Je me suis réveillé un peu tard ce
matin. Enfin, tard dans mes habitudes à moi. Du genre que Sarah est
à l'école et que Caro est au déjeuner avec ses p'tites madames. J'ai
préparé mon dîner avant d'aller visiter les toilettes. Car quand
je commence plus tard, la faim vient plus vite. Je veux bien tenter
de rallier Effingham, IL mais c'est dans deux heures. Me semble que
ça fera un peu loin. On verra...
La route suit son cours... et je n'ai
pas de nouvelles de Marteau. Ah ben! Arrive l'Illinois. Sur la
frontière, en sens inverse, la balance de l'Indiana est ouverte. Il
me semble que depuis quelques mois, ils sont ouverts beaucoup plus
souvent qu'avant. Bon, quand tu roules presque légalement en tout
temps, ça ne te dérange pas vraiment. Ils ont un travail à faire,
à moi de faire le mien correctement. D'ailleurs, si au temps où
tout était permis il n'y avait pas eu autant d'abus, nous ne serions
pas « pris » avec autant de surveillance et de nouveaux
réglements aujourd'hui. Pensez-y les vieux quand vous bougonnerez
après une balance ou un « agent de balance »...
La halte routière de Marshall, IL sera
mon premier arrêt pour le diner. Elle est situé juste après la
balance du côté Illinois qui, elle, est fermé pour rénovation.
Tiens, c'est vrai, mais je ne me souvenais plus. Je ne sais toujours
pas si mon balancement de remorque, qui donne un empattement si
court, est vraiment légal. Mais bon, au diner... j'imagine que sur
la distance qu'il me reste, une balance sera ouverte un jour...
Je reprends la route vers l'ouest
jusqu'à Effingham. Cette ville s'est autoproclamé « la
croisée des États-Unis », car elle est à l'intersection des
autoroutes 70 et 57, donc entre Chicago au nord, Indianapolis et
ultimement Baltimore à l'est, Memphis au sud et Saint-Louis et
Kansas City à l'ouest. Et plusieurs autres villes indirectement, ces
villes étant elle-même des intersections importantes sur la grille
des Interstates américaines.
De là, je fourche plein sud par
l'autoroute 57. Elle m'amènera à ma pause-café à un endroit que
j'affectionne particulièrement dans la ville de Mount Vernon, IL,
Hucks. Hucks comme dans Huckleberry Finn. Le relais qui porte ce nom
comprends un restaurant où l'on mange très bien. Une visite à
l'intérieur me fait constater par contre que ça ne fait que vivoter
là aussi. Avant, la place était toujours pleine de gens en train de
se régaler. Bon, il ne doit pas y avoir juste moi qui traîne sa
nourriture!
Alors que je descends de mon camion, je
voies un autre TJB qui passe sur la route, en direction du
l'autoroute. Il semble partir du Pilot, situé un peu plus loin et de
l'autre côté de la route. Je me demande bien de qui il s'agit.
Marteau, peut-être? Un café, un sac de croustilles de Mononcle Ray
et un chocolat plus tard, me revoici sur la route.
Vers treize heures, j'appelle mon
copain Mao. Paraît qu'il s'en va à Lebanon (il faut bien que
quelqu'un le fasse!). Il me raconte qu'il est parti plutôt tard la
veille, et qu'en conséquence, il a dormi à Mallorytown. Grosse
journée! Mais bon, ça se rattrape! Et avec l'heure et l'endroit où
Marteau était lorsqu'il lui a parlé, c'est lui que j'ai vu à ma
pause. Hé ben... Je suis donc encore plus vite que je l'ai longtemps
pensé. Marteau devrait s'arrêter à Matthews, MO. Mao me laisse
ensuite, car il roule avec Gilbert, un ancien de chez nous, rendu
chez Jovan. J'ai hâte d'entendre le potinage...
Je passe ensuite Marion. La balance, un
peu plus loin, est ouverte. Normal, elle est du genre « tout le
temps ouverte ». Nous en aurons le cœur net. Et eux ont déjà
découvert un faute de frappe dans mon numéro de permis du Ministère
des Transports américain, alors ils sont bon pour chercher des poux.
Donc, je prends la rampe qui m'amène à
la première pesée, celle qui nous pèse en roulant. Peut-être
imprécise, mais elle sert à faire un triage. Tout de suite après,
une flèche indique de quel côté il faut aller. À gauche si le
poids est correct. À droite si le poids est au-delà d'une limite
près de la limite légale, justement. Elle me donne la droite. Je
serre donc à droite. Je me suis toujours demandé si ces pesées
pouvait évaluer la longueur de l'empattement. Car un empattement
plus court réduira peu à peu la limite de poids totale permise.
Mais ce sont des situations qui ne se produisent que très rarement,
alors nous ne sommes pas vraiment familier avec ça.
Je m'avance donc lentement vers la
balance. Après un arrêt, je m'avance sur la balance, en prenant
soin de poser mes essieux moteurs chacun sur sa plaque tel
qu'indiqué. L'Illinois est bien le seul état qui pèse chaque
essieux du camion séparément. Immobile, j'attends la lumière verte
ou le signal sonore. Tiens, c'est vrai, je baisse un peu ma fenêtre
pour écouter. Me semble que c'est long... et le stationnement
derrière qui est rempli de camion, signe que « ça travaille
fort » aujourd'hui. Me semble que c'est long... Bon enfin, j'ai
la lumière verte. Je peux donc considérer que je suis légal
partout!
Ça va mieux lorsqu'on sait que tout
est parfait. En fait, il y a encore une chose qui me chicotte. Hier,
j'ai demandé à Cynthia de me débarrer des beaux dollars sur ma
carte de carburant. Elle m'a répondu qu'elle transférait ma demande
à Jean-Luc, vu qu'elle n'a pas d'accès à nos comptes. Mais voilà,
je n'ai pas eu de confirmation, donc je me demande si cela a bien été
fait. Pas que j'en doute, mais bon, tant que ce n'est pas confirmer,
ça laisse un doute...
J'arrive au Love's de Matthews, MO.
Tiens, un TJB... je suis surpris qu'il ne soit pas de l'autre côté,
au J Volant. Ça doit être Marteau. Je me choisis donc une pompe et
je m'installe pour faire le plein. Comme je me rends au Texas, encore
une journée devant moi et deux au retour avant de rejoindre
l'Ontario, je peux me le permettre. La consigne dit qu'on doit
prendre aux États-Unis que le carburant qu'il faut pour joindre
l'Ontario, où c'est moins cher. En pitonnant sur la pompe pour la
faire démarrer, je constate, parce qu'on me le demande, que Jean-Luc
a bien fait son travail. J'entre le montant...
Après avoir rempli mes deux
réservoirs, et pousser un peu la note pour atteindre 100 gallons
(américains mais quand même...), je me rends à l'intérieur pour
ramasser la facture mais surtout les dollars. De retour au camion, je
démarre et fait le tour de la cour afin de repartir. Tiens, Marteau
est maintenant dans son camion. Il a l'air ben de bonne humeur! Il en
a encore pour quelques minutes avant de partir. Pas grave, comme il
roule plus vite que moi, il me rattrapera en peu de temps. Je l'avise
que de toute façon j'arrêterai pour souper dans une heure.
Je croyais que je me rendrais à
l'autoroute 40... mais j'oubliais que de Matthews à West Memphis, il
y a deux heures, pas une!!! Ça fait longtemps que je n'ai pas mis le
pieds par là... J'ai donc arrêté à la nouvelle halte à
Blytheville, en entrant en Arkansas. Marteau m'a rattrapé juste
avant que j'y arrive. En fait, la halte n'est pas si nouvelle, mais
moi c'est la première fois que j'y entre. Elle est identique à
celle à Texarkana. Magnifique bâtiment en pièce sur pièce.
Internet y est même accessible du camion.
Une heure plus tard, je quittais
l'endroit. Une autre heure, j'atteignais West Memphis, le côté
Arkansas de la ville de Memphis, TN. Je n'ai fait que l'effleurer car
j'ai pris l'autoroute 40 vers l'ouest, en direction de Little Rock,
AR, deux heures plus loin. Pour échapper à la folie des relais de
North Little Rock, j'ai habitude de m'arrêter au relais Valero du
port de Little Rock, beaucoup plus tranquille. Mais là, récession
oblige, il pue. Ben, les toilettes puent. J'imagine que le premier
qui a perdu son travail est le concierge... La prochaine fois, il
faudrait que j’essaie l'autre de l'autre côté de la rue, mais il
y a là encore moins de stationnement! Et de toute façon, j'imagine
que je ne m'en souviendrai plus au moment venu...
Encore un petit bout de route avant de
camper pour la nuit. Je poursuis le contournement de la ville pour me
rendre à l'autoroute 30 qui me mènera à Texarkana. Marteau m'a dit
qu'il camperait à Prescott, à moins d'une heure de là. On ne sait
pas trop combien de temps il reste avant notre client, mais on estime
à deux ou trois heures de Texarkana (on saura plus tard qu'on est
dans l'champ).
Arrivé au milage 62, j'ai le temps
d'apercevoir une petite bête qui courre sur l'autoroute. Ça semble
être... prouttt... un furet! Ma fois, y'a t'il une bête sauvage
quasi identique à un furet? Peut-être un peu plus court, quoiqu'à
95-100 kilomètres-heures, ma précision s'effrite un peu! Repose en
paix, je n'ai rien pu faire...
À la sortie 2, je sors pour prendre la
voie de contournement de Texarkana. J'observe que les viaducs sont en
construction. Un jour, on tournera directement sur l'autoroute. En
attendant, on prend la sortie, une lumière, tourne à gauche,
quelques intersections et voilà, nous sommes sur la voie vers
l'autre bord de Texarkana, direction de la US-59.
Je commence à me chercher un endroit
pour la nuit. Tiens, le Total (qui a changer de bannière depuis, me
semble que c'est un Exxon) ferait bien le travail. Il est justement
au coin de la US-59.
À mon arrivée, je constate en me
remémorant qu'effectivement, il est inaccessible du côté où
j'arrive. Ils ont changé l'entrée justement avec l'arrivée de la
nouvelle voie de contournement. Je devrai donc continuer jusqu'à
Atlanta, TX au Shell. Espérons qu'il y aura de la place...
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