6 août 2007

Turbo 2 Jeff 0

L'autre soir, un samedi avant les vacances, je m'en venais tranquillement pas vite... en camion bien sur...

Le vendredi, j'avais effectué ma livraison, peu avant midi, à La Porte, TX, une petite ville un peu à l'est de Houston. Nous y avons un client régulier où nous y livrons plusieurs voyage par semaine. J'y suis donc arrivé vendredi vers midi, après m'être levée trois heures plus tard que prévu la veille. Un autre de nos camions y était déjà, opéré par Le Perdu. Nous avons échangé quelques mots et, comme lui était déjà déchargé, il partit pour Houston afin d'y cueillir son chargement de retour. Un camion d'un autre compagnie du Québec, probablement avec un chargement du même client, fut déchargé, puis mon tour arriva.

Mon voyage de retour se trouvait... de l'autre côté de l'autoroute!!! Il était déjà tard dans la journée, et comme nous étions vendredi, l'habitude est que la distance se raccourci entre la livraison et la cueillette. C'était la première fois que c'était si près...

Le temps passé chez le client a été un peu long, mais quand même acceptable. Après tout, je pourrais toujours revenir à la vitesse (ou à la lenteur!) désiré une fois sur la route. J'ai tendance à varier la vitesse du voyage de retour en fonction de la vitesse du voyage de départ. Départ en pompier, retour en tortue. Départ en tortue, retour en lièvre (notez que je ne reviens jamais en pompier!).

Me voici donc sur le chemin du retour. Je choisis de revenir via la US-59 qui traverse le Texas vers Texarkana. Puis les autoroutes 30, 40 et 55 en Arkansas, la 57 puis la 70 en Illinois.

Rendu à Effingham, je décide que "J'ai ben mérité une douche!"... Je me rend donc "là où la douche est gratis" pour y exercer mon simili-privilège. En approchant, j'y entend sur la radio CB deux chauffeurs qui arrivent. Ils sont de ma compagnie et, dans leurs cas, se dirigent vers le sud. Ils passeront la nuit ici. Je vais donc prendre une douche, ce qui fait toujours un bien immense lorsque je reviens des chaleurs presque extrêmes du sud du Texas. Cette fois-ci, il faisait dans les environs de 35 Celsius sec. Par contre, dès l'Illinois et plus au nord, il ne faisait que 25 Celcius, mais le taux d'humidité rendant le temps beaucoup plus insupportable.


Une fois bien propre, je reprends la route pour l'heure et demi qu'il me reste pour compléter ma journée. Environ une heure plus tard, l'Indiana se présente. Je commence à évaluer les possibilités d'un emplacement pour y passer la nuit. Terre Haute passe. Quelques minutes après la deuxième sortie de Terre Haute (celle où il y a un Pilot), j'entend un POUF sourd et un peu étrange. L'esprit analytique du camionneur se met en marche. Ça pourrait être une crevaison, mais quelque chose fait que je n'y crois pas. La différence est subtile, mais je suis presque certain que ce POUF n'est pas un POUF de crevaison. Tout en réfléchissant, je jette un oeil à mes cadrans. Tiens, je ralentis (ce qui est louche puisque j'utilise le régulateur de vitesse)... J'avais en même temps décidé de m'arrêter pour aller constater en personne si tous mes pneus son intacts. Je crois de plus en plus que ce ne sont pas mes pneus qui sont en cause. J'allume mes clignotants d'urgence.

En voulant "descendre mes vitesses" pour ralentir le camion, aussitôt l'embrayage légèrement enfoncé, le moteur s'emballe comme je n'ai jamais vu un moteur s'emballer avant. Je tente alors de le réembrayer, mais ce n'est pas évident avec un moteur qui tourne si vite! À ce moment, en regardant par la fenêtre de ma porte, je constate que mon camion est devenu une machine à boucane incroyable... à un tel point que plus aucun véhicule n'ose passer à mes côtés!!! J'essaie maintenant en coupant le contact. Le moteur continue de tourner.

Ne reste qu'une solution à essayer: immobiliser le camion en freinant énergiquement pour étouffer le moteur. Je "saute" donc sur la pédale de frein de tout mon poids. Difficile d'étouffer un moteur de 430 HP qui tourne à environ 3000 tours par minute! Il réussit toujours à tourner, parfois un peu drôlement, mais il tourne quand même. Puis, finalement, il s'étouffe. L'odeur d'huile brûlée est partout. La fumée de dissipant légèrement, la circulation reprend, lentement au début, puis de plus en plus normalement.

Surement le turbo qui a explosé, me dis-je alors. Ensuite, je suis en mausus car, comme à chaque fois qu'un bris mécanique se produit, "ma fin de semaine est à l'eau!". Ensuite, le mode "survit" se met en place. Je commence par installer mes triangles d'urgence à l'arrière de la remorque. Puis, j'avise ma compagnie afin de mettre en branle mon sauvetage. Après avoir raconter mon histoire, j'apprends que ce qui a causé l'emballement du moteur est l'huile à moteur qui était aspiré par le turbo qui continue de tourner même si le contact est coupé. Et un moteur diesel qui fonctionne sur l'huile moteur tournera très vite, ce qui, via le turbo, aspirera plus d'huile, et ça recommence...

Après quelques contacts téléphoniques, j'apprend que ma dépanneuse sera là environ une heure plus tard, pour m'emmener à Indianapolis, soit environ une heure plus loin. Ouf, on peut dire que la nuit sera longue. Je passe donc une heure à jouer au Démineur, à la Dame de Pique et au Spider Solitaire (bouton démarrer, Tous les programmes, Jeux...). Une heure exactement, le camion est devant moi. Au moins, l'homme est ponctuel. Le camion aussi est impeccable. Ça regarde bien.

Un ballet bien orchestré s'enclenche. L'espèce de langue à l'arrière est glissée sous l'essieu avant, qui y est enchainé. Ensuite, la tuyauterie d'air du camion est installé sur mon camion, via les réservoirs. Ainsi, la pression d'air sera maintenue pour le niveau des suspensions ainsi que le fonctionnement des freins. Les freins de ma remorque seront aussi opérés via ceux du camion. L'électricité du camion est aussi relié à ma remorque, électrifiant ainsi toutes les lumières. Reste à enveler l'essieu... ben, l'intérieur d'un des essieux arrière, afin d'empêcher que les roues ne fassent tourner la transmission. C'était la première fois que je voyais cette façon de faire. Tous les autres que j'ai vu avaient plutôt choisi d'enlever une partie de l'arbre de transmission.

Exactement une heure plus tard, nous étions prêt à partir. Ça n'a pas été très long que je suis tombé en amour avec la dépanneuse. C'était un Kenworth T800 très long, avec un moteur Caterpillar. La portée et la puissance de cette machine me semblait incroyable. Avec un poids total d'au moins 55 000 kg (120 000 lbs), le tout parti quasi normalement, comme si de rien était. À peine un petit rebondissement éternel lorsque nous roulions sur des bosses.

Une heure plus tard, nous entrions sur le terrain de l'heureux concessionnaire élu. Après avoir détaché la remorque et correctement stationné le camion, j'ai "signé ici" et nous nous sommes quitté. Je suis allé m'étendre afin de me reposer des mes émotions. M'étendre est le bon mot, car pour pouvoir dire "dormir", encore eut-il fallu que ça dure un minimum de temps... Étendu vers 4 heures (AM bien sur!); réveil à 7 heures et demie!!! "Pour m'enregistrer le plus tôt possible" m'avait dit mon patron.

Avec le temps, j'ai appris qu'un garage ouvert 24 heures par jour ou encore 7 jours par semaine, ça ne veut pas réellement dire quelque chose. J'ai déjà vu un garage où, la nuit, la seule présence dans le garage était un employé sur place pour recevoir les dépanneuses! Celui où j'ai atterri était ouvert à tous les jours, mais la fin de semaine, seul des employés d'entretien général sont au poste. Mais ça, on ne le sait qu'après...

Donc, après avoir enregistré mon camion pour une chirurgie à coeur ouvert, je m'installe dans la salle d'attente pour les chauffeurs. Je me considère un brin chanceux, car au moins, il y a une télévision câblée, des sièges droits et même quelques chaises longues pour fermer l'oeil si ça nous chante. Ce ne sont pas tous les concessionnaires de camions lourds qui sont ainsi équipé!

Évidemment, dans un groupe, on ne choisit pas soi-même le canal à écouter. De toute façcon, Télé-Québec ne se rendait pas, alors tous mes choix étaient donc éliminer. J'ai donc laissé les autres choisir... pour mieux me dire: "je peux pas craire qu'y a du monde qui écoute des affaires comme ça à la télé" ou encore: "y'a un canal spécialisé pour ça???". Ce matin-là, nous avons donc pu écouter le canal Planet Animal. C'est bien rigolo de voir les courses à obstacle et à relais de chiens. Il y avait un petit "Taco Bell" qui semblait voler, c'en était pissant. Aussi l'émission sur les chiens policiers, toujours épatant de voir l'animal réussir à retrouver une personne perdu en forêt. Sauf qu'après quelques heures, on vient à courir après sa queue... et à parler en chien-chien... hihi

Ensuite, ce fut le canal Court TV. Alors là, je décroche. Pour moi, la loi et l'ordre à l'américaine (et maintenant à la canadienne), je n'en ai rien à foutre. Je veux bien endurer un Claude Poirier ou un Jacques Auger par-ci, par là, mais de là à avoir des Judge Judy, Brown, vieux machin, etc. à longueur d'après-midi, et un canal consacré à la cour... y'a une marge! Ben rigolo de voir les médiums (genre Jojo Savard là) aider les policiers à retrouver des disparus, ou éclaircir les circonstance de la mort de quelqu'un, mais après 3-4 épisodes d'affilé, ça vient qu'à faire!

Vers 11 heures, j'apprend que notre Perdu National viendra chercher ma remorque, en échange de la sienne. Il parait que... la sienne presse moins que la mienne! Je poursuis donc mon écoute télévisuelle pour constater jusqu'où le ridicule peut aller... Au moment de manger, je vais chercher mes repas dans le camion, puisqu'il m'en reste encore, pour les chauffer dans le micro-onde commercial du garage. Heureusement, quelqu'un m'avait déjà dit de ne rien mettre dans ces machines plus de 20 secondes à la fois. Une dame qui attendait elle aussi a fait chauffer une soupe, et elle en a perdu la moitié suite à une implosion!!!

La journée s'est passé ainsi, à tourner en rond et à se demander si un jour quelque chose se passerait! L'aviseur technique m'ayant dit au départ qu'il avait devant lui pour environ trois jours de travail, je me disais bien que j'étais pour sécher là. Juste avant 16 heures, je suis allé le voir pour savoir si un jour je m'en sortirais. C'est là qu'il m'a révélé que "aucun mécanicien d'entrailles de moteur" n'était en service un dimanche. Bon, avoir su ça au matin...

Rendu là, autant attendre Le Perdu. Tant qu'à faire, aussi ben aller souper au J Volant (un jour, j'écrirai de tout mon fiel ce que je pense de cette compagnie!!!), faute de mieux à pied. Même pas foutu de cuire un steak... brûlé d'un bord! La serveuse pouvait ben se morfondre pour que je le coupe pour qu'on sache si il est cuit à mon goût... c'était pour mieux cacher la brûlure du dessous!

Le Perdu me téléphona environ une heure avant d'arriver. Ça lui a pris une heure et demi pour se rendre. Ici, il faut comprendre qu'il est pas trop vite. ;) Après qu'il ait échangé sa remorque pour la mienne, quoi de mieux pour clore l'échange qu'une bonne pointe de tarte. Bon, c'est quand même le J Volant, mais au moins, je serai en agréable compagnie. Nous en avons profiter pour jaser un peu et remettre nos potins à jour. Puis, à son départ, je retournai à mon camion sans vie, qui n'avait pas bouger depuis si longtemps.

J'ai donc enfin pu téléphoner au Motel Super 8 afin qu'ils envoient quelqu'un me chercher. Dans le Beau Bon Pas Cher, on ne fait pas mieux. Ma chaine de motel préféré est le Days Inn, mais un Super 8 peut faire l'affaire. J'aime bien l'idée que ce sont des indépendants. Dans ma chambre, j'ai la télévision câblé, un réfrigérateur, une cafetière, deux lits doubles (au cas où j'aurais beaucoup de visites!) et un fer et une planche à repasser! Internet inclus, ainsi qu'une piscine extérieure et le déjeuner.

À l'heure où je suis arrivé, je n'ai fais que me brancher à Internet pour quelques heures... en écoutant de la musique sur le canal de vidéo d'Indianapolis (parce que MTV, comme Musique Plus, n'en joue plus vraiment...)

Le lendemain matin, alors que je dormais... Mon père disait: Y'en a toujours un cris qu'y appelle! Alors à 9 heures, le téléphone sonne. Comme personne ne sait que je suis là, je ne répond pas. Juste avant 11 heures, l'heure où je dois quitter, je m'informe au bureau pour savoir ce qu'eux savent de mon camion. On leur a dit qu'il pourrait (noter l'emploi du conditionnel) être prêt pour 16 heures! Vite, emmener moi au garage, il faut que je vois ça.

Alors c'est reparti. La télé jouera Court TV une bonne parti de la journée. Le temps sera long, très long, vraiment long. Puis, aux petites heures, la facture arrive. Il est 2 heures du matin. J'aurais bien envie de réveiller celui qui m'a dit que je sortirais d'ici à 4 heures, vu que c'est la même personne qui doit régler la facture... mais comme j'ai un respect total pour le sommeil, je n'en fais rien en me disant que "demain ça va faire pareil"! Je demande à l'aviseur qui me tend la facture si je peux la régler demain tout en faisant un beau dodo dans mon camion sur son stationnement. Aucun problème. De toute façon, à cette heure-là, je ne serais même pas sorti de la cour.

Le lendemain matin, je me réveille peu avant le cadran, qui devait sonner pour huit heures. Pendant que je me prépare, le téléphone sonne. Déjà? C'était mon bureau. Jean-Pierre (celui qui "paye") me dit: ne me dit pas que tu n'as pas eu ton camion? Je lui explique ce qui s'est passé. Je lui dit que je vais le recontacter dans quelques minutes afin qu'il puisse régler ça avec le concessionnaire.

Aussitôt payé, aussitôt parti... J'avais très hâte de partir pour arriver à la maison au plus vite. À peine parti depuis deux heures, le téléphone sonne. Lori me demande quand je serai là, à la livraison. - Ben, j'avais l'intention de récupérer un peu. - Il faudrait que tu sois là pour 10 heures demain matin. Ouf, encore une affaire. Me voici donc reparti à la sauvette avec peu de temps pour me "pogner l'beigne" sur la route. Évidemment, j'étais sur place à l'heure dite. Ensuite, je n'avais qu'une envie, m'en aller chez moi au plus vite pour faire n'importe quoi d'autre que d'être dans un camion...

P.S.: ah, et pourquoi ce titre? Ben, c'est la deuxième fois que je "saute" un turbo sur un camion!

1 commentaire:

AeternA a dit...

Maudit tabouerre!! Je sais ce qu'est un turbo depuis seulement aujourd'hui, on a étudié ça dans nos classes. Ça me fera une histoire intéressante à raconter à l'école :P :P :P ;) Bon turbo! Euh.. bon repos! :P