18 mai 2010

Syndicat, regroupement et autres associations professionnelles

Bon... j’ai reçu récemment une invitation, via Facebook, pour un groupe. Celui-ci concerne le camionnage: Seriez-vous pour la création d’une association de camionneur? Je paraphrase un brin, car j’y vais de ma déficiente mémoire. Je me dis, et je suis d’ailleurs allé l’écrire quelque part sur la page (je ne sais trop où, car j’ai été incapable de me retrouver!): n’en a-t-on pas déjà assez? Il y en a pour les grosses compagnies, en lots complets comme en lots brisés, les petites compagnies, les propriétaires-exploitants (en langage de camionneurs: les "brokers"), les chauffeurs, les transporteurs privés et quoi encore? Et ce ne serait pas suffisant? Une autre association aurait besoin d’être créé? Il fallait que j’investigue (???) plus profondément.

La lecture des entrées sur ladite page m’indiqua quelques premiers points. Ça se picosse, ça s’astine, ça se gosse, ça se traite de tous les noms... Hmmm, un air de déjà vu, que je n’arrive pas à identifier. Évidemment, on voit vite arriver l’opposition association-syndicat. Et toute la clique d’antisyndicaux s’en donne à cœur-joie. Tiens, comme trop souvent... Comme je n’en vois pas l’utilité (d’une éventuelle nouvelle association), et j’ajouterais que je ne comprends pas vraiment le but (et que, malgré les apparences, je ne clique pas à tout vent gratuitement (en plus, toute la page est publique), je m’abstiens donc de m’inscrire à cette page. Par contre, je garde l’invitation, afin de me souvenir d’y revenir un peu plus tard. Entre autre parce que quelqu’un a écrit: Invitez vos ami-e-s, vous verrez bien une fois que la page aura un nombre suffisant d’adepte (qui n’est pas préciser...).

Quelques semaines plus tard, la vie de camionneur étant ce qu’elle ait (et la famille passant bien avant les Internets, malgré ce qu’en dise ma Caro), je retourne sur la page. En fait, une autre invitation, avec un nom légèrement différent (selon ma mémoire, mais ça fait quand même un bout, alors je n’en suis pas si sur) m’invite à m’y attarder de nouveau. Me revoici donc sur la page, à lire encore une fois les messages. Pour me rendre compte que ladite page était l’ancienne, dont le nom a été modifié (faisant ainsi de ceux qui voulaient une association des membres, tout autant d’ailleurs que ceux qui étaient membres (de la page), mais n’en voulaient pas (de l’association), ou ont déjà participé dans le passé, ce qui leur a laissé de biens mauvais souvenirs), comme si ceux qui discutaient de la chose allaient automatiquement devenir membre... Moi, ça me laisse un goût d’empicettage! Il me semble que de créer une autre page aurait été plus approprié. Mais bon, ça doit être mon petit côté structuré... Je constate donc à ce moment que la page à maintenant plus de 500 adeptes. Tiens, ce devait être ça le chiffre magique!

Je découvre donc aussi, au fil de la lecture des commentaires, que la page origine, plus ou moins directement, de Truck Stop Québec et de l’émission sur XM Radio (dont je n'ai pu trouvé de trace ni sur le site de la radio, ni sur le site de TSQ). Ah, voilà donc ce qui draine les adeptes. Ce qu’on y lit s’explique mieux!

Je finis par comprendre que ce dont il est question est en fait, du moins ce que je peux en comprendre, de la reconnaissance d’un statut professionnel au métier de camionneur. Ah, bon, on commence à se comprendre! Y’était temps... Et pourquoi, après avoir calé toutes les "maudites associations des maudites grosses compagnies sales", personne n’avait, au moment de ma dernière visite, mentionné l’APRAC, un tantinet plus connu sous l'acronyme anglais OBAC? Peut-être parce que c’est canadian? L’OBAC, parce qu’il faut encore le préciser, est le pendant canadian de l’OOIDA américain. En fait, c’est une association de propriétaires-exploitants et de chauffeurs indépendants (ce dont il faudrait obtenir une définition!).

On en arrive donc au vif du sujet. Les camionneurs devraient avoir une reconnaissance professionnelle? Jusque là, j’en suis. Pour ça, il y a l’Office des Professions du Québec, qui pourrait faire avec les camionneurs comme avec les architectes, les infirmières, et qui encore... Non? Trop simple, probablement!

Pourtant, ce que tous demandent, sur la page, c’est une permission de faire n’importe quoi, généralement dans l’illégalité! Pourquoi doit-on respecter les lois? Câlice, vous ne voulez qu’avoir le droit de plus fourrer l’système d’avantage? Là, je débarque! Où voyez-vous dans cela du professionnalisme nécessitant reconnaissance? Comprenons-nous bien, je ne suis pas pour toutes ces entraves à notre travail. Pour une seule raison par contre: parce que je suis bien capable de respecter les lois par moi-même! Pas parce que j’ai besoin qu’on me laisse l’occasion d’en faire plus au-delà des limites légales, quelles qu’elles soient! J’ai déjà dit qu’on doit en tout temps respecter les lois, et que si une loi ne fait pas notre affaire, de lutter à la faire changer. Entretemps, il faut quand même continuer à la respecter, sauf dans le cadre d’une manifestation organisée.

Quelques phrases édifiantes que j’ai trouvé (j’y vais de mémoire, soyez indulgent), avec ma réaction entre parenthèses:

- Les camionneurs sont des libertariens (ben là, avez-vous fait un sondage? J’ose imaginer que, comme dans la société, il y a une proportion de gens de la gauche, de la droite et du centre... et de libertariens, parce que ceux-ci ne veulent surtout pas être associés à la droite. Par définition, un camionneur est un être solitaire, d’où la difficulté des les regrouper en association, quelle qu’elle soit.)

- Ceux qui sortent du CFTC et du CFTR sont des imbéciles qu’on a emplis, qui ne veulent que conduire un gros Pete chromé et faire de la Calif (wow, surement quelqu’un qui n’a jamais fréquenté ces écoles... parce que je ne considère pas que le CFTC (dans mon cas) ne m’a tracé un mauvais portrait du travail de camionneur, qu’ils m’ont fait réaliser qu’un camion, c’est avant tout un outil de travail, que ce travail est difficile, mal reconnu, mal rémunéré, et quoi d’autre? Bref, ce n’est pas parce que je n’ai pas payé 10 000$ pour ma formation que je suis moins bon pour autant. Et comment que j’en ai vu, des chauffeurs sortis d’écoles de conduite moches qui ne servent qu’à te faire obtenir ta classe 1: oh my! Et dire qu’ils ont payé pour leur formation.)

- Les grosses compagnies, c’est d’la marde (les Robert, Guilbault et autres Transforce ont leurs qualités comme leurs défauts, comme toutes les autres. Un premier problème des biens des chauffeurs est de savoir ce qu’ils veulent pour eux-mêmes. Ces compagnies doivent bien combler les désirs de leurs chauffeurs...)

Édifiant... Bien sur, on sait d’où ça vient. Ça ne peut pas aller dans une autre direction...

Bon, il faut croire que personne ne connait encore la reconnaissance professionnelle Routier à 100%. Évidemment non, vu de cette source, car cette reconnaissance découle du magazine concurrant. Maudit manie des magazines spécialisés de devenir beaucoup plus un album de famille (au sens italien du terme) qu'un véritable organe d'information!

Tout ce beau monde devrait tout d’abord prendre conscience que le problème ne vient pas nécessairement de toute la panoplie d’irritants qui font parti de notre beau métier. Le problème de base est bien plus, selon moi (et ça vaut ce que ça vaut!), la non-rémunération de tous ces irritants! Où dit autrement, le problème, c’est tout le bénévolat qui est attendu de la part de nos patrons, qui est considéré comme faisant parti de la paye, ou qui "sera rémunéré si le client paye"!

Notre travail est bien payé, pour la portion où l’on roule à vitesse d’autoroute. Mais pour tout le reste, ça fait dur! Temps d’attente? Temps pour les bris? Temps pour les douanes? Temps pour l’inspection? Temps pour tout le temps passé au bureau avant de vraiment partir? Bé-né-vo-lat! Frais de repas, de téléphone (interurbain et cellulaire), de compensation pour vie familiale difficile? Si vous avez un éclat de rire, vous êtes déjà parmi les chanceux! Heureusement, on a de bon (gros) retour d’impôt (à condition d’avoir un comptable qui connait le merveilleux monde du transport, ce qui n’est pas donné à tous) pour compenser. Si votre patron n’a pas la merveilleuse idée de vous payer moins de salaire pour y ajouter un per diem (là, vous êtes mieux d’avoir un bon comptable!) afin que LUI économise en impôts... Ou qu'il vous pait à "tant par semaine, montant fixe, plus tant de per diem, plus le reste en argent comptant". Impossible d'emprunter avec ce genre de paye. Et bonjour les dégâts si tu dois recevoir des prestations d'assurance-emploi ou de la CSST! La moitié de moins que rien officiel, ça ne donne pas grand beurre sur ton pain! Les seuls chauffeurs qui aimaient cette façon d'être payé sont ceux qui avaient une pension alimentaire à payer... "Votre honneur, mon client fait tellement pitié, il ne gagne presque rien pour quatre-vingt heures de travail par semaine!" Pfff, belle mentalité envers ton enfant!

Je vais me répéter, mais lorsqu’on demande une pelle mécanique pour creuser chez nous, on se doit de payer disons 100$ de l’heure. Et si, parce qu’on n’a pas pensé au camion pour charrier la terre, l’opérateur de pelle doit attendre tout l’avant-midi, il va facturer son temps d’attente au même tarif. Pourquoi est-ce que ça ne fonctionne pas comme ça dans le transport? Le camion n’avance pas parce que le client le retient au quai? Il n’y a qu’à facturer à grand frais! Certaines compagnies le font, et curieusement, celles-là passent régulièrement devant d’autres qui ne le font pas au moment du chargement ou du déchargement.

On s’est toujours laissé dire que la rémunération au mile venait de la possibilité indirecte de nous pousser dans l’cul. Et on a là le défaut de la qualité. C’est cette façon de payer qui fait qu’un chauffeur qui "fourre le système le plus possible" pourra avoir une plus grosse paye qu’un chauffeur qui respecte les lois. Pour moi, ce n’est pas normal! C’est même décourageant. Et on ne parle pas de ceux qui se déclare comme agence de chauffeur à un chauffeur (lire "payé à leur compte"), aux limites de la légalité, afin de s’imaginer qu’ils sont mieux payer, parce qu’ils sont supposés de "payer leurs frais (impôts et autres)" par eux-mêmes. Ceux-là ont souvent en plus le front de demander les mêmes avantages que les chauffeurs dit "sur la liste de paye"! Ou des différentes façons créatives des compagnies de nous offrir notre paye (avec per diem ou non, plus au mile et moins aux cueillettes-livraisons, moins au mile et plus aux cueillettes-livraisons) rendant quasi impossible toute comparaison entre les différentes compagnies.

Tout ça pour dire qu’il existe une belle structure afin de s’unir et de revendiquer des conditions de travail et de rémunérations améliorés. On appelle ça un syndicat! Le mot qui fait peur... ou fait fuir dès qu’on le prononce dans le monde du transport. Évidemment, on parle dans ce cas d’un travail de longue halène, compagnie par compagnie. Ce n’est pas exactement le propos de cette "requête" en association. Évidemment, j’entends déjà les haut-cris sur tous les défauts des syndicats. Il y a là encore des qualités et des défauts… Dans la vie, ou bedons tu endures ce que ton bon patron t’offre comme conditions (au sens très général), ou bedons tu t’organises pour améliorer ton sort (en solo), ou le sort de tes confrères (en groupe). D’ailleurs, un autre des défauts dans le monde du transport, c’est qu’au lieu de travailler à améliorer son travail, la plupart du temps, un chauffeur changera de compagnie, laissant le problème à celui qui le remplacera! Belle mentalité!

On en arrive donc à un point où, et je l’ai lu sur la page précitée, on pourrait fonctionner dans le transport comme dans la construction. Dans les deux cas, il y a beaucoup de travailleurs, qui sont classés (qui pourraient, dans le cas du transport) en différentes catégories professionnelles (on pourrait avoir: boite fermé, plate-forme, réfrigéré, réservoir solide ou liquide, B-Train, train routier, Québec, Canada, États-Unis, matières dangereuses, différentes cartes de sécurité, etc...) qui amène une rémunération en conséquence, et peu importe qui est l’employeur selon les saisons et les années. Dans le transport comme dans la construction, il n’est pas rare que dans une carrière, un chauffeur aura plusieurs employeurs. Et pour corriger une lacune du monde de la construction, n’oublions pas une bonification salariale ajustée avec l’expérience. Le tout agrémenté des avantages sociaux normaux (fonds de pension, assurances diverses, etc...) qui te suivent toute ta carrière, peu importe les employeurs impliqués. Tant qu’à faire de quoi...

Il faudrait aussi (et c’est ici que je me fais lancer des roches!) qu’il y ait un moyen de vérifier le respect des lois actuelles. Comme la sempiternelle "boite noire". Ce n’est pas parce que les clients, à chaque extrémité, ne sont pas capables de prévoir le temps requis pour effectuer le travail que le chauffeur doit écoper! Déjà, à chaque fois qu’on ne respecte pas la loi "afin d’être là à temps" pour que tout le monde soit content, et je m’inclus là-dedans, on ne se donne pas de chance. Même en respectant les lois, en fait, ce devrait être une condition sine qua non, on devrait être capable de recevoir une rémunération plus que raisonnable.

Pour se faire entendre, pourquoi ne pas faire comme les motocyclistes, avec le CAPM? Le Comité d’Action Politique Motocycliste est composé de quelques membres, ceux qui font le travail de représentation et de revendication, et de milliers de partisans, ceux qui les appuient, moralement et financièrement. Le CAPM s’est faire reconnaitre comme le seul interlocuteur du monde motocycliste pour tout ce qui est des lois et des politiques. Ils sont même représentés à la Table de concertation sur les transports. Pourquoi pas un Comité d’Action Politique des Camionneurs?

Pour conclure, on arrive alors aux fameuses lois du marché. On aura beau faire toutes les démarches que nous voulons, obtenir tous les avantages que nous désirons, il y aura toujours une compagnie quelque part pour nous couper l’herbe sous le pied. C’est déjà le cas dans nos régions, au Québec, au Canada, ou même aux États-Unis (on connait leurs propensions aux revendications et aux syndicats). Alors si les chauffeurs du Québec, à très haut niveau, font de quelquonques gains, nos patrons se feront faire le coup du coupeux d’prix par les autres compagnies. Si ce n’est pas d’ici, comme maintenant, ce sera de nos voisins...

Il y aura toujours quelqu’un pour faire le travail pour moins chers! C’est d’ailleurs un des problèmes, qui se répercute jusqu’à nous les chauffeurs, du merveilleux monde du transport: tous acceptent de faire le travail pour moins cher que le voisin! Souvent même à un cout qui ne couvre même pas leur frais! Pour une poignée de compagnie, de différentes grosseurs, qui tienne leur bout question tarification, il y en a tant qui feront le travail pour moins cher. Belle mentalité!

De notre côté, les chauffeurs, commençons donc par respecter les lois actuelles, ce serait déjà un début, et un commencement de l'ombre d'un chamboulement de la quiétude habituelle.

17 mai 2010

Le Vice-Président

Dans une compagnie, il arrive souvent que nous ayons affaire au vice-président. Vous en connaissez assurément, il y en a partout.

Si la semaine va mal, on se confie à lui. Si la semaine va bien, aussi, mais il semble moins intéressé: il est meilleur pour régler les problèmes et les conflits.

Si on veut être au courant à quel point tous les autres confrères sont des incompétents, des impolis qui ne reculeront devant rien pour passer au devant des autres, si on veut savoir comment dénoncer ces gens désagréables qui demandent et reçoivent leur voyage de retour avant même d’être arrivé sur place, il est notre homme.

Si on a une demande technique ou logistique, on lui téléphone, car on a confiance en son bon jugement.

Si on veut savoir où est qui que ce soit dans la compagnie, on lui téléphone, car il est l’ami de tous.

Si on veut savoir qui est compétent, qui travaille vraiment pour les chauffeurs dans le personnel de bureau de la compagnie, en fin observateur, il est notre homme.

Si on peut redéployer la répartition pour économiser un ou des mouvements en échangeant des remorques, il nous dira qu’il avertira qui de droit, et qu’en cas de problème, il s’évertuera à faire comprendre à tout le bureau que "c’était ben mieux de la façon qu’IL a décidé de le faire".

C’est que notre homme a de l’éducation: il a entrepris un DEC en administration des affaires, qu’il a abandonné pour entreprendre un BAC en administration des affaires, malgré le fait qu’il faut un DEC complété afin d’entrer à l’université. C'est ainsi qu'il peut conseiller le grand patron sur la direction à prendre avec son entreprise!

Si on a eu une nouvelle, on se référera à lui afin de vérifier la nouvelle, ainsi que la crédibilité de la source de la nouvelle: il y a tellement de racontars sur la 401, on ne peut se fier à tous et chacun!

Si on veut savoir la différence entre un camion beau et un camion pratique, il pourra nous guider. Pourquoi se contenter de la beauté?

Si on a besoin d’un contact en haut lieu chez Kenworth, il est notre homme.

Parlant de contact en haut lieu, du temps qu’il était champion canadien de ski, il côtoyait les Trudeau et Mulroney de ce monde!

Parlant de ski, il ne compte jamais son temps afin de faire profiter, comme consultant, de ses connaissances en gestion de station de ski la grosse station dans Lanaudière ainsi que la plus grosse des Laurentides, eux qui sont si souvent incapables de résoudre les problèmes à l’interne!

Il a d’ailleurs été longtemps tiraillé car le plus gros gestionnaire de centre de ski au Canada, ne pouvant se passer des ses innombrables capacité de gestion de personnel ou technique en matière de station de ski, lui offrait un poste de gestion de la compagnie (pas juste d’une seule station, pfff) avec salaire dans les six chiffres, (camionnette, maison et déménagement fourni!). Mais tellement comblé par son travail de chauffeur à salaire durement gagné pour plus de quatre-vingt heures de travail sans reconnaissance de la part de ses si ingrats confrères, il a choisi le camionnage! Quel dévouement!

Il a un contact dans la police d’état du Vermont, alors toutes les technicalités des lois américaines, à un coup de fil près, il pourra vous les expliquer.

Il a également de nombreux amis parmi les camionneurs américains. Lorsqu’il en voit un prendre la 401, sitôt la douane de Windsor traversée, il s’informe aussitôt s’il se rend dans le grand Montréal. Lorsque c’est bien le cas, il donne à tout vents son numéro de téléphone, avec invitation à l’appel au besoin. Lui qui connait si bien la grande région de Montréal, il pourra servir de guide… et faire la conversation avec chacun d’eux à chaque semaine!

Si on se cherche un bon petit bistrot français sur la route du nord du Michigan, ou le propriétaire, si heureux de rencontrer un québécois, pourra nous nourrir presque gratuitement, il est notre homme.

Si par malheur, une douloureuse blessure nous afflige, difficilement opérable, il fera des pieds et des mains pour nous trouver un médecin rapidement.

Si on veut savoir quoi faire lorsque, dans une tempête, on a accumulé tellement de neige que la balance nous donne une infraction pour surpoids de près de 10 000 lbs, il est notre homme (apparemment, on plante le répartiteur qui ne voulait pas que la situation soit corrigée).

Il est toujours disponible pour nous aviser lorsqu’il a de beaux et longs voyages.

Curieusement, aucune nouvelle s’il a un court voyage! Probablement afin de ne pas nous affubler de sa tristesse.

Il est érudit: il lit La Presse et Ze Gazette tous les samedis matins, tranquillement en prenant un bon café. Sitôt les journaux terminés, il syntonise toujours le réseau PBS, auquel il voue un culte, ainsi qu’à ses auditeurs, afin de poursuivre l’évolution de son savoir.

Alors qu’il était affecté à la livraison d’eau à la Nouvelle-Orléans, il a pu s’entretenir des manœuvres militaires qui s’effectuaient derrière son dos, à lui et aux autres chauffeurs en attente, car il sait bien ce que font les militaires... son fils en est un, ce qui le rend si fier (ça au moins, c’est normal!).

Alors qu’il était chef national de la sécurité de la haute direction d’une grande banque canadienne à Montréal (pourtant gérer de Toronto depuis des années...), il passait ses temps libres à étudier les systèmes de sécurité des immeubles. Avec ses connaissances, il a pu conseiller l’entreprise qui installait le système de sécurité de notre nouveau garage, eux aussi si ingrats et incompétents. Malgré ses mises en garde, certains points furent négligés, et il y eut par le fait même de nombreux oublis et erreurs lors de la mise en marche du système. Bien fait pour eux, il faut toujours suivre les conseils de son vice-président.

Alors qu’il avait prétendument un problème de bouchon de réservoir de carburant, qui gelait facilement à cause de la présence d’une serrure, il l’a tout simplement cassé avec une grosse pince, au même moment où le grand patron, sorti en courant lors de son retour, allait lui conseiller de le faire. "On a pensé la même chose", lui avait dit le Vice-président!

P.S.: Il n’a pas passé des heures, retardant par le fait même deux autres chauffeurs, à chercher un tuyau que tous savaient qu’il n’existait pas, afin de sauver une réparation de crevaison, ainsi qu’un appel au responsable de la mécanique (dont se faire réveiller la nuit fait parti de la définition de tâche).

P.S. 2: Il n’a pas arraché le tandem de sa remorque en tournant trop court, le tandem reculé au maximum, au client de matelas en Géorgie, ni réparé le tout avec une barre à clou et de la broche, afin de ramener la remorque sur ses roues au garage.

P.S. 3: Il n’a pas non plus passé quatre à six heures par voyage pendant tout l’hiver sous la remorque à déglacer le plancher au petit tournevis, même après s’être fait dire plusieurs fois d’aller au lave-camion par tout le monde.

P.S. 4: Il ne négocie pas les rendez-vous à l’inverse avec le client afin d’être chargé avant ses confrères, simplement par bonté d’âme afin de leur tenir compagnie sur le chemin du retour, eux si ingrats qui ne l’attendrait pas une seule minute.

Attention, il ne faut pas confondre le vice-président et son secrétaire.