal. Par contre, comme c'est trop souvent le cas à la télévision américaine, ce jeu est tellement populaire que c'est maintenant diffusé plusieurs fois par semaine. Trop, c'est comme pas assez!
À l'intérieur de deux heures, mon chargement est complété. Je suis content, très content même! Quand il s'agit de nourriture, et encore plus si il s'agit de fruits ou de légumes, la plupart du temps, les temps de chargement et d'attente sont multipliés... Pas de ce cas-ci. Et le bureau m'apprendra à mon retour que les autres chauffeurs à y être allé ont été servi rapidement eux aussi. Bravo!
Après une nuit passé dans le relais de l'autre côté de la rue, je reprends donc la route pour Montréal. 3680 kilomètres sont devant moi. Quatre jours de route, tranquillement pas vite (la seule vitesse que je connais!).
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