26 mars 2009

Une semaine dans la vie de... Partie 3

Jour 4
Je m’étais entendu avec Michel afin que son pick-up soit en forme, au cas où mon Wes’ aurait trop froid et n’aurait pas voulu travailler, avec le froid annoncé… dont nous n’avions toujours aucune idée à l’heure d’aller au lit (toujours autour de zéro degré). À mon réveil, le thermomètre indiquait moins vingt-cinq : quin, le frette est arrivé dans la nuit! Je suis donc parti, à pied, pour retrouver mon camion, abandonné au coin de la rue. La mission consistait à le démarrer, puis à revenir déjeuner pendant qu’il se réchauffe. Comme ça, s’il n’eût pas démarrer, ça nous laissait un peu de temps pour mettre les mesures d’urgence en vigueur.

Le pauvre avait le nez face au vent. La grille s’était emplie de neige pendant la nuit. Après avoir débarré la porte, je suis monté à bord. Il faisait plutôt froid, mais rien pour alerter sa mère, à mon sens (mais on connait la frilosité des montréalais, spécialement les Miss Météo!). J’enfonçai la pédale d’embrayage, afin de lui faciliter la tâche. Je tournai la clef. Avec quelques difficultés respiratoires, le moteur s’anima. D’abord tournant en carré, puis après quelques minutes, en rond. Je pouvais donc, non sans fierté, retourner à la maison pour déjeuner avant de reprendre la route. Avec une certaine fierté, parce que les plus récents camions de la compagnie, avec moteur Cummins, sont très sensible au frais (alors au froid, on oublie ça!). Mon Mercedes a ses défauts, mais au moins il démarre!

De retour sur la route, malgré que je n’aie pas eu l’adresse (je n’avais pas réussi à recevoir ma télécopie), j’ai pu presque trouver le client. Je dis presque parce que je me suis revirer dans la cours. Mais c’était sans le savoir. Je me suis alors trouver un stationnement, aie téléphoné à mon répartiteur pour avoir l’adresse, et je m’y suis rendu.

Je fus déchargé en peu de temps. Un appel au répartiteur m’envoya, comme attendu, à Dolbeau, au nord du Lac. Cinq minutes plus tard, un autre appel :
- Ne bouge pas, il n’y a pas de voyage prêt à Dolbeau!
Je n’étais pas encore sorti de la cour du client. Un autre cinq minutes, un autre appel :
- Rends-toi à Saint-Bruno (du Lac-Saint-Jean, pas à Montréal!), il y a une remorque déjà chargée à ramener à Montréal.
Ça c’est du service! Je me suis donc rendu au terminal de la compagnie qui va pour nous au Lac Saint-Jean. J’y ai laissé ma remorque vide, en échange d’une chargée de rouleaux de papiers. Après avoir mangé mon diner, j’ai pu reprendre la route, en direction de Montréal. Je devais téléphoner au bureau à la hauteur de Shawinigan, ou vers seize heures trente.

Après un café au Irving de Chambord, et un autre au Irving de La Tuque, je me suis arrêté au Cardlock de Saint-Boniface afin de faire mon appel. Retour au terminal, où un voyage pour Scranton, PA m’attendrait. Mais pas pressé du tout.

Je suis donc arrivé au terminal de TJB vers vingt-et-une heures. Heureux d’être content, je me suis précipité au salon pour écouter la télévision. Ben câlice, un zouf semble être parti avec la carte de l’Express Vu! Je dis semble car personne du bureau le lendemain ne semblait être au courant si la direction avait simplement ramassé la carte pour la prêté à un chauffeur sur consigne ou bedon si elle avait été volé. Ce serait ben l’boutte! En tout cas, sans cette carte, la télévision est inopérable! J’ai donc été « obligé » d’aller au lit… Bon, j’ai toujours du sommeil à récupérer. J’en ai profité pour m’installer dans le lave-camion, afin d’être au chaud toute la nuit.

Jour 5
La journée s’annonçait très tranquille au bureau. Les répartiteurs pour les deux directions (départ et retour) avaient beau chercher, les voyages se faisaient rares. À mon arrivée, la veille, j’avais d’ailleurs vu deux ou trois chauffeurs qui partaient, pour débuter leur semaine! C’était quand même mercredi soir… Difficile semaine, donc. Dès leur réveil, Gilles, Mao et Pardu m’ont invité à me joindre à eux pour aller déjeuner au village. J’ai pu ainsi faire un tour de Cadillac avant même d’être mort. Heureusement d’ailleurs, parce que Pardu l’a vendu, son vieux taco. On a su, re-su, et su encore que Mao lui aussi s’est acheté un Cadillac, un CTS. Pareil comme celui de Reefer, en plus. Cou donc, dans mon ancienne vie, tous les chauffeurs avaient une Harley-Davidson… et maintenant, il semble que ce soit la Cadillac! Héhé, ben moi je préférerais être dans la clique des bateaux… Je crois que les camionneurs ont la bougeotte. Aussitôt débarqué du camion, ils embarquent sur/dans autre chose pour continuer la balade!

En milieu d’après midi, Jason est arrivé avec mon voyage. Il est de retour sur la route, celui-là, après un bref séjour au garage comme mécano. Après avoir passé la paperasserie à mon répartiteur afin qu’il s’occupe de tout ça, je suis allé m’accoupler afin d’être prêt à partir. J’attendais depuis si longtemps! Je n’étais pas pressé : j’avais sept heures de route pour onze heures le lendemain matin. Contrairement à son habitude, Lori m’avisa de mon chargement de retour : de la « waste » à Wilkes-Barre, PA. Comme je connais le client, et que je serai là un vendredi, je me suis dit que « autant arrivé tôt pour la livraison »! Parce que ce client là, celui pour le retour, ne peut charger le soir, faute de lumière, et qu’en après-midi, si il y a quelques camions en attente, il peut arriver qu’il ne soit pas capable de me charger! Ça m’est déjà arriver, et j’ai du couché là pour charger le lendemain matin, chose possible en semaine, mais pas un vendredi.

Jour 6
Le voyage s’est bien déroulé. Le douanier ne m’a pas envoyé aux rayons X cette fois, malgré le peu de camion présent. Je me suis rendu jusqu’à Cortland, NY pour y passer la nuit, à mon propre étonnement! Vu l’heure tardive, j’aurais cru me coucher beaucoup plus tôt, donc moins loin.

Au petit matin, réveil très tôt, calculé pour arriver peu avant huit heures à l’entrepôt du client. Plusieurs camions étaient présents. Je me rends donc m’inscrire au registre, ce que tous ne font pas toujours… J’en profite pour consulter la liste des rendez-vous de la journée. Tiens, je suis inscrit à neuf heures! Une chance que je suis déjà arrivé!

Je passe donc en deuxième et, comme toujours à cet endroit, ce n’est pas plus long que le nécessaire. Une fois la livraison terminée, je confirme avec Lori mon chargement de retour. Pas de changement, me voici donc parti pour Wilkes-Barre!

Trente minutes plus tard, j’entre dans la cour. Je prends place sur la balance, et entre dans la micro-cabane pour donner mes informations. Comme c’est ma troisième fois, l’homme me reconnait et est presque mon ami! Cette fois, je ramasse pour un client différent. Ce sera du carton plutôt que du papier journal. Je prends place au quai, toujours aussi tordu d’y descendre. Et à vide, on se demande toujours si on pourra s’avancer si on en a besoin. Souvent, c’est si glacé qu’il n’y a que la descente possible… il ne faut donc pas manquer son coup. Généralement par contre, c’est plutôt un genre de neige compacté : à manipuler en douceur, mais il y a moyen de remonter la pente au besoin.

En attendant le début des opérations, je tente de retrouver les connections Internet disponible. Malheureusement, contrairement à la dernière fois, toutes demandent un mot de passe. À ma visite précédente, il y avait deux connections que je pouvais utiliser (non, je sais que ce n’est pas bien!).

Une fois chargé, je me rends au Pétro, à Dupont, PA, afin d’envoyer mes papiers à Lori, pour qu’elle les retransmettre au courtier en douane. Évidemment, le gars (mon ami, vous vous souvenez?) dans sa micro cabane n’a pas de télécopieur. Il a tout juste une télévision avec une image enneigée afin d’éviter la dépression… Au bâtiment principal, où je vais habituellement, un écriteau « hors d’usage » m’accueille sur la photocopieuse (nécessaire pour faire des copies de mes papiers roses!). La dame se souvient que je viens du Canada, parce que quelques semaines auparavant, elle me demandait comment nous faisions pour vivre avec autant de neige! Drôle de voir une américaine du nord-est croire qu’on a tant de neige de plus qu’eux. Ça se ressemble pourtant drôlement… Elle paniquait déjà, en américaine typique, à l’idée d’aller chez son dentiste le lendemain dans la tempête, qui n’était pas encore commencé, mais qu’on annonçait à la radio. Elle m’indique néanmoins que je devrai aller au bâtiment secondaire pour ma télécopie.

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