26 mars 2009

Une semaine dans la vie de... Partie 4 - Fin

À mon arrivée, l’air bête de service semblait ne pas trop vouloir collaborer. Elle me fit une photocopie à partir de mes papiers roses, auquel j’appliquai le traditionnel autocollant/code à barre de notre compagnie, j’annotai de mes renseignements, et télécopiai le tout à Lori. Un coup de fil plus tard, Lori ne voyais pas bien les informations écrites à la main par le client, donc je les lui redonnai en parole.

À l’heure où je pouvais enfin partir, je calculais pouvoir donc entrer au bureau le soir même, ce qui me plaisait bien. Avec toutes ses côtes, la vie dans la Nouvelle Angleterre amène peu de kilométrages, mais beaucoup de temps de travail. J’avais donc hâte de me retrouver à la maison.

Une fois sur la route, je me suis rendu à la première halte touristique de l’état de New York afin d’y engouffrer mon souper. Ça commençait à sentir la maison. Trente minutes plus tard, j’étais de retour sur la route.

À la hauteur de Syracuse, NY, les panneaux lumineux annonçaient la présence de neige à la hauteur de Mexico, entre les sorties 32 et 37 (c’est précis) et conseillaient de ralentir en conséquence. En bon saguenéen, je me suis dit :
- On verra ben rendu là.
Parce que les américains ont la panique facile lorsqu’il s’agit de conditions des routes difficiles pour cause d’hiver. Je l’ai déjà dit, ils ne sont pas bien équipés pour l’hiver, autant individuellement que collectivement, et ne savent pas comment se comporter dans la neige et sur la glace. Pourtant, dans bien des états, l’hiver est très comparable à celui du Québec. C’est le cas pour l’état de New York. Et spécialement sur la I-81 entre Watertown et Syracuse où, à cause de ce qu’ils appellent là-bas « l’effet lac ». Ce coin de pays est situé juste au bout du lac Ontario (le dernier des cinq grands lacs, à l’est de l’ensemble). Et, avec les vents dominants qui sont la plupart du temps de l’ouest, toute l’humidité qui s’évapore au dessus du lac est ramassé par le vent, et charrié au dessus du lac. Arrivé au dessus de la terre ferme, sois dans le secteur mentionné plus haut, tout ça retombe au sol sous forme de neige. Et si vous croyez que Montréal a eu beaucoup de neige l’hiver dernier, ben là-bas il y en a eu le double!

Entre camionneur, on se dit que « c’est là qu’ils fabriquent la neige » en parlant de Mexico. Je n’avais jamais connu de « vraie » tempête dans ce secteur, mais lorsque j’ai commencé à conduire, il y a onze ans bientôt, plusieurs chauffeurs me racontaient que, alors qu’ils passaient la nuit au relais de Mexico (qui, comme son nom ne l’indique pas, est situé dans le village de Parish!), ça arrivait de temps en temps que la neige qui avait tombé dans la nuit avait l’épaisseur du pare-brise (un bon soixante centimètres!) et donc, les empêchaient de voir quoi que ce soit à l’extérieur au réveil! Ça, c’est d’la bordée!

Arrive donc la sortie 32 : toujours rien. Je sens que « le temps est à la neige », mais il faut encore un beau temps de début de soirée en attente d’une averse. Un peu après la sortie 33, la tempête commença net. On aurait dit que nous devions entrer dans un mur de neige. En peu de temps, la route était de moins en moins dégagée : seules les traces des véhicules dégageaient une partie de la voie. La dernière gratte (charrue pour les montréalais) était passé il y a longtemps.

Comme je me cherchais un endroit pour y faire un arrêt-pipi depuis un moment, je me suis dit que le relais de Mexico ferait un bon choix. Nous roulions maintenant à environ vingt kilomètres/heures. Je prends donc la sortie, pas vraiment dégagé elle non plus. J’active la barrure entre les deux différentiels, juste en cas… J’entre sur le stationnement… pour me rendre compte qu’il n’a pas été déneigé depuis longtemps : évidemment, tous les déneigeurs doivent être débordés! Il y avait tellement de neige au sol, avec en plus un camion et sa remorque vide qui étaient immobilisés au beau milieu de la place, incapable de bouger. Par chance, je fus capable de le contourner de justesse, afin de toujours continuer de rouler. J’avais la ferme impression que si je m’immobilisais, je devais y passer la nuit (parce qu’incapable de repartir moi-même)! Réussissant à me faufiler entre les pompes en sens inverse (heureusement, une pompe était libre), je me suis retrouvé sur la route, dégagée… Ouf! J’avais réussi à ne pas m’immobiliser… mais je n’étais pas allé visiter la toilette.

J’ai donc « faitte un nœud d’dans », et je suis retourné sur l’autoroute. Pour une rare fois, je n’étais pas en état de catastrophe (question pipi). Au nord de la sortie 34 (celle pour le relais), la neige tombait encore plus. Les « presque deux voies » sont devenu une seule voie. Et la vitesse diminua jusqu’à un arrêt complet fréquent. Chacun avançait de quelques mètres, puis une petite pause, et on recommence. À ce rythme, c’est long longtemps!

À force de persévérance, j’ai pu constater que plusieurs (en fait, quelques) véhicules étaient plus ou moins hors de la route. Plus ou moins, car c’était le genre de température où tu roules si lentement que, si tu prends l’clos, ben tu ne t’y rends même pas! Les voitures étaient donc plutôt immobilisées parce que leurs conducteurs s’étaient aventurés un peu trop hors de la « track ». La plupart du temps, elles étaient encore sur la route, du moins en partie, ce qui justement causait les ralentissements… Une ou deux fois, une auto-patrouille, gyrophare allumé, nous prévenait du danger. Comme le monde est plouc (lire : épais, innocent, imbécile…), j’ai entendu sur la radio-CB des gens dirent :
- Pourquoi la police reste là? Tu ne me feras pas croire qu’elle n’aurait pas d’autres choses à faire un soir de tempête?
Ben, l’zouf, aux États-Unis, s’il y a un véhicule en difficulté sur la route, la police reste là, gyrophare allumé! C’est d’même. Et si c’est une p’tite vieille qui a une crevaison, ou une belle madame, ben le policier sort dehors et va changer la roue pour elle! C’est d’même. Dans plusieurs états aussi, s’il y a une zone de construction, une auto-patrouille sera attitrée sur place. C’est d’même. Eux, les policiers aux États-Unis, savent ce que veux dire, sur leur véhicule, l’inscription Protéger et Servir. Chez nous, on se le demande (parce que c’est écrit la même chose ici sur nos auto-patrouilles).

Pour revenir à ma vessie, nous étions si souvent immobilisé que, honte à moi, je me suis soulagé dehors, au beau milieu de la I-81! Évidemment, j’ai bien attendu d’être hors de la vue des auto-patrouilles (il faudrait bien que je vous raconte la fois dans le Michigan…). Parce qu’on n’en voyait pas le bout…

Comme annoncé, dès la sortie 37 passée, la neige coupa net et le retour au beau temps (beau comme une nuit d’hiver) fut instantané! Ça a commencé comme si on entrait dans un mur, et ça a terminé comme si on sortait dudit mur!!! Dans cette région de l’état de New York, c’est d’même!

Arrivé à la douane de Lansdowne, ON, en faisant ma ligne dans mon registre, j’ai constaté que j’avais mis une heure de plus que la normale! Une heure pour faire trois sorties… Je crois que c’était là la pire tempête que j’ai vu dans ma vie! Et on sait qu’au Saguenay, on en voit des tempêtes (bon, ce n’est plus comme dans mon temps, ou l’hiver commençait fin novembre/début décembre pour finir fin mars/début avril!). Ça bat toutes les fois où, en motoneige, il ventait si fort, donc levant toute une poudrerie, que je ne voyais que le réflecteur du prochain poteau rouge (sur une piste de motoneige, au Québec, il y a des poteaux rouges vif avec un réflecteur tout en haut : ils délimitent la piste, selon les droits de passages obtenus. Les poteaux sont positionnés à la distance de vision habituelle. Normalement, dans un secteur où il y a souvent du vent, les poteaux sont donc très près les uns des autres, de façon à ce que la lumière de la motoneige se rende au réflecteur malgré le blizzard. Impossible de s’égarer!).

Une fois les formalités douanières réglées, je me suis rendu à Cardinal, ON pour passer la nuit (plutôt qu’au terminal de Saint-Chrysostome).

Jour 7
Le lendemain, je me suis rendu chez Réal pour déjeuner. En route pour le terminal, à une heure de là, mon patron me téléphona :
- T’es rendu où?
Je devais remettre mon téléphone de compagnie (j’en ai un personnel maintenant) et le chauffeur attendait que j’arrive pour partir avec.

Ce fut toute une épopée!

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