6 décembre 2009

J'ai eu des fleurs!

Des fois, on se fait lancer des fleurs... Des fois, c’est pas mal subtil... Des fois, on ne s’en rend compte que plus tard, tellement c’était subtil!!!

J’avais été assigné chez un client où j’étais déjà allé, du temps où nous tirions pour une autre compagnie, soit avant que TJB ne soit totalement indépendant. Ça ne s’était pas d’ailleurs très bien passé, surtout chez le client de l’autre bout en fait, ce qui m’avait marqué.

Pour faire une histoire courte, disons que le client, un distributeur alimentaire de la ville de Québec (ben, une banlieue) étant trop pauvre pour commander des palettes emballées de pellicule plastique, et en plus étant trop pauvre pour nous décharger lui-même (ou bien de payer un sous-contractant pour le faire), j’avais donc dû, bénévolement bien sur, c’est quand même le monde du transport, replacer six ou sept palettes sur les vingt dont les sacs de riz, qui ne touchaient ni au mur ni à une autre palette, s’était écroulés! En langage de camionneur, on dirait : le voyage a chié! De belles poches de riz de quarante kilogrammes! Osti... marqué à vie je vous dis.

Donc, hier, lorsque j’ai vu le nom du client, et dans la ville de Stuttgart, AR, il n’y a que celui-ci (toute la terre autour étant consacré à la culture du riz), j’ai eu une petite montée de pression. Mais l’indépendance de TJB nous ayant apporté beaucoup de bénéfice, ça se passerait assurément mieux!

Sachant presque où je m’en allais, je me suis présenté ce matin directement à la balance. Il faut savoir que ce client est presque un village en lui-même, un village dans le village, en quelque sorte! On m’indiqua où me présenter, Quai numéro cinq.

Je passai donc sous l’arche avec le nom de la compagnie, une longueur de camion en avant, tournai à gauche, une demi-longueur de camion, les quais sont à droite. Le numéro cinq est le premier, donc le plus facilement accessible. Mais il faut reculer du côté droit, celui où l’on ne voit pas réellement bien, ou en langage de camionneur, "blindside".

Les autres quais sont tous occupés. Je m’avance donc le plus possible, au coin de la cour. Il faut savoir que la cour est tout juste assez grande pour qu’un camion puisse y manoeuvrer, rien de plus, rien de moins. Probablement aussi que les mesures ont été prises du temps ou une remorque faisait quarante-cinq pieds de long... j’arrive avec ma "cinquante-trois pieds". Mon client hier me disait justement que "ça a l’air de ben plus de cinquante pieds, vu du quai"! Et mon Wes’ est passablement long lui-même, bien qu’"un Wes’, ça tourne pas mal"! Autant que nos Volvo, si ce n’est pas plus... Je me dis que j’ouvrirai les portes et déplacerai les essieux une fois bien aligné avec le quai.

Avec l’aide de mon précieux miroir électrique côté passager, je recule comme moi-même n’y arrive pas souvent (et parfois même "du bon côté"). Clic clic pow, au quai, je m’avance en ligne droite, descend pour ouvrir les portes et débarrer les essieux. De retour à bord, j’avance le camion afin que les essieux de la remorque, eux, reculent à l’extrémité du ladite remorque. En quelques minutes, je suis de nouveau au quai, prêt à être chargé.

Au moment d’ouvrir mes portes, mon voisin de quai, un immense Freightliner Classic jaune "long d’même" avec une remorque réfrigérée, revient du bureau et m’aborde :
- Ça ne doit pas être la première fois que tu viens ici, toi?
- Non (sans avoir vraiment le temps d’élaborer)…
- Parce que je t’ai regardé arrivé et reculé; moi j’ai eu beaucoup plus de misère que ça... je me suis repris plusieurs fois.
Moi, dans ma tête: ben, je veux ben croire que je suis déjà venu, mais ça fait si longtemps que ça ne compte même pas. Je dois juste être bon! :P me suis-je en suite dit en propageant le préjugé qui veut que "les américains, ça ne sait pas trop bien conduire un camion"...

On me chargea assez rapidement, car je ne recevais à ce quai que les quatre premières palettes. Le reste étant dans un autre entrepôt (un village, je vous dis!). Je déplace donc mon équipement vers l’autre quai. Je me rends vite compte que mon voisin de quai me suit lui aussi.

Au deuxième endroit, l’espace est beaucoup plus vaste, et la manœuvre se fait "du bon côté", ce qui facilite beaucoup l’approche. Me voici donc à nouveau au quai. Mon jaune voisin recule encore une fois au quai à ma droite, comme la première fois. Je vois bien qu’avec son Classic "long d’même", il doit être plus délicat et se reprendre deux ou trois fois, malgré l’espace disponible. Notez ici, pour les non-familiers (mais ça s’applique aussi aux automobiles), que la manoeuvrabilité d’un camion (ou d’un véhicule) dépend de la marque, du type d’essieu avant (certains ont des roues qui pivotent plus que d’autres) et de la longueur de l’empattement (la distance entre les essieux avant et arrières). Mon copain n’est pas vraiment avantagé en partant sous tous ces rapports!

Une fois que nous sommes tous à quai, la plupart de ceux qui occupaient les quais au premier entrepôt ont fait comme moi et mon jaune copain, je me mets à réfléchir. Et ce n’est que là que je me rends compte que la première fois, j’ai reculé "blind side"!!! Donc, au risque de me vanter un peu (il faut bien que je le fasse, les autres ne le font pas pour moi!!!), je suis rendu bon! :)

Vrai que, au moment de reculer, je ne me pose pas la question à savoir de quel côté je dois aller, ou si ça va être facile ou non. Je me concentre plutôt à calculer la manière de tortiller mon équipement, quel qu’il soit, afin que, comme dirait ma mère parlant de son mot croisé, "ça fitte dans l’trou"...

Ah, et ce client-ci a au moins les moyens d'avoir des palettes enrubannées de pellicule plastique, alors le chauffeur qui aura la chance d'aller le livrer, le retour en fin de semaine m'en dispensant, n'aura pas les mêmes problèmes que j'avais eu la première fois!

2 commentaires:

NONE a dit...

Y a rien de plus chiant qu'un truck qui arrive pas à la bonne hauteur d'un dock ! ARG ! J'ai sacré plusieurs fois à ma job quand le transporteur arrivait avec un 53 pieds pis qu'il devait repartir parce qu'il n'était pas capable de reculer au dock ou quand ils nous envoyaient un truck trop bas pour le dock ... Pfffff !

Tym_Machine a dit...

Si je fais du transport un jour, ce ne sera pas plus qu'avec un petit camion à transmission automatique.

Je doute que ce soit dans mes cordes.