3 octobre 2011

De Scottsville à Boonville - Journée 4


Au matin, je me suis procuré une pizza que je croyais « à déjeuner ». Dans ma tête, je me disais que « ça ne se pouvait pas à six heures du matin que la pizza soit régulière »... Ben oui, ça se peut! Mais comme j'ai commencé par le café, ça ne me tentait plus de payer le café côté dépanneur et d'aller du côté restaurant pour un sandwich... Ça m'apprendra, mais la pizza était quand même bonne, juste drôle comme déjeuner! Mais bon, ma cousine Isabelle s'est élevée en déjeunant avec des affaires louches, pis elle est encore belle comme un cœur, ça ne doit pas être si pire. Tout ça pour dire que sur la route, des fois, on fait avec ce qu'on a...

Avant de m'endormir hier soir, j'avais vérifier dans l'Atlas à savoir ce qu'il me restait comme route à faire. Je étais surpris de constater qu'en une heure, je serais sur place! Wow, un peu plus et j'arrivais avant de m'en rendre compte...

Marteau étant du genre « téléphoneux de client », au point de manquer de minutes sur son forfait, m'avait souffler le chemin. Bon, de mon côté, quand l'adresse dit US-80 est, ça me suffit. Mais il y avait une voie de contournement que je n'aurais peut-être pas pris de moi-même... ce qui m'aurait fait voir un bout de la ville de plus.

Peu avant huit heures, à la belle noirceur, je suis arrivé au moment où les employés arrivaient eu aussi. Et il y en avait du monde. J'ai attendu que le chauffeur du camion devant moi ait fini de s'enregistrer (on est rendu, ça ne presse plus!), mais celui du camion de derrière, assurément pas à sa première visite comme moi, débarqua, se rendit à la guérite, s'enregistra, retourna à son camion, et entra dans la cour pour y prendre son rang. Ah le salop, il vient de me passer devant!

Je me suis donc enregistré à mon tour. La dame m'expliqua la procédure, car en fait, tous ces camions allaient à deux endroits différents. Et moi, j'étais le troisième de ma lignée. Heureusement, car de l'autre côté, il y en avait bien cinq ou six. Mais le mécréant était bien devant moi! Avoir été nerveux, j'eus été deuxième...

Après un peu de temps, mais rien d'anormale, mon tour arriva. Le deuxième camion quitta le quai. Je m'y suis donc rendu, j'ai reculé. Je suis ensuite allé derrière pour ouvrir les portes, puis me coller contre le quai. L'homme revint peu de temps après. Je devais enlever les courroies afin qu'il puisse sortir la bobine. Une fois ladite bobine partie, je devais ramasser le support en bois et le carton de protection, préparant ainsi la place pour ramasser la suivante. J'avais des courroies à rouler ben en masse.

À dix heures, heure de la maison, j'étais vide. Je me suis donc rendu au relais Valero de Marshall, à quinze minutes de là. En m'y rendant, j'ai reçu mon message pour la suite des choses. Je m'en allais à Booneville, AR. Déjà, ça sonnait loin, bien que je n'ai jamais entendu ce nom. Mais bon, avec près de deux heures pour rejoindre le coin sud-ouest de cet état, ça ne pouvait qu'être plutôt loin.

Arriver au Valero, dis-je, j'ai emprunté l'Internet d'un Hotel afin de savoir où je vais. Google Maps parlait de quatre heures! Et ça, il faut tenir compte que c'est en automobile... en camion, on peut ajouter, sur un tel trajet, un bon deux heures, même parfois plus. Le hic, c'est que je devais y être pour avant quinze heures. Comme dans ma tête nous étions vendredi, je me suis dit: "ouf, je ne serai pas là, c'est presque certain!" Dans l'entre-temps, Marteau me contacta: il venait d'arriver chez le client. Donc, pas nerveux, et très confiant en ma Lori, je suis parti. Il était dix heures trente.

J'ai pris une pause à Linden, TX pour diner. Par la suite, je me suis diriger vers Texarkana. Juste au nord, en entrant dans l'Arkansas, se situe la ville d'Ashdown. Là, nous allions jadis, dans l'temps où l'on faisait beaucoup de Texas et d'Arkansas, à l'usine de Domtar pour y charger des boites de papier. Le seul problème, c'était assez long. Aussi, dans la même ville, mais plus dans les terres, je suis déjà allé ramassé deux palettes de pacanes fraiches et neuves. Succulentes! Ah oui, j'avais pu en acheter pour moi même... Cinq livres!

L'Arkansas est un état où l'on trouve de tout: forêts, montagnes, lacs et rivières... Alors en camion, c'est parfois long si on sort des autoroutes. Ce fut le cas cette fois. Et plus ça allait, plus je trouvais que le temps avançait, mais pas moi. Ben, pas mal moins vite en fait.

Arrivé dans la ville de Cove, j'aperçois l'affiche qui m'annonce la ville de Waldron. J'avais remarqué cette ville car c'est après celle-ci que je prendrai le dernier bout de route, environ une demi-heure, avant d'arriver à Booneville. Par contre, moi qui croyait qu'on y était presque, je constate qu'il reste cinquante-cinq miles, soit une bonne heure et des poussières... plus la demi-heure par la suite. Un coup d'oeil à l'horloge et... oh! Je ne serai pas là à temps! Encore deux heures... j'écris donc à Lori pour lui annoncer la nouvelle... parce qu'en fait, elle aura fini sa journée lorsque j'arriverai. "Me reste encore deux heures".

Quelques longues minutes plus tard, mais bon, c'est compréhensible, même le cellulaire ne se rendait pas tourjours et partout dans ce coin-là, la réponse de Lori arriva. Et entre-temps, je me suis rendu compte que nous n'étions que jeudi. Ce qui change tout car si on ne peut pas charger, reste toujours le lendemain matin. Lori m'écrit que ses informations à l'origine étaient erronées, et que c'est ouvert vingt-quatre heures par jour. Je peux donc y aller "lorsque j'arriverai" et je serai chargé. Ouf...

À ce moment, mon stress a tombé. J'ai donc profité du relais de la ville de Mena, AR pour prendre une pause bien mérité. Aucun but précis, juste prendre un petit temps d'arrêt pour relaxer, tout en absorbant le fait que "ça presse pu". Je fonctionne toujours à cheval en me disant que le client me prendra quand j'arriverai, mais en même temps je fais toujours des pieds et des mains pour arriver à l'heure demandé. La journée de la livraison et de la cueuillette est donc toujours une journée de course à relais. Surtout quand on se pense le vendredi pendant le trois quart de la journée...

Maintenant tout relaxé, je pouvais obserser le paysage et la nature paisiblement! Je me suis rendu compte que dans ce coin de pays, il y a une surabondance de Western Star. Normal, il y a beaucoup de transport de bois en longueur. Et comme un Western Star, c'était fait fort... C'était, car ils en ont ben r'pardu depuis que Freightliner les ont absorbés!

Je suis finalement arrivé à Booneville. Google me disait de tourner à gauche, mais la logique de l'adresse me disait que ça devrait être plutôt à droite. En bon disciple de Google, qui en plus me donnait le bon nom de la compagnie, j'ai pris à gauche... Pour me rendre compte évidemment qu'il n'y avait rien à cette adresse!

J'ai fait un demi-tour dans une fourche en triangle. J'ai pris ma fourche un peu courte, faute de vouloir aller revirer à cent kilomètres plus loin (ça m'est déjà arrivé...), alors lorsque les roues de la remorque ont quitté l'asphalte, oh, à peine assez long pour qu'elles descendent un peu trop bas là où il y aurait pu y avoir un peu de garnotte... et j'ai senti que les roues de mon camion ont presqu'eu le temps de patiner alors que la remorque penchait un peu trop. Mais presqu'en même temps, les roues remontaient sur le bitume. Une chance en fait, sinon, je serais resté coincé comme en hiver...

Une fois remis de ma petite émotion, je me dirige vers la ville, la traverse, puis j'arrive finalement à mon client. Il est maintenant dix-huit heures. C'est une grosse entrepôt (enfin, je n'ai pas l'impression qu'on y produit grand chose...). Je m'avance jusqu'à la porte... mais c'est la réception. Je continue jusqu'au fond où semble se situer l'expédition. Semble, parce que ce n'est pas si évident. Au moment de relâcher le frein de stationnement, en entendant le traditionnel "pssshhh", j'ai un sentiment d'avoir réussi ma mission, enfin! Pour le retour, ce soir, on verra et là, c'est vraiment vrai, ça ne presse plus.

J'entre donc à l'intérieur. La dame me reçoit. Je remplis la feuille avec toutes mes données. Tout va bien, mais c'est là-bas l'heure du souper. Alors la dame me dit qu'ils commenceront à me charger dans une heure environ. Bon, tant qu'à moi, d'abord que je suis chargé ce soir, ça ira... de toute façon, je crois que je n'irai pas très loin ce soir... Je retourne dans le camion, et je vais prendre le quai qu'elle m'a assigné. Je peux maintenant officiellement me reposer (entre autre en tapant une partie de ce récit).

Effectivement vers dix-neuf heures, ça commence à bouger. J'ai cherché pendant ce temps, si il n'y avait pas une connexion Internet. mais ce fut peine perdue! Un peu plus tard, la gentille dame me cherchait (car j'étais aller marcher un peu plus loin dans la cour). C'était terminé. Elle m'avait dit d'amener mon code-barre pour pouvoir envoyer les papiers au bureau pour la douane.

Je me suis donc rendu au bureau avec tous mes papiers. Un collant ici, quelques écritures là, la dame met le tout dans le télécopieur. Une fois que le tout est fait, je vais avancer le camion. La dame sort elle-même afin de poser le sceller après que j'aie fermé les portes. Voilà, maintenant, ne reste qu'à me trouver un endroit pour passer la nuit. La ville de Russellville, AR fera l'affaire, à environ deux heures en avant.

Je pars vers l'est. Déjà, rouler vers l'est et le nord, ça sent le retour. Le premier village que je rencontre, et où d'ailleurs je dois changer de route vers le nord porte le nom rigolo de Magazine! Je passe tout droit, mais heureusement, il y a sur ce coin un dépanneur avec un grand stationnement. Je peux donc me retourner sur un dix cennes. Un coup reviré vers le nord, la radio se met à jouer "Driving my life away" (Conduire ma vie...)! Oh que j'ai eu du plaisir sur ma petite route à deux voies... ah, une voie et trois quarts même! Par chance, à l'heure qu'il était, il n'y avait pas grand monde. Le bonhomme avait du gros plaisir...

Un moment donné, Mao me téléphona et me raconta que Marteau, de son côté, avait eu un voyage de retour à Memphis, TN, mais pour le lendemain matin. Il était donc arriver là-bas peu de temps après souper.

Presque deux heures plus tard, j'arrivais au Pilot de Russellville, de peine et misère, vraiment vidé! Une bonne nuit, ça va me replacer...

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