11 novembre 2011

On va à New York - Partie 3


Un bon cinq minutes plus tard, qui en a paru beaucoup plus, je vois reculer l'auto-patrouille. C'est là que ça passe où ça casse, que je me dit. Et sur une semaine de trois jours, deux et demi même, si j'ai un billet, autant dire que j'aurais été mieux au chaud à la maison! Je baisse ma fenêtre du passager. Le policier :
- Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous?
Toujours mieux d'y aller avec la vérité...
- Est-ce que c'est permis que je mange mon souper ici? Dis-je en observant la dizaine d'affiches « Stationnement interdit ».
- Non! Est-ce que tu peux faire le tour? Dit le policier en me pointant l'autre camion.
- Est-ce que ça passe là où vous étiez stationné?
- Oui oui, fais ce que tu veux, mais contourne et va t'en!
Dans ce temps-là, tu ne prends même pas le temps de dire merci, et tu décâlisses! En espérant qu'il n'appelle pas son copain un peu plus loin (mais ça, j'imagine qu'on ne voit ça que dans les films)!

Je contourne et je reprends l'autoroute. En peu de temps, la circulation s'accélère, et un peu plus loin, un halte routière pour camion seulement se présente à moi. Tiens, c'est ici qu'on soupe!

La halte elle-même est barricadée, et sert de local pour la voirie. Et comme ils sont bien gentils, ils ont laissé la section de stationnement pour les camions ouverte. Ça et une toilette bleue, on est bien reçu dans le New Jersey! Tout en mangeant, j'essaie d'évaluer le temps qu'il me faudra pour rejoindre l'état de New York, et donc le Thruway. Ça ne me semble pas loin, mais mes souvenirs de ces environs, eux, sont très loins! En tout cas, une fois bien rassasié, j'ai ben de l'ambition...

Environ une heure plus loin par contre, je n'en ai plus. Je songe à sortir au relais de Mahwah, NJ, au début de la NJ-17, pour voir en même temps si ça existe encore... mais un sympathique moron ne veut pas vraiment coopérer. Je dois donc demeurer dans la voie de gauche, manquant ma sortie, et par le fait même me retrouvant sur la I-87. Au moins, c'est ma route... mais là, je commence à trouver que je pousse un peu ma chance. J'espère qu'il restera du stationnement à la halte de Sloathsburg, NY, parce que la suivante est à trente minutes plus loin, et ça, je n'en aurai pas la force!

J'arrive rapidement à la halte, et j'y entre tout doucement, en surveillant les places libres, où dont le chauffeur semble à « ça » de repartir. Heureusement, il y a une belle place qui m'attend! Je vais à l'intérieur de peine et misère, je cherche la salle de bain (il y a si longtemps que je n'y ai mis le pied), puis me souviens que l'aisance, c'est en fou quand même...

La nuit sera reposante, mais lorsque l haut, sur la mezzanine. Ça me prend tout ce qu'il me reste d'énergie pour faire mon travail puis retourner au camion. Il n'est que dix-huit heures trente! Wow... Journée bien remplie, mais journée dee cadran sonne, bien que je sois loin, je décide d'avancer l'heure du cadran. Mais bon, dans trop le savoir, parce que ce n'est pas évident, et qu'en plus je dors debout, j'avance en fait l'heure et non l'alarme! Je me rendors pour me réveiller que deux heures plus tard, tout surpris...

Je m'habille et je vais à l'intérieur pour un petit café et bagel du Dunkin Donuts (ça fait changement du Tim...). Je constate à ce moment qu'il est plus tôt que dans le camion. C'est là que je me rends compte de mon erreur de pitonnage... mais bon, si j'ai dormi douze heures, j'imagine que c'est que j'en avais besoin!

Je pars donc pour me refaire le New York Thruway dans l'autre sens, un autre vingt-six piasses. En passant dans la halte au nord d'Albany, qui sert de balance et qui était ouverte, je constate qu'un TJB y est en bonne compagnie : une auto-patrouille de chaque côté. Tiens, le camion rouge; c'est Béatrice. Je lance un appel radio, qui reste sans réponse. Bon, un moment donné, elle va repartir et me rattrapper! Ensuite, un arrêt à Wilton, NY afin de faxer mes papiers au bureau pour la douane. J'envoie mes numéros au bureau afin qu'ils puissent vérifier tout ça pour moi pendant que je roule.

Après un arrêt aux toilettes à la halte en bois rond dans les montagnes, et une visite à la balance de presque Plattsburg, NY, je reçois ma confirmation pour la douanes juste avant Champlain, NY, la ville de la frontière mais aussi le dernier relais, Champlain Peterbilt, où je voulais sortir pour un p'tit café. Mais bon, je décide de me rendre aux douanes, j'aurai tout le loisir d'arrêter après.

Le douanier me pose les questions habituelles... et m'envoie au quai pour vérification. Comme les quatre quai sont occupé, je me stationne et je vais à l'intérieur. Les gars qui sont là parlent de un heure et demi à deux heures pour y passer. Ouf... Un douanière finit par prendre mes papiers et me dire de reculer à un quai avant de me faire prendre ma place. Je m'exécute, et comme j'ai le temps, je vais dans la section où se trouve les toilettes et, accessoirement, les machines à cochonnerie.

À mon retour, tout le monde a quitté. Alors j'attends, et j'attends. Un moment donné, un homme arrive et dit :
- Est-ce que c'est vous pour tel client?
- Oui...
- Ah, on vous cherchait tantôt!
- J'étais aux toilettes...
Ils ont donc pu procéder. À partir de ce moment, ça a été raisonnablement rapidement. Je me suis rendu compte que c'était l'Environnement qui nous vérifiait. D'ailleurs, tout ce qui était à quai avant et après moi était de la matière dangereuse!

Une heure et demi après mon arrivée, je recevais finalement mon papier bien étampé pour sortir de là. Tout était évidemment parfait! Je me suis ensuite rendu chez le courtier en douane afin de recevoir mes placards. Je les ai ensuite installé sur chaque face de ma remorque. J'ai ensuite téléphoner à Jean-Luc, afin de savoir la suite de mon voyage : « emmène ça au garage ». À partir de ce moment, je devais me mettre à penser que je transporte des matières dangereuses, ce qui n'est pas évident quand ça fait une journée où tu n'as pas eu à le faire...

Ne me restait qu'à franchir la dernière heure de route qui me séparait du bureau. Ce qui fut fait rapidement, parce que je commençais à avoir hâte de poser mon sac de cuir. Bon, je savais que je ne le poserais pas longtemps au garage, parce que la tradition veut que je poursuive la route jusque chez moi avec le camion. Oui, je sais que je suis gâté! En même temps, c'est parce qu'on a le gros client des voyages pour Lebanon que ça me permet ça. Ça fait autant l'affaire du patron que de moi.

En arrivant au garage, je me suis dit que Béatrice pourrait bien être rentrée elle aussi, ou sinon, avec tout le temps que j'ai passé aux douanes, elle allait arriver avant que je ne reparte. Un coup d’œil dans la cours et je constate que son camion n'y est pas. Facile, car elle a notre seul camion rouge vif!

Je fais mon plein de bon Diesel, puis je stationne mon camion. Martin qui passait par là vient constater que mon alarme de basse tension sonne encore aussitôt que la porte s'ouvre. Je rentre ensuite à l'intérieur afin de voir de quoi sera fait ma rentrée avant que Jean-Luc ne quitte (bon, sur le coup, je n'ai pas pensé que le vendredi, c'est jour de rumba, alors ils collent tous au bureau plus longtemps).

En allant jeter un œil dans le garage, je constate que le camion rouge est là, en pleine opération « entretien »! Retournant vers le bureau, je me dit qu'elle est sûrement encore sur place... Et au même moment, des voix émanent de la cuisine. Je me tourne vers la fenêtre de la porte... pour voir un voyage de foin frisé! ;)

Enfin, je rencontrais la seule et la vraie Béatrice, après tant de discussion par Facebook interposé. Ça fait toujours drôle de rencontrer pour la première fois quelqu'un qu'on connaît virtuellement depuis un bon bout de temps. Une étrange impression de se connaître sans se connaître.

Alors après avoir fait un peu de jasette avec tous ceux qui sont passé par la cuisine, notre quartier général pour la soirée, soit les répartiteurs, les mécaniciens, les chauffeurs de ville qui revenaient de leur journée, et même quelques chauffeurs US qui revenaient tout comme moi de leur semaine, ou la commençait, c'est selon, Béa m'a partagé une partie de son souper, qu'elle avait fait réchauffer pendant tout ce temps. Alors que je m'abstenais de participer à la « p'tite bière du vendredi », vu que techniquement je retournais chez nous, les autres se faisaient plaisir allègrement!

Nous avons évidemment fait connaissance « en personne » et ce fut très agréable. Un moment donné dans la soirée, je suis retourné dans mon camion, et j'ai constaté que Caro me cherchait. Je lui ai téléphoné chez son amie Nadine. Vu l'heure avancée, j'ai décidé de coucher au garage et de partir plus tôt le lendemain matin. Je me devais de partir tôt car, le soir était le souper pour le quatre-vingtième anniversaire de tante Anna. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle ma semaine se compose d'un seul voyage dans la grosse pomme, soit deux jours et demi (parce que ce fut long).

Je suis donc retourné à l'intérieur pour annoncer la bonne nouvelle. Béa suggéra donc que je lui fasse visiter le dépanneur, vu qu'on manquait déjà de boisson! Ça promet pour le souper de noël! Dormant sur place, je pouvais maintenant participer activement... et je n'allais pas me faire prier!

La soirée s'est donc poursuivi jusqu'aux petites heures... c'est long, faire connaissance! Nous sommes passés bien prêt de manquer de bière... il en est rester une seule (que Béatrice a dompté parait-il dès son retour de la semaine suivante)! Ce fut une soirée très agréable... J'ai déjà hâte de rouler avec elle.

Le lendemain... ou devrais-je dire quelques heures après m'être étendu, je me suis réveillé afin de partir faire mon « arrivée ». Je devais prendre une remorque pleine chez TJB, l'amener à notre cour de Lachine, l'échanger avec une vide que j’amène à Joliette. Le tout en espérant, de tôt matin, que le pont Mercier soit ouvert du bon bord (bon, ok, il est maintenant ouvert des deux directions au moins sur une voie) et surtout que le message de sortie ait bien été envoyé. Impossible de se faire voler une remorque à notre cour de Lachine, car même nous tout a fait légalement, on a parfois de la misère à sortir!

Je suis arrivé à la maison juste à temps pour embarquer dans l'auto... Il faut aimer la route!

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