Comme je ne suis pas vite, je publie ce texte avec quelques semaines de retard...
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Aujourd'hui, je repars avec, enfin!, MON camion. On a beau dire qu'un camion c'est un camion pis que l'important c'est en fait la paye au bout de la route, lorsqu'il y a un bris et que l'on doivent en prendre un autre temporairement, on a le sentiment de n'être "pas chez nous". Par contre, avoir un (ou quelques?) vieux camion de trop pouvant servir de bouche-trou permet au chauffeur dont le camion est gravement malade de pouvoir quand même travailler sur la route.
Mon camion de remplacement avait une super tenu de route, une super suspension: une Hendrickson. Au milieu des deux semaines où je l'ai conduis, on lui a même ajouté des pneus neufs à l'avant, ce qui améliora encore plus la "conduite". Wow, époustouflant! Suspension Hendrickson et pneus Michelin, une combinaison exceptionnelle.
Sur mon camion régulier, la suspension de série (une Airliner de Freightliner, achat de compagnie oblige) a été choisie. Le comportement routier est passablement moins bon. Avec une remorque, la différence est présente, mais somme toute assez subtile. Par contre, sans remorque, ça brasse comme une vieille Civic... À preuve, celui qui a ramené mon camion de Détroit Diesel à Montréal a fait tombé tout un paquet de feuilles, papiers, photos et autres cossins des tablettes au plancher. Argh! Il faut y aller d'extrême douceur avec mon camion... et ne venez pas me dire que ce sont les routes... aux z'États, c'est la même mausus d'affaire!
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La semaine dernière, alors que j'étais encore à la maison, mon patron me dit que j'aurai à ramasser mon camion chez Détroit Diesel, pour le ramener au bureau, afin de remettre mes choses dedans (que j'avais laisser dans le vieux Wess'), pour ensuite aller chercher une remorque dans le village voisin (plus au sud, sur la frontière de l'état de New York) chez un bon client, pour ensuite me rendre à la douane de Chateaugay, NY et me rendre dans la Pennsylvannie pour y faire ma première livraison. Ouf.
J'aurai près de 600 miles à faire, avec un rendez-vous (et c'est de la nourriture donc, pas de jeu possible!) le lendemain matin pour 7 heures. Je suis donc "dans l'jus" avant même de partir de chez moi. Je devrais dire que je n'ai aucune minute à perdre, car à ce moment-là, comme dirait l'autre, "ça se pouvait encore". Mais je ne savais pas l'avenir, ben évidemment.
Car ça a évidemment dégénéré. On dirait qu'à chaque fois où le temps est compté, c'est là où tout se donne le mot pour nous retarder. C'est pour ça qu'en temps normal, il ne faut pas faire par exprès pour perdre notre temps... même si ce sera dans ce temps-là que nous arriverons d'avance, avec ben du temps "libre" (et ne pas confondre temps libre et possibilité de perdre son temps).
Donc, nous partons tous, en famille, vers Montréal. Arrivé au garage, je récupère mon camion (enfin, on me le donne), je l'approche du Bleu (mon automobile), je transfère mon bagage hebdomadaire dans la couchette, j'embrasse mes femmes, et elles s'en retournent vers la maison. Je classe un peu mes choses, en étant tout content de retrouver MON camion. Puis, je pars enfin. J'embarque sur la voie de service, j'enclenche les vitesses. Puis, à peine arrivé au deuxième palier, le téléphone sonne. Excuse-moi chérie, mais ma première réaction est:
- Weyons câlice, elle vient juste de partir, veux-tu ben me dire qu'est-ce qu'a veut! (remarquez le bel accent saguenéen...).
Pourtant, en me disant cela, je saisis mon téléphone pour voir qu'en fait, c'est l'bureau! On me dit que mon camion a encore une légère fuite, découverte après l'essai sur route, et qu'il serait bien illogique de reprendre le camion pour le leur retourner dans une couple de semaines. C'est vrai que, comme aurait dit ma grand-mère: ce serait jouer dans notre pisse! Par contre, répondis-je, c'est que je suis maintenant à pied, ma meilleure blonde étant repartie...
On va aller te chercher, qu'on me répond... Ouf, une autre heure chez l'iâbe! Je commence donc à dépressionner, pour prendre de l'avance! Moins d'une heure plus tard, Jean-Pierre arrive. Je retransfère tout mon bagage dans la camionnette de la compagnie, et nous partons vers le bureau. Tant qu'à faire, autant arrêter chez l'imprimeur pour ramasser une couple de boite d'étiquettes pour la douane. Juste en passant...
J'arrive au bureau. Mon ami Grenouille est là, avec son épouse. Comme c'est l'heure, nous allons diner tous ensemble (après que j'aie tout retransférer encore une crisse de fois mes ostis de cossins!). De toute façon, il faudra bien manger bientôt, autant le faire au village en agréable compagnie. Mon patron trouve qu'il est tard pour moi et mon voyage... moi aussi, mais je ne suis pas répartiteur.
Après un bon diner, je finis par partir pour aller cueillir ma remorque. Je me rends chez notre client, qui a plusieurs entrepôt dans le village voisin. Je passe devant une de nos remorque dont je n'arrive pas, en roulant, à lire le numéro. Je continue vers l'entrepôt principal, là où je suis certain que quelqu'un de vivant sera présent pour me répondre, mon temps étant de plus en plus compté! Évidemment, le "vivant" en question est bien gentil, mais il est au courant de rien! Il doit faire deux appels téléphoniques avant de me dire que la remorque que j'ai vu est bel et bien celle-là qu'il me faut.
Je reprends la route pour revenir sur mes pas de moins d'un kilomètre (mais en camion, c'est toujours long). J'accroche la remorque, je ramasse les papiers dans le nez (dans la petite boite à cette effet) et je me dis que j'ai probablement quelques choses à signer et à laisser au client. J'entre à l'intérieur, j'attrappe (?) l'employé pour me faire confirmer que je n'ai rien à laisser sur place (paperassement parlant bien sûr). Je fais le tour de la remorque et me voilà parti vers le sud pour rejoindre la douane.
Juste avant d'arriver, la montée est assez abrupte, et c'est à pas de tortue que je m'approche du territoire douanier. Je dois m'arrêter à une centaine de mètres parce que des cônes bloquent l'accès. Le "côté canadien" est en train de passer un camion aux rayons X alors ils ont installé un périmètre de sécurité. Un douanier se tient à côté de moi. J'en profite pour lui demander si la douane du "côté américain" est bien celle de Chateaugay. Il vérifie avec ses confrères par radio, car il n'est pas du coin... pour me répondre que non! Sti... comme si j'avais le temps!
Je choisis de reculer jusqu'à l'intersection précédente (environ 1 kilomètre) plutôt que de demander aux z'amaricains si je peux me r'virer sur leurs terrains. Je suis à peu près sur qu'il n'y aura de toute façon pas plus d'espace que de ce côté-ci. Et depuis le sti-d'onze-septembre (jour où les américains sont devenus fous), ce ne sont plus des affaires à faire! Par chance, à cette heure, il n'y a pas eu une seule automobile sur mon chemin.
Je finis par me retourner, pour revenir de quelques kilomètres sur mes pas (encore!). L'intersection que je dois prendre est en angle aigu (style à l'envers) et, bien sur, un véhicule est stationné "là où ça fait mal" ou encore, juste à la belle place que "si y'était pas là, j'aurais de la place à bien passer". Bon, il ne faut pas s'arrêter à la configuration du terrain, mais plutôt travailler en conséquence et réussir à passer. J'effectue donc la manoeuvre serré, en passant très près dudit véhicule. Au bout de ma remorque, la dénivellation fait que "toutte vient toutte croche", tout tordu. Mais, "c'est faitte fort" et l'équipement survit. Il suffit d'y aller très lentement, et en douceur.
Quelques minutes plus tard, je suis à la bonne douane, celle de Chateaugay, NY, au sud de Huntingdon en fait. Un camion Robert y est à mon arrivée. En peu de temps, un autre Robert est en arrière de moi. Pendant que je me rend à l'intérieur pour y faire traiter mes papiers, on inspecte les entrailles de mon camion. En resortant, la douanière me dit que sa mère habite toujours dans les environs de Bedford, PA, là où je m'en vais! C'est fou, les américains sont tellement mobile comme peuple, à l'intérieur de leur pays, qu'ils ont toujours une relation dans le coin où tu t'en vas.
J'emprunte la US-11 vers le sud pour aller joindre la I-81. Cette route me rappelle des souvenirs de mon ancienne vie. J'ai tellement souvent emprunté la US-11 dans le sens inverse pour y amener des billots à Huntingdon, dans une usine de bâton de hockey. Et j'adore lorsque le travail m'amène dans des chemins hors des sentiers battus (lire: prendre une route que je n'utilise pas fréquemment). Après 3 heures de routes, j'arrive enfin à Watertown, NY, là où la US-11 rejoint la I-81. Trois heures pour 200 kilomètres! Vive les autoroutes quand ça presse!
Après un bon Rock Star (hey hey A wanna be a rock star!), un sandwich et un chips (un souper de camionneur!), je repars via l'autoroute pour aller dormir le plus loin possible. Plus j'en ferai ce soir, moins il en restera pour demain matin (ou cette nuit, c'est selon!)...
Je décide de camper à Harford, PA pour la nuit. En fait, pour un semblant de nuit. Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi (attention: professionnel en action, n'essayez pas ceci à la maison!) avec un rendez-vous pour sept heures demain matin. Au petit matin, je me réveille et constate qu'un autre camion de ma compagnie, un des deux autres identiques au mien en plus, est stationné tout juste à côté de moi. Ce n'est pas dans mon habitude de réveiller les gens, et à cette heure-là, je me ferais probablement tuer sur le champs, peu importe de qui il s'agit!
Me voici reparti dans les côtes de la Pennsylvannie. À sept heures trente, avec à peine un peu de retard, j'arrive chez mon client, tout heureux d'être content. Une fois ma remorque déchargée, je constate qu'un autre camion prend ma place au seul quai de disponible. Parfois les rendez-vous ne servent qu'à ce que tous les camions n'arrivent en même temps; ça semble être le cas cette fois-ci.
Mon chargement de retour est pour Minerva, OH. Bon, encore une place au bout du monde alors qu'un bon dodo ferait tellement de bien! Je reprends donc la I-76 jusqu'à Pittsburg, où je bifurque pour traverser la ville pour aller rejoindre la US-30. Je passe donc par le coeur de la ville, en longeant l'une des rivières, pour prendre un pont en angle droit qui m'amène directement dans un tunnel! Cette ville, construite sur un Y de rivières dans une zone très montagneuse est en quelque sorte une merveille d'inginérie routière. Les nombreux ponts et tunnels sont fascinants. D'un autre côté, ça ne prends pas grand chose pour bloquer tout ça! J'ai fréquenté ces environs plusieurs fois dans une autre vie.
Une fois rejointe, la US-30 devient une petite route à deux voies. Encore un peu de bonheur devant moi! Sur la carte, je constate que je ferai une toute petite incursion par la Virginie Occidentale. Wou hou! Ça n'arrive pas souvent. Mais ce sera quand même ma deuxième visite cette année dans cet état. Curieux quand même! La route est sineuse, toute en côte. Le paysage est magnifique. Puis, arrive une intersection. Le genre d'intersection en Y où, peu importe le côté où l'on va, le besoin de ralentir est faible... En un éclair, je prends à droite. Je viens de m'auto-fourrer! Évidemment, je ne le sais pas encore! À vu de nez, la route semble s'être rétrécie. Mais, tout comme à Montréal, ils m'énagent les pancartes, alors je ne sais pas si je suis sur la bonne voie ou non...
Je roule à travers monts et montagnes pendant presqu'une demi-heure avant de recontrer un endroit où je peux stationner mon véhicule. Un autre Y, où j'ai pris à gauche pour aboutir sur un stationnement de restaurant. Je sors et pars à pied jusqu'à la série de pancartes que j'aurais dû voir, n'eût été que je me concentrais sur un stationnement! Je prends note des numéros de routes et je retourne à mon camion. Je sors la carte pour constater l'étendue des dégâts. Effectivement, j'ai mal-fourché au premier Y! Mince consolation, je suis présentement du bon côté pour retrouver le droit chemin... Par contre, je ne passerai pas en Virginie Occidentale. On ne peut pas tout avoir.
Je repars. En peu de temps, j'arrive dans un village où seule deux entreprises monopolisent tous les habitants: une usine du côté gauche de la route, et une source d'électricité du côté droit. Difficile à dire, mais je crois bien que c'est un réacteur nucléaire. Un étrange sentiment de "p'tit bras qui m'pousse dans l'front" m'envahit. Le pont que je dois prendre pour enjamber la rivière passe entre l'usine électrique, tout juste à côté de la turbine. Je peux voir l'eau qui coule pour la refroidir. Je suis tout prêt.
En sortant du pont, je rejoins puis traverse une ville. De ce côté de la rivière, une usine d'acier (semble-t'il) consomme le courant produit de l'autre côté. Une ville d'acier ressemble à une autre ville d'acier dans les environs de Pittsburg: même genre de maisons, même saleté, même odeur. Et je dirais quasiment que les gens ont le même allure! Probablement que toutes ces usines, et donc toutes ces villes, ont été bâties en même temps.
Passé cette ville, je rejoins la US-30 qui est devenu presqu'une autoroute. J'en ai encore pour moins d'une heure. Lori m'a dit que je devais me peser avant d'arriver, car je devrai avoir un poids avant et un poids après. Ouf, je ne suis pas tellement dans la civilisation par ici. Par contre, je me dis qu'avec autant d'agriculture, il devra bien y avoir une meunerie quelque part, et qui dit meunerie dit balance. On verra bien.
Effectivement, peu avant d'arriver chez mon client, dans le village de Kensington, OH, une entreprise de services agricoles (genre engrais) attira mon attention. À mon arrivée dans la cour, un homme vient me voir. Je lui demande si leur balance fonctionne et si je peux me faire peser. Bien sur. Il va avertir l'employée. J'embarque sur la balance et, via le haut-parleur, elle me dit qu'elle a effectué l'opération. Je recule mon camion et je vais la voir à pied pour avoir mon billet. Wow, quelle beauté! (héhé, maudit gars!!!) Je la remercie pour ses bons services, je retrouve mon camion et je reprends la route.
Arrivant dans la ville de Minerva, je dois me trouver un stationnement pour pouvoir m'informer à savoir où se situe mon client. Ça fait parti de la joie de ne pas avoir son propre camion (mon ordinateur est dans mon camion régulier, car je n'ai pas d'électricité dans celui de rechange). Je vois un stationnement improvisé avec deux camions juste à côté d'un Dairy Queen (la diarée de la reine!), alors je tourne en catastrophe pour y accéder. Après avoir immobilisé mon camion, j'entre à l'intérieur. La préposée ne sait pas trop comment m'expliquer, alors une autre charmante dame prends le relais. Se servant avec aisance de son décolleté plongeant, elle m'indique que je n'ai qu'à prendre à gauche au Y, mais que c'est un peu louche que j'ai a me rendre dans ce coin en camion. Ce doit être dans l'ancienne usine Machin qu'elle me dit, juste avant le rail de chemin de fer.
Avec tout la misère du monde (ben, j'exagère un peu, disons que c'était plutôt serré), je tourne sur le boulevard Grant (nommer ça un boulevard, c'est de l'optimisme majeur), pour avancer en douceur. J'entrevois une usine sur ma droite, alors j'entre dans le stationnement. Un homme sort et vient à ma rencontre. Après lui avoir demandé si je suis bien à la bonne place, il me demande si j'ai mon poids "à vide". Je lui tends la feuille. Il m'indique une porte où me reculer. En environ un heure, il aura entré plusieurs boite de plastique en granule, du type "usagé pour recyclage". Ensuite, il m'indique où je dois aller pour me peser "en charge", dans une usine de déchiquetage de pneus. Moi qui croyais que je reverrais la dame de Kensington. Snif! Je dois tourner à gauche au Y (le même d'où je suis arrivé), puis dans 5 miles, sur la gauche, je verrai l'usine en question. Il me fera tous mes papiers à mon retour, avec le poids corrigé.
Je pars. En sortant du village, la route devient immédiatement tortueuse. Cela rend difficile la recherche d'affiche de compagnie où de numéro d'adresse. À peine parti, je vois ma balance... évidemment trop tard pour y entrer. Une expression que nous utilisons souvent en camion, en pointant vers en arrière de nous, est: C'tait là! Comme nous ne pouvons pas nous arrêter en catastrophe assez vite pour la plupart des situations, il arrive régulièrement que nous ayons à aller nous retourner plus loin afin de revenir sur nos pas. Parfois, ce n'est pas évident et il faut aller assez loin pour ce faire. Cette fois, ce ne sera pas nécessaire. Un kilomètre plus loin, il y a une cours où je peux manoeuvrer pour changer de cap et revenir sur mes pas (décidément!) pour me rendre sur la balance. La dame me remet un billet avec mon poids avant et après (elle m'a demandé mon poids à vide et l'a entré à la main). Elle me souhaite même bon retour au Canada (certaines personnes ont le sens de l'observation...)! Je préférerais me faire souhaiter bon retour au Québec, mais c'est une autre histoire.
De nouveau chez mon client. Avec tous mes poids, il peut me faire toutes mes factures. Il m'explique, et il le calcule devant moi, que leur balance pour les palettes semblent avoir un désajustement, car leur poids calculé n'arrive pas avec le poids pesé. En me remettant mes papiers, il m'indique qu'il n'a pas de télécopieur, alors je devrai m'arranger par moi même. Pas grave, vu l'heure qu'il est, je ne passerai certainement pas la douane aujourd'hui! Je communique à Lori et me voici reparti.
Mon chemin de retour est de reprendre la US-30 vers l'est, d'aller joindre la OH-11 via la OH-154 est, de prendre la OH-11 vers le nord jusqu'à la I-90 vers l'est, puis la I-81 vers le nord jusqu'à l'Ontario. Je suis parti depuis peu de temps lorsque le téléphone sonne. Mon patron, qui m'avait dit qu'il me ferait envoyer une remorque "sur la 401" afin que je fasse deux voyages, est à planifier la chose. Nous convenons d'un point de rencontre. Mon confrère dormira à la frontière du Québec et de l'Ontario, chez Réal Truck Stop pour tout dire! Je suis bien content de voir que ma semaine qui a drôlement débuté finira par faire quelque chose de bien malgré tout.
Mais je dois donc revoir la fin de mon chemin. Plutôt que de me rendre jusqu'à la I-81, je devrai bifurquer vers Buffalo, passer la douane du Pont de la Paix, contourner et traverser Toronto, pour rencontrer mon copain et échanger nos remorques à Bowmanville, ON. De là, il me restera une journée de travail pour effectuer ma livraison à Plano, IL. Ce client est ouvert en tout temps, et notre "voyage de retour habituel" aussi (à tout le moins le soir), alors, rien ne presse.
Je roule pendant une heure trente environ pour joindre le Pétro de Girard, OH. Je peux alors envoyer mes papiers au coutier en douane. Normalement, c'est Lori qui s'occupe de tout ça, mais lorsque nous chargeons un peu tard, et-ou que nous avons a traverser la frontière tôt le matin, il faut revenir à l'ancienne mode (beaucoup de compagnies fonctionnent toujours comme ça, nous nous considérons chanceux!) et le faire soi-même. Je remplis donc les papiers correctement, puis je les envoies au courtier. À l'heure qu'il est, soit un peu après souper, il semble que ce soit l'heure où tout le monde envoie ses papiers. L'appareil du courtier ne fournit pas à imprimer ce qu'il reçoit. Je pars donc sans savoir si ils ont au moins reçu mes papiers. Car depuis peu, non seulement il faut que les papiers aient été envoyer, reçu et traité, mais nous devons en plus avoir avec nous un numéro de transaction "long d'même" qui démontre justement que tout a été fait correctement. Avec ce numéro, même si l'informatique est plantée, le douanier sait que "tout est correct", et alors il nous envoie la main.
Deux heures et demi plus loin, je m'arrête pour vérifier mes papiers par téléphone. Je suis à Angola, NY, dans le centre de service situé sur un ilôt au centre de l'autoroute. Pour y accéder, nous devons emprunter un pont piétonnier au dessus de la voie rapide! L'économie substancielle vient du fait qu'une seule halte peu servir les deux sens de l'autoroute. Je téléphone au bureau de mon courtier de douane. Je lui donne mon numéro d'identification du voyage (lui aussi "long d'même"), et la dame vérifie, me dit que "tout est ben beau", et me donne mon numéro de transaction.
Comme je pète le feu, je décide de poursuivre la route, au moins jusqu'aux douanes. D'autant plus qui il y a un nouveau relais de camion qui a ouvert récemment à quelques kilomètres seulement du pont. Mon patron a bien voulu me "crinquer sans trop le dire clairement" afin que j'aille coucher directement à Bowmanville, mais "heille là wo", on verra...
L'avantage lorsque j'arrive tard aux douanes, spécialement en ces temps de "bizarre-économie-dû-à-un-dollar-parti-à-la-hausse-à-une-vitesse- de-malade", est qu'il n'y a à peu près personne. C'est le cas cette fois. Je m'avance jusqu'à la guérite qui se libère en même temps que j'arrive. Bonjour, zip zip, bonsoir. En un coup de lecteur de code-barre, toute l'opération est faite. Je m'avance à la guérite suivante pour payer les frais pour le pont. Puis, je me rends, un peu à tâton, jusqu'à la sortie pour le nouveau Ultramar. Il est minuit.
Après une visite des lieux (beau site), je me procure un café pour tenter de poursuivre ma route. Je me rendrai jusqu'au Relais Routier (Esso) situé un peu avant Hamilton. Ouf. Aussitôt stationné, la fatigue me gagne.
Le lendemain matin, je pars tôt (trop tôt pour rien, mais comme je n'ai pas parlé à mon confrère la veille...) afin de me rendre à Bowmanville. Évidemment, je dois faire comme si j'entre à Toronto. Et avec la configuration des autoroutes, je le répète trois fois! Peu après huit heures, je téléphone à Morue, le chanceux qui m'amènera ma remorque. Il m'apprend qu'il partira à huit heures trente. Je peux donc l'attendre pour midi trente environ. Ça adonne juste bien avec mon voyage (celui qu'il m'amène), pour Plano, IL, qui me prendra une journée.
À mon arrivée, je m'installe au lit pour finir la nuit que j'ai écourtée. Dès midi trente, une Morue cogne à ma porte. Déjà, me dis-je en bougonnant! L'échange de remorque est vite fait, suivi bien sur d'une mise à jour des potins.
Je me rends ensuite à Détroit pour y traverser les douanes. Je poursuis par la I-94 vers Chicago. Arrivé à Marshall, j'entends parler par la radio que l'autoroute est fermé pour cause d'accident. Je décide donc de sortir à la sortie 92 pour une visite de l'arrière-pays. En passant sur le viaduc, je constate que la file de véhicule est quasi rendu jusque-là. Je roule pendant un temps au pif, longeant l'autoroute dans des rangs pas nécessairement recommandables pour un camion. Au moins, je ne croise ni ne suis personne. Pendant un long moment, je suis tout seul dans mon petit chemin perdu. Puis, évidemment, je rejoins la meute qui tente de faire le tour du bouchon. À ce moment, la vitesse devient à pas de tortue. Alors que je regagne l'autoroute, la fatigue a fait son oeuvre. Je décide donc de camper à Benton Harbour, MI, au petit Mobil sympathique.
Je me lève en pleine forme pour finir le bout de chemin qui me reste. Dès huit heures, j'avise Lori que je serai chez le client vers treize heures pour y échanger ma remorque pour la vide qui y est depuis une semaine. Tout le monde est content et la vie est belle.
En quittant l'autoroute à Morris, IL, je sens que la fin approche. Dans la ville de Yorkville, il y a des travaux qui ralentissent énormément la circulation. N'empêche que je réussi quand même à atteindre mon client, à retrouver ma remorque vide (ce n'est pas toujours évident vu l'immensité des stationnements) et je contacte Lori pour la suite des choses.
Je suis envoyé à Chicago Heights, IL, une banlieue au sud-est de la ville de Chicago. En m'y rendant, je me fais raconter que ce sera long... Tant qu'à faire! À mon arrivée, on m'indique une porte. En fait, on me donne une dizaine de porte en me disant d'en prendre une qui sera libre. Premier problème, toutes les portes sont prises. J'attends donc que l'une d'elles se libère. J'y place ma remorque et, comme indiqué, j'entre à l'intérieur attendre qu'on m'appelle.
Un peu plus tard, l'opérateur vient me chercher car je dois être sur place pour compter mon chargement à mesure qu'il est chargé. Je m'aperçois à ce moment que je ramène des croustilles. Des "Kettle Cooked" en plus, mes préférées! L'homme m'indique que je dois compter les caisses, qu'il le fera lui aussi, et que si nos totaux concordent, je pourrai partir aussitôt mes papiers complétés.
À chacune des palettes, il me dit donc le nombre de boites qu'elle contient. J'inscris sur ma feuille. Tout se passe bien, et rondement. Au final, j'additionne, et lui aussi. Je lui donne mon total... Il me dit un autre chiffre. Il recompte et commence à bougonner (probablement en pensant qu'il devra décharger la remorque complète pour recompter), puis se rend compte de son erreur. Il me dit que j'ai raison! Ouf! Nous nous rendons au bureau, où mes papiers sont complétés en peu de temps.
J'ai donc ramené le chargement sans trop de problème (il était temps!) à Montréal...
Le chutney de mangues mures.
Il y a 1 heure
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