26 juin 2010

Un excellent restaurant!

J’adore la Louisiane. Pour l’histoire des cajuns, si proche de la nôtre. Peut-être aussi parce que c’est une vision notre future, n’en déplaise aux immobiles de la langue…

Toujours est-il que récemment, nous avons une recrudescence de voyage à destination de Lake Charles, LA. Comme pour les Lebanon, TN, qui viennent du même client, je crois que j’en ai plus que ma part, et pour la même raison : j’habite à deux pas de l’usine qui nous les fournit! Je ne m’en plaindrai surtout pas, si ce n’est qu’ils sont trop pompier (ça, ce n’était pas grave jusqu’à ce soir!). J’adore ce secteur. Il y en a pour qui c’est la Californie… moi c’est la Louisiane (et le sud du Texas, et le Mississipi, et l’Alabama, et pour finir la Géorgie). Le sud-est américain, quoi! Moins glamour, mais plus humain… enfin, je crois.

J’ai toujours su, par science infuse, qu’on mange très bien en Louisiane. Probablement parce qu’il y a là-bas moins de « restaurants à chaine » et plus de restaurants indépendants. Je rêve encore d’aller manger chez Landry, chez Bergeron ou chez Préjean! Ou de tomber sur un souper-spectacle! Parce qu’en plus de la bonne bouffe, j’adore la musique cajun.

Encore faut-il en avoir le temps… et y arriver à l’heure des repas. La pêche étant aux cajuns ce que les beleuets sont aux Jeannois, il faut bien sur aimer les fruits de mer pour apprécier la cuisine cajun. Il y a quelques voyages, je suis passé à côté du buffet fruit de mer du vendredi au Kings Truck Stop d’Iowa, LA. La religion catholique voulant qu’on s’abstienne de manger de la viande le vendredi, il n’est pas rare de trouver poissons et fruits de mer dans les buffets du vendredi chez l’Oncle Sam. L’aviez-vous remarqué? Vous en savez maintenant la raison (ceci dit pour mon jeune public!).

Tout ça pour dire que je fais un spécial restaurant lorsque je traverse la Louisiane. À la recherche de la bonne bouffe. Aussi pour les Hooters, mais c’est très rare qu’un stationnement digne de recevoir un camion et sa remorque est situé près d’un Hooters. Ça fait longtemps d’ailleurs pour le Hooters… Tellement pas souvent « lay-over »…

J’y arrive! Ayant livré à Lake Charles mes boites vides, je me vois assigné, contrairement aux derniers voyages où j’ai rechargé à Lake Charles même, un chargement pour Port Neches, TX. Wow, je suis tout emballé : un changement! Même notre voyage préféré finira par devenir routinier! Je commence dès lors à chercher dans ma célèbre mémoire où je pourrais arrêter manger. Je me dis qu’entre Orange, TX et Port Neches, TX, il y a toute une panoplie de restaurant, alors je devrais bien être capable de trouver un stationnement. Hé ben non, j’avais tort! Par contre, juste avant d’arriver à mon client, une façade avait attiré mon attention : Larry’s French Market & Cajun Cafeteria. Dans ma tête, un « market », c’est un marché. Je me dis : ça doit être une épicerie avec un endroit pour y manger. Je poursuis ma route au-delà de la rue de mon client, afin de me rendre au village. Peine perdu : il y a bien quelques restaurants, mais toujours le problème de stationnement.

Je décide donc de revenir sur mes pas et d’aller « squatter » le stationnement en face de chez Larry. Il y a trois stationnement chez Larry : à chaque bout de la bâtisse, ainsi que de l’autre côté de la route. C’est ce dernier que je choisis. Et il doit servir, ce stationnement : une traverse piétonnière, avec bande peinte et feu clignotant y est disponible!

Je traverse le boulevard et j’entre. À ma surprise, les deux tiers de la surface consistent en une brasserie, le tiers restant étant une cafétéria. La caissière voyant que je n’ai aucune idée dans quoi je me suis embarqué me dit :
- C’est pour manger?
- Eee oui…
- Fais la file et prends-toi un plateau!
Tiens, une vraie cafétéria, comme à l’hôpital! Premier îlot : bar à salade. Je réussis à décoder le prix : pas cher si c’est pour accompagner un gumbo géant. Ah, il y a du gumbo, me dis-je! Va pour la salade alors. Modèle IKÉA : tu l’assembles toi-même. À ce moment, je ne sais même pas ce que ça a l’air, un gumbo. Seulement, c’est comme le met national des cajuns. Je me dois d’essayer ça, depuis le temps que j’en rêve!

Arrivé à la hauteur des plats de gumbo, ce n’est pas rassurant. Ça ressemble, vu d’en dessus, à un ragout pas trop ragoutant, justement. Et la dame remue tout ça pour en servir aux gens qui me précèdent… Eux en prennent principalement en accompagnement de leur met principal. Ça doit être comme les patates pour les Maltais : ils en mangent tellement avec tout qu’on est (la génération de moi et mes cousin-e-s) pour la plupart traumatisés des patates! Mais je m’égare… Donc, malgré l’apparence semi-douteuse, je fais un homme de moi et je me jette à l’eau. Il faut bien manger local en voyage, fut-ce un voyage d’affaire…
C’est mon tour. Je constate qu’il y en a quatre sortes!!! Et trois formats. Oh… Saucisses, poulet, crevettes et écrevisses. Ben là, ça prends des fruits de mer… Va pour la crevette!
- Gumbo géant aux crevettes.
- Ça vient sur un lit de riz…
- OK.
- Avec « ché pas quoi » ou de la salade de patates. (J’ai compris sur le coup, mais je ne me souviens plus…)
- Va pour la salade de patates.
Ça va ben adonner avec ma salade IKÉA… La dame prend la grosse bolle, étend ben du riz pour couvrir le fond, et ajoute le gumbo : ben des crevettes (encore sans pétrole, pensez-y!), ben du bouillon. Alors qu’elle manœuvre la louche, j’entends crier au loin :
- Vous buvez quoi?
Cherchant du coin de l’œil s’ils sont Coke ou Pepsi, je trouve et dis :
- Sprite.
En moins de temps qu’il en faut pour faire « pouiche » (c’est de la liqueur en fontaine!), j’ai un grand verre avec ben de la glace… Dehors, il fait près de 100 Fahrenheit (ça fait presque 38 Celsius!), alors ça prend de la glace! La non-caissière me fait une facture. Comme j’ai l’air de chercher mon argent elle me dit :
- Vous payez en sortant, près de la porte.
Déformation professionnelle. Dans de nombreux restaurants qui sont soit des buffets, soit qui s’apparente à une cafétéria, on paie en arrivant… Ils sont fou, ces américains!

Je me choisi donc une table. Je m’installe, avec mon magazine de bateau (ça fait concept avec le décor) et mes assiettes. Tout en dégustant la salade IKÉA, j’observe la décoration. Dommage, j’ai laissé la caméra dans le camion. Ça me fera une raison pour y retourner! Tout est décoré « pêcheur-marin-bateau-antique »! Je suis aux anges.

Puis, arrive le plat de résistance tant attendu. Le gumbo aux crevettes. Ce fut délicieux. Le riz, cuit préalablement à la vapeur, prend la saveur du généreux bouillon, et y termine sa cuisson. La crevette fut généreuse (il y en avait en masse!)… La saveur bien présente! Un délice… Et le format approprié pour en faire son plat principal.

À l’entrée, on annonçait le buffet fruit de mer seulement pour un peu plus de 20$, les soirs sur la fin de la semaine… Dommage, je suis reparti quand arrive le souper! Je m’en suis tiré pour moins de 15$, incluant le Sprite à 2$ (hé baptême!).

Vraiment, une adresse à conserver! Le plus drôle, c’est que ce restaurant est situé non pas en Louisiane, mais au Texas! Mais ça doit être pour ça que ça s’appelle French Market…

Larry’s French Market & Cajun Restaurant
3701 Atlantic Highway
Groves, TX 77619

P.S.: Pour nos chauffeurs : tout juste avant d’arriver au client de Port Neches, dans le village précédant…

Aucun commentaire: